Sa race ! Elle jure toujours comme un charretier. Mentalement du moins. PUTAIN ! Oralement cette fois, c'est que cet abruti il la bouscule comme ça gratuitement. Manhattan les gens se prennent vraiment pour des rois dans la rue, quand ce sont des soirées à base de fashion-personnages d'un coup on lui suce les orteils à Léo, suffit d'une veste rose, d'une jupe rétro et de collants déchirés pour qu'on ai envie de lui grimper sur la tête. Gloire et paillettes, ça n'a jamais été son soucis le premier, et ni elle ni Guérand n'ont fait de la musique avec ce genre de motivations. Bien dans doc martens, sûre d'elle, Léonie ne remarque même pas son coeur qui bat la chamade, pas la chamade d'amour, autre chose. Elle en avait parlé depuis si longtemps avec sa mère puis avec son amoureux qu'elle ne s'imaginait pas un jour en arriver là, à s'approcher un peu plus à chaque pas d'une rencontre avec l'un des parti de son existence sur terre.
La modèle n'avait demandé aucune photo, mais elle avait vite vu d'en trouver dans les magasines, et quand son petit-ami se moquait de l'air portugais du géniteur de sa belle, cette dernière faisait une grimace en admettant avec rancœur qu'elle était en effet le portrait craché, en plus joli, de sa mère. Que lui avait-il donné ? en quoi avait-il contribué ?
Elle ne savait pas encore qu'ils partageaient une certaine excentricité.

Après avoir harcelé son assistante (une fois le bon numéro trouvé), Léonie avait réussit à décrocher un rendez-vous. Il lui écrirait un rôle, à quoi sert un père si ce n'est pas pour écrire un rôle de cinéma malade pour sa fille ?

Une fois arrivée sur les lieux, la jeune femme s'assit après avoir serré la main du réalisateur, le fixant droit dans les yeux dès l'instant où il lui fit face et sans plus jamais le quitter du regard. Je me présente, Léonie Catelynn Delaunay, plus connue sous le nom de Léonie Cat Sparks, je suis mannequin en reconversion et j'aimerais que vous m'écriviez un rôle. Ben euh c'est que la vie ça marche pas comme ça ma jolie...

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Nouvelle journée au travail pour notre Angus international. Aujourd'hui pas de tournage, seulement des rendez-vous chiants à enchainer et un peu de temps libre pour se consacrer à l'écriture de son manuscrit secret. Il faut dire que ce projet était un peu au point mort, Eva s'était révélée être une source d'inspiration plutôt tarissable et après avoir écrit de nombreuses lignes pour expliquer à quel point il trouvait cette jeune femme fade, il avait décidé de tout supprimer. Déblatérer sur Ô combien elle était bonne pour les félations mais terriblement chiante pour les rapports humains ne semblait pas être une bonne piste alors il avait abandonné.
Il attendait sagement son prochain rendez-vous. Trois mots étaient inscrits sur cette plage horaire: "Léonie Cat Sparks". Un nom intriguant qu'il trouva presque ridicule. Ce prénom terriblement français le faisait rire. Surement une "wanna be" en quête de gloire, le réalisateur avait l'habitude d'en rencontrer.
La jeune femme franchit le seuil de son bureau sans un mot mais pleine d'assurance. Angus l'observa de haut en bas et grimaça à la vue de sa dégaine pour le moins douteuse. Mais il finit par sourire car la gamine lui rappelait terriblement sa vieille amie Billie (RIP mdr). C'est alors qu'elle ouvrit la bouche.
Culottée la mome. Il tilta sur son nom de famille. Il avait connue une Delaunay autrefois, doux souvenir d'un amour impossible. Ce nom était probablement répandue en france. Il finit par se dire qu'elle lui rappelait lui lorsqu'il était plus jeune. Tout aussi courageux et sûr de lui. ahh, la jeunesse ...

- un rôle, rien que ça?

demanda t il en souriant d'un air presque moqueur. Pour qui se prenait-elle?

- tu sais t'aurais plus vite fait de te trouver un p'tit copain réalisateur indépendant en quête de reconnaissance, je suis certain qu'il se ferait une joie de t'écrire un rôle sur mesure, bien dark et underground!

il singeait sa réponse, amusé par l'attitude de la jeune femme mais persuadé de perdre son temps.

Léo pince un peu la bouche à la première réponse du réalisateur, elle s'attendait à ce soupçon de sarcasme et si elle a toujours un peu tendance à prendre quiconque en travers de son chemin comme un ennemi, la brunette se retrouve surprise de prendre peut-être cette réaction un tout petit peu plus à coeur qu'à l'habitude. Sans doute la fatigue. Redressant la tête pour répondre la Française fût coupée dans son élan : Angus Parks n'avait pas fini de répondre et à ce moment là c'était presque lui qui faisait des étincelles. Brièvement la mannequin baisse les yeux lorsqu'il évoque un éventuel petit ami dont elle pourrait s'inventer la muse. C'était le cas auparavant, et cet auparavant ne se compte qu'en quelques mois. Sa gorge se noue quand elle pense rapidement à tout ce qu'ils avaient prévus de réaliser ensemble : ils n'étaient qu'au début.
Une légère pointe de haine, aussi aïgue qu'éphémère pointe le bout de son nez : ce ne sont jamais les bons qui meurent. Un père inconnu car décédé et un petit ami encore présent, la vie aurait mieux distribuée ses cartes, elle serait plus heureuse aujourd'hui. Mais puisque monsieur l'inconnu voulait jouer au plus malin, Léonie jouerait à la plus maline.
Quelque part elle n'en veut pas vraiment à l'homme devant elle. Elle ne connaît pas l'histoire entre ses géniteurs, et pour le peu de joie que sa mère lui procure en tête, Léo n'arrive pas à en vouloir au prétentieux en face d'elle de s'être détournée de sa mère. Elle le trouve con d'abandonner son enfant, elle le trouve pas malin de jouer au fanfaron devant ce qu'il a lui même "créé" dans un élan jouissif et inconscient d'adolescent. Elle lui en veut plutôt de se moquer de son allure grunge comme si il était un grand alors que la plupart de ses films valent moins que les textes de Guérand : un génie.
Léonie rit un peu jaune à sa remarque. Non merci je ne compte pas me prostituer. Visiblement tu as un peu de mal à produire un film décent, je pense que tu n'es pas bien inspiré et visiblement les autres réalisateurs ne sont pas inspirés par moi. Bugatti, Chanel, Saint Laurent.. Mais pas vous les cinéastes. Mais je vais t'inspirer toi, j'en suis sûre, du coup.. elle se frotte les main frénétiquement, souriante et gigotant presque sur son siège : .. on fait comment ? Le film parlera de quoi ? 

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Il observe la jeune créature du coin de l'oeil, impatient de l'entendre riposter. Il se voit un peu en elle, un Angus plus jeune. Enfin, il s'imagine plutôt tel qu'il aurait aimé être à cet âge là. À l'époque il était tout autant sarcastique mais moins affirmé. Quelque part il lui enviait cette assurance et se demandait bien comment une aussi frêle jeune femme pouvait sembler si forte a l'intérieur. En un sens il était assez intrigué par cette inconnue. Sa présence le sortait de son quotidien si lassant à la longue, cette routine étouffante qu'il devait affronter jour après jour sans en tirer aucune fierté.
En plus elle avait tapé en plein dans le mile. Il était bel et bien en train de rédiger quelque chose. C'était un secret, il n'avait jamais osé en parler à qui que ce soit. Alors c'était peut être l'occasion de lui donner une toute autre tournure?
"Non mais arrête Angus, tu la connais pas cette gamine, c'est peut être juste une tarée narcissique, tu vas pas marcher quand même!"
Il décida de reprendre ses esprits. Son lui intérieur avait raison. Il ne la connaissait pas. C'était qu'une gamine culottée, des comme elle y'en a des tonnes.
La gamine culottée en question rétorqua de plus belle.
Elle voulait déjà commencer à parler du film.
Angus se mit à sourire. Il croisa les bras et se vautra sur son bureau pour se rapprocher de la jeune femme, comme pour lui dire un secret. Alors il se mit à chuchoter.

- c'est bête de me demander de t'écrire un film si tu ne sais même pas lire!

il se redressa sur sa chaise. observa une demi seconde la réaction surprise de la jeune femme et enchaina

- sur la porte y'a écrit réalisateur, pas scénariste! mon job c'est pas d'écrire. tu piges?

il tournait sur sa chaise à roulettes, amusé de la situation, mais un peu triste d'avouer tout ça à voix haute.

Concrètement, ça l'emmerde. Se faire prendre au piège aussi bêtement. Elle savait ce qu'elle faisait, pourquoi elle s'adressait à lui, mais il était infernal et presque elle comprenait les tentatives de sa mère de l'éloigner de l'envie de retrouver son père. Léonie commençait à penser que ce n'était peut-être pas si égoïste de sa part que ça. Quel gamin. peste Léonie. Et quoi ? t'es pas assez doué pour scénariser ce que tu veux réaliser ? T'as aucun scénario sous le bureau ? Personne veut de toi pour réaliser ? Crache le serpent. Pour sûr, tout cela dépasse un peu la requête annoncée, le cinéma. On dit que le cinéma c'est la vie. Pour sûr à cet instant Léo était dans la vie. Mâchoire serrée la brunette soupire en secouant la tête. Irresponsable. Lâche-t-elle à nouveau avant de baisser la tête puis se relever, comptant, l'espace d'un instant, abandonner son idée. Ayant la ferme impression d’enchainer le n'importe quoi depuis le décès de Guérand.  

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alors que gus prend un malin plaisir à remettre la gamine sortie de nulle part à sa place, il est loin de s'attendre à tout ce qu'elle va lui répondre. elle vise juste. ça le touche, un peu, même s'il est plus énervé que vexé. léonie n'hésite pas à lui manquer de respect, en agissant typiquement comme une gamine bien trop sûre d'elle et détestable. elle lâche des "gamin" puis "irresponsable" avant de se lever. angus bondit de sa chaise.

- gamine toi même! t'es qui pour me parler comme ça au juste? j'hallucine là!

toujours aussi adulte dans ses propos et ses agissements, angus fidèle à lui même se sent révolté même si au fond il est un peu amusé par la situation. angus ce grand enfant avec une répartie douteuse serait un bon personnage de sitcom. malheureusement c'est la vrai vie, et il ne peut pas anticiper la réaction de la jeune femme.

C'est comme tendu sur un plateau d'argent, du pain béni, Noël, un miracle, quelque chose comme ça. Léonie se retourne et un long sourire étire ses lèvres, un peu comme le Cheshire. La fille que tu n'as jamais cherché à connaître. J'aurais dût m'appeler Parks, mais grâce à toi je m'appelle Delaunay, ça te parle ? siffle alors la grande gigue en fixant son géniteur, se préparant déjà à savourer le désarroi sur son visage.

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alors qu'il s'attend simplement et bêtement à la voir partir, déserter pour ne jamais revenir, la situation devient différente. la brunette fait volte face et lui déballe comme si c'était normal qu'elle n'est autre que sa fille. angus n'y comprend rien, il grimace avant de se lever de sa chaise puis applaudir.

- très beau numéro mademoiselle Sparks. j'ai pas l'temps pour ces conneries, j'ai pas de gosses moi et certainement pas une fille aussi audieuse.

le scénariste ne fait pas le lien avec son aventure de jeunesse, dans sa tête il a toujours été question d'avortement, à partir du moment où la mère avait disparu le bébé aussi, et aucun des deux ne risquaient de faire irruption dans sa vie puisqu'ils n'existaient pas, ou plus.

Léonie restait debout à scruter sévèrement celui qui avait joué l'autre premier rôle dans son existence. Elle comprenait pas que ce qu'elle venait de déballer sans aucune forme de tact était difficile à croire, à avaler, à comprendre ou ne serait-ce qu'à attendre. De ce qu'elle savait la rencontre d'Angus avec sa mère n'avait rien de très sérieux et remontait à présent à une vingtaine d'années. Mais à ses yeux ça n'excusait rien. Appelle Isadora Delaunay, gros crétin. Vaut mieux être sans père que d't'avoir tout compte fait. rétorqua-t-elle en attrapant son sac.