lle est venue sans bagage,
Quand, échoué d'un naufrage,
Dans les cales d'un cargo,
Elle a quitté son île
Pour un monde nouveau,
Loin des bidonvilles.

Oh Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs pour les dockers du port qui ne pensent qu'à boire, Oh Macumba, Macumba,elle danse tous les soirs pour des marins largués qui cherchent la bagarre, Oh Macumba. Oh Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs au rythme des salsas, aux accords des guitares. Oh Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs et elle offre sa nuit contre quelques dollars !!

Chantant à tue-tête seule sa voix brise le silence de la colline Mont-Royal à ce moment donné. C'est précisément pourquoi elle se sent seule, seule au monde, seule gouvernante de son énorme tas de terre qui lui permet de voir la ville de loin et s'imaginer qu'elle les gouverne elles aussi : les petites lumières de la ville. C'est presque un exploit qu'elle ai réussit à pédaler jusqu'ici car pour le moment trop de choses lui montent à la tête et la Terre tourne et tourne et tourne encore. Merle-Rose, oisillon de simplicité, pose ses fesses dans l'herbe et attrape machinalement son paquet de cigarettes dans la poche de son perfecto en cuir : la touche rock de sa tenue preppy composée d'une robe noire à col claudine blanc et de mocassins "chat-noir". Fumer un coup va la reposer, c'est précisément ce qu'elle se dit, soufflant doucement la fumée qui ressort de ses poumons.

Lui prend l'envie d'être ringarde, la nuit lui est offerte, le silence est agréable après avoir passé quelques heures en club, le vide est précieux après avoir côtoyé le monde de la nuit, mais encore un peu euphorique de l'alcool qu'elle finissait encore en grimpant la colline, l'oisillon retourne près de son vélo pour attraper dans sa boîte quelques effets basiques : son téléphone et son Ipod, le téléphone au cas où elle s'ennuierait, qu'importe l'heure tardive (ou au contraire trop matinale), l'Ipod pour y brancher le casque et se réaliser une petite radio, pas bien puissante mais c'est pas vraiment ce qui l'importe.

Give me the night, Merle joue des épaules, doucement, encore prête à danser mais surtout prête à redescendre doucement dans le joli cadre que lui offre Mont-Royal.
September, Merle chante, c'est trop aiguë pour sa voix roque et brisée par le trop plein de tabac qu'elle a pu fumer depuis ses 15 ans, mais elle persiste quand même. Ba de ya, say that you remember.. Ba de ya, dancing in September, Ba de ya, nananananaaaa..
Certains sons lui rappellent des soirées folles, certains lui redonnent envie de faire face à des platines et mixer un peu.
Last night a DJ saved my liiife. Last night a DJ saved my life from a broken heart. Last night a DJ saved my life. Last night a DJ saved my life, with a soooong.

La jeune femme se dresse sur ses jambes frêles et se dandine un peu en observant ses lumières, consumant sa clope.
La solitude a du bon, mais les rencontres imprévues encore plus, c'est-ce qu'elle se dit au moment où une silhouette se fait apercevoir, un silhouette d'homme, d'homme blondinet lui disent même les lampadaires. Il avance.. pas assez vite : Merle, peu inquiète, s'avance vers celui qui vient lui piquer sa colline. Mais elle sourit, car si c'est lui elle peut bien partager.

Storm !