“Vincent & Isabella ”

Une semaine. Sept jours. Cent soixante-huit heures. Dix mille quatre-vingt minutes. Six cent quatre mille huit cent secondes. C’était le temps qui s’était déroulé depuis qu’Isabella avait appris que son fiancé était dans le coma. Elle avait l’impression que le temps s’était comme arrêté, comme si rien ne se passait, comme si tout était mis sur pause. Elle n’attendait qu’une seule chose, c’était qu’Aron ouvre enfin les yeux. L’attente lui semblait interminable. Mais elle avait toujours cet espoir fou qu’il se réveille enfin. Il allait se réveiller, et ils allaient reprendre leur vie. Il ne pouvait pas en être autrement. Elle ne pouvait pas concevoir une autre issue que celle-ci, Isa. Elle consacrait tout son temps libre à Aron. Dans les premiers jours, elle avait même posé un congé à son travail, mais désormais elle partageait son temps entre l’école et l’hôpital. Elle n’avait plus le goût à rien. Elle ne sortait plus, restant inlassablement auprès de son petit-ami, sur cette chaise à attendre qu’il daigne ouvrir les yeux. Elle ne dormait même plus chez eux, s’écroulant souvent de fatigue auprès de lui. Elle voulait être là quand il se réveillerait, parce qu’il se réveillerait. Mais elle était surtout en train de s’épuiser toute seule. Elle ne côtoyait plus vraiment le monde extérieur, hormis ses élèves. Et Vincent. Vincent, il était le seul avec qui elle discutait. Il venait voir son frère assez régulièrement, autant qu’il le pouvait sans doute. Il était d’un soutien sans faille pour lui. Et, à la vérité, sans lui, elle aurait surement perdu pied. Ne serait-ce que par sa présence, il la rattachait quelque peu au monde extérieur. Et puis… Face au silence douloureux de son fiancé, ça lui faisait du bien d’avoir quelqu’un à qui parler, quelqu’un à qui parler vraiment et qui lui répondait. Elle se confiait à lui, plus facilement qu’elle ne l’aurait cru. Heureusement qu’il était là, oui. Mais, malgré tout, Isabella n’allait pas bien. Elle était malheureuse, et son inquiétude se remarquait au premier regard. Il suffisait de voir les cernes qui s’étaient dessinés sur son joli visage marqué par la fatigue. Et, la veille encore, elle avait passé la nuit auprès d’Aron. Elle avait fini par s’endormir auprès de lui sans s’en rendre compte aux alentours de trois ou quatre heures du matin. La tête contre le lit, sa main dans la sienne. Ce ne fut qu’en fin de matinée qu’elle se réveilla en sentant une main venir se poser avec délicatesse contre son épaule. Sortant doucement de son sommeil, elle entendit la voix grave mais rassurante de son beau-frère l’appeler.  Princesse. Même Aron ne l’avait jamais appelée comme ça. Ouvrant péniblement les yeux,  elle se redressa avant de sentir une douleur dans sa nuque et tout le long de son dos. Prévisible, étant donné la façon dont elle s’était endormie. Elle se sentait toute courbaturée. – Salut Vincent… dit-elle d’une voix encore ensommeillée, mais avec un petit sourire sur les lèvres, heureuse de le voir. Ils s’étaient un peu rapprochés cette semaine, tous les deux. S’étirant doucement, elle grimaça légèrement de douleur avant de poser la main contre sa nuque et lui répondre. – Je ne sais pas… Mais ça va. assura-t-elle, parce qu’elle essayait réellement de se montrer forte, mais ce n’était pas évident. Elle savait très bien la dernière fois qu’elle avait passé une nuit complète à dormir… C’était tout simplement la dernière nuit qu’elle avait passée auprès d’Aron. Mais était-il vraiment utile de le préciser ? Elle n’avait jamais su cacher ce qu’elle ressentait, et Vince semblait avoir un don pour lire en elle ce qu’elle ne disait pas. Le voyant s’installer auprès d’elle, elle esquissa un sourire légèrement amusé aux paroles du jeune homme. Il était adorable. Et elle avait de la chance de l’avoir, vraiment. – Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. répondit-elle d’une voix douce en toute sincérité avant de saisir l’un des deux cafés qu’il avait apportés. Elle en but quelques gorgées, se sentant déjà un peu mieux. Regardant un instant son petit-ami, elle se tourna finalement vers Vince. – Alors, comment tu vas ?  

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“Vincent & Isabella ”

Isabella refusait obstinément d’envisager le pire, que son fiancé ne se réveille pas. Les médecins l’avaient prévenue, tout comme ils lui avaient précisé que plus Aron resterait longtemps dans le coma, plus il y avait de risques qu’il ait des séquelles. Mais ça, elle n’osait pas même l’imaginer. Alors elle restait invariablement près de lui, sur cette chaise. Elle avait élu domicile à l’hôpital, jusqu’à y dormir. Mais elle pouvait au moins compter sur la présence de son beau-frère pour lui apporter un peu de compagnie. Aussi, il était la seule personne qui pouvait comprendre réellement ce qu’elle vivait en ce moment… Pour lui, il s’agissait de son frère, mais c’était surement tout aussi douloureux et tortueux pour lui que pour elle. D’une certaine manière, elle se sentait rattachée à lui plus qu’envers n’importe qui en ce moment. Il était la seule personne qui la liait à l’homme qu’elle aimait, déjà. Et puis, il s’agissait de Vincent. Elle s’était toujours sentie extrêmement bien en sa présence… Hormis depuis qu’ils avaient l’un et l’autre compris le lien qui les unissait à Aron. Mais depuis que celui-ci était dans le coma, son trouble en présence de Vince avait disparu pour laisser place à quelque chose de bien plus rassurant. Elle se rapprochait à nouveau de lui, simplement parce que comme il le disait, il veillait sur elle. Et ça, ça la touchait considérablement même si elle ne pensait pas toujours à le remercier. Et s’il semblait amusé par ses paroles, elle se posait sincèrement la question quant à elle. Sans lui, elle dépérirait sans doute pour de bon. – C’est vrai… Tu n’es pas obligé pourtant. Ça me touche beaucoup, tu sais. confia-t-elle de sa voix douce avant de saisir la tasse de café qu’il lui offrait gentiment pour en boire quelques gorgées. Ça avait le mérite de la faire tenir… Elle n’avait jamais bu autant de café de sa vie qu’en une semaine, Isa. Mais se tournant finalement vers le jeune homme, elle lui demanda comment il allait. Parce que c’était bien beau qu’il s’inquiète pour elle, mais elle pouvait tout de même en faire autant. Il lui répondit qu’il allait plutôt bien, ce qui était rassurant à entendre. Il avait de la chance de parvenir à penser à autre chose. Elle… Elle n’y arrivait pas. Même quand elle se retrouvait entourée de ses élèves, il y avait toujours une partie de son esprit qui pensait à Aron. Et ce n’était vraiment pas agréable, comme vie. Mais, assez vite, son interlocuteur lui avoua qu’il s’inquiétait pour elle. Il lui suggérait de penser un peu à elle, le temps de quelques heures. Mais c’était impossible pour Isa, ça. Elle savait qu’elle serait toujours accaparée par son fiancé. – Je n’y arriverais… déclara-t-elle d’un ton un peu moins souriant. Sentant sa gorge se nouer, elle avait instinctivement posé sa main libre sur le bras d’Aron. – Je n’arrête pas de penser à lui, quoi que je fasse, ou que je sois… Je n’arrive pas à penser à autre chose. confessa-t-elle en baissant les yeux. Au fil des jours, la belle se dévoilait un peu plus à Vince, parvenant à lui confier ses états d’âme. Elle ne savait pas cacher son mal-être, ni même ses faiblesses, encore moins à lui.  

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Les paroles de Vince étaient vraiment adorables. Elles l’atteignaient en plein cœur, surtout que contrairement à ce qu’il disait, ce n’était pas aussi évident. Tout du moins, cela ne l’était pas autant pour elle que pour lui. Isabella avait été seule, tout au long de sa vie. Elle n’avait grandi dans un foyer stable, entourée d’amour et de tendresse. Au contraire. Elle ne savait pas ce que c’était de pouvoir compter véritablement sur quelqu’un avant de connaître Aron. Il était le premier à procurer ce sentiment en elle. Et maintenant il y avait aussi son frère qui savait tout aussi bien lui donner cette impression de pouvoir se reposer sur lui. Lui souriant avec reconnaissance, la jeune femme ne pouvait qu’être touchée. – Je t’en remercie quand même. Tu es vraiment quelqu’un de bien, Vincent. affirma-t-elle d’une voix douce et sincère. S’il semblait en avoir douté quelques jours plus tôt, elle en était convaincue quant à elle. Il était sa bouée de sauvetage, clairement. Mais le jeune homme avait d’ailleurs une idée précise en tête. Il lui assurait qu’elle devait sortir un peu de cette chambre d’hôpital dans laquelle elle passait sa vie. Il avait peut-être raison, mais elle ne parvenait pas à s’y résoudre, Isa. A chaque fois qu’elle s’était retrouvée loin d’Aron, elle ne faisait rien d’autre que penser à lui, alors à quoi bon ? Pourtant, Vince n’avait pas l’air de vouloir laisser tomber si facilement. Il tentait de la convaincre qu’elle avait aussi besoin de temps pour elle…. Seulement ce qu’il ne comprenait pas, c’était que même loin de cet hôpital, elle ne parvenait pas à se changer les idées. Passant fébrilement la main dans ses cheveux, elle baissa les yeux sans lui répondre tout de suite. Mais, lorsqu’il reprit la parole, elle fut quelque peu surprise par sa proposition. – Je ne suis pas sûre qu’une simple balade arrange tout, tu sais. avoua-t-elle avec un petit sourire triste sur le visage. Elle savait qu’il disait ça pour elle et seulement pour elle. C’était même adorable, mais elle n’avait pas l’impression que ça soit bien utile à la vérité. Pourtant, posant ses doigts contre son menton, il l’incita à se tourner vers lui. Plongeant son regard dans le sien, elle esquissa un sourire, un vrai sourire cette fois. Il voulait tellement l’aider qu’elle n’avait pas le cœur à le lui refuser. Et puis, peut-être qu’il avait raison, au fond. Elle pouvait toujours essayer en tout cas. En plus, il semblait plus que déterminé, alors qu’elle, au contraire, elle n’avait plus vraiment la force de lutter contre lui. – Si je n’ai pas le choix alors… D’accord. accepta-t-elle avec un petit sourire sur les lèvres. Terminant son café, elle jeta le gobelet dans la corbeille non loin d’elle avant de se lever enfin de cette chaise. Elle avait l’impression de ne pas l’avoir quittée depuis une éternité. S’étirant une nouvelle fois comme pour se réveiller pleinement, elle reprit en direction de Vince. – Je passe simplement par la salle de bains, je dois avoir une tête à faire peur. Entre la fatigue, la peur et toutes ces nuits sans dormir, elle se doutait qu’elle avait déjà dû paraître un peu plus présentable. Alors, se dirigeant vers la pièce d’eau à disposition de la chambre, elle se rinça le visage avant de remettre ses cheveux en place correctement. Mais elle ne prit pas vraiment la peine de se maquiller. Le fait qu’elle sorte était déjà un effort considérable de sa part. Rejoignant à nouveau la chambre, elle enfila sa veste avant de s’approcher de son fiancé. Elle déposa un baiser contre sa joue avant de lui murmurer. – A plus tard. Elle sentait une pointe de culpabilité l’envahir à l'idée de le laisser, la faisant déglutir malgré elle alors qu’elle se décidait enfin à suivre Vincent. Pour tenter de ne pas y penser, elle finit par reprendre la parole alors qu’ils quittaient l’établissement hospitalier. – Alors, où tu m’emmènes ?  

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“Vincent & Isabella ”

S’il était devenu son beau-frère, les quelques jours qui s’étaient écoulés avaient permis à la jeune femme de se souvenir qu’à l’origine, Vincent était avant tout son ami. Et maintenant, il prenait le rôle de confident, de soutien, de réconfort. Elle s’attachait vite aux gens, Isabella. Ou plutôt, elle avait du mal à se laisser approcher, mais une fois qu’on parvenait à briser cette barrière qu’elle s’était construite, ses sentiments venaient très rapidement. Comme si, à force de les contenir, ils s’intensifiaient dès lors qu’elle lâchait prise. En ce moment, celui qui prenait peu à peu une place dans son cœur, c’était lui. Et aujourd’hui, il ne semblait pas vouloir se contenter de témoigner sa présence à ses côtés, au chevet d’Aron. Non, il voulait faire bien plus pour elle. Il voulait lui accorder son temps, à elle et seulement à elle. Il n’y était pas obligé, c’était un fait. Mais il semblait réellement le faire de bon cœur, ce qui touchait d’autant plus Bella. Elle ne savait pas si elle allait parvenir à oublier que son petit-ami se trouvait dans un lit d’hôpital, encore et toujours dans le coma. Mais d’après son beau-frère, ça lui ferait toujours du bien, de s’aérer l’esprit juste quelques heures. Il avait peut-être raison, qui sait. Hochant doucement la tête, la jeune femme finit par accepter. Elle n’avait ni le cœur, ni le courage de lutter contre la détermination sans faille de Vince. Lui offrant un petit sourire reconnaissant, elle acquiesça de la tête. – Je te fais confiance. déclara-elle naturellement avant de se décider à se lever pour se préparer à partir. Rejoignant la salle de bains à disposition des patients de la chambre, elle tenta de s’arranger un peu pour avoir un minimum l’air présentable avant de retourner auprès des deux frères. Voyant un beau sourire apparaitre sur les lèvres de Vincent, elle entendit alors son compliment. Il était adorable, même si elle en doutait. Bien qu’elle assurait qu’elle allait bien, elle avait conscience que ce n’était pas réellement le cas. Elle passait ses nuits à dormir sur une chaise, la tête posée contre le lit d’Aron. Alors entre la fatigue et le fait qu’elle n’avait pas du tout la tête à penser à son apparence, elle avait déjà été plus jolie. Elle secoua légèrement la tête aux paroles du jeune homme mais lui fit un doux sourire. – T’es gentil mais là, j’en doute. lui répondit-elle amusée avant de s’approcher finalement de son fiancé. Déposant un baiser contre sa joue, elle lui adressa quelques mots avant de s’éloigner. Elle se sentait vraiment coupable de le laisser toute une journée. Déjà qu’elle avait du mal à le faire lorsqu’elle travaillait, c’était encore plus difficile de le faire simplement pour prendre du bon temps. Mais elle essayait de chasser ses pensées de son esprit en se concentrant plutôt sur Vincent. Il faisait tout ça pour elle, alors elle lui devait au moins d’être un tant soit peu d’une agréable compagnie. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il voulait faire. Mais ils étaient à New-York, alors trouver quelque chose ne serait surement pas compliqué. Toutefois, Isa ne s’attendait pas à ce qu’il lui propose une balade en moto. Ce n’était pas comme si elle avait l’habitude. Mais, encore une fois, elle accepta. – D’accord. dit-elle simplement, un léger sourire au coin des lèvres. Avançant ensemble jusqu’à l’extérieur de l’hôpital, elle profita un instant de l’air frais du monde extérieur, avant de suivre Vincent jusqu’à sa moto, garée sur le parking. La regardant quelques secondes, parce qu’elle ne s’y était jamais vraiment attardée, elle releva les yeux vers son propriétaire. – Tu sais que c’est une première pour moi !

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Le compliment de Vince provoqua un sourire de la part de la jeune femme. Il était adorable, vraiment. Elle voyait bien qu’il tentait de tout mettre en œuvre pour lui faire retrouver le sourire. Et puis, ça lui faisait du bien, aussi, d’avoir quelqu’un. Pas seulement pour la complimenter, mais pour lui parler, pour être là tout simplement. Il lui apportait cette chaleur humaine qui lui manquait énormément depuis que son fiancé était plongé dans le coma. Elle n’avait pas beaucoup de gens sur qui compter, Isabella. Elle n’avait aucune famille. Quant à ses amis, ils se faisaient plutôt rares. Alors la présence de Vincent, elle comptait d’autant plus pour elle. – Merci beaucoup Vincent. le remercia-t-elle de sa douce voix, agrémentant comme elle le faisait souvent ses mots du prénom entier du jeune homme, avant de se décider enfin à le suivre en dehors de l’hôpital. Retrouver l’air frais de l’extérieur lui faisait déjà un peu de bien. Peut-être qu’en fin de compte, c’était lui qui avait raison. Peut-être qu’elle avait vraiment besoin de faire un break. Après huit jours passés quotidiennement au chevet d’Aron, elle en avait besoin, même si elle n’avait pas voulu se l’admettre. Malgré sa culpabilité, Bella commençait à se laisser tenter finalement, désireuse de découvrir où son beau-frère allait l’amener. Elle n’était pas du genre à poser des centaines de questions pour tout savoir à l’avance. Au contraire, elle avait une certaine facilité à se laisser guider sagement. Elle restait calme, patiente, malgré sa curiosité piquée au vif. Elle saurait bien assez tôt le déroulement de leur journée après tout. Elle venait d’ores et déjà d’apprendre la première étape de leur journée. Vince lui proposait une balade en moto à travers les rues de la ville. Un léger sourire aux lèvres, elle avoua assez vite qu’elle n’en avait jamais fait tout en attrapant le casque qu’il lui tendait. Il semblait amusé, mais pas surpris. Quoi ? Elle était si prévisible ? Peut-être un peu. Mais enfilant son casque avec précaution, elle lui demanda simplement avec une petite appréhension dans la voix. – Tu fais attention, hein. S’installant finalement derrière lui alors qu’il l’invitait à monter sur la moto, elle se trouva soudain très près de lui, bien plus qu’elle n’en avait l’habitude. D’abord hésitante, elle posa doucement ses mains contre sa taille, comme si elle n’osait pas vraiment le faire. Mais lorsqu’il démarra le moteur et prit la route, elle n’eut pas réellement le choix. Par réflexe, elle resserra instinctivement l’emprise qu’elle avait sur lui. Ce qui la troublait légèrement malgré tout. Elle ne savait même pas pourquoi, d’ailleurs. Ils étaient en moto, c’était tout à fait normal qu’elle l’enlace après tout. Néanmoins, elle n’en avait pas l’habitude. Le seul qu’elle pouvait bien tenir de cette façon, c’était Aron… Mais la belle s’efforça de chasser ces pensées de son esprit et de profiter simplement de la balade, et des paysages qui s’offraient à eux. Elle le tenait avec douceur quand il n’allait pas trop vite, un peu plus fortement lorsqu’il accélérait. Mais c’était agréable, la vitesse. Cela n’avait rien à voir avec une balade en voiture. Elle sentait bien plus la légèreté du véhicule, comme s’ils étaient insaisissables, impossible à rattraper. Lorsque Vincent s’arrêta finalement sur le parking de ce qui semblait être un restaurant, Isa descendit de la moto un sourire aux lèvres. Elle ôta le casque qu’elle portait avant de relever les yeux vers l’Italien. – J’adore ! Ça donne… Comme une sensation de liberté. affirma-t-elle les yeux déjà plus pétillants, plus vivants qu’ils ne l’avaient été durant ces derniers jours. Elle se sentait un peu plus... Légère. Se tournant vers le restaurant un peu plus loin, Isabella reprit avec un petit sourire espiègle sur les lèvres. – Ah tu voulais m’obliger à manger un vrai repas en fait, c’est ça ?

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L’assurance affichée par Vince avait quelque chose d’apaisant. Elle aimait son aplomb, Isa. Elle aimait sa manière de la contempler avec ce petit regard confiant. Il savait la mettre en confiance. Aussi, il savait l’entraîner avec lui sans qu’elle ne parvienne un seul instant à l’en empêcher. Elle était facile à convaincre, peut-être même assez influençable. Et lui, il avait ce charisme qui pouvait faire plier le plus obstiné des adversaires. Elle l’avait suivi à l’extérieur de l’hôpital, jusqu’à sa moto. Elle avait même fini par monter dessus malgré ses petites craintes. Et, une fois sur la route, elle ne l’avait pas regretté. La moto, elle n’en avait jamais fait auparavant mais… Ça avait quelque chose d’unique. Cela provoquait des sensations qu’elle n’aurait jamais imaginées. Il y avait cette impression de rapidité, de puissance, peut-être même de supériorité par rapport au reste du monde. Naturellement, elle avait laissé ses bras venir entourer la taille de Vince alors qu’ils allaient toujours plus vite. A cet instant, elle ne pensait à rien, à rien d’autre qu’à ce moment qu’elle vivait grâce à lui, avec lui. Et elle n’avait envie d’être nulle part ailleurs. Elle se sentait plus libre qu’elle ne l’était ces derniers jours, plus libre qu’elle ne l’avait jamais été, il lui semblait bien. Quand il s’arrêta après un bon moment tout de même, la jeune femme le regretta presque. Mais quittant la moto, elle s’empressa de lui donner ses premières impressions, un beau sourire aux lèvres. Une fois débarrassée de son casque, elle passa distraitement la main dans ses cheveux avant de hocher la tête aux paroles de Vincent. Il avait tout à fait raison dans ses propos. – C’est exactement ça ! C’était comme si plus rien d’autre ne comptait. avoua-t-elle, presque un peu timidement. Elle avait, malgré tout, toujours certains scrupules à prendre du bon temps alors que son fiancé se trouvait dans le coma… Elle avait le sentiment qu’elle n’avait pas vraiment le droit de s’amuser, de profiter d’un moment agréable, alors que l’homme qu’elle aimait était au plus mal. C’était une sensation désagréable, mais c’était un petit prix à payer face à ce que Vince lui offrait. Relevant les yeux vers le lieu où ils se trouvaient, Isabella ne tarda pas à voir qu’ils étaient tout près d’un restaurant. Ces derniers jours, elle ne mangeait pas beaucoup. Elle passait son temps à l’hôpital, alors il n’était pas rare qu’elle saute un repas, se contentant ensuite de barres de céréales ou d’autres confiseries des machines de l’établissement. Ça n’avait rien de très nourrissant mais elle n’avait pas vraiment le cœur ni l’envie de manger. Alors elle se doutait que le jeune homme allait l’entraîner à l’intérieur du restaurant pour qu’elle puisse enfin avoir un vrai repas. Et ce fut d’ailleurs ce qu’il lui affirma finalement, provoquant un petit sourire sur les lèvres de Bella. Hochant simplement la tête, elle lui tendit son casque pour qu’il le range alors qu’il reprenait la parole pour lui dire qu’il l’invitait. Il était vraiment trop gentil d’en faire autant pour elle… Mais ses derniers mots la firent rire un peu. – Ah parce que tu n’es pas galant avec les femmes ? demanda-t-elle d’une voix taquine. Elle n’en savait rien à la vérité. Avec elle, il s’était toujours montré adorable, mais au final elle ne savait pas vraiment comment il était en règle générale avec la gent féminine. Elle ne se rappelait pas l’avoir déjà vu avec une femme, d’ailleurs. – D’accord, on y va. finit-elle par dire, un doux sourire sur les lèvres alors qu’elle faisait passer son bras sous le sien pour se rendre ensemble jusqu’au restaurant. Une fois installés et leurs plats commandés, leur repas se passa dans une bonne ambiance. Au début, son esprit était encore un peu focalisé sur son petit-ami mais Vince parvint à lui changer les idées. Ils parlèrent de tout, sauf d’Aron. Et elle commanda même un dessert. Plongeant son regard dans celui de son beau-frère alors que le repas se terminait, elle lui offrit un beau sourire. – Merci Vincent… C’était vraiment délicieux.

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Se retrouver avec Vince avait quelque chose d’étrange. C’était à la fois naturel et troublant. Il y avait cette complicité spontanée entre eux, cette façon qu’elle avait de se sentir complètement à l’aise, comme à sa place quand elle était avec lui. Ils avaient eu une relation plus ou moins amicale pendant un moment tous les deux. Plus ou moins parce qu’elle aurait menti si elle avait dit que jamais, elle n’avait senti un jeu de séduction se créer naturellement entre eux. Et c’était peut-être ça qui la troublait, Isa. Il savait la faire sourire, presque malgré elle. Et puis, il savait la valoriser aussi. Il lui donnait parfois l’impression d’être, comme, une femme différente des autres. Et il était bien le seul à lui procurer ce sentiment. Comme en ce moment même, alors qu’il lui affirmait qu’il n’était pas toujours un gentleman, mais qu’avec elle, il le serait toujours. Lui souriant timidement en guise de sa réponse, Bella le suivit finalement jusqu’au restaurant où ils prirent place assez rapidement à une table. Ils passèrent alors un agréable moment, à discuter et rire, loin de toutes les préoccupations habituelles de la jeune femme. Vince lui faisait l’effet d’une bouffée d’oxygène. C’était la première fois depuis des jours qu’elle s’autorisait réellement à être elle-même, Isabella Brown, indépendamment de la fiancée d’un patient de l’hôpital dans le coma. Et ça, ça lui faisait un bien fou. Ce fut pour cette raison qu’à peine le repas terminé, la belle n’attendit pas avant de le remercier. Même si elle avait d’abord hésité, elle ne regrettait pas de l’avoir suivi. Lui souriant à ses premières paroles, elle le regarda ensuite intriguée aux suivantes. – Qu’est-ce que tu as en tête ? demanda-t-elle, l’air un peu curieuse. Quelque chose de dingue ? Non, ça ne lui arrivait pas souvent. Elle était plutôt calme, Isa. Elle ne faisait pas de vagues, au contraire elle était d’une douceur incroyable. Mais voyant simplement Vince se lever, elle le suivit du regard alors qu’il s’approchait et lui prenait la main. La gardant dans la sienne, elle se laissa faire et se leva à son tour avant de le suivre jusqu’à l’entrée du restaurant. Naïve, elle ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir. Mais lorsqu’il reprit la parole, elle releva tout de suite le regard vers lui. – Vince… Tu es fou ! dit-elle doucement avant de se mordre nerveusement la lèvre. Elle n’était pas aussi téméraire et spontanée que lui, Bella. Au contraire, elle ne suivait pas forcément ses envies, surtout pas quand elles lui faisaient peur. Mais elle voyait cet air de défi dans le regard de Vincent. C’était un peu comme si elle avait envie de l’impressionner, de lui montrer que, oui, elle en était capable. – Bon… Ok… murmura-t-elle malgré ses appréhensions avant de se décider enfin. Sur le coup, elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’elle faisait, suivant comme elle le faisait rarement son instinct premier. Jetant un dernier regard vers Vince, la jolie brune se décida enfin à aller courir jusqu’à la moto qu’ils avaient garé un peu plus loin très vite. Elle ne perdit pas de temps à mettre son casque cette fois, parce qu’il fallait avouer qu’elle avait tout de même assez peur. Mais elle ressentait aussi cette montée d’adrénaline qu’elle n’avait jamais ressentie. Et Vince était parvenu à le provoquer deux fois en quelques heures seulement. Il allait finir par lui donner le goût de l’aventure à force. Elle avait l’étrange impression de jouer à Bonnie et Clyde avec Vincent à cet instant. Mais sans plus réfléchir, elle s’installa immédiatement sur place arrière de la moto avant d’attendre qu’il la rejoigne pour repartir et s’enfuir tous les deux…

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Vince avait une emprise étonnante sur elle. Déjà en temps normal, elle n’était pas une femme difficile à amadouer, il fallait l’avouer. Elle avait cette naïvement touchante, Isabella. Elle avait une telle vision du monde qui l’entourait. Elle ne voyait pas le mal, et pourtant elle l’avait côtoyé plus d’une fois. Mais elle avait cette foi inébranlable en l’être humain. Elle savait qu’il y avait du bon en chacun, et c’était pour cette raison qu’elle se laissait si facilement entraîner par son beau-frère. Elle se fiait à lui, presque trop crédule. Et puis, oui, lui particulièrement, il avait ce petit pouvoir sur elle. Il savait lui faire faire l’impossible. La preuve, il avait réussi à la convaincre de quitter le restaurant sans prendre la peine de payer l’addition. C’était sans aucun doute la première fois qu’elle faisait quelque chose d’aussi fou. Parce que pour elle ça l’était, c’était complètement fou. Ce n’était peut-être rien pour d’autres, rien pour Vince. Mais pour elle qui n’avait jamais réellement pris de risques dans sa vie, c’était énorme. Elle ne savait même pas comment elle avait trouvé le courage de s’exécuter et de partir en direction de la moto, mais elle l’avait fait. Voyant Vincent la rejoindre très rapidement, naturellement même, comme si c’était normal, elle devait bien admettre qu’elle était impressionnée. Se mordillant doucement la lèvre alors qu’il s’installait devant elle, il ne tarda pas à démarrer et à quitter le parking. Cette fois, il allait très vite dès le départ, si bien qu’elle se serra immédiatement contre lui, cette fois avec plus de naturel. Elle était doucement en train de se rapprocher de lui… Doucement en train de s’attacher à lui. Profitant du voyage, elle savourait les sensations dont ils avaient parlé un peu plus tôt, celles qui étaient provoquées par la moto… Et par lui, surtout. Vince lui donnait ce goût de liberté. Et, plus que jamais, elle se sentait vivante. Au même titre que lui, Bella avait cette impression d’avoir le monde à ses pieds, comme si rien d’autre qu’eux ne comptait. Elle oubliait tout. Son travail, ses problèmes, sa vie et… Même Aron, elle n’y pensait plus à cet instant. C’était comme s’ils étaient insaisissables, invulnérables, comme si rien ne pouvait les atteindre. Et ce ne fut que quelques minutes plus tard que Vince s’arrêta finalement. Elle le laissa couper le moteur de l’engin avant de se lever et retirer son casque. Pour l’avoir semé, ils l’avaient semé. Elle avait encore l’image très précise du pauvre serveur qui leur courait après sans aucune chance de les rattraper. Souriant doucement, elle secoua la tête à sa question. Si son but était de lui faire vivre le maximum de sensations en une journée, c’était réussi. – Je n’arrive pas à croire que j’ai fait ça ! lança-t-elle, encore stupéfaite elle-même. Elle n’avait jamais rien fait d’illégal, Isa. Elle n’avait jamais volé, jamais triché. Elle respectait toujours les règles. Mais c’était sa faute… C’était Vincent… Elle avait l’impression qu’elle pouvait tout faire avec lui. Parce qu’il la protégerait, quoi qu’il arrive. Elle ne savait pas ce qui lui inspirait de tels sentiments mais c’était bel et bien le cas. Elle lui faisait une confiance aveugle. – Tu es d’une mauvaise influence Vincent Farell. ajouta-t-elle avec un petit sourire enfantin sur les lèvres. Mais elle avait aimé… Elle devait bien s’efforcer de l’admettre, elle avait même adoré à dire la vérité. – Mais… Je dois avouer que c’était plutôt pas mal. confia-t-elle, presque intimidée d’admettre qu’enfreindre la loi lui avait plu. Et d’ailleurs, elle l’avouait, à lui, mais ce n’était certainement pas quelque chose dont elle se vanterait auprès de quelqu’un d’autre. Particulièrement son petit-ami. Elle prenait surtout conscience que si Aron avait tout de l’ange, Vince semblait être le petit démon des deux frères. Et étrangement, ça lui plaisait tout autant. C’était même plutôt… Enfin, ça avait quelque chose d’attirant, quoi. Mais sortant de ses pensées, la belle se concentra plutôt sur la voix du bel Italien. A sa question, elle hésita quelques secondes alors qu’elle regardait les lieux autour d’elle. Elle remarqua très vite qu’ils se retrouveraient à Central Park… Où se trouvait l’une des plus belles patinoires de New-York. Elle adorait patiner, Isa. Mais elle n’était pas sûre que le jeune homme soit très partant. C’était peut-être trop enfantin, ou trop simple pour lui, à l’esprit bien plus aventureux. Alors, plongeant son regard le plus craquant dans le sien, la belle le contemplait innocemment. – On pourrait… Aller à la patinoire ? proposa-t-elle finalement, un sourire adorable sur les lèvres.  

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“Vincent & Isabella ”

Elle n’avait jamais ressenti ça, Isabella. Elle avait l’impression d’être transportée, loin de son quotidien, loin de sa vie, dans une petite bulle à l’abri du reste du monde. En fait, les seules fois où elle se sentait si insouciante, c’était avec Vince. En partageant cette journée avec lui, les souvenirs de toutes les soirées qu’ils avaient passées près l’un de l’autre, lui revenaient. Avant qu’elle ne rencontre Aron, ils avaient été plutôt proches, tous les deux. Et puis, une chose en entrainant une autre, elle s’était éloignée de l’aîné des deux frères pour sortir avec le cadet. Mais, en ce moment, alors qu’il n’y avait plus qu’eux, tout lui revenait. Cette complicité avec Vincent qui semblait intacte était même en train de se renforcer peu à peu sans qu’elle n’en prenne pleinement conscience. A cet instant, Bella se sentait simplement bien avec lui. Elle le laissait la guider, presque aveuglément. Elle avait même pris un risque dont elle ne se serait pas crue capable, avec lui. Ce ne fut qu’une fois loin du restaurant, la moto arrêtée, qu’elle se rendait compte de ce qu’ils avaient fait. Reprenant peu à peu ses esprits, Isa laissa un sourire amusé se dessiner sur ses lèves en entendant le jeune homme affirmer qu’il n’était pas fréquentable. Elle en doutait fortement. Enfin, certes, il l’avait poussée à faire quelque chose d’illégal, mais elle voyait bien que son seul but était de lui redonner le sourire. Et ça avait marché. Mais en voyant son sourire séducteur, elle sentit un petit trouble l’envahir durant quelques secondes. Il avait du charisme, Vincent, c’était indéniable. Mais tentant tout de même de se reprendre, elle lui avoua alors qu’elle avait aimé malgré tout. C’était vrai, elle avait ressenti cette adrénaline qu’elle ne connaissait pas, ce sentiment de faire quelque chose d’interdit, d’excitant… C’était particulier comme sensation. Mais aux paroles suivantes de son interlocuteur, la belle se mit à rire. Un mauvais fond, chez elle ? Elle ne savait pas trop, elle était plutôt sage, même très sage… Quand elle n’était pas avec lui. Mais il savait réveiller en elle un aspect qu’elle ne connaissait pas elle-même. Secouant ensuite la tête, elle lui répondit avec malice. – Promis, je ne réveillerais ma partie obscure qu’avec toi. Si elle savait. Mais elle n’était que naïveté, Isa. Se décidant finalement à poursuivre leur journée, la jeune femme eut l’idée d’aller faire un tour à la patinoire qui se trouvait dans les environs. Elle pensait qu’il refuserait, et pourtant Vince accepta tout de suite, ce qui déclencha un grand sourire sur ses lèvres. Il lui avoua d’ailleurs qu’il n’en avait jamais fait. Le pauvre, il ne savait pas dans quoi il s’embarquait, parce qu’on pouvait dire que ce n’était pas l’activité la plus facile à pratiquer pour une première fois. S’approchant de lui, Isa déposa spontanément un tendre baiser contre sa joue pour le remercier d’accepter. – Je ne me moquerais pas ! assura-t-elle avant de commencer à se diriger avec lui jusqu’à la patinoire. Contrairement à Vince, elle savait parfaitement patiner. Elle adorait même ça à la vérité. Elle avait hâte d’y être. Et après un petit moment à faire la queue, puis à enfiler les patins prêtés par l’établissement, elle ne perdit pas de temps. Elle se lança immédiatement sur la piste, retrouvant avec agilité cette sensation de glisser. Mais elle n’en oubliait pas pour autant Vincent. Lui offrant un doux sourire, Isa tendit les deux mains vers lui pour qu’il les saisisse. S’il la tenait, ce serait plus facile pour lui de garder son équilibre. – Allez, viens. Je ne te lâcherais pas. promit-elle avec sincérité. Cette fois, c’était à lui de lui faire confiance.

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“Vincent & Isabella ”

Elle n’avait pas eu l’impression d’avoir fait un choix entre les deux frères, Isabella. Elle était assez proche de Vince à l’époque, c’était indéniable. Mais, à la vérité, il ne représentait pas ce qu’elle recherchait chez un homme à cette période de sa vie. Il était intrépide et spontané, prêt à toutes les aventures. Alors qu’elle, ce dont elle avait eu besoin, c’était de stabilité. Elle n’avait pas été attirée par le côté imprévisible et dangereux de la vie qu’il semblait avoir. D’autant plus qu’à leur rencontre, il l’avait tout de suite draguée. Avec Aron, c’était tout le contraire. Ils s’étaient rapprochés sans arrière-pensée, et une chose en entrainant une autre, ils avaient fini par se mettre en couple. Il lui apportait le calme et l’équilibre dont elle manquait cruellement. Il ne fallait pas oublier qu’Isa était une jeune femme qui n’avait jamais connu de situation stable. Toute sa vie, elle avait été entraînée de famille d’accueil en famille d’accueil. Alors, à l’âge adulte, tout ce qu’elle recherchait, c’était d’avoir enfin quelqu’un sur qui se reposer. Une vie normale et banale, c’était tout ce qu’elle voulait. Mais entre ce qu’elle voulait et ce dont elle avait envie, il y avait en réalité bien plus de différences qu’elle ne le croyait. Parce qu’il fallait admettre que là, avec Vincent, elle se sentait plus vivante qu’elle ne l’avait jamais été. Elle avait l’impression étrange et particulière que le monde leur appartenait, que rien ne les atteindrait, que rien ne les rattraperait. Elle n’avait jamais ressenti ça avec quelqu’un d’autre que lui. Elle était dans cette bulle insaisissable avec lui et seulement lui et… Elle adorait ça. Elle adorait ce sentiment de légèreté et d’insouciance qu’il lui apportait, elle adorait même cette sensation de danger qu’elle avait ressentie auprès de lui. Même si, paradoxalement, elle se sentait à l’abri de tout avec lui. Il réveillait quelque chose en elle qu’elle ne soupçonnait pas, elle qui avait toujours si scrupuleusement suivi les règles. Alors lorsqu’il lui promit que cela resterait entre eux, elle ne pouvait que lui en être reconnaissante. Lui souriant en guise de réponse, la belle finit par lui avouer de ce qu’elle avait envie de faire, là, tout de suite. Sans se faire prier, Vince accepta spontanément de se rendre à la patinoire avec elle. Elle déposa alors un baiser contre sa joue pour le remercier avant de l’y entraîner avec elle, sans se rendre compte du petit moment de trouble qu’elle avait provoqué chez lui. Elle remarqua par contre que, sans appréhender le moment, il semblait tout de même s’attendre à être ridicule une fois sur la glace. Ses paroles la firent d’ailleurs rire avec légèreté. – Je suis sure que tu vas très bien t’en sortir ! tenta-t-elle de le rassurer alors qu’ils s’approchaient peu à peu de la caisse pour pouvoir acheter leurs places, et louer leurs patins. Relevant les yeux vers lui un instant, elle croisa son regard, un regard assez intense et quelque peu troublant alors même qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il pensait à ce moment. Elle ne réfléchissait plus à rien quant à elle. Elle se contentait de profiter de cette journée avec lui, de s’échapper un peu de la vie réelle. Et ça lui faisait un bien fou. Mais sans perdre de temps, ils purent enfin récupérer des patins à glace qu’ils enfilèrent avant de se lancer sur la piste. Enfin, Isa se lança sur la piste, alors qu’il se trouvait quant à lui encore accroché au bord de la patinoire. Il était même plutôt craquant à voir comme ça, Vince. Il avait l’air plus accessible que l’image du bel Italien rempli d’assurance qu’il dégageait habituellement. Alors après avoir patiné sur quelques mètres pour se réhabituer aux sensations, elle revint rapidement s'arrêter auprès de lui. Elle lui tendit ses mains pour qu’il s’accroche à elle plutôt qu’à la rambarde de la patinoire. A ses mots, Bella se mit à rire. Si elle lui avait dit la facilité avec laquelle elle patinait, elle n’était pas sure qu’il aurait accepté aussi rapidement. Et puis, elle n’était pas du genre à se vanter auprès des autres. – Dans une des familles d’accueil que j’ai faites, il y avait un des fils qui passait son temps à la patinoire, et parfois il m’amenait avec lui. confia-t-elle de sa voix douce tout naturellement. Elle pouvait le faire, de temps en temps. C’était les souvenirs plus douloureux qu’elle avait du mal à raconter. Mais retrouvant un petit air amusé en voyant Vince si inquiet qu’elle le lâche, elle reprit avec malice. – Le grand Vincent Farell a peur de se retrouver seul sur une patinoire ? Elle le taquinait, le regard espiègle, le sourire en coin. Elle ne comptait pas le lâcher, au contraire. Face à lui, elle gardait précieusement ses mains dans les siennes alors qu’elle se mettait doucement à patiner en arrière pour que lui puisse avancer sur la piste. Après un petit moment, elle s’adressa à lui. – Tu vois, ce n’est pas si compliqué… Maintenant, je me mets à côté de toi et on le fait ensemble, en se tenant d’une seule main. proposa-t-elle avec douceur. Elle avait l’habitude d’être patiente et douce avec les autres, elle s’occupait d’enfants à longueur de journées. Et elle veillait à ce qu’il se sente aussi à l’aise que possible avant de s’exécuter.

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“Vincent & Isabella ”

Isabella ne savait pas l’influence qu’elle pouvait avoir sur le jeune homme, mais de son côté, on pouvait également dire qu’il avait une facilité déconcertante à l’entraîner là où il le voulait, même en dehors des sentiers battus. Toutefois, c’était au tour de Bella de lui faire découvrir quelque chose qu’il ne connaissait pas. Elle était heureuse de se retrouver là, sur cette patinoire, avec lui. Elle était heureuse qu’il soit parvenu à la convaincre de le suivre. Cette journée lui faisait l’effet d’une bouffée d’oxygène, et Dieu sait qu’elle en avait cruellement besoin. Elle lui en était reconnaissante, parce que, sans Vince, rien de tout cela n’aurait été possible. Peu à peu, il entrait dans son cœur sans qu’elle ne s’en rende compte alors qu’ils partageaient une journée qu’elle n’était pas près d’oublier. S’il semblait fasciné par la grâce de la jeune femme quand elle patinait, elle était quant à elle attendrie de le voir aussi peu sûr de lui. En règle générale, il avait toujours l’air si confiant, si maitrisé, que c’était étrange de le voir dans cette posture. Mais c’était une image étonnamment attachante pour la belle. Elle tentait de le rassurer comme elle le pouvait alors qu’elle l’entrainait au centre de la piste, loin de la barrière à laquelle il se raccrochait jusque-là. Elle voyait bien qu’il avait beaucoup de mal à se détendre mais elle lui tenait les deux mains pour qu’il puisse maintenir son équilibre. Souriant amusée, Isa s’était finalement mise à le taquiner. Le pauvre semblait suffisamment embarrassé mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Pourtant, elle n’était pas trop du genre à embêter les autres, même gentiment. Seulement, tout lui semblait extrêmement naturel, avec Vince. Mais il n’avait aucune crainte à avoir, parce qu’au fond, elle ne le lâcherait certainement pas, pas sans le prévenir. Hochant finalement la tête aux paroles du brun ténébreux, elle lui adressa un sourire rassurant. – Je ne te lâcherais pas si tu ne te sens pas prêt. lui promit-elle tout en poursuivant leur petit tour de piste. Etant à reculons, elle devait regarder de temps à autre derrière elle pour s’assurer qu’elle ne bousculerait personne mais ils pouvaient avancer plutôt facilement sur la glace. Cela permettait à Vince de prendre ses repères, perché sur ses patins. Et ce ne fut qu’après plusieurs minutes qu’Isabella l’invita à essayer de patiner côte à côte l’un de l’autre. Ça allait être un peu plus compliqué car il allait devoir y donner un peu plus du sien mais il semblait déjà un peu plus à l’aise. Mais, tout de suite, elle le vit commencer à paniquer, comme effrayé à cette idée. – Oui, ça sera presque pareil sauf que tu devras un peu t’exercer sur l’un de tes pieds. lui assura-t-elle avec conviction avant de détacher avec délicatesse l’une de ses mains pour glisser jusqu’à la droite de Vince, sans lâcher l’autre main. – Ça va aller. ajouta-t-elle d’une voix douce avant de se mettre à patiner, d’abord doucement. Il s’en sortait bien, vraiment. Alors que les minutes défilaient, elle allait progressivement de plus en plus vite. Vince parvenait à suivre la cadence mais subitement, quelqu’un passa à une vitesse bien supérieure près de lui, provoquant sa chute, et logiquement, celle d’Isa avec. Elle tomba littéralement dans ses bras d’ailleurs, se retrouvant tout à coup très proche de lui. – Je crois que c’était inévitable… déclara-t-elle en riant légèrement avant de relever les yeux vers lui, son regard se plongeant à cet instant dans le sien. Elle se sentit instantanément troublée, Bella. Avec leur proximité soudaine, elle pouvait même sentir l’odeur enivrante de son parfum. Et elle se perdit quelques secondes dans son regard, retrouvant le silence… Avant que quelqu’un passe devant eux. – Attention les amoureux ! Sortant de leur petite bulle à cet instant, elle secoua légèrement la tête comme pour se reprendre. Elle se sentit légèrement mal à l’aise, par les paroles de l’inconnu et leur rapprochement inattendu aussi. Se mordant la lèvre, elle finit par se relever rapidement avant de lui tendre les mains pour qu’il en fasse autant. – Je t’ai assez torturé comme ça, tu veux qu’on s’en aille ? demanda-t-elle avec un petit sourire tendre sur les lèvres.

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“Vincent & Isabella ”

Ce n’était pas déplaisant de sentir que Vince s’en remettait entièrement à elle. Ça voulait dire qu’il lui faisait confiance. Et qu’il l’appréciait assez pour la suivre sur une patinoire alors que ce n’était pas vraiment son truc à la base. C’était aussi agréable de le voir dans cette situation. Elle aimait, enfin, elle adorait plutôt, le Vincent classe et sûr de lui. C’était ce qu’il dégageait, ce qu’il était. Mais le trouver dans une autre position, c’était pas mal aussi. Il lui offrait une autre facette de sa personnalité, une plutôt adorable à voir d’ailleurs. Quant à Isa, elle n’avait aucun mal à le guider. Elle était patiente, douce. Elle avait l’habitude de s’occuper d’enfants, alors elle savait y faire… Et puis, il avait le mérite d’apprendre très vite. Malheureusement, alors qu’ils avançaient main dans la main à un rythme plutôt modéré, elle ne put empêcher la chute d’arriver à cause de l’un des patineurs passant près d’eux bien trop rapidement. Vince l’entraina contre lui, si bien qu’il put amortir sa chute. Mais le pauvre n’avait pas eu cette chance, se retrouvant assis sur la glace malgré lui. Ils ne purent toutefois faire autrement qu’en rire, parce qu’il fallait dire qu’ils avaient l’air malin tous les deux par terre alors que tout le monde autour d’eux continuait tranquillement de patiner. Isabella tenait moins à son image que le jeune homme. Elle ne se prenait pas du tout au sérieux, alors elle mit plusieurs secondes avant de stopper ses rires. En fait, ce fut surtout le fait de plonger son regard dans celui de son compagnon qui la calma instantanément. Ses yeux dans les siens, elle sentit ce trouble étrange l’envahir. Et, au calme retrouvé par Vince également, elle put comprendre qu’il le sentait lui aussi. C’était comme si le moment était coupé du reste, comme s’il n’y avait plus qu’eux. C’était limite si elle ne sentit pas un courant électrique arriver entre eux. Elle ne savait pas ce que ça voulait dire mais elle fut de toute manière coupée net dans ses réflexions après quelques secondes par l’intervention d’un passant. Ce qu’il disait, c’était d’autant plus… Perturbant. Vince n’était pas son petit-ami, Vince était le frère de son petit-ami. C’était comme s’il fallait qu’elle le précise à l’inconnu qui, au fond, n’en avait rien à faire. Il ne prit d’ailleurs pas la peine d’attendre une quelconque réponse qu’il repartit, la laissant à nouveau en tête à tête avec Vincent. Lui offrant un léger sourire, presque timide, la belle quitta ses bras pour se redresser tout comme lui. Encore quelque peu déboussolée, ce fut tout juste si elle entendit ses paroles. Mais, finalement, elle lui proposa de quitter la patinoire. Ils y avaient passé une bonne partie de l’après-midi, alors ils pouvaient bien faire autre chose. Assez rapidement, l’Italien accepta sa proposition, rappelant par la même occasion qu’il n’avait pas été aussi épargné qu’elle par leur chute. Entre elle qui dormait sur une chaise dans une chambre d’hôpital pratiquement tout le temps et lui qui s’était échoué sur la patinoire, ils allaient finir l’un comme l’autre le corps rempli de courbatures à ce rythme. Mais, au moins, il ne semblait pas regretter de l’avoir suivie. – Oh je suis désolée, j’espère que tu en garderas un bon souvenir quand même. déclara-t-elle le ton doux avant de quitter enfin la piste avec lui. Ils purent récupérer leurs chaussures et les remettre. Cela lui faisait toujours étrange de retrouver la terre ferme après être restée perchée sur des patins à glace si longtemps. Après les avoir d’ailleurs rendus, ils purent poursuivre leur route. En fin de compte, la fin d’après-midi fut un peu plus calme. Ils revisitèrent New-York. C’était le genre de ville où il y avait toujours quelque chose à faire, quelque chose à voir. Alors, l’après-midi passa très rapidement en flânant avant qu’ils ne finissent par reprendre la moto de Vince. Elle pensait qu’il la ramènerait à l’hôpital, et pourtant, après un rapide trajet, ils se retrouvèrent devant chez lui. Isa reconnut les lieux parce qu’elle y était déjà venue quelques fois même si la dernière remontait à un moment déjà maintenant. Mais ce qui l’intriguait surtout, c’était de savoir pourquoi il l’avait ramenée à son appartement. Pourtant, elle ne posa pas de question. Elle lui avait promis de le suivre partout aujourd’hui, alors c’était ce qu’elle faisait. Lui rendant son casque une fois la moto garée, elle se leva de l’engin pour le suivre jusqu’à l’intérieur de sa demeure. Arrivés à l’intérieur, elle jeta un œil aux alentours avant de porter son attention sur Vince. Elle tenait à le remercier, pour toute cette journée. – Vincent, je… Ça me touche vraiment, tout ce que tu as fait aujourd’hui. Tu es génial avec moi et… Enfin, je tiens à te remercier. confia-t-elle d’une voix tendre et sincère, son regard plongé dans le sien. Réellement, elle ne savait pas comment elle aurait pu faire sans lui.

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