Maintenant deux semaines qu'Antonina n'avait pas revu Riley, ce qui avec la drôle de fin de leur drôle de dernière discussion n'avait rien d'étonnant, mais qui n'était pas pour autant normal puisqu'ils étaient censé se voir toutes les semaines. Enfin, ces rendez-vous n'avaient rien de personnels : à la base Riley était le patient de miss Curtis, et il avait rendez-vous tout les vendredi à cause de son insensibilité congénitale à la douleur qui nécessitait une surveillance hebdomadaire et assidue; sauf qu'il avait raté un vendredi et que désormais la jeune femme commençait à douter de sa venue ce vendredi-ci.

Ayant terminé la consultation avec son actuelle patiente, Antonina la raccompagne à la sortie, toujours élégante et aimable, avant de passer dans la salle d'attente, prête à faire passer un client à l'avance quand.. surprise.. elle réalise que Riley attend son tour. Son coeur s'emballe un peu, elle angoisse : il va falloir faire comme si de rien n'était. C'était un jeu qu'elle connaissait bien, mais là la situation était trop.. singulière.

- Riley.

Dit-elle, le ton enclin à l'accueillir, le laissant passer devant elle, servant quelques sourire aux quelques patients qui attendaient là, pas forcément les siens.

- Tu vas bien ? Comment vas ton bras ? Tu aurais du venir vendredi dernier.

Commence-t-elle à peine la porte fermée, s'installant à son bureau pour échanger les quelques formalités habituelles avant de passer à la table de consultation et boucler l'affaire sans égratignures.
Ses questions ne sont pas qu'une échappatoire à un éventuel malaise, mais un léger sermon de médecin.. ainsi qu'une légère inquiétude de femme.
 

Les choses semblent se dérouler comme d'habitude, tout est presque machinal et la conversation ne peine pas un instant à se mettre en route. C'était quelque peu déconcertant, et pourtant valait peut-être mieux qu'il en soit ainsi, à feindre tout les deux l'indifférence (quoi que Riley l'était peut-être réellement, Antonina n'était pas vraiment sûre qu'il puise s'en soucier encore..), combler les éventuels vides avec des mots et ne surtout, surtout rien faire ou dire qui pourrait les ramener deux semaines auparavant. Deux semaines auparavant, sur leurs "au revoir" quelque peu.. frisquets.
Blondie se contentait d'écouter le patient, si elle était intimement persuadée qu'il aurait très bien pu faire des heures en plus un autre jour, l'excuse de la visite de la semaine auparavant tenait plus ou moins la route. Peut-être alors qu'elle avait été la seule à se ressasser la conversation, dans tout les sens, durant ces deux semaines. Peut-être qu'elle était la seule à regretter ce qui s'était dit un jour et à penser le lendemain ce qu'il aurait pu se passer si elle n'avait pas laissé sa fierté foutre un coup de pied à leur échange.
Quand elle y repensait, l'arrogance de Riley l'agaçait encore, c'est ce qui lui valu l'espace d'un instant un regard perçant, alors qu'il lui demandait simplement comment elle allait tandis qu'il galérait sous la douche avec son bras.

- Euhm, ça va. La routine je suppose.

Plus occupée à penser qu'à réellement l'écouter, Antonina remplit quelques données sur son ordinateur.

- Dans environ une semaine ça devrait aller je devrais pouvoir t'enlever le plâtre si tout va bien. Tu vas sur la table ?

Lui laissant prendre un peu d'avance, ses pensées continuaient de semer le vacarme dans son esprit. C'était un peu comme Pandore et sa boîte, Riley étant la boîte, Antonina Pandore, la vision du "jeune batteur" , du "vendeur modeste", avait quelque peu évoluée, et alors qu'elle l'avait déjà entendu parler de quelques histoires futiles qu'il balançait comme il balançait tout ce qu'il pensait en général, le médecin peinait à réaliser que cette fois-ci, elle pourrait faire partie de ces histoires là, car ce jeune malade atypique s'était présenté sous un angle plus ... "mâle".

Ayant attrapé le nécessaire, la jeune femme passe à son tour dans l'espace moins "bureau" et plus "médecine". Elle pose les affaires sur son "chariot" métallique qu'elle tire plus vers la table de consultation.

-Tu n'es pas tombé ? Tu n'as pas choppé de mal après la pluie ?

Elle l'examine, la routine, évitant au maximum de croiser son regard, concentrée sur ce qu'elle fait avant d’annoncer qu'elle va changer le plâtre puis lâcher un sourire et un léger rire.

- Je dis n'importe quoi, je m'embrouille, ton plâtre n'a pas besoin d'être changée.

Semblant sur l'instant surmenée, Antonina se risque à relever les yeux vers Riley.
 

" Comment t'as pu en arriver là Antonina ? " , c'était plus ou moins ce qu'elle se répétait en boucle. Jamais Ô grand jamais la jeune femme avait franchi de telles limites avec un patient. Une conversation n'avait pourtant rien de mal ou de réellement engageant, mais c'était sa vie, son intimité (hahin), c'était loin d'être le genre de choses qu'elle livrait à n'importe qui. Puis surtout, si en parler l'avait certes soulagée et permis de poursuivre son processus de "dé-dramatisation", les propositions de Riley, elles, franchissaient une limite en plus qu'Antonina n'avait Ô grand jamais (encore) jamais franchie avec un patient. C'était pas réellement la première fois qu'on lui faisait des propositions, qu'on la tentait non plus : le désir ne lui était pas inconnu; mais il y avait quelque chose de concret dans la conversation qu'ils avaient eut, et elle ne savait pas vraiment si cela émanait de l'arrogance téméraire de Riley ou du fait qu'au fond tout cela ne lui semblait pas impossible. Voire même probable. Tentant ?

Pas spécialement carnassière, Blondie n’appréciait pas pour autant les situations où elle se sentait en deçà d'une personne, surtout pas d'un patient, d'une jeune patient, d'un semblant d'adolescent attardé qui s'amusait encore à se rebeller. Se retrouver toute perturbée par ce gamin irritant était difficile à concevoir, et c'était précisément ce qui la poussait à se dépeindre un portrait si disgracieux de Riley qu'elle appréciait pourtant, et qu'elle savait bien plus profond, tendre, brisé et angoissé que ce à quoi il jouait actuellement.

Riant légèrement, sarcastique, elle lui répond avec un peu plus de piquant :

- Oui Riley, fous-toi à poil maintenant.

Pour reprendre ses termes.

Il n'avait rien des hommes qui la courtisaient d'habitudes, ni de ceux qu'elle regardait habituellement. Il n'incarnait ni le mari stable, ni le père protecteur, ni l'amour de sa vie. Il n'était pas de ces hommes en costumes et bien arrangés qui avaient le don de merveilleusement bien présenter à ses côtés en soirée.
Mais au delà de leur carapace de Ken, aucun de ceux-là incarnaient ces valeurs. Si bien qu'elle les avait abandonnées, n'y croyant plus, mais ne sachant pas pour autant quoi faire. Son leitmotiv avait disparu quelques années auparavant, comment la jeune fille qui sommeillait en elle avait pu nourrir des idéaux si inatteignables ? Comment un rêve avait pu se transformer en angoisse, en fardeau.

Un pas pour tout briser, tout oublier. Un joker, un coup de maître pour foutre un coup de pied au cul à tout ces échecs et découvrir autre chose : sortir de sa zone de confort.

Le temps de penser, Antonina a laissé Riley commencer à s'enlever son t-shirt, mais consciente de son plâtre (seulement ?) elle finit par l'aider; posant ensuite le t-shirt sur le côté.

Comment le désir peut-il ainsi pointer son nez, venant de nulle part ?

- ..Joker.

Lâche-t-elle doucement, comme dans la continuité de ses pensées avant de se pencher un peu plus vers son patient pour lui mordiller la lèvre inférieure afin de l'embrasser ensuite.
 

Antonina ne sait plus vraiment ce qu'il se passe, pourquoi elle a fait ça, ou disons qu'elle cesse d'y penser : impossible de réfléchir maintenant que la zone est passée dans le rouge. Elle a franchie la limite, elle a sauté à pied joins dans l'inconnu et l'imprévisible. Pourtant, la situation s'était presque présentée comme un contrat : gagnant-gagnant, il tirait son coup, elle irradiait sa vilaine et pesante virginité ? C'était ça ?
Qu'elle virginité alors, sans repasser la définition, ils parlaient bien ici d'affaire "totale", d'union charnelle, pas de certains préliminaires que la jeune femme connaissait visiblement assez pour se lancer dans un tel baiser. Mais la suite, la suite alors ? Quand ? Comment ? C'était cette envie là qui poussait le médecin à oublier ses patient, foutre un coup de pied au cul de l'écart d'âge et de mentalité, glisser son ego de côté pour une pincée d'épanouissement ? Si elle pouvait y penser, ça lui rappellerait cette série télévisée de sexe et de vie citadine où une héroïne romantique, à l'attente de son prince charmant fini par péter un câble à cause de l'abstinence. "I just really want to be fucked !" disait-elle. Était-ce genre de pensée que l'audacieux garnement avait éveillé en miss Curtis ? Sans aucun doute, il était pour cette affaire un bon parti. Pas comme ceux que la jolie blonde avait tendance à repéré d'habitude, ce bon parti là s'offrait sans condition autre que la liberté. Où était le mal ? Agir comme une femme avec des désirs, des envies, sans jugement, sans que personne ne sache, juste lui et elle. Qui aurait besoin de savoir ? Personne. Qui angoisserait à l'idée de se donner trop vite à un homme qui la ferait craquer pour rien ? Plus Antonina.
Et puis, pour l'heure, les corps parlaient plus que la raison : son cœur s'était emballé, entraînant sa respiration avec lui. Elle se sentait fragile, l'instant semblait délicat à saisir et pourtant elle vivait. Pleinement, spontanément, Antonina crû un instant qu'elle allait défaillir, mais elle poursuivait : fonçant tout droit.

Un certain frisson parcourt son dos lorsque les lèvres de Riley dérivent, la jeune femme se perd quelques secondes à fermer les yeux, elle lâche un soupir et pose ses mains sur son bas ventre, réinstallant une légère distance entre eux. Une distance qu'elle ne peut pas plus accentuer sans se détacher de l'emprise du jeune Morris, chose qu'elle ne choisit pas de faire, car c'est cette "emprise", cette légère pulsion sur la nuque, qui maintient une certaine tension. Une tension qu'elle n'aurait jamais imaginé partager avec lui.

- Sois pas si procédurier..

Répond-t-elle à sa demande, comme une envie de ne plus poser de mots sur ce qui se passe afin de ne pas ramener ça a la réalité.  Il se passe quelque chose d'évident, et elle ne veut pas savoir quoi, car elle sait qu'en prenant le temps d'y réfléchir elle serait capable de rebrousser chemin aussi sec, abandonner son joker sur un coup de tête sans plus jamais pouvoir réellement faire marche arrière.

Ses yeux plongent quelques secondes dans ceux de Riley, ils sont à peu près la seule fenêtre de "vérité", elle n'y avait pas pensé quelques jours auparavant, mais même lorsqu'il fait le coq ses yeux demeurent d'une sincérité et d'une "simplicité" presque candide qui parviennent à toucher Antonina. Cette dernière pose à nouveau ses lèvres sur celles de son patient, longuement, allant du délicat au plus intense, avant de monter une marche de l'escabeau de la table de consultation. Surplombant ainsi le jeune homme, elle passe sa main gauche dans ses cheveux bruns, tandis que de sa main droite elle s'essaye, tremblante, à descendre la fermeture éclaire du dos de son bustier.



 

Si il était surprenant qu'Antonina se retrouve dans cette situation avec l'un de ses patients, il était surprenant tout court qu'elle se retrouve aussi rapidement échaudée avec un homme.. d'autant plus un homme avec qui elle ne partageait rien. Abonnée à la romance et aux diverses coutumes urbaines comme "pas avant le troisième rendez-vous", la jolie médecin franchissait à ce jour toutes les limites qu'elle avait pu un jour s'imposer. Mais l'ambiance s'électrisait de plus en plus, assez pour que cerveau et réflexions cessent de fonctionner pour laisser place aux corps et pulsions.
Quand il s'est pointé dans son cabinet, il y a de ça cinq ans, il était tout juste majeur, avec un peu plus d'âge Antonina aurait eut moins de complexes à dire qu'elle l'avait quasiment vu grandir cet énergumène et que par conséquent aucune notion de désir s'était jusqu'alors installée.
Jamais en l'invitant chez elle après la pluie et un sauvetage de chatons la jolie blonde aurait imaginé tout ça, jamais cette scène n'avait ne serait-ce que frôlé son esprit jusqu'à ce que Riley eut l'audace de lui faire du rentre dedans.

Lorsque le bustier doré glissa enfin pour choir au sol, la jeune femme eut un certain frisson, elle savait qu'elle en arriverait là en entreprenant d'ôter son haut mais l'être et le penser n'étaient pas vraiment semblable : quelques secondes de timidité, de honte peut-être, saisissent Antonina qui regrette légèrement ses actes... jusqu'à ce qu'elle observe la réaction de Riley. Ils se découvrent, comme deux adolescents, le comportement du vendeur est presque plus délicieux que ses propres ressentis à elle : son regard, son souffle, ses gestes.. tant de choses que miss Curtis ne prenaient pas réellement la peine de remarquer auparavant, trop envahie à chaque fois par une vague de remords et de pensées moralisatrices gâchant l'instant plus qu'autre chose.

Cette excitation latente se réveille derechef sous l'impulsion de Riley, impulsion qui bouillonne le ventre d'Antonina avec une ardeur naissante et plus manifeste. Elle attrape la nuque du grand brun alors qu'ils s'embrassent; son cœur s'accélère de plus belle tandis qu'elle glisse une main sur l'une des cuisses de son patient. Ils peuvent continuer longtemps à tourner autour du pot ainsi et à échauffer la moindre parcelle de leur être, mais ils semblent pas en avoir l'envie, le lieu n'y est même pas propice. Détachant doucement ses lèvres de celle de Riley, Antonina glisse furtivement ses yeux sur l'entrejambe de son patient avant de nicher sa tête dans le creux de son cou, descendant sa main dans son dos pour rester contre lui comme il l'avait suggéré en la maintenant contre lui par le dos aussi.

Elle déglutit doucement, trop agitée par la tension qui la tiraille intérieurement, caressant doucement la cuisse de l'insolent jeune homme avant d'attraper sa propre jupe, qu'elle relève un peu pour pouvoir poser un genoux sur la table de consultation, prête à s'installer à califourchon quand on frappe à sa porte.

Le temps semble se stopper l'espace d'un instant, Antonina se recule, fixe Riley comme si elle attendait une explication de sa part alors que la réponse ne pouvait venir que d'elle.
Pourquoi ? Comment ? Qui ?
Sa respiration s'accélère, plus par stress que par excitation, la bulle qu'elle s'était crée avec son patient (chose pas normale, mais bon) s'était évaporée en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

- ..Merde.

Après avoir jeté un oeil à l'horloge, Antonina comprit ce qui clochait, elle attendait quelqu'un, et pas que, et c'était l'heure, c'était même un peu plus de l'heure. Et puis d'autres clients attendaient, c'était pas le moment de tarder, pas avec Riley c'était jamais bien long, ou peut-être que ça ne l'avait pas été tant que ça ?
La notion de temps lui avait échappée en même temps que son bustier.

Posant ses mains sur le torse du jeune homme pour prendre une sorte d'appui pour se reculer, Antonina ramasse son bustier et se le remet en se déplaçant vers la partie bureau du cabinet.

- Rhabilles-toi.

Dit-elle seulement, plus confuse qu'auparavant, plus confuse encore que durant ces dernières semaines, s’efforçant de reprendre un minimum de contenance avant d'ouvrir la porte.

- Bonjour Sienna, tu vas bien ? J'ai..j'ai pas fini du coup Monsieur Winston n'est pas encore là. Entre, entre..

 

La veille au soir, un patient était arrivé aux urgences, son dossier médical en main, parce qu'il était trop tard pour qu'il appelle son propre médecin. C'était Sienna qui s'était occupé de lui, elle était de garde. Travailler aux urgences lui plaisait assez, elle se sentait utile. Mais maintenant, il fallait faire passer le dossier médical en question au médecin traitant, médecin que la brunette connaissait bien pour y avoir fait un stage avant d'être diplômée, médecin qu'elle revoyait même de temps en temps en dehors du travail, médecin qu'elle appréciait, même plus, qu'elle admirait. A vrai dire, elle se faisait une joie de lui rendre visite pour lui donner le dossier et assister avec elle à la consultation. Déjà parce qu'elle sortait de l'hôpital, ensuite parce qu'elle la verrait elle et que pendant un laps de temps, même court, elle travaillerait avec elle. Ne possédant pas de voiture, la jeune femme s'était donc rendue en bus de l'hôpital au cabinet d'Antonina.

Arrivée devant le bâtiment, la jeune femme regarda sa montre pour y lire l'heure. Elle monta rapidement les marches et se rendit donc devant la salle de consultation de mademoiselle Curtis. Elle regarda l'heure de nouveau. Il n'y avait aucun doute, c'était l'heure qu'elle lui avait donné pour le rendez-vous. Elle toqua donc à la porte, attendant qu'on lui ouvre.

Elle attendit plus longtemps qu'elle ne l'aurait pensé, plus longtemps que si le médecin avait été assise à son bureau ou même juste debout à côté de la table d'auscultation. Mais elle lui ouvrit, enfin. Sienna la regarda du haut de son mètre cinquante-cinq, souriante. Cependant, elle ne put s'empêcher de remarquer que les joues de son interlocutrice ne semblaient pas avoir leur teinte naturelle, elle s'abstint cependant de faire un quelconque commentaire. C'était-il passé quelque chose ? Dans tous les cas, la blonde n'y fit pas allusion.

-Bonjour Antonina ! Oui oui ça va, et toi ? Ça ne fait rien, je peux attendre, je n'ai rien qui presse.

Elle entra donc, assez gaie, le dossier du monsieur Winston en question à la main. Elle tourna son regard vers la table pour y découvrir... Riley. Pourquoi fallait-il obligatoirement qu'elle tombe sur lui ? Elle n'allait pas lui reprocher d'aller chez le médecin, elle le grondait déjà suffisamment quand n'y allait pas ou même qu'il avait beaucoup d’égratignures. Et d'ailleurs, son ami semblait à peu près autant dans on état normal qu'Antonina, c'est-à-dire assez loin de celui-ci. Perturbée, la jeune femme ne put s'empêcher de regarder successivement les deux occupants de la pièce, peinant à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Mais avait-elle vraiment envie de le savoir ? Elle commençait à en douter. Cependant elle ouvrit enfin la bouche, regardant Riley, essayant de faire comme si elle n'avait rien remarqué de spécial.

-T'as vu, tu me manques trop alors maintenant je m'incruste à tes rendez-vous de médecins, mais je crois que j'arrive trop tard, je n'ai pas eu le chance de te voir à poils.

La taquinant, comme il le faisait très fréquemment avec elle, c'était comme une petite vengeance et pourtant, elle ne pensait pas si bien dire.

 

- Hm hm.

Dit-elle en souriant, sachant pas réellement quoi répondre sur le moment, tirant juste le bord de son corset, angoissée à l'idée qu'il puisse être mal placé, avant de se passer nerveusement la main dans le cou en se dirigeant derrière son bureau. Une chance pour Antonina que Riley et Sienna soient amis, ça leur permettait de converser un peu et de focaliser l'attention de Sienna partout ailleurs que sur elle-même. D'habitue, la jeune Curtis était douée pour faire semblant, la plupart des personnes qui côtoyaient sa famille trouvaient leur facilité à cacher leur émotions trop fourbe pour être honnête.
Lorsque la jolie brune énonça le fait qu'elle arrivait trop tard pour pouvoir voir Riley tout nu, le médecin ne pût s'empêcher de lâcher un rire aiguë.

- Vous êtes drôles.

Leur lança-t-elle négligemment avant de s'asseoir et de checker rapidement son agenda puis ses dossier pour ranger celui que Sienna était venue lui remettre.

- Oui oui fais-donc ça.

Antonina n'arrivait plus à regarder Riley, elle répondait le plus rapidement possible et évitait de songer à ce qu'il venait de se produire, pourtant son corps lui ne s'en remettait pas encore et l'idée de devoir terminer la journée avec une telle frustration la perturbait assez.

- Je vais.. Accueillir le prochain patient, j'ai pris un peu de retard, discutez un peu, Sienna on se revoit très vite, hm ?

Sur ces mots, blondie se relevait afin de se diriger vers la porte de son cabinet pour congédier tout le monde et accepter le patient qui, étant donné son âge, n'avait aucun risque de la perturber. Elle se sentait désolée autant pour Riley que pour Sienna, mais à l'instant présent il lui était impossible de faire figure parfaite face à ces deux jeunes gens.



 

Sienna sourit aux stupidités de Riley mais même si ses paroles n'ont rien d'inhabituel, elle ne peut pas douter qu'il s'est passé quelque chose, qu'ils sont ni l'un ni l'autre dans leur état normal. Que son T-shirt soit à l'envers ne l'alerte pas plus que ça, de toute façon c'est Riley, il n'y avait pas grand chose qui l'étonnait. Mais il ne lui sourit pas comme d'habitude, il ne la regarde pas comme d'habitude. Et Antonina en rajoute, ne répondant pas clairement à sa question. Ça va pas, c'est ça ? Et pourquoi personne ne dit rien ? Sienna ne sait pas ce qu'il s'est passé et ça l'énerve.

Le rire d'Antonina tire la brunette de ses pensées qui reporte son attention sur Riley. Passer du temps avec lui ? Elle n'allait pas dire non, mais avait-il au moins conscience qu'elle, elle ne ferait pas comme si de rien n'était ? Qu'elle allait forcément lui poser des questions ? Et voilà que la blonde approuvait en plus.

-Attends-moi, comme ça tu me raconteras l'histoire de ton bras.

Oui parce que si Sienna savait qu'il était cassé, elle ne savait ps vraiment pourquoi, elle avait perdue l'habitude de lui demander la raison de ses blessures, il en avait tellement, elle se contentait de la gronder. Mais là, ça semblait presque important, étant donné l'état dans lequel ce bras semblait les mettre.

Puis la maîtresse des lieux décida de les congédier. Ah ? Elle n'était pas censée s'occuper d'un patient avec elle ? Sienna était perturbée du fait qu'ils soient perturbés. Quelle influence. La jeune infirmière se rapprocha donc de la porte d'entrée suivie de Riley. Elle allait pouvoir l'embêter du coup.

-Ah oui, à très bientôt alors.

Mais avant de franchir la porte, Sienna se rapprocha un peu d'Antonina, levant un regard interrogateur vers elle, lui chuchotant quelques mots qu'elle espérait que Riley n'entende pas, et puis même s'il les entendait ça n'avait aucune importance.

-Tu sais s'il t'embête, te laisse pas faire, tape-le un peu.



 

A présent qu'ils étaient jetés dehors, ils suivirent Antonina jusqu'à la salle d'attente puis vers la sortie. Sienna avait bien remarqué le regard de Riley sur les jambes du médecin et lui souffla discrètement à l'oreille, sur un ton amusé.

-Eh bah, j'espère que tu ne me regardes pas comme ça quand j'ai le dos tourné.

Elle plaisantait, elle savait bien que non. Riley n'était pas comme ça avec elle. Mais puisque lui et Antonina étaient déjà tous les deux gênés, ils n'étaient plus à une remarque près, pas vrai ? Et puis elle comptait bien savoir ce qu'il s'était passé, elle n'en démordrait pas, même s'il était doué pour changer de sujet.

Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, il commença à lui expliquer pourquoi son bras était cassé. Se foutre de lui ? Oh non, depuis le temps, toutes ses blessures ne l'amusaient guère, ça avait plutôt tendance à l'inquiéter. Est-ce qu'il avait une idée au moins, du sang d'encre qu'elle se faisait parfois ? Elle lâcha un soupire lorsqu'il commença à raconter son histoire, s'attendant au pire.

Quand il a fini, Sienna lève la main pour lui mettre une claque sur la tête, enfin ça elle aimerait bien, sauf qu'elle est trop petite, alors elle se contente de lui claquer l'épaule, grognant.

-T'es vraiment stupide. Et nul. Et je sais pas quoi faire de toi !

Elle passa donc la prote que Riley lui tenait et regarda un peu autour d'elle comme si ça allait lui donner une réponse à sa question.

-Va pour le café, tu me raconteras pourquoi vous étiez dans cet état là, tous les deux.

Et bim. T'as cru qu'elle allait oublier hein ?