“Lincoln & Calista”

Le jour où sa petite sœur lui avait appris ce qui lui était arrivé, Amanda avait senti immédiatement cette colère l’envahir. Et plus Calista parlait, plus cette colère était devenue de la haine. De la haine envers cet homme qui avait tenté de la souiller, cet homme qui avait osé s’en prendre à la seule personne qui lui importait sur cette planète plus qu’elle-même. A l’instant même où sa cadette lui fit cette confession, elle savait déjà ce qui lui restait à faire. Elle allait le tuer. Purement et simplement. Elle aurait pu inciter Cali à aller voir la police pour le faire emprisonner ou interner. Mais non. Cette sentence était bien trop légère pour celui qui avait voulu s’en prendre à sa sœur. Elle aurait pu tout aussi bien demander à l’un de ses hommes de main de s’en charger. Mais elle éprouvait une telle aversion pour cet homme qu’elle avait besoin de s’en occuper elle-même. Elle n’avait jamais tué. Elle n’avait jamais eu besoin d’en arriver là. C’était sans doute la seule limite qu’elle n’avait encore jamais franchie. Mais ce soir, elle était bien décidée à ôter la vie de ce monstre.  Elle n’avait rien dit à Calista. Elle avait emmagasiné toutes les informations dont elle avait besoin pour savoir où trouver cet homme. Ce n’était pas compliqué, étant donné que ce connard s’amusait à suivre la jeune femme jusqu’à son lieu de travail. Et d’ailleurs, elle le voyait, là au loin. Installée au volant de sa voiture, elle fumait distraitement sa cigarette sans le quitter des yeux.  Assis à même le sol, un briquet dans les doigts, il attendait sa petite sœur. Il l’écœurait tellement, cet homme. Elle récupéra au bout de quelques instants le revolver qu’elle avait depuis quelques années déjà maintenant. Elle l’enfouit dans la poche de sa veste avant de quitter enfin sa voiture et rejoindre sans aucune hésitation l’homme. Arrivée à sa hauteur, elle jeta sa clope et dégaina son arme d’un geste naturel, avec son habituel et implacable sang-froid, en sa direction. – Lève-toi. Il resta un instant paralysé, ou c’était peut-être elle qui était trop impatiente de se retrouver face à face avec lui. Sans pouvoir attendre, elle reprit d’un ton plus brutal encore. – J’ai dit. LÈVE-TOI CONNARD.  Elle s’approcha de lui et, sans attendre, d’un geste sec et direct, lui balança un coup de poing sur le visage. – Calista, ça te dit quelque chose ?!

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“Lincoln & Calista”

Elle ressentait une telle répugnance, une telle haine pour cet homme. Il faisait naître en elle un ressentiment si fort qu’elle aurait sans doute été capable de le tuer de ses mains. Il semblait tellement paumé, tellement à mille lieues de comprendre ce qui lui arrivait. Et ça l’énervait davantage, Amanda. De se dire que ce cinglé psychopathe était en liberté et capable à tout moment de s’en prendre à sa petite sœur… Ça la rendait plus agressive encore. Alors qu’il se relevait enfin après le premier coup qu’elle lui avait asséné, son regard croisait le sien pour la première fois. Le pire vint lorsqu’elle remarqua cette lueur dans son regard lorsqu’elle lui donna le prénom de Calista, une lueur qui la rendit dingue. Sans se contenir, elle lui balança un nouveau coup en pleine face. Elle n’en avait rien à faire de ses excuses, de ses lamentations et de tout le reste. Tout ce qu’elle voulait, c’était en finir avec lui. – J’en ai rien à foutre que tu sois désolé, pauvre cinglé. lui rétorqua-t-elle sans ménagement alors qu’elle le tirait finalement jusqu’à elle pour lui donner cette fois un coup de genou bien placé entre les jambes. Elle voulait le blesser, elle voulait lui faire mal, autant qu’il en avait fait à sa petite sœur. – Comment t’as osé, hein ?! Et maintenant tu vas jusqu’à la suivre à son travail ? T’es à gerber, putain. Elle ressentait tellement de haine en elle, plus qu’elle n’en avait jamais ressenti de toute sa vie. Il s’en était pris à la personne qui comptait le plus pour elle, à la personne pour laquelle elle était prête à tout, même à commettre l’irréparable. Des deux sœurs, il avait eu le droit à l’ange, mais il se retrouvait maintenant confrontée au démon. – Tu ne mérites rien d’autre que de crever comme un chien. Braquant son arme contre son front alors qu’elle maintenait toujours son emprise sur lui, Amanda était bien décidée à le tuer, là, dans ce parking désert.

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“Lincoln & Calista”

Et il osait lui dire qu’il n’était pas un cinglé, en plus. S’il n’était pas fou, il n’était rien d’autre qu’un pervers, un criminel, un connard qu’elle allait tuer là, maintenant, pour le bien de l’humanité et surtout pour celui de sa petite sœur. Tenant fermement le revolver posé contre son front, Amanda le fixait sans ciller alors qu’il avait fermé les yeux, prêt à subir ce qui lui attendait sans même se débattre. Il était surement fou, oui. Mais, ça, elle s’en fichait pas mal. Le doigt sur la détente, la jeune femme s’apprêtait à tirer lorsque subitement, elle entendit la douce voix de Calista crier son nom. Elle aurait préféré qu’elle n’assiste pas à ça. Elle aurait tant voulu la préserver de tout ça, la préserver de lui… Elle sentit à nouveau cette rage submerger son cœur qui devenait plus noir encore qu’il ne l’était déjà. Sans perdre l’autre taré du regard, elle répondit à sa petite sœur d’une voix bien plus calme, mais assurée. – Oh si, je vais le faire. Mais Cali ne lui laissa pas le temps d’en faire davantage qu’elle la sentit la reculer subitement. Et sans qu’elle ne comprenne, elle l’entendit alors demander à celui qui l’avait agressé si ça allait. Comment ? Comment pouvait-elle s’en inquiéter ? Se tournant brusquement vers elle, Amanda reprit aussitôt. – Mais qu’est-ce que t’en as à foutre qu’il aille bien ?! Ce connard a voulu te violer Calista ! C’était elle ou ça ne tournait pas rond, là ? Elle ne cherchait qu’à la protéger, qu’à la venger d’un homme qui n’aurait plus jamais l’occasion de lui faire du mal. Mais non, elle l’en empêchait. Et ça, elle ne le comprenait pas, Amanda.

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