Une autre journée de boulot m'attendait. Je me lève toujours entre huit heures et neuf heures. C'était dur, surtout quand je terminais tard, mais on recevait souvent des livraisons : j'étais souvent chargé de les recevoir. M'enfin, c'est surtout que je suis lève tôt. Après, ces horaires n'étaient pas dues qu'au boulot, mais surtout parce que je devais vendre ce que j'avais à vendre. Le matin arrangeait pas mal de personnes, pour les ventes, car elles partaient bosser et cela rendait notre rencontre un peu moins suspecte, disons. Je devais me rendre à un point donné, ce matin là, vers midi, dans Brooklyn. Cela me permettait d'arriver à temps pour la livraison prévue vers une heure, au bar.

Tous les matins, je me réveillais seul, dans cet appartement miteux mais où je me plaisais (mouais). Elle était déjà partie à l'université. Au vu de nos horaires respectifs, on ne se voyait quasiment jamais, en dehors de quelques week-ends. Cela me fait chier, mais je n'y peux rien, et elle non plus. J'ignorais même si elle s'en souciait, nos conversations ne se faisaient que par téléphone ou par sms, comme une vraie relation d'adolescents... sauf que je suis son paternel.

A l'heure prévue, nous avons fait notre transaction, dans un endroit assez confiné, un endroit parfait pour ce genre de choses, mais un peu trop prévisible. Du coup, nous nous sommes dépêché et ainsi, je suis arrivé à l'avance au bar. Les gars de la sécurité étaient déjà là, le patron voulant toujours voir tout le monde une à deux fois par semaine, chaque matin. Un petit signe de la main respectueux - mes couilles -, et j'entrais. L'endroit était encore à préparer, les chaises, les tables, le bar, et quelques trucs à nettoyer qu'il restait de la veille. Soufflant, je commençais à me mettre au boulot, et peu à peu que le temps passait, la nuit tombait. Tout était fin prêt : les bouteilles rangées, en grand nombre, les videurs à leur place, les serveuses, tout le monde était prêt. Tous les soirs, il se passait quelque chose de différent, et c'est pour ça que j'ai toujours aimé bosser ici, d'ailleurs cela fait environ deux ans que je suis là. J'ai ma clientèle personnelle, et je n'ai même pas besoin de savoir ce qu'ils prennent quand ils viennent : je le sais déjà.

Ce samedi soir là, il y avait pas mal de monde. Pendant le week-end, notre recette n'était pas négligeable, et j'appréciais bosser ces jours-ci, même si j'étais complètement claqué à la fin.

Armé à mon côté du bar - le côté des shots et des alcools forts -, je répondais aux demandes des clients. Certains n'y allaient pas de main morte niveau alcool, mais je m'en fichais, du moment que ce n'était pas une jolie fille. Rangeant la bouteille d'absinthe récemment utilisée, je remis en place ma mèche rouge feu qui me gênait, et contemplait le bar, à la recherche de quelque c.. quelqu'un d'intéressant. Mouais. Pas grand chose, ce soir. « Hé merde. » pensais-je, en songeant à la soirée merdique qui m'attendait.