J'arrive pas à croire que j'ai accepté de venir vivre chez Olivia. Ce doit être les yeux doux de notre fille qui m'ont fait craquer. Honnêtement, ça pourrait être vraiment bien. Mais primo je suis en fauteuil roulant... Secondo, j'ai vraiment trop l'habitude de vivre seul, de laisser mon bordel traîner, de manger n'importe quoi devant la télé... Et Olivia est disons... Assez stricte. J'ai l'impression de vivre avec ma mère parfois! M'enfin. Elle est toujours aussi belle, en colère ou non.

Ce soir, Nirvana rentre tard, voire ne rentre pas. Je ne sais pas trop ce qu'elle fait, mais elle m'a prévenu qu'elle avait une soirée entre copines. Je vais me sentir seul, surtout si elle ne rentre pas dormir. Et j'ai bien envie de dire que je serai au moins seul un petit moment avec Olivia, sauf que madame n'a pas l'air de rentrer non plus. Et elle, elle ne m'a pas prévenu...

Si je le pouvais je ferais les cents pas. Mais je peux même pas. Les cent roues c'est vraiment pas cool. Je commence a m'énerver tout seul. Elle aurait au moins pu me prévenir. Alors je commence à me faire des films. Et si elle passait la soirée avec un mec? Et s'il lui était arrivé quelque chose? Je sais pas ce qui serait pire. Les deux peut-être!

Je suis assis dans mon fauteuil (de toute façon j'ai pas vraiment le choix) et je zappe nerveusement les chaînes de la télévision sans vraiment la regarder. J'ai envie de bouger ma jambe nerveusement comme je le faisais avant, mais elle bouge à peine, et ça m'énerve encore plus... Bon sang... Qu'est ce qu'elle fait? Est ce que je fais mon relou à l'appeler? S'il lui est arrivé quelque chose... Et puis merde. Je prends mon téléphone et appelle une... deux fois. Puis une heure après deux nouvelles fois... Pas de réponse. Ok cette fois je suis carrément inquiet et énervé. Elle voulait voir le Jackson pot de colle? Je crois qu'elle va le découvrir ce soir... A défaut de pouvoir bouger mes jambes, je bouge nerveusement mes doigts sur le fauteuil en maltraitant la pauvre télécommande. Pendant ce temps, Rafale est allongée derrière la porte d'un air triste en attendant Olivia. Je ne comprends pas pourquoi elle aime tant Olivia vu la façon dont elle la traite. Peut-être que mon chien est un peu maso... Comme son maître...

“Jackson & Olivia ”

Ce soir, Nirvana était de sortie. Ça arrivait moins souvent depuis quelques temps, comme si la présence de son père l’incitait à rester chez elles. C’était un peu étrange de se retrouver avec Jackson et leur fille. En fait, c’était même vraiment troublant pour Olivia. Elle avait l’impression qu’ils formaient comme une famille tous les trois, et… A la vérité, ça lui faisait un peu peur. Elle avait accepté d’inviter son ex à venir vivre chez elle déjà parce qu’elle n’avait pas eu le cœur de le refuser à Nirvana. Mais aussi parce qu’en réalité, elle s’inquiétait pour lui. Seul, dans son appartement, avec une incapacité fascinante à demander de l’aide aux autres, il était vulnérable. Et elle préférait garder un œil sur lui, surement parce qu’au fond, elle tenait à lui plus qu’elle ne le devrait. Mais se retrouver soudainement à vivre avec lui, ça avait tout de même de quoi la perturber. Entre les bouteilles de bière dans le réfrigérateur, les vêtements d’homme dans la panière à linge et les poils de chien dans la maison… Elle ressentait bien la présence de Jackson, oui. Il n’était d’ailleurs pas rare qu’ils se disputent pour des broutilles, tous les deux. Un peu comme un couple. Leur relation n’était pas claire, au contraire elle était si complexe qu’elle ne savait la définir. Et, en fait, c’était peut-être ça qui l’effrayait. Un peu inconsciemment, c’était pour cette raison qu’elle était sortie ce soir, elle aussi. Non pas qu’elle craignait de se retrouver seule avec Jackson mais… Elle ne savait pas trop en fait. C’était comme pour se dire que sa vie n’avait pas changé, qu’elle était toujours cette avocate mère célibataire, à la différence du fait qu’elle hébergeait le père de sa fille provisoirement. Alors elle était sortie avec une amie dans un bar huppé de New-York. Elle avait passé un bon moment. Deux ou trois fois, un homme était venu l’aborder. Et si elle avait d’abord discuté avec, elle les congédiait finalement avec politesse, sans trop savoir pourquoi. Elle avait eu la tête un peu ailleurs durant la soirée, finissant par se concentrer uniquement sur son amie. Et ce ne fut qu’assez tard que la belle se décida à rentrer chez elle. Elle prit un taxi, parce qu’elle avait bu quelques verres – sans être saoule pour autant, avant d’arriver finalement jusqu’à sa porte d’entrée. Ouvrant la porte avec précaution pour éviter de réveiller Jackson, elle se retrouva tout de suite accaparée par le chien de celui-ci qui vint la saluer. Elle ne savait pas ce que ce chien avait à lui sauter dessus à chaque fois, et pourtant elle refusait obstinément de le laisser faire. Le ou la, elle ne savait même plus si c’était un mâle ou une femelle d’ailleurs. Et pourtant, Rafale avait quelque d’attachant tout de même dans son attitude… Mais ça, elle ne le dirait certainement pas. Se rapprochant finalement du salon, elle remarqua avec surprise que la télévision était allumée, et que Jackson était réveillé. – Bonsoir. le salua-t-elle avant de poser son sac à main sur la table et retirer son manteau. Relevant les yeux vers la télévision une seconde, elle tourna finalement le regard vers le jeune homme. – Tu n’es pas fatigué ? demanda-t-elle innocemment, sans se douter un seul instant que la raison qui l’avait tenu éveiller tout ce temps, c’était elle.   

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Je saigne pour toi:

J'entends les clés dans la porte et lâche un soupire à la fois de soulagement, mais aussi d'énervement. La voilà qui rentre comme une fleur. Et... Et quoi? Elle ose me demander si je suis pas fatigué?? J'éteins la télé avant de me tourner vers Olivia avec ce fauteuil que je déteste tant. Je crois que le fauteuil me fait de plus en plus péter un plomb ces derniers temps... Je le supporte plus... Vraiment plus...

- Bien sûr que je suis fatigué! Il est deux heures du mat et tu rentres comme une fleur! Sans me prévenir que tu rentres tard, et je suis censé en n'avoir rien à foutre?

Je ne lui dirai pas que je l'ai appelé quatre fois... Je déteste me comporter comme ça. Je suis le premier à vouloir qu'on me foute la paix et à me sentir libre de faire ce que je veux. Alors j'assume pas vraiment de l'avoir harcelé de coups de tel... Bon elle finira bien par le voir de toute façon...

Je déteste aussi lui faire une scène. Mais c'est plus fort que moi. J'me reconnais pas. Il est où le Jackson qu'en n'a rien à faire de personne?? Celui qui serait aller se coucher (d'ailleurs comment aller me coucher tout seul avec ce fauteuil à la con hein?) sans se poser de question?

- T... T'aurais pu me prévenir merde!

Je commençais à me sentir un peu stupide à débiter tout ça. Et je n'allais pas lui dire que je me suis inquiété... Aaahh l'égo, quand tu nous tiens. Tu nous rend vraiment con.

Rafale a l'air toute contente de voir Olivia. Pff j'te jure. Les klébars c'est vraiment pas rancunier, quand on sait qu'elle a passé là soirée devant la porte à attendre avec son air triste...

“Jackson & Olivia ”

L’esprit léger, encore un peu dans l’ambiance festive de sa soirée, Olivia fut plus que surprise par la réaction de son désormais colocataire. Elle le regarda d’abord interloqué, comme si elle n’était pas sûre de ce qui se passait. Mais si. Il était bel et bien en train de lui faire une scène. C’était bien la première fois de sa vie qu’elle subissait un tel serment. Même lorsqu’elle était ado et qu’elle faisait franchement n’importe quoi, pour les rares fois où il était là, son père ne lui avait jamais fait aucun reproche. Et, en devenant adulte, elle avait acquis une indépendance importante. Elle n’avait jamais eu d’histoire sérieuse, jamais d’homme pour lui en vouloir de quoi que ce soit. En fait, elle n’avait toujours fait que ce qu’elle voulait, sous la limite de ne pas porter préjudice à Nirvana. Alors la réaction de Jackson, elle n’y était absolument pas préparée. – Pardon ? demanda-t-elle comme pour être certaine d’avoir bien entendu. Il n’était pas sérieux. Il ne pouvait pas être sérieux. Bien sûr qu’il était censé n’en avoir « rien à foutre ». Ils n’étaient pas un couple. Mais, à la vérité, il lui donnait carrément l’impression inverse, là. Et elle n’aimait vraiment pas ça, Olivia. Peut-être qu’au fond, elle avait bien trop peur de l’amour, peur de l’engagement et… Inévitablement, l’attitude de Jackson ne la rassurait absolument pas. – Rassure-moi, tu es en train de t’entraîner à faire une scène à notre fille là ? reprit-elle très sérieusement. Si c’était le cas, il se débrouillait à merveille car il était plus que convaincant. Non parce que, qu’il engueule Nirvana, c’était une chose. Mais elle, elle ne lui devait rien. Et d’ailleurs, elle avait surtout le sentiment de se retrouver dans une situation qu’elle avait connu un nombre incalculable de fois avec elle. Sauf que là, c’était bien la première fois qu’elle se retrouvait dans le rôle de celle qui se faisait engueuler, et… Ça ne lui plaisait pas du tout.   

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Evidemment c'est mal passé. Bien sûr que c'est mal passé. J'aurais réagi pareil à sa place. Et vous savez pourquoi? Parce qu'Olivia et moi, on a le même caractère. Et parfois ben... Ca pose problème. Souvent d'ailleurs. Mais je lâcherai pas l'affaire. En fait j'aimerais me barrer et aller me coucher. Sauf que je peux pas! Je suis pas capable de me lever de ce putain de fauteuil à la con!

- Mais dans quel monde tu vis Olivia? Comment tu peux croire que je vais pas m'inquiéter?

Et merde... Je l'ai dit... Ouai, j'me suis inquiété. Et puis merde. Je m'emporte, je m'énerve, je sais même plus ce que je dis. Je balance ce que j'ai sur le coeur avec une délicatesse zéro comme je sais si bien le faire.

- Ouai c'est vrai ça, qu'est ce que j'en ai à cirer d'ailleurs? J'aurais pu me dire "bah de toute façon qu'elle se fasse tripoter par un connard de pervers ou qu'elle se fasse renverser par une bagnole j'en n'ai rien à foutre! J'aurais la maison pour moi tout seul au moins!"

Je balance la dernière phrase comme on frapperait quelqu'un. Putain je déraille grave. Ca va pas bien dans ma tête, doit me manquer une case pour sortir des trucs pareils. C'est n'importe quoi. Pourquoi je me mets dans cet état déjà? Parce que j'étais jaloux, inquiet, en colère? Ouai... C'était ça. Et fatigué aussi. Et une part de moi se dit qu'elle aurait pu s'inquiéter pour moi de me savoir seul, et percuter que j'étais incapable de faire quoi que ce soit sans aide. C'est à peine si j'ai pu me nourrir. Aaaahh pensées égoïstes. Mais réalistes.

“Jackson & Olivia ”

Plus il parlait, plus elle était stupéfaite par ce qu’elle entendait. Clairement, ils ne vivaient pas dans le même monde, non. Peut-être qu’elle aurait pu le prévenir qu’elle rentrait tard ce soir, en effet. Peut-être même qu’elle aurait dû le faire, parce que même si elle ne lui devait pas d’explication, ils vivaient malgré tout dans la même demeure. Mais, au fond, c’était sans doute inconsciemment sa manière à elle de se rassurer sur le fait qu’il n’y avait pas d’ambiguïté dans le fait qu’ils habitaient ensemble justement. C’est vrai, quoi. Passer d’une vie à deux à une vie à trois, voire quatre avec le petit pot de colle à quatre pattes, ce n’était pas évident pour Olivia. Et la relation plus que complexe qu’elle partageait avec Jackson ne l’aidait pas vraiment à y voir plus clair. Mais peut-être était-ce la seule que cette situation troublait quelque peu. Nirvana s’en accommodait plutôt bien. Elle n’avait plus besoin d’avoir à faire en permanence des allers et venues entre leurs deux appartements. Et Jackson, elle préférait sincèrement garder un œil sur lui, juste au cas où. Mais, paradoxalement, elle avait envie de préserver son indépendance, sa liberté. Et là… Là, elle avait nettement l’impression qu’elle lui devait des comptes en fait. Elle releva pourtant le fait qu’il s’était inquiété pour elle. Personne ne s’était jamais inquiété pour elle. Même à l’époque où elle faisait franchement n’importe quoi, ce n’était jamais arrivé. Et lui, lui, il s’inquiétait… Mais ce fut comme si elle ne percutait pas les mots. Ou plutôt, ce fut assez mal qu’elle prit son aveu. Elle ne voulait pas qu’il s’inquiète pour elle, parce qu’il n’était pas censé le faire… Il était censé n’en avoir rien à faire, oui. Elle n’avait pas envie de s’habituer au fait que quelqu’un s’inquiète pour elle. Mais Jackson ne faisait que s’emporter davantage. Il parvenait à éveiller sa colère, à elle aussi. Et voilà, ils allaient surement encore se disputer. – Exactement ! C’est exactement ce que tu devrais te dire Jackson ! Si elle avait remarqué son inquiétude, elle ne releva pas tout de suite sa jalousie. Ni le fait qu’il s’était retrouvé seul, sans aucune aide, ce qui n’était pas vraiment sympa de sa part, il fallait l’avouer. Mais, à cet instant, elle était surtout énervée qu’il réagisse de cette façon. – Tu vis ici pour qu’on te facilite la vie, pas pour jouer un pseudo-rôle qui n’est pas le tien ! Alors tiens-toi à Nirvana, tu veux ! Moi, je ne te dois rien ! termina-t-elle sèchement, sans vraiment chercher à faire preuve de tact ou de compréhension. Elle exagérait, Olivia. Mais elle avait bien trop peur qu’en prenant de plus en plus de place dans sa vie, il en prendrait aussi indéniablement plus dans son cœur…   

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Je savais qu'elle réagirait mal. Je savais qu'on était partis pour une engueulade. Mais je pensais pas qu'elle était capable de me blesser une nouvelle fois. C'est dingue. Je crois que c'est la seule personne qui arrive tant à toucher là où ça fait mal. C'est aussi la seule personne (avec Nirvana) à laquelle je tiens. Mais c'est à croire que notre relation finira toujours en catastrophe. Chaque fois que je fais un pas vers elle, c'est un de trop. Elle ne veut pas s'attacher. Elle ne veut pas de moi dans sa vie. Et elle me l'a bien fait comprendre.

Ses paroles sont comme des poignards dans ma poitrine. C'est presque plus douloureux que de se prendre un train... Plus douloureux que le fauteuil roulant. Je reste un instant sous le choc tout en la regardant. Je n'ai plus rien à dire. Je ne suis même plus en colère. Je ressens juste de la douleur, comme j'en ressens rarement. Je n'ai plus envie de débattre ni de faire quoi que ce soit. J'ai juste envie de partir me coucher. Sauf que... Je peux pas y aller seul étant donné que la chambre de Nirvana dans laquelle je dors est à l'étage...

- D'accord.

C'est tout ce que je réponds. J'ai compris. Dès demain matin je ferai mes valises. Je n'ai plus rien à faire ici. En attendant, je me dirige avec mon fauteuil vers le canapé. Je m'appuie sur ce dernier avec mes bras et je me hisse dessus. Je porte mes jambes pour les mettre sur le divan, et je m'allonge sur le côté, dos au dossier, dos à Olivia. Voilà, je pourrai dormir ici au moins. Je ferme les yeux, plissant fort mes paupières, espérant m'endormir le plus vite possible pour ne plus penser à tout ça.

“Jackson & Olivia ”

A l’instant même où elle termina son flot de paroles, Olivia les regretta aussitôt. Parce qu’elle croisa son regard, un regard qui lui serra le cœur. Elle avait réussi à le blesser, c’était certain. Elle ne voulait pas lui faire du mal. Et pourtant, ce regard commençait à lui être malheureusement bien trop familier. Elle se sentait mal, Olivia. Au fond, elle ne savait pas y faire. Elle ne savait pas comment réagir, pas avec lui. Elle n’avait jamais été confrontée à ce que lui, il lui faisait vivre. Ce déferlement d’émotions qui l’envahissaient simultanément malgré elle, cette façon qu’elle avait de passer d’un extrême à l’autre. Il la rendait dingue, Jackson. Et elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi, ou peut-être qu’elle ne voulait pas comprendre pourquoi. Mais, à cet instant, elle avait surtout l’impression de passer son temps à lui faire du mal, et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle regrettait, elle commençait même à culpabiliser. Elle savait pertinemment qu’elle y était allée bien trop fort. Lui, il s’inquiétait pour elle, et elle… Elle réagissait aussi violemment. Elle n’était pourtant pas quelqu’un de mauvais. Enfin, il lui arrivait d’être parfois un peu sèche, et elle était bien trop adepte du sarcasme face aux autres. Mais elle n’avait jamais eu l’impression d’être aussi cruelle qu’elle l’était avec lui. Pourtant, elle était sincère en disant qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour elle. Elle ne pensait pas qu’il l’aurait fait. Ce n’était pas en lui qu’elle n’avait pas confiance, mais c’était en elle-même. Comme s’il était impossible de s’inquiéter pour quelqu’un comme elle. Durant quelques secondes, ils gardèrent tous les deux le silence en se regardant simplement. Lui qui souffrait, elle qui culpabilisait, ils devaient être beaux à voir. Et finalement elle l’entendit prononcer un simple mot avant de se diriger vers le canapé toujours avec son fauteuil roulant. Entrouvrant les lèvres pour reprendre la parole, elle garda finalement le silence alors qu’il s’installait tout seul sur le canapé. Le voir faire, comme ça, ça lui faisait mal au cœur. – Jackson… murmura-t-elle presque sans s’en rendre compte sans le quitter des yeux. Elle le contemplait, hésitante. Et finalement, elle s’approcha de lui, presque timidement parce qu’elle ne savait pas comment il allait réagir. – Jackson, je suis désolée… J’aurais pu prendre la peine de te prévenir. avoua-t-elle, la gorge un peu nouée. Il était dos à elle, alors elle ne voyait absolument ses réactions. Se dévoiler, c’était très difficile pour elle. Mais pour lui aussi surement, pourtant il l’avait fait. S’installant finalement sur la petite table basse face au canapé sur lequel il s’était allongé, la jeune femme reprit alors la parole. – Pour te dire la vérité, je n’ai pas pensé une seule seconde que tu t’inquiéterais… Je n’ai pas l’habitude… Personne ne s’est jamais inquiété pour moi avant toi.   

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Je l'écoute parler d'une voix plus douce. J'ai toujours mal. J'ai toujours mal car une partie d'elle pense ce qu'elle a dit. Elle ne voudra jamais s'attacher à moi. Elle ne voudra jamais de moi dans sa vie. Pourtant, je commençais à apprécier notre petite vie de famille... Qui l'aurait cru. Je l'écoute sans bouger d'un pouce, les yeux toujours fermés. Puis je la sens s'approcher, et j'ouvre les yeux pour la voir s'assoir en face de moi, et continuer ses excuses. Elle est touchante, malgré tout. Elle a le don de jouer avec mon coeur. J'affiche un léger sourire amusé, et attendri.

- C'est toi qui voulais voir le Jackson pot de colle je te rappelle.

Eh oui, le voilà. Mais je repris un air plus sérieux, ce qui était extrêmement rare. Les seules fois où on parlait sérieusement avec Olivia, c'était pour se gueuler dessus. Et pour se réconcilier, on se charriait, se chamaillait. Mais cette fois elle m'a vraiment blessé, et je n'ai plus envie de rire.

- Tu as raison, tu me dois rien. Je crois que ce serait mieux que je rentre chez moi demain. Je veux pas être un fardeau, ni pour toi, ni pour Nirvana. Et clairement, on va pas pouvoir continuer à vivre comme ça.

Non je ne le supporterai pas. Je veux pas être le type chiant, le boulet qu'Olivia et Nirvana trainent derrière elles. Je ne me supporte plus avec ce fauteuil, dans cet état. Alors je supporte encore moins qu'elles me voient ainsi, et qu'elle subissent elles aussi mon état.

- Ce sera mieux pour tout le monde.

“Jackson & Olivia ”

Aux premières paroles de Jackson, elle n’osa pas sourire. Elle avait compris qu’elle l’avait blessé, alors elle n’avait vraiment pas le cœur à sourire. En fait, elle s’en voulait, gardant le silence comme pour attendre de voir le verdict. Allait-il lui en vouloir ? S’énerver ? Et non… C’était encore pire. Elle préférait quand ils s’engueulaient plutôt que de le voir avec ce regard sérieux, comme déçu ou désenchanté. Et, à ses mots, elle sentit son cœur se serrer une nouvelle fois. Peut-être qu’elle était allée bien trop loin, cette fois. Elle avait tellement peur de s’attacher à lui, Olivia. Mais pourtant la boule qui se forma dans son ventre alors qu’il lui disait qu’il allait partir était sans doute la preuve qu’au fond, elle l’était déjà bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Avalant difficilement sa salive, elle garda le silence quelques instants. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Elle aurait simplement l’impression de l’abandonner. Et puis… Il lui manquerait. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça. Elle aurait la sensation de jouer avec lui. C’était peut-être ce qu’elle faisait au fond, à prôner le chaud et le froid sans cesse. Mais ce n’était pourtant pas son intention. Secouant négativement la tête, la belle finit par reprendre la parole. – Tu n’es pas un fardeau Jackson. Ni pour elle, ni pour moi. Et elle était sincère. Elle savait que Nirvana tenait à ce qu’il soit auprès d’elle. Et quant à Olivia, elle était certes troublée par sa présence mais… Elle voulait qu’il reste, elle aussi. – Ne pars pas à cause de moi. Ça se passait plutôt bien entre nous trois, non ? Et sans lui laisser le temps de lui répondre, elle reprit la parole d’un ton un peu plus léger, espérant détendre l’atmosphère. – Et qu’est-ce que tu fais de Rafale, hein ? Tu sais que je lui manquerais trop si vous repartiez. déclara-t-elle avec un petit sourire. Elle avait même fait l’effort d’appeler son chien par son nom. Mais elle n'était pas sure que cela suffise à le faire changer d'avis. - Jackson, reste. Je t'en prie.  

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Enfin... Enfin je retrouve une Olivia sincère. Je n'ai jamais aimé les discussions sérieuses. Pourtant je commence à y prendre goût. Surtout quand ça permet à Olivia de se montrer douce... J'adore ça. J'ai toujours un peu de mal à me remettre de ce qu'elle avait dit. Mais petit à petit ses nouvelles paroles me touchaient réellement. J'affiche même un sourire quand elle parle de Rafale. Elle s'est même rappelé de son nom. Une chance.

Toujours allongé sur le canapé, face à Olivia, je plonge mon regard dans le sien quand elle me demande de rester. Elle est sincère. Ca me touche. Mais j'ai du mal à la comprendre. Que veut-elle réellement? Alors je tends ma main vers elle, et attrape doucement la sienne, sans la lâcher du regard.

- J'ai besoin que tu sois franche Olivia. Qu'est ce que tu veux vraiment? Qu'est ce que tu ressens?

C'était des questions assez vagues finalement. Mais ça lui donnait le loisir de répondre comme elle le souhaitait, dans le sens qu'elle voulait. Tant qu'elle restait franche, ça m'allait. Je sais pas ce que j'ai ce soir... Mais je crois que j'en ai marre de jouer. J'ai besoin de sincérité.

Mes sentiments envers Olivia sont très clairs dans mon esprit maintenant. Je ne me voile plus la face. Et je lui ai même avoué ce que je ressentais... Ce soir là... Dans la piscine... Mais j'ai du mal à croire que ce sera réciproque un jour...

“Jackson & Olivia ”

Contente de voir un sourire apparaître finalement sur le visage de Jackson, elle sentit alors qu’il lui saisissait la main. Son geste rassura en quelque sorte la jeune femme. Peut-être qu’il allait rester malgré tout en fin de compte. Mais, à ses paroles, son cœur manqua carrément un battement. Son regard toujours plongé dans le sien, elle le contempla durant plusieurs secondes sans savoir quoi dire. Ce qu’elle voulait, ce qu’elle ressentait… Bon sang, elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais voulu réfléchir à ce qu’elle ressentait. Jackson éveillait des sentiments tellement contradictoires en elle qu’elle était un peu perdue en réalité. Ce qu’elle savait, c’était qu’elle voulait qu’il reste. Elle savait aussi qu’elle s’était sentie merveilleusement bien auprès de lui. Pas seulement quand ils avaient couché ensemble, mais à chaque fois qu’ils retrouvaient cette complicité étrange et naturelle à la fois. Mais aussi, elle savait qu’il lui faisait peur, à chaque fois qu’il avait entrouvert la possibilité, même involontairement, qu’il se passait quelque chose entre eux. En lui disant qu’il l’aimait, indéniablement. Mais aussi quelques minutes plus tôt seulement, alors qu’il avait avoué éprouver de l’inquiétude pour elle. En clair, elle était paumée. Et elle n’avait pas envie d’y réfléchir. Néanmoins, il allait bien falloir qu’elle lui réponde. Elle n’était pas du genre à fuir une conversation, Olivia. Et ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait à ce moment. – Je… Je ne sais pas… finit-elle par dire, comme pour combler le petit silence. Bien, Olivia. Ça, c’était constructif. Baissant les yeux vers leurs mains entrelacées, elle se souvenait de chacune de leurs rencontres, toujours plus intenses émotionnellement parlant. Et maintenant, ils vivaient ensemble. Elle avait appris à réellement le connaître, à savoir ses habitudes, ses goûts musicaux ou culinaires, et elle avait même eu l’occasion de voir le père qu’il était désormais auprès de leur fille. Elle aimait ce qu’elle découvrait de lui au fil du temps, mais… Elle ne savait pas du tout où leur relation pouvait les mener. Relevant finalement le regard en sa direction, elle reprit la parole, pour tenter de lui répondre réellement. – Tu me rends dingue, Jackson. Parfois, je me sens en osmose avec toi, et d’autres fois, j’ai l’impression que l’un de nous va tuer l’autre. Je n’ai jamais ressenti ça et… Et ça me fait peur. Bon sang mais qu’est-ce qui lui prenait, là ? Elle avait débité ces mots sans réfléchir, mais elle en prit soudain conscience. Mordillant fébrilement sa lèvre inférieure, elle reprit d’une voix un peu moins chargée en émotions avant de craquer complètement. – Je veux que tu restes ici. Mais je ne veux pas te faire souffrir, et j’ai l’impression que c’est ce que je fais parce que je ne suis pas capable de te donner ce que tu mérites. 

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Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si franche. Je pensais réellement qu'elle éviterait de toucher des sujets sensibles, voire qu'elle emploierait l'humour pour se protéger. Mais non. Elle a fait tomber la carapace, et ses paroles me touchent énormément. Mes yeux fixent les siens, mes lèvres s'entre ouvrent doucement sans que je ne m'en rende compte. Je l'écoute sans dire un mot. Parce que ces paroles sont si belles, sortant ainsi d'entre ses lèvres si bien dessinées. Jamais elle ne m'avait dit une chose pareille. Et je sens mon coeur se serrer. Je n'arrive pas à savoir si je dois ressentir de la joie ou de la douleur. En fait, je crois que je commence à me sentir apaisé. Je comprends ce qu'elle ressent.

Je serre doucement sa main comme pour la rassurer, et je la tire délicatement vers moi. Je ne veux pas l'embêter d'avantage. Elle a déjà fait un effort monstre pour me dire ce qu'elle ressent, et je lui en suis énormément reconnaissant. Alors je décide d'employer l'humour que l'on sait si bien partager.

- Ok je reste. Mais en échange, je veux un câlin.

Eh oui j'ai réussi à lui demander directement ce que je voulais, sans détour, sans lui faire comprendre par une entourloupe. J'ai envie qu'elle s'allonge un peu avec moi. J'ai envie... D'un câlin. Réellement. J'en peux plus qu'on s'engueule. Je veux faire la paix pour de bon. Parce que, quand on est comme ça, tous les deux, c'est juste génial. Et ça pourrait toujours être comme ça, si on faisait chacun un petit effort. J'ai envie d'y croire.

“Jackson & Olivia ”

Elle ne savait pas ce qui lui avait pris de s’ouvrir autant soudainement à Jackson. Elle lui avait vraiment avoué ce qu’elle avait sur le cœur, sans faux-semblant, sans tabou. Elle ne lui avait pas fait part de toutes les craintes qui l’habitaient, mais il savait désormais l’essentiel. Peut-être était-ce parce qu’elle avait vraiment peur qu’il s’en aille, peur de le perdre. En vérité, malgré leurs engueulades explosives, il y avait une complicité indéniable entre eux. Elle se sentait reliée à lui, et pas seulement parce qu’ils avaient une fille ensemble. Ils étaient pareils, au fond. Ils ne connaissaient pas l’amour. Mais il était peut-être plus courageux qu’elle, parce que le mot lui faisait encore bien trop peur. Sa main toujours dans la sienne, elle sentit qu’il l’attirait jusqu’à lui, alors elle se laissa faire et se retrouva assise sur le canapé, plus près de lui. Elle n’osait rien dire, comme si elle craignait de briser l’instant. Elle s’inquiétait aussi de ce que lui allait lui répondre. Alors lorsqu’elle entendit ses paroles, si douces, presque légères, elle laissa un joli sourire se dessiner sur ses lèvres. Un peu surprise, plutôt rassurée, elle n’eut pas besoin de réfléchir. Elle s’abaissa à sa hauteur avant de s’allonger auprès de lui sur le canapé pour lui donner ce qu’il voulait. Un câlin. Un simple câlin. Après tout ce qu’ils avaient vécu en si peu de temps tous les deux, c’était presque étrange à dire mais c’était la première fois qu’ils partageaient réellement un moment de tendresse. Juste, un câlin. Enlaçant la taille de Jackson de son bras, la jeune femme se blottit contre lui. Elle ferma instantanément les yeux en respirant son odeur déjà si familière. Lui qui, d’ordinaire, savait l’enflammer en un mot, c’était comme s’il pouvait l’apaiser, comme ça, sans rien faire. Elle se sentait bien auprès de lui. Elle s’attachait de plus en plus à Jackson, irrémédiablement. Il prenait place dans son cœur sans même qu’elle ne s’en rende compte. – Tu crois qu’un jour, on arrivera à être normaux ? demanda-t-elle finalement, un petit sourire aux lèvres. Elle ne pouvait plus se mentir. Il y avait bien quelque chose entre eux, plus qu’elle n’avait voulu se l’avouer. Mais ce que ce quelque chose deviendrait, elle avait encore du mal à l’imaginer.

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Un sourire s'affiche sur mon visage alors qu'elle vient s'allonger près de moi. Je passe doucement mes bras autour d'elle et ferme les yeux, profitant de sa chaleur de son odeur. Je me sens si bien. Comme rassuré. Je caresse doucement ses cheveux d'un air machinal, profitant de ce contact. Alors je l'entends me poser cette question, et un sourire amusé s'affiche sur mes lèvres.

- Je sais pas. C'est bien d'être normal tu crois?

C'est vrai ça. Je sais pas ce que ça veut dire d'être normal. Je suis moi, elle est elle. Et c'est comme ça que... que je l'aime. Oui. Alors non, je ne veux pas qu'on soit normaux. Je veux qu'on reste nous même. Je ne veux pas qu'elle change, Olivia. Je veux juste parvenir à percer doucement sa carapace pour qu'elle ose enfin se confier à moi, et se laisser aller. Et elle commence doucement à le faire. Ca me fait chaud au coeur.

Je m'écarte doucement du mieux que je peux étant bloqué entre Olivia et le dossier du canapé (je vais pas me plaindre), et je la regarde un instant, caressant doucement sa joue, puis lui adressant un sourire sincère.

- A quoi bon être normaux? On est plutôt bien là, non?

“Jackson & Olivia ”

Blottie dans les bras de Jackson, elle se laissa aller à poser sa tête contre son torse pour profiter des douces caresses qu’il lui offrait. Elle se sentait étrange… Comme à sa place. Plus qu’elle ne l’avait été nulle part ailleurs. C’était la première fois qu’elle se risquait à se trouver dans cette position. Durant toute sa vie, elle en avait connu, des hommes. Plus qu’il n’en faudrait, d’ailleurs. Mais, jamais, elle n’avait laissé l’un d’entre eux l’atteindre de cette façon. Jamais, elle n’avait laissé une telle intimité s’installer avec l’un d’entre eux. Et elle prenait conscience que se retrouver dans les bras d’un homme, ça donnait des sensations particulières. A moins que ce soit lui qui provoque ça, une nouvelle fois. Les yeux fermés, elle reconnut à l’intonation de sa voix qu’il souriait. C’était l’un de ces instants, ceux durant lesquels elle se sentait en osmose avec lui. Souriant doucement à son tour à ses paroles, elle ne sut tout de suite quoi lui répondre. Peut-être avait-il raison. Peut-être que la normalité, ce n’était pas fait pour eux. Elle ne l’avait jamais été, Olivia. Et lui non plus. C’était peut-être pour cette raison, parmi tant d’autres, qu’elle se sentait aussi attirée par lui. Comme si de tous ceux qu’elle avait pu connaitre, il était le seul qui pouvait lui convenir en réalité. Elle ne savait pas si c’était l’instant en dehors de toute réalité qui la faisait penser de telles choses, mais à ce moment, elle se sentait trop bien pour s’en inquiéter. Relevant les yeux vers lui en sentant sa main venir caresser sa joue, elle avait ce doux regard plongé dans le sien, profitant de ce beau sourire qu’il lui offrait. – Ce n’est pas faux… admit-elle d’une voix pensive alors qu’elle saisissait distraitement sa main, comme instinctivement, pour entrelacer ses doigts aux siens. – Je n’ai jamais eu la sensation d’être normale. confia-t-elle finalement. Elle se sentait en confiance, ce soir. Et c’était rare, avec Jackson comme avec n’importe qui. C’était peut-être même la première fois de sa vie qu’elle se dévoilait sans y être contrainte, simplement d’elle-même. – Quand j’étais enfant, je n’ai jamais ressenti d’amour. Je crois que c’est ce que je cherchais à combler à l’époque où on s’est rencontré… Et puis, je suis tombée enceinte de toi et tout a changé. Nirvana est la première personne à m’avoir montrée ce que c’était, l’amour. Et puis, tu es revenu et… Il n’y a rien de normal à tout ça… Mais je crois que ce n’est pas sans raison que tu es à nouveau dans ma vie.

© Starseed

C'est la première fois qu'Olivia me parle ainsi. Elle se confie. Elle parle d'elle. Et j'adore ça. Mon regard fixe le sien avec tendresse. On apprend enfin à se connaitre, comme on ne l'a jamais fait. Et c'est vraiment... Agréable. Je me sens plus proche d'elle que jamais. Ses dernières paroles me touchent énormément. Je caresse ses cheveux, lui adressant un sourire léger mais sincère.

Je reste sans voix, et c'est assez rare pour moi. En fait je suis vraiment touché, et je ne sais pas quoi dire. Mais elle s'est confiée à moi, et j'ai l'impression que je dois lui rendre la pareil. Certes je lui avais raconté mon histoire, mais c'était pour les besoins de mon affaire, pour qu'elle puisse me défendre en tant qu'avocate. Ce soir c'était totalement différent. Ce soir, c'était ouvrir son coeur à l'autre. Et c'est assez difficile mais... Le fait qu'elle ait fait le premier pas me facilite pas mal les choses. Alors après un instant de silence, je prends la parole. J'ai jamais été doué pour parler de moi. D'ailleurs je l'ai jamais fait, excepté avec la psy de l'hôpital, un peu, ya pas longtemps...

- J'ai jamais su ce que c'était. La première fois que j'ai ressenti quelque chose, c'était le soir où on s'est rencontrés. C'était pourtant comme d'habitude. Je rencontrais une fille, je couchais avec elle, elle partait le soir même, et plus de nouvelles. Et ça m'allait parfaitement. Mais quand toi tu as disparu, ça m'a rendu fou. Et quand je t'ai revu il y a quelques mois...

Ca devenait vraiment difficile de parler. Mais je voulais qu'elle le sache. Je sais qu'elle m'a jeté la dernière fois que je lui ai avoué mes sentiments... Mais c'était violent, et... différent. Je crois. J'espère.

- J'arrive plus à t'oublier Olivia. J'ai jamais pu.

“Jackson & Olivia ”

C’était peut-être l’instant qui prêtait à la confidence. C’était peut-être cette sensation qu’elle n’avait jamais eu auparavant, celle d’être dans une bulle loin du reste du monde. Ou peut-être que c’était lié à Jackson, à lui, à eux, tout simplement… Comme s’ils connaissaient ce mot. Mais, à ce moment, tout lui semblait simple, justement. Plus que ça ne l’avait jamais été. Alors elle s’était mise à faire ce qu’elle ne faisait jamais, Olivia. A parler d’elle, sans réfléchir, sans attendre qu’il en fasse de même. Retrouvant d’abord un petit silence, elle entendit finalement la voix de Jackson qui se dévoila un peu à son tour. C’était la première fois qu’ils parlaient réellement de cette façon. Les conversations trop sentimentales, elle n’y était pas habituée. Lui non plus, sans doute. Ils étaient comme des adolescents qui découvraient tout ça pour la première fois. L’écoutant avec attention, elle sentit son cœur manquer un battement à ses mots. Par surprise ou sous l’émotion, elle n’en savait rien. Peut-être un peu des deux. Elle ne se doutait pas qu’il ait ressenti une telle chose pour elle… Elle, à l’époque, elle était tellement mal dans sa peau qu’elle fuyait le bonheur plus qu’elle ne le cherchait. Mais elle apprenait avec étonnement qu’il avait réellement ressenti quelque chose pour elle… Dès la première fois. Se mordant la lèvre, elle baissa un instant les yeux comme si elle fuyait son regard. – Je ne m’en doutais pas… avoua-t-elle d’une voix faible, se demandant l’espace d’un instant ce qui se serait passé si elle était restée, cette nuit-là. Mais relevant les yeux vers Jackson, la belle ne savait pas comment réagir. Il y avait d’un côté sa raison qui lui rappelait à quel point elle risquait de compliquer les choses, entre eux mais aussi avec Nirvana. Il y avait le fait qu’ils vivaient déjà ensemble, qu’ils s’engueulaient tout le temps, et plein d’autres facteurs qui la poussaient à fuir. Mais… Il y avait son cœur qui lui disait tout autre chose. Elle ressentait ce qu’elle n’avait jamais ressenti tout au fond de son cœur, comme s’il était enveloppé dans quelque chose qu’elle ne connaissait pas. Alors, le contemplant quelques secondes, elle ne réfléchit plus vraiment, choisissant pour une fois son cœur plutôt que sa raison. Approchant son visage du sien, elle déposa ses lèvres sur celles de Jackson pour lui offrir un baiser tendre mais langoureux, empreint de cette envie qu’il était le seul à lui procurer.

© Starseed

J'appréhende sa réaction. Ca a été plus fort que moi. Peut-être que j'aurais du rien dire. Peut-être que j'aurais du juste rester là à la câliner. A croire que je comprends rien, que je ne retiens pas les leçons qu'on me donne... Si seulement je...

Je suis coupé dans mes pensées alors que les lèvres d'Olivia viennent embrasser les miennes. Mes yeux se ferment et je prolonge le baiser avec douceur mais passion. J'ai l'impression que mon coeur va exploser. J'ai jamais ressenti un truc pareil. Je la serre dans mes bras tout en prolongeant le baiser, passant ma main sur son visage. Je me sens tellement bien. Je ne suis même pas obsédé par l'envie de coucher avec elle. Pas cette fois. Cette fois je suis obsédé par mes sentiments. Et par les siens. Et je ne dis pas ça uniquement parce que je suis bon à rien à cause de mes jambes... Bien sûr que j'ai envie d'elle, mais je veux d'abord qu'on apprenne à se connaitre. Je veux qu'elle soit à moi, pour de bon. Parce que... J'ai jamais ressenti ça pour personne. Parce que je l'aime, c'est indéniable.

Cessant un instant le baiser pour que l'on puisse reprendre notre respiration, je pose mon front contre le sien, les yeux fermés, respirant doucement. Je me sens bien. Je veux plus jamais que ça s'arrête. J'ai envie de lui dire que je l'aime. Mais je veux pas tout foutre en l'air une fois encore et la faire fuir.

- J'aimerais que ce soit tous les jours comme ça. Je veux plus qu'on s'engueule.

Fais moi l'amour, pas la guerre. C'est ce que je voulais. Et surtout, même si je n'osais pas le dire à Olivia... J'avais envie qu'on forme une vraie famille tous les trois. J'avais envie de pouvoir embrasser Olivia chaque jour de ma vie, dès que je le souhaite, parce qu'elle serait à moi. Parce qu'elle serait ma femme. On se marierait en secret, juste tous les deux, seuls au monde, avec Nirvana à nos côtés. J'ai soudain la folle envie de partir loin, très loin avec elles deux. De fuir ce monde pour en construire un à nous.