Pour accueillir une exposition le plus rapidement possible, en partenariat avec son amie Hannah, Rosita n'avait pas eut à grandement retaper le petit local qu'elle avait acheté à l'étage d'un bâtiment quasiment en friche. Quelques guirlandes lumineuses éclairaient l'entrée dans le bâtiment et menaient, par des teintes roses, violettes et bleues pastel vers la porte de GALS. Son univers. Au bout de seulement quinze jours, l'exposition avait été démontée et la jeune femme souhaitait en profiter pour retaper un peu sa galerie. L'électricité était à refaire, ce serait encore une pompe à fric cette histoire. Mais valait mieux ça, que mourir. La plupart des choses, elle les expliquait de cette manière : "mieux vaut ça que mourir", ça avait tendance à refroidir certaines personnes, alors que Rosita n'était pas dérangée à l'idée de les écouter, seulement elle considérait que l'on oubliait parfois trop souvent que la mort pouvait se pointer du jour au lendemain et que, face à ça, la contrariété n'était qu'une petite difficulté. Elle en savait quelque chose.
Jeudi, dix heures du matin, Rosita est bêtement vêtue d'un pull-over violet et d'un mini short mauve quand elle sort de sa galerie, s'adosse au mur et s'allume une clope. Elle aime bien Red Hook, il n'y a pas grand monde. C'est calme et prometteur, elle sait que le quartier va bouger, elle s'en réjouit et le redoute un peu à la fois. En tout cas, elle est certaine d'avoir bien fait de profiter de la situation pour vite acheter avant que les prix ne flambent. S'attardant un instant à observer ses ongles faits, longs, vernis de paillettes transparentes/argentées, elle se redresse finalement. Il lui avait semblé avoir repéré un distributeur de canettes dans le coin.
Au bout de même pas cinq minutes, RoRo trouve son bonheur et goûte une gorgée du soda à la fraise qu'elle a trouvé tout en rebroussant chemin. Sauf qu'à ce moment là, une personne attire son attention, elle ne l'avait pas vu la première fois, sans doute car les SDF ce n'est pas si rare, mais ce n'est pas son genre de les ignorer. Debout, fixe, elle constate que l'homme assit par terre semble relativement jeune, peut-être a-t-il son âge ou à peine moins, ou à peine plus. Ce n'est pas rare non plus, il y a plus de jeunes à la rue qu'on ne le pense, mais une idée lui vient alors. S'asseyant à côté, la jeune femme sort un paquet de clopes de sa poche. Tu fume ? Demande-t-elle le plus naturellement du monde.

Il a le regard fuyant. Drôle aussi, pas dans un sens comique, dans un sens.. particulier. Elle aime bien s'imaginer la vie des personnes qu'elle croise, elle est certaine de se tromper, RoRo ne prétend pas être perspicace, elle est surtout inventive. Elle préfère même être à côté de la plaque que devin. Elle le fixe alors, lui qui n'ose faire de même avec elle. L'espace d'un instant, RoRo se demande si elle dérange, avant d'arquer un sourcil, esquissant un léger sourire face à la réponse directe, brute même, voire impolie, du jeune homme. Au final, il était efficace, pragmatique peut-être, ça lui allait. Ouvrant son paquet pour le laisser récupérer une cigarette, la jeune femme le referme avant de chercher le briquet dans la poche de son short. Elle lui tend, sans rien ajouter, se contentant de l'observer allumer la clope qu'elle lui a offert, sans qu'il ne daigne la remercier, ou exprimer quelque chose ressemblant de près ou de loin à de la gratitude. Il va même plus loin, et ça la fait presque rire. Qu'est-ce qu'un paquet de clopes ?  Tu m'aides ? Répond-t-elle d'abord avant de boire une gorgée de son soda, puis le poser à ses côtés avant de se servir une cigarette et récupérer son briquet pour se l'allumer. J'ai besoin d'aide pour ma galerie, tu m'aiderais ? Les clopes sont à toi. Et d'autres choses. Ajoute-t-elle en posant les clopes à côté du basané au regard trouble avant de reprendre sa cannette et se relever. Elle tire sur son petit rouleau de poison goudron/tabac/autres merdes avant de conclure : Tout travail mérite salaire. La proposition sort un peu de nulle part, il y avait-il vraiment un hasard ? Rosita n'y réfléchissait pas vraiment, elle préférait se dire que si, trouvant que la vie avait parfois été injuste avec elle, puis elle voyait où elle en était désormais et aimait à se dire qu'elle n'avait pas vécu "tout ça" pour rien. Alors, ce matin là, sans doute qu'elle se disait qu'il n'avait pas attiré son œil pour rien. En parlant de vie injuste, elle ne lui prêtait pas un meilleur vécu qu'elle. Pour commencer, elle traînait pas dans la rue de beau matin. Ses cheveux étaient parfois gras, mais elle ne partageait pas son allure. Il sentait le tabac, peut-être l'alcool, elle ne saurait trop dire. Elle sentait le savon, et autre chose d'un peu sucré, comme son apparence générale.

Rosita arque un sourcil lorsqu'elle réalise ce que l'inconnu commençait à lui siffler. Elle fronce les sourcils, mais ne se décourage pas, elle n'est pas du genre à abandonner, sinon elle serait tout sauf artiste, partout sauf à New York et avec tout autre projet que celui d'avoir sa propre galerie. Il demande ce que signifie "d'autres choses", il a finalement mordu à l'hameçon assez vite, mais Rosita ne s'en inquiète pas sur le moment, l'espèce d'agressivité qui émane de sa personne le rend à ses yeux difficilement "arnaquable" si on devait inventer le mot. Le mot lui plaisait bien, d'ailleurs. Avec un léger rire, la jeune femme secoue la tête. Un salaire implique un travail. Je ne suis pas encore la fille du Père Noël. répond-t-elle alors, légèrement amusée, avant de finalement s’inquiéter brièvement en apercevant le basané tiquer sous le poids de son sac. Ses sourcils froncés traduisent son inquiétude, mais pas vraiment du genre envahissante, Rosita se met en marche, se demandant un peu ce qui lui était passé en tête au moment où elle avait décidé de se "joindre" à cet inconnu, la seule réponse qu'elle trouvait à se dire étant "pourquoi pas". Arrêté devant le bâtiment, Rosita le regarde continuer de marcher, jusqu'à ce qu'il se retourne. Repeindre les murs en blanc, installer des néons, c'est un début convenable. Non ? Il paraît que l'électricité couille quelque part, mais je pense devoir faire affaire avec un pro' pour ça. C'est ici, viens. Lui dit-elle avant d'entrer dans le bâtiment sans l'attendre, montant les deux étages qui les séparaient de la galerie, avant de pousser la porte, n'ayant pas verrouillé la pièce avant de partir. Pose ton sac sur la table basse si tu veux, ou dans la "remise".