La fête foraine. Sérieusement, la fête foraine. La fête foraine, bon sang. Les mots résonnaient à son esprit, comme une fatalité qu’elle ne pouvait maîtriser ou contourner. Elle aurait pu refuser, pourtant. Elle aurait pu prétexter l’excuse de son travail. Ou tout simplement, elle aurait pu dire qu’il était hors de question qu’elle mette un seul de ses escarpins dans un endroit pareil. Ce n’était pas un lieu fait pour elle, vraiment pas. Elle était bien trop mature, bien trop posée… Bon, il fallait l’avouer, elle était surtout un peu trop coincée pour se rendre dans ce lieu de fête que tant de monde affectionnait. La perspective de se retrouver agglutinée à des dizaines d’inconnus, autour d’un manège qui lui donnerait certainement le mal de mer ou le tournis rien qu’à le regarder, respirant l’odeur infecte de ce semblant de nourriture qui baignait dans l’huile… Bon sang, rien qu’à y penser, elle en avait des haut-le-cœur. Elle ne serait absolument pas dans son élément, et elle en avait parfaitement conscience. Elle commençait même à regretter. A dire la vérité, elle avait regretté à l’instant même où elle avait consenti à s’y rendre. Pourquoi avait-elle accepté ? La réponse tenait à un simple mot : Nirvana. Aussi sévère et stricte qu’elle savait l’être, Olivia ne savait absolument pas refuser quoi que ce soit à sa fille. Avec son sourire adorable, ses yeux pétillants, et cette bouille d’ange, comment aurait-elle pu faire autrement ? Elle savait la faire craquer, sa fille. Et avec une facilité déconcertante, qui plus est. Il fallait avouer, aussi, qu’elle était touchée que la jeune femme veuille passer une après-midi toute entière à ses côtés, préférant partager ce moment avec elle plutôt qu’avec l’un des nombreux amis qu’elle devait avoir. Mais bon sang, elle avait vingt-deux ans. Elle ne pouvait pas lui proposer une sortie dans un centre de bien-être, ou une journée shopping, même ? Non, non, il avait fallu que sa fille ait conservé cette âme d’enfant qui la poussait à vouloir ce rendre à cette maudite fête foraine. De ce point de vue-là, ce n’était pas quelque chose qu’elle changerait chez Nirv’. L’avocate avait beau se plaindre parfois du manque de maturité de la jeune fille, elle aimait cette insouciance attendrissante qu’elle avait. Elle lui apportait cette fraîcheur, cette spontanéité qui lui aurait manqué si elle n’était pas là. Mais, le problème, c’était qu’elle, justement, elle n’avait pas gardé son âme d’enfant. Au fond, elle ne l’avait même jamais eue. Elle avait été forcée de grandir trop tôt, trop vite. Et aujourd’hui encore, elle en subissait les conséquences, alors qu’elle redoutait une simple sortie qui aurait enjoué bien d’autres parents certainement. La seule chose qui l’empêchait de changer d’avis, c’était le beau sourire sur le visage de sa fille. Pour elle, elle aurait accompli des miracles… Et Olivia Brant à la fête foraine, au fond, c’en était probablement un. Marchant proches l’une de l’autre, la jeune femme finit par mettre des mots sur ses pensées bien tourmentées. – Je n’arrive pas à croire que je vais passer la journée dans une fête foraine. C’était limite si elle n’était pas effrayée. Elle espérait surtout ne croiser personne qu’elle y connaissait, parce que très franchement, elle en avait presque honte. Elle était surement trop coincée, oui. Regardant aux alentours, elle se rendit compte qu’elles avaient quitté Brooklyn. Elle n’avait même aucune idée de l’endroit où aurait lieu la « fête ». Alors, tournant les yeux vers son interlocutrice, la belle brune finit par reprendre la parole, d’une voix plus intéressée. – Elle se déroule où, déjà ? La pauvre Olivia… Elle ne savait pas qu’en plus, elles allaient devoir se rendre dans les coins de la ville qu’elle évitait systématiquement, surement plus encore que la fête foraine. Le Bronx, oui, le Bronx.

Olivia était complètement partagée entre deux sentiments diamétralement opposés l’un à l’autre : Le désespoir et le bonheur. D’un côté, elle savait qu’elle allait passer sa journée avec la personne qu’elle aimait le plus au monde. A la vérité, c’était quelque chose qui se faisait de plus en plus rare. Mais ces derniers temps, les choses n’allaient pas trop mal entre elles. Elles allaient même plutôt bien en fait. Nirvana se trouvait par ailleurs être en vacances en ce moment, ce qui devait toutes les deux leur faire du bien. La fille ressentait moins de pression, et la mère lâchait du lest lorsqu’elle la voyait sortir, alors bien sûr leurs échanges étaient moins houleux. L’ambiance des fêtes, chaleureuse et empreinte d’amour, était aussi contagieuse, leur permettant de retrouver une certaine stabilité dans leurs relations. Tout semblait donc supposer qu’elles allaient passer une bonne journée, oui… Mais le lieu choisi par la jeune fille était loin d’être approuvé par Olivia. Elle avait passé l’âge des fêtes foraines, non ? Même si, au fond, ce n’était pas vraiment une question d’âge mais plutôt de personnalité. Et miss Brant, elle n’était vraiment pas du genre à aller s’amuser sur un manège à sensation, une auto-tamponneuse, et encore moins le train fantôme. Oh bon sang… Elle le sentait venir, celui-là. Elle connaissait sa fille par cœur, et c’était justement pour cette raison qu’elle appréhendait autant la sortie qui suivrait. Mais comment lui dire non ? Nirvana était tellement mignonne, tellement craquante… La plus adorable personne au monde. Et non, non, elle ne pensait pas ainsi parce qu’elle était sa mère… Quoiqu’elle aurait refusé une proposition pareille si elle était venue de n’importe qui d’autre. Mais avec la belle brune, elle n’avait pu se résoudre à le faire. Et la voilà partie en terrain totalement inconnu… Malgré la réticence de l’avocate, l’enthousiasme de sa fille l’attendrissait et lui faisait vraiment plaisir. Pour ce sourire, elle était certainement prête à tout, Ollie… Alors, elle ne pouvait s’empêcher de sourire à son tour lorsqu’elle la voyait aussi surexcitée. Elle avait grandi, mais à cet instant, elle avait l’impression d’avoir sa petite fille avec elle, ce qui la radoucissait malgré elle. – Je ne suis pas sure que le mot « amuser » convienne ma chérie. précisa-t-elle quand même avec une certaine ironie. De toute manière, elle n’était pas du genre à « s’amuser », pas comme ça en tout cas. Mais elle avait tout de même ce léger sourire sur les lèvres, et le cœur réchauffé. Passer du temps avec sa fille, Olivia ne demandait que ça. Surtout quand elle était aussi adorable avec elle, lui caressant même le dos quelques instants. Elle savait surtout parfaitement l’amadouer, parce qu’elle avait trouvé la technique idéale pour obtenir ce qu’elle voulait de sa mère. Elle semblait dure, Ollie. Elle était froide, et même hautaine parfois, mais ce n’était qu’une apparence. Au fond, derrière la tigresse qu’elle laissait paraître, se cachait un petit chat inoffensif, à condition de savoir l’apprivoiser correctement. Et c’était dans ces moments, d’ailleurs, qu’elle se sentait le plus proche de sa fille. Reprenant la parole pour montrer sa bonne foi, la jeune femme avait fini par demander où se déroulait cette fameuse fête foraine. Tournant les yeux vers Nirvana qui se mit à tousser, malgré son petit numéro, elle entendit très bien le lieu. Le Bronx ? Elle l’amenait vraiment dans le Bronx ? – Dis-moi que tu plaisantes. lâcha-t-elle sous le choc, mais à voir la mine de sa gamine de fille qui gardait le silence, elle était on ne peut plus sérieuse. – Et tu comptais me le dire quand ? Quand on y serait ? Comme si elle n’allait pas s’en rendre compte… Sa fille était d’une naïveté, c’était dingue. Surement se doutait-elle que sa mère aurait refusé de se rendre dans ce quartier. Si elle pouvait faire un effort sur la fête foraine, là, c’était un peu trop pour elle. Elle n’avait pas envie d’y aller, ni même que sa fille y aille. N’importe où mais pas là-bas. Alors, s’arrêtant net, elle croisa les bras, presque comme une enfant en plein caprice, alors qu’elle reprenait d’une voix au contraire très autoritaire. -  Il est hors de question qu’on aille là-bas, Nirvana.

Le Bronx. Nirvana voulait l’amener dans le Bronx. Bon sang, mais était-elle sérieuse ? Ou elle lui faisait une blague, une blague vraiment pas drôle ? Non, elle connaissait sa fille. L’air qu’elle avait sur le visage ne laissait pas de place au doute. Elle comptait réellement se rendre là-bas. Déjà, l’avocate avait eu du mal à accepter la sortie à la fête foraine, mais là, c’était un peu beaucoup pour son esprit un brin trop étroit. Elle ne voulait pas aller là-bas… Et pour des centaines de raisons. Elle n’avait pas envie de se faire agresser, déjà. Et ce n’était pas parce qu’elle avait des préjugés ! Le Bronx, elle connaissait. Les trois-quarts des criminels qu’elle côtoyait de par son travail provenaient de ce quartier. Surtout, ces trois-quarts étaient sans doute les plus dangereux, loin des manipulations financières ou arnaques de Manhattan. Et puis… Même si elle ne le disait pas à sa fille, il y avait une autre raison, un peu plus profonde. Elle l’avait fréquenté, ce quartier. Elle le connaissait même très bien parce qu’à une époque de sa vie, elle y passait tout son temps. Elle fréquentait les mauvaises personnes, faisait les mauvaises choses, et aurait pu mal finir plus d’une fois. Alors si elle détestait cet endroit, ce n’était pas simplement pour les raisons superficielles que pensait connaitre sa fille, mais avant tout parce qu’il lui rappelait une période de sa vie qu’elle aurait préféré oublier. Secouant la tête aux paroles de la belle, elle était surtout en train de se demander si elle se fichait d’elle. Elle ne lui avait rien demandé, c’était vrai. Mais Nirvana n’avait pas besoin de voir sa réaction en direct pour savoir qu’elle n’aurait pas accepté d’aller là-bas. – Tu savais pertinemment que j’aurais refusé si je l’avais su. déclara-t-elle d’une voix quelque peu irritée. Mais le pire, c’était que la petite têtue qu’elle avait mise au monde poursuivait sa route, comme si de rien n’était. Alors sans chercher à comprendre, Olivia s’arrêta net dans sa marche, croisant les bras en désapprobation. Comme quoi, la mère et la fille étaient tout aussi bornées l’une que l’autre. Mais si Nirv’ était amusée par la situation quelque peu inversée entre elles – ce qui arrivait un peu trop régulièrement au goût de la jeune femme depuis quelques temps – ce n’était pas le cas d’Ollie qui ne prit même pas la peine de relever ses paroles prononcées avec tant de légèreté. Levant les yeux au ciel, elle s’abstint de répondre. Même si sa fille n’avait pas tort sur ce point. Mais en entendant le mot « caprice », elle dirigea tout de suite ses yeux assassins vers elle, la fusillant du regard. Elle avait son petit caractère, c’était indéniable. – Je ne fais pas un « caprice ». déclara-t-elle simplement d’une voix qui se voulait irritée mais qui était aussi légèrement… Boudeuse. Mais elle n’avait pas dit son dernier mot, la petite. La voyant alors saisir ses mains, Olivia la regardait presque avec inquiétude. Qu’allait-elle lui infliger encore ? – Veux-tu bien cesser de me regarder avec ces yeux de chien battu. lui dit-elle très sérieusement, surtout parce qu’elle savait à quel point sa fille savait la faire céder avec une facilité qui la déconcertait toujours. Parce qu’on pouvait bien dire ce qu’on voulait sur leur relation chaotique mais… Elles débordaient d’amour l’une pour l’autre.

Ce n’était pas drôle. C’était agaçant, dérangeant et déstabilisant. Mais non, ça n’avait rien de drôle. Elle était irritée par l’attitude nonchalante de sa fille qui allait finir par la désespérer un jour, à l’entrainer Dieu seul savait où. Et pourtant, elle savait s’y prendre, Nirvana. Un peu trop, même. Tenant ses mains dans les siennes, elle s’excusait avec douceur, sachant pertinemment que le simple fait qu’elle avoue ses torts apaisait déjà la terreur que pouvait être sa mère. Mais surtout, ce furent ses paroles suivantes qui parvinrent à atteindre le cœur d’Olivia. Elle allait finir par la faire culpabiliser maintenant. Elle jouait la corde sensible, l’invitant à se souvenir qu’elle voulait simplement passer un moment en sa compagnie. Ce qui touchait irrémédiablement l’avocate, au cœur un peu trop tendre lorsqu’il s’agissait de sa fille. – Nirvana… commença-t-elle en relevant les yeux vers elle. Et voilà qu’elle lui faisait son petit regard de chien battu, la contemplant avec ses grands yeux marron tous tristes. Arrf. Elle la détestait. Enfin, en réalité, le problème venait plutôt du fait qu’elle l’aimait plus que tout au contraire. Aussi froide et insensible qu’elle pouvait le paraître, Ollie perdait toute crédibilité au niveau de cette image-là dès qu’on avait l’occasion de la voir avec celle qu’elle avait mise au monde. L’invitant à cesser son petit manège, elle la vit accentuer encore cette moue, précision importante, absolument surjouée. Elle le savait, et pourtant c’était cela le pire, ça marchait. Mais c’était évident, il suffisait de la regarder pour le comprendre. Elle était trop craquante, sa fille. Elle n’imaginait même pas à quel point elle attendrissait Olivia, surtout que celle-ci n’en montrait absolument rien en surface. Poussant un soupir d’exaspération, elle finit par céder. Bien sûr qu’elle cédait, elle cédait toujours. – Aarf. D’accord. lâcha-t-elle, frustrée de s’être faite avoir aussi facilement. Parce qu’elle savait que c’était faux en plus, mais elle avait réellement l’impression de lui briser le cœur en refusant, c’était horrible. Faible qu’elle était. – Mais je te préviens, on n’y reste pas des heures Nirvana. précisa-t-elle, comme pour garder un minimum d’autorité, ou de crédibilité, elle n’en savait trop rien. Reprenant leur marche, presque comme si de rien n’était, la jeune femme se perdit quelques secondes dans ses pensées. Elle n’avait pas mis les pieds dans ce quartier depuis une éternité, depuis qu’elle avait appris qu’elle était enceinte de sa fille en fait. En s’en rapprochant, elle pouvait d’ores et déjà constater les changements, bien que la disposition des rues était la même. Pressant son sac à main contre son épaule, presque précieuse, elle tentait d’oublier les souvenirs qui voulaient l’envahir. – Bon, et tu sais dans quel coin elle se trouve au moins ? demanda-t-elle finalement à Nirvana, d’un ton qui se voulait un peu plus léger. Maintenant qu’elle avait accepté, il était inutile qu’elle se montre désagréable. Il valait mieux qu’elle tente de profiter de la présence de sa fille.

Voir le sourire sur le visage de sa fille lui réchauffait le cœur. Pour ce sourire, elle serait capable de tout, Olivia. Du meilleur, comme du pire. Elles avaient beau avoir des relations plus que complexes, Nirvana n’en était pas moins le centre de sa vie, celle qui lui donnait une raison de se lever chaque matin. Elle n’avait pas d’homme dans sa vie, de bien trop rares amis, et pourtant… Pourtant, quand elle se trouvait avec sa fille, elle avait l’impression d’être comblée. Elle ne savait pas si c’était due à l’étroitesse de leurs liens si fusionnels ou si toute mère ressentait cela, mais c’était quelque chose d’incroyable. Souriant à son tour au baiser enfantin de la belle brune, elle se laissa entrainer par elle, leurs deux bras enlacés, alors qu’elles poursuivaient leur marche. En entendant les paroles de la jeune fille, prononcées de cette voix si malicieuse et adorable à la fois, elle laissa un léger rire s’échapper de ses lèvres. Elle était trop mignonne, sa fille. On aurait dit un vrai bébé, mais il s’agissait toujours de son bébé après tout. Elle savait qu’elle lui disait ça pour la faire rire, quoiqu’il était possible qu’elle pense que sa mère avait effectivement peur de se retrouver dans ce quartier trop souvent réputé malfamé. Mais dans ce cas, elle n’était pas sure que Nirv’ soit capable de faire quoi que ce soit pour la protéger. – C’est extrêmement rassurant de ta part. Je me sens beaucoup mieux maintenant. rétorqua-t-elle, ironique bien entendu, mais toujours avec ce doux sourire sur les lèvres. Elle rentrait dans son jeu après tout. Elle aimait l’humour de sa fille, parce qu’il était léger, joueur… Aussi insouciant qu’elle. Mais, s’avançant un peu plus profondément dans les rues du Bronx, Olivia chercha à en savoir plus sur l’endroit exact où se déroulait cette fameuse fête foraine. Contrairement à sa fille, elle n’était absolument pas du tout du genre à marcher où ses pas la menaient avec nonchalance. Elle aimait bien avoir le contrôle sur sa vie, elle. Voyant l’air un peu hésitant de l’étudiante, elle comprit vite qu’elle n’était pas beaucoup plus avancée qu’elle. Nirvana et son inconscience… Ça la rendait parfois dingue, Olivia. Surtout parce qu’en toute bonne mère qu’elle était, elle s’inquiétait extrêmement vite pour celle qu’elle avait mise au monde. Et enfin, elle sembla se souvenir. Le cimetière de Woodlawn. Quoi ? – Mais on n’est pas du tout dans la bonne direction ! Si c’était possible… Saisissant sa main, elle la poussa à revenir sur leurs pas avant de tourner à un moment. Elles n’étaient pas loin, certes. Mais si elle n’avait rien demandé à sa fille, elles se seraient retrouvées à l’autre bout du quartier. Nirvana dans toute sa splendeur. Heureusement qu’elle connaissait, elle. Hum, Olivia. Tournant le regard vers elle, l’avocate reprit assez rapidement la parole. - On y est dans cinq minutes. Et d’ailleurs, déjà par terre, il y avait quelques traces qui laissaient présager qu’elles étaient sur la bonne route, cette fois.

Elle devait bien avouer qu’elle passait un bon moment. Ce n’était pas surprenant puisqu’elle se trouvait en compagnie de sa fille. Et ça, ça suffisait à son bonheur. Aussi, Nirvana avait cette particularité de s’amuser d’un rien, de rire de tout. Elle avait une légèreté que sa mère lui enviait. Elle ne savait pas être comme ça, Olivia. A moins qu’on ne l’incite à le faire, un peu comme la jeune fille le faisait en ce moment même. Elles étaient complémentaires en quelque sorte. Alors, entre elles, c’était souvent tout ou rien. Elles ne savaient pas vraiment faire dans la demi-mesure. Mais en ce moment, elles étaient dans le bon extrême. Leur complicité était palpable, tout comme l’amour qui les liait l’une à l’autre. Souriant amusée en voyant Nirv’ continuer son petit manège, elle secoua finalement la tête avant de se rendre compte qu’elles n’étaient pas du tout dans la bonne direction. Alors incitant celle-ci à la suivre, Olivia décida de prendre les choses en main. Au fond, elle préférait que sa fille ne connaisse pas la route, parce que ça signifiait au moins qu’elle n’avait pas l’habitude de traîner dans le Bronx. Mais, par la même occasion, elle venait de lui démontrer que c’était le contraire de son côté. Enfin, dans le passé parce qu’elle n’avait plus mis les pieds ici depuis des années. Mais aux paroles de sa fille, l’avocate releva les yeux vers elle, un peu troublée par sa question. – Contente-toi de « maman », je te prie. Enfin, elle se doutait qu’elle ne répondait pas à sa question, là. Gardant le silence quelques secondes, elle réfléchissait à ce qu’elle devait lui dire. Elle avait toujours mis des barrières de taille entre Nirvana et tout ce dont elle n’était pas fière, son passé en faisant indéniablement partie. Mais la récente discussion qu’elles avaient eue lorsque la belle avait appris que sa mère fumait la poussait à se montrer honnête, cette fois. Même si elle ne voulait pas non plus lui raconter tout son passif. Alors, elle lui fit un sourire en coin. – Ta mère n’a pas toujours été aussi sage que tu le crois. avoua-t-elle simplement alors qu’elles approchaient finalement de la fête foraine toujours main dans la main.