“Graham & Amanda ”

Assise dangereusement sur la balustrade de son balcon, un verre de vin rouge à la main, elle est perdue dans ses pensées. Depuis l’aveu de sa sœur sur ce qui lui est arrivé, elle ne cesse de penser à lui, à cet homme qu’elle souhaite réduire à néant. Elle sait que d’un jour à l’autre, elle va craquer. Elle va aller le voir et le tuer. Pour l’heure, elle savoure simplement le vin français, pays de ses origines tout en écoutant une musique classique qu’elle connait par cœur. Beethoven, la symphonie numéro cinq, sa préférée. Ça l’a toujours détendue. A l’époque où elle était encore danseuse, c’était même ainsi qu’elle se relaxait. Mais c’était avant tout ça. Lui vient à l’esprit l’idée de se faire une ou deux lignes de coke quand elle entend sonner à la porte de son appartement. Elle n’attend personne mais elle va vite découvrir de qui il s’agit. Elle se laisse glisser sur la rambarde pour rentrer à nouveau à l’intérieur de l’appart’. De sa main libre, elle en profite pour se saisir de son téléphone portable qui a sonné quelques minutes plus tôt. Un message. C’est Graham, qui lui dit qu’il arrive. Depuis plusieurs semaines, il prend de plus en plus de place dans sa vie, Graham. Elle aime les hommes qui savent s’imposer mais celui-là, il semble étrangement attendre quelque chose, quelque chose qu’elle ne comprend pas. Elle ne sait rien des pensées de son amant, encore moins de ses sentiments. Leur relation est simple. Il n’y a que du sexe entre eux, et il n’y aura toujours que du sexe. A la limite, elle peut parfois ressentir une certaine complicité tacite mais ça s’arrête là. Pas un instant, elle n’imagine entretenir autre chose que ces rapports passionnels, violents et basés uniquement sur le physique. La belle repose son téléphone sur la table et rejoint l’entrée. Elle ne prend pas garde une seule seconde à sa tenue, et c’est vêtue d’un simple débardeur blanc et d’une petite culotte en dentelle qu’elle l’accueille finalement. Mais en lui ouvrant, c’est peut-être elle la plus surprise. Des fleurs. Il a vraiment ramené des fleurs ? Elle remarque à peine sa barbe nouvelle, trop troublée par les roses rouges qu’il tient à la main. Son visage reste pourtant imperturbable, si ce n’est son regard légèrement perplexe. Sans un mot, elle le fait entrer. Son trouble paraît enfantin, presque innocent. En fait, elle ne l’avouerait jamais mais elle a l’impression d’être une adolescente face à son premier prétendant. Elle ne se rappelle même pas la dernière fois qu’on lui a offert des fleurs… Surement était-ce à l’époque où elle enchaînait les ballets de danse. – Des fleurs ? demande-t-elle finalement, juste pour dire quelque chose, juste pour avoir une réaction. Bordel, il a réussi à la troubler.

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“Graham & Amanda ”

Ça ne lui plait pas. Elle n’aime pas les fleurs. Elle n’aime pas les petites attentions. Elle n’aime pas tout ce que les femmes normales rêvent d’avoir, juste pour se sentir aimée. Elle n’aime pas du tout, non. Mais elle ne sait pas comment réagir, Amanda. Pour la première fois depuis qu’elle le connait, il est parvenu à créer un véritable trouble en elle. Elle devrait clarifier les choses, elle devrait lui dire qu’elle ne veut pas de tout ça. Mais elle n’y arrive pas. Elle imagine déjà son regard se voiler alors qu’elle lui assène un nouveau coup en plein cœur. Ce serait trop… Méchant. C’est la première fois qu’elle songe à ce qu’il ressentirait. Quelques semaines plus tôt, elle l’aurait remis à sa place sans aucun ménagement, sans aucune culpabilité aussi. Mais pas cette fois. Elle commence à se préoccuper de ce qu’il ressent. Alors elle garde le silence. Elle le regarde qui s’approche de la cuisine, à la recherche d’un vase. Il peut toujours chercher. Elle le contemple du coin de l’œil. Elle se rend compte qu’il s’acclimate parfaitement bien à son appartement. Il fait comme chez lui. Aussi, il est nullement perturbé par sa tenue peu correcte, ni par la musique classique qu’on entend en fond. Elle sent son trouble s’agrandir, la poussant à terminer son verre de vin d’un trait. Elle ne devrait pas s’en inquiéter. Les hommes qui se trouvent dans sa vie ont tendance à prendre leurs aises avec elle, surement parce qu’ils remarquent vite qu’ils ne sont pas obligés de faire attention aux connivences avec elle. Aiden débarque toujours à l’improviste, Staz décide carrément de venir manger chez elle quand il a besoin d'un squat, sans compter les libertés de ses amants. C’est ce qu’elle doit se dire, il fait comme les autres. Mais alors, pourquoi est-elle aussi perturbée à cet instant ? Parce qu’il est différent, Graham… Sortant de ses pensées lorsqu’elle le voit s’approcher d’elle, la belle profite du baiser qu’il lui offre. Elle pose sa main contre sa joue pour prolonger avec langueur son baiser avant de détacher ses lèvres. – Ouais, comme d’hab. Elle lui répond toujours la même chose, même aujourd’hui où ses pensées sont obscurcies par la haine. S’éloignant quelque peu, son regard se dirige malgré elle vers les roses qu’il a apportées, alors qu’elle reprend finalement. – Et toi ? Mais sans attendre réellement sa réponse, elle s'approche à nouveau pour l'embrasser cette fois d'un baiser plus désireux, plus fougueux.

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“Graham & Amanda ”

Elle se laisse guider jusqu’à sa propre chambre sans tenter de résister. Elle sait pourquoi il est là, elle pense savoir, et c’est ce qu’elle veut, elle aussi. Elle se retrouve allongée sur le lit, d’une manière qui lui semble plus délicate que d’ordinaire. Néanmoins, elle se laisse faire alors que son regard s’attarde sur lui pendant qu’il commence à se déshabiller. Pas assez à son goût. Mais elle va vite pouvoir y remédier puisqu’il vient enfin au-dessus d’elle. Elle sent cette douce chaleur dans son ventre alors qu’elle laisse le désir venir l’envahir. Il l’embrasse alors, tendrement. Ça lui arrive de temps à autre, à Graham. Comme si durant quelques secondes, il oublie avec qui il est avant qu’elle s’empresse de lui rappeler. Lorsque ses prunelles croisent les siennes, elle y discerne aussi ce regard particulier, avec cette lueur qu’elle reconnaît, cette lueur de plus en plus présente. Cet idiot n’est quand même pas en train de tomber amoureux d’elle, hein ? C’est la dernière chose qu’elle souhaite, Amanda. Elle n’a aucunement envie de se retrouver avec un pot de colle qui s’est entiché d’elle. Mais elle sort de ses pensées en entendant son compliment. Elle le sait bien, qu’elle est belle. C’est avec son charme qu’elle obtient tout ce dont elle a envie. Mais elle rebondit plutôt sur ses paroles suivantes. – Il y a tellement de choses que tu ignores joli cœur. Elle ne sait pas pourquoi il se montre si attentionné, si à l’écoute. Est-ce que ça l’intéresse vraiment, ça ? Est-ce que ça peut réellement intéresser quelqu’un de savoir quel style de musique une autre personne peut aimer ? Elle ne comprend même pas le concept, Amanda. Elle s’en fiche, elle, de savoir quel style de musique il écoute. Au fond, elle ne s’est jamais préoccupée que d’elle-même. Elle est persécutée que le monde est comme ça, égoïste. C’est dans la nature même de l’Homme. Mais trêve de bavardages, ils ont assez parlé à son goût. D’un mouvement habile, la belle fait basculer Graham sur le lit, inversant leurs positions. Elle se retrouve au-dessus de lui alors qu’elle l’embrasse d’un baiser fougueux, torride. En même temps, elle détache d’un geste rapide le bouton de son pantalon pour lui retirer sans perdre un instant, sans savoir que son ange déchu a bien d’autres idées en tête.

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“Graham & Amanda ”

Les mains de son amant attrapent ses poignets pour la stopper subitement avant qu’elle retire son pantalon. Elle relève les yeux vers lui et le regarde sans comprendre. Mais alors, il lui avoue qu’il a envie qu’ils prennent leur temps. Malheureusement pour lui, il n’a pas sonné à la bonne porte si c’est ça qu’il désire. Elle n’aime pas prendre son temps, Amanda. Elle est impatiente, insatiable. Elle voit le sexe comme un rapport physique qu’elle n’a jamais assimilé à l’amour. Alors, la tendresse, ce n’est vraiment pas pour elle. Elle ne connait pas, elle ne sait pas. – Je ne fais pas ça. lui rétorque-t-elle d’une voix calme mais directe. Il a bien le droit de vouloir autre chose s’il le souhaite. Mais non, ce ne sera pas avec elle. Elle ne veut pas, elle ne veut plus. Elle rejette obstinément l’amour, sous toutes les formes sous lesquelles il peut se manifester. Ce n’est pas pour elle.

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“Graham & Amanda ”

Toujours assise à califourchon sur lui, elle attend en quelque sorte son verdict. Elle n’attend pas de lui qu’il lui cède tout le temps. A vrai dire, elle ne cherche pas à obtenir forcément ce qu’elle, elle veut. Elle a ses attentes, et lui les siennes. Si elles ne concordent pas, ils peuvent tout aussi bien s’arrêter là. Elle ne va pas en mourir. Mais elle voit alors un sourire de défi se dessiner sur ses lèvres. Il essaye de la provoquer, elle le voit bien. Sauf que rien ne lui fait peur, à Amanda. Ce dont elle se persuade en tout cas. En réalité, peut-être bien qu’il a raison. Peut-être bien que ça lui fait peur. Ce qu’il veut, c’est tout de même un autre monde, un monde que lui connait mais pas elle. – Des câlins et des caresses pendant des heures, je n’appelle pas ça pimenter son quotidien. Ils ont couché ensemble dans la rue, à même le sol, sur une table. Pense-t-il vraiment qu’elle a besoin de pimenter sa vie ? Et puis, merde… Elle ne le comprend pas, Graham. Elle lui offre ce que tout homme désire mais non, il veut prendre son temps. Elle ne lui demande pas son avis, elle retourne l’embrasser avec envie. Elle dévie ses lèvres contre son cou alors qu’elle laisse sa main se poser sur le haut de son pantalon qu’elle a eu le temps d’ouvrir. – Ce n’est pas mieux quand tu cèdes à tes instincts ? lui murmure-t-elle à l’oreille de sa voix envoûtante de tentatrice.

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