J'ai de plus en plus de mal à supporter Alison et ses hurlements, ou encore tous ces trucs qu'elle balance à travers la maison, ou qu'elle me jette dessus. J'ai besoin de respirer. Je la laisse dans sa crise, prends une veste et sors.
- Où tu vas connard?! T'as nul part où aller!
Me voilà enfin dehors. Je peux enfin respirer... C'est vrai, j'ai nul part où aller. Mais parfois même la rue me semble une meilleure option qu'Alison... Elle me rejette sans cesse mais au final ne supporte pas que je parte. Je sais que si je reviens, elle me laissera entrer. Cette relation me pèse, je n'aime pas cette femme, elle ne m'aime pas non plus. Pourtant elle s'accroche à moi comme si elle craignait la solitude. Ou bien peut-être a-t-elle juste besoin d'un souffre douleur, et d'un type dont elle peut profiter quand elle veut. Et moi j'ai besoin d'un toit, et je ne veux surtout pas déranger Alec avec ça. Alec... Je ne lui ai même pas dit que j'étais sorti de prison. Il ne mérite pas de ne pas être au courant. Il a trop été présent pour moi.
Il était dans les environs de 19h. J'étais dehors, et je sortis mon téléphone portable (acheté par Alison. Pour m'acheter, ou pour pouvoir me suivre quand elle veut j'en sais rien) et compose le numéro de mon petit frère. Alors que j'entends sa voix à l'autre bout du fil, c'est comme une bouffée de chaleur et de bonheur.
- Alec... C'est moi, Adam. Tu fais quelque chose ce soir? Ca y est. Je suis sorti. Et j'aimerais vraiment te voir sans vitre entre nous.
Pouvoir le voir réellement, sans devoir lui parler dans un téléphone. Pouvoir le prendre dans mes bras... C'est tout ce dont j'ai besoin.
Cette journée était comme toutes les autres journées. Je m’étais levé tranquillement, j’avais été courir avant d’aller au commissariat, puis après avoir pris une douche après mon footing, j’avais pris ma voiture et était allé rejoindre mon bureau. Là, j’avais été d’abord me faire un café, fit une grimace en prenant la première gorgée, car oui, il fallait avouer que le café du boulot n’était pas des meilleurs. Puis j’arrivais à mon bureau, commençais à ouvrir mon premier dossier et commençais à analyser toutes les données, me concentrant. En fait, je n’avais pas envie de penser en ce jour, je n’avais aucune envie de jeter un œil au calendrier et voir cette date sous mes yeux. Cette journée, ou plutôt cette date, pour moi n’était nullement ma préféré, elle m’avait toujours laissé un sentiment de colère, de frustration et de tristesse. Tout était mélangé, alors, pour éviter de penser à tout ceci. Je suis sûr que vous vous demandez pourquoi cette journée est un jour aussi chargé en émotion. Il y a quelques, ma vie à bousculer, du jour au lendemain, avec un simple coup de téléphone, un sentiment d’injustice et une envie d’arrêter d’être en arrière. Tout ça à cause de la mort d’une sœur qui revenait tranquillement chez nous, et qui au détour d’une ruelle à trouver la mort dans un vol qui avait mal tournée. C’est ce jour-là, que sur un coup de tête, j’avais pris la décision d’arrêter mes études que je m’étais engagé le lendemain à l’école de police.
Et la première personne qui avait été au courant était un ami d’enfance, qui avait toujours été pour moi comme un deuxième grand frère, une personne qui m’avait appris à jouer de la guitare. Jusqu’au jour où il avait commis une erreur, une grosse erreur et qui le coupa net dans sa vie l’envoyant dans une prison avec cette tenue orange agressive. Tout le monde lui avait tourné le dos, sauf ma famille qui l’avait soutenue début à la fin et encore maintenant. Mais je travaillais, et les heures défilaient, sans même que je m’en aperçoive
Puis une sonnerie retentis, comme un bruit de fond qui me tirait petit à petit de mon petit monde fait que de minuscule indice. Je regardais un peu partout, puis enfin posait les yeux sur mon gsm vis un numéro qui je ne connaissais pas. Alors je fronçais les sourcils, prenant mon téléphone et décrochant « Allô ? » Et là, j’entendis une voix que je connaissais et qui n’était autre que ce fameux grand frère qui m’avait appris la guitare. « Adam ! » Il me disait qu’il était sorti, et qu’il voulait me voir alors ni une ni deux, je lui répondis. “Oui! Bien sûr!” Je réfléchissais quelques seconds avant de lui proposer de se rejoindre dans ce petit snack où on mangeait souvent tous les deux. « On se rejoint au snack ou on allait. Tu te souviens ? » Je prenais déjà ma veste sans même attendre sa réponse, content d’avoir une autre distraction que mes dossiers et content de le revoir en dehors de ces murs en bétons. « Ou si tu veux aller autre pars pas de soucis. »
Entendre sa voix au téléphone en sachant que j'allais le voir réellement, sans vitre entre nous, que j'allais pouvoir le serrer dans mes bras... C'était émouvant. Juste génial. Sortir de prison m'avait fait presque aussi peur que d'y rester. Mais juste pour ça, ça valait le coup. J'avais même un sourire sur le visage. Le seul truc qui me fait mal c'est que... Je lui ai pas dit, pour ma maladie. Je l'ai su il y a quelques mois et j'ai pas eu la force de lui dire. Est ce que mon espérance de vie est restreinte? Les médecins disent que ça dépend des gens. Chez certains ça peut abréger considérablement la vie. Chez d'autre, ça ne change rien. Alors... Je suis juste dans l'ignorance totale. Je ne sais pas si c'est mieux ainsi...
- Bien sûr que je me souviens! On se retrouve là bas!
Je raccroche et me dirige vers le dit snack. Une fois là bas, j'attends un peu qu'il arrive. Quand je le vois arriver... C'est magique. C'est à ce moment là que je réalise que je suis libre. Pour de bon. Et lui, mon frère... Il est l'un des seuls a avoir cru en moi jusqu'au bout.
Alors qu'il s'approche de moi, je le prends dans mes bras, le serrant un instant avant de le relâcher, lui adressant un sourire.
Sans hésite, je désertais mon poste, pour me rendre à ce snack. Dans ma famille, on attendait que ce jour, celui où il allait sortir. Car même s’il était coupable, on savait qu’il n’était pas à la base de ce genre d’homme. Mon père l’avait connu enfant, il l’avait même gardé parfois, il avait même voulu pendant un temps prouver qu’Adam était innocent, mais force à se rendre compte que ce n’était pas le cas. Adam, lui avait assumé son erreur, mais toute sa famille lui avait tourné le dos, alors il ne lui été resté plus que la mienne. Mes parents l’avaient laissé nous garder quand ils partaient pour une soirée romantique, il nous avait appris à mon frère et moi à jouer de la guitare, ou encore à jouer au football. Il avait vraiment été pour nous un grand frère et on ne tourner pas le dos à une personne de sa famille.
Alors j’étais heureux de le savoir sorti de cette prison, heureux de pouvoir lui parler sans avoir des gardes pour le surveiller. On allait même pouvoir manger ensemble ce qui ne nous était pas arrivé depuis qu’il était rentré dans cette prison. Alors quand je le vis dans le snack, j’arrivais près de lui d’un pas précipité et le pris dans bras. Une bonne accolade de mecs virils, dignes d’un homme un vrai.« Adam ! Je suis content aussi. » .Oh que oui, j’étais content de le voir. Après notre accolade, nous prenions place à une table. Une serveuse arrivant une chique en bouche, la mâchant comme une vache et sur un ton un peu lasse, elle nous demandait ce qu’on voulait commander. Alors je demandais un café et des pancakes, même si ce n’était pas l’heure pour les pancakes. Mais une question me tracassait. Depuis quand il était sorti et pourquoi il ne m’avait rien dit. Je serais allé le chercher, je l’aurais même hébergé chez moi, pour ça, il n’y avait aucun souci et il le savait.Oh que oui, j’étais content de le voir.« Mais depuis quand tu es sorti ? Et pourquoi tu ne m’as rien dit, je serai venu te chercher. » Mais j’étais content de le voir enfin sorti de prison. Cela faisait du bien. « C’est bon de te voir en dehors de cette prison. » Par contre, il avait une sale mine « Tu vas bien ? »
On s'installe à notre table habituelle. Enfin quand je dis habituelle... C'était il y a 20 ans. Putain... 20 ans de ma vie de gâchés... 20 ans sans pouvoir réellement profiter de la famille que je considérais désormais comme ma seule et unique. Celle d'Alec. Le revoir me fait tellement de bien. Je me sens vieux, mais je me sens bien putain. Je ressens enfin cette sensation de liberté.
Je me souviens tous ces moments passés avec Alec et son frère. Je me souviens de ses parents qui m'ont toujours si bien accueilli, qui m'ont pris sous leur aile comme si j'étais un troisième fils. Je me souviens de ces après midi passés à jouer au foot sous le soleil qui frappait fort, ou même sous la pluie. On s'en foutait, on s'amusait trop. Je me sentais important pour eux, comme si j'étais capable de leur apprendre quelque chose. Et surtout je me sentais aimé, et je les aimais. C'était une sensation géniale. Et bien qu'avait j'avait aussi l'amour de mes parents... Aujourd'hui c'était autre chose... Alors être avec Alec aujourd'hui, me touchait énormément. Il n'a jamais lâché prise, il ne m'a jamais abandonné. Pourtant il est devenu policier. Mais il a toujours cru en moi malgré ce que j'avais fait. C'était un accident, un horrible accident et je me détestais pour ça. C'est grâce à Alec si j'ai tenu tout ce temps. Grâce à lui que je m'accrochais à la vie et à la liberté, même si j'avoue avoir déjà tenté de mettre fin à mes jours, à cause de ce que j'avais fait, à cause des types qui me harcelaient à la prison... Mais c'est toujours en pensant à Alec que j'arrivais à me relever.
On commande des pancakes. Les pancakes c'est la vie! Ca fait 20 ans que je n'en ai pas mangé!
Alec commence ensuite à me poser des questions. C'est normal... J'aurais du tout lui dire, j'aurais du l'appeler en sortant de prison... Il avait le droit de tout savoir. C'était même un devoir de tout lui dire. Mais ça fait si mal. Je n'ai pas envie de lui parler de ma maladie. Je n'ai pas envie de voir de la tristesse ou je ne sais quoi dans son regard. Je ne veux pas lui faire de mal. C'est tellement plus simple de cacher la vérité... Mais il se doute que quelque chose ne va pas. Il me regarde avec une certaine inquiétude en me demandant si je vais bien. J'ai un air inquiet dans mon regard à mon tour. J'appréhende de lui dire. Je ne sais pas comment lui dire... J'entre ouvre mes lèvres, hésitant un instant, mais je suis coupé par la serveuse qui nous ramène notre commande. L'odeur des pancakes tout chauds est délicieuse... Mais tout ça me coupe un peu l'appétit... Alors que la femme repart, je reprends, légèrement peureux, gardant cependant mon regard fixé dans celui de mon petit frère.
- Ca fait... Une semaine que je suis sorti... Si je ne t'ai pas appelé c'est parce que... Je ne me sentais pas le courage de t'annoncer quelque chose... D'assez important.
Je prends sur moi, je me sens mal, vraiment.
- Mais te voir aujourd'hui... C'est la première fois que je me sens libre depuis que je suis sorti.
Je lui adresse un sourire sincère bien que mélangé à une certaine douleur. Puis je me lance...
- J'ai appris, il y a un mois, que j'étais malade... J'ai la sclérose en plaques...
Le revoir faisait tellement du bien, non pas parce que j’étais dans un moment déprime ou quoi que ce soit. Mais j’avais tellement pris l’habitude de le voir derrière une vitre dans un parloir que de le voir véritablement, dans un snack près à commander de quoi manger, faisait du bien. Cela faisait des années qu’on ne s’était pas vues en dehors des murs de cette prison. Adam, avait été pour moi un second grand frère, il m’avait appris à jouer à la guitare, m’avait taquiner comme les aînés les faisait qu’on leur benjamin parlait d’une fille. Bref, il avait toujours été proche de notre famille.
Et il ne lui restait plus que nous, la sienne lui ayant tourné le dos. Dans un certain sens, je peux les comprendre, comment regarder son fils droits dans les yeux alors qu’il a commis l’irréparable, comment faire pour oublier ce qu’il avait fait. Enfin tout ce que je sais, c’est que maintenant, il avait purgé sa peine et qu’il était sorti de cette enfers dans lesquels ils s’étaient plongé. Maintenant, il était en face de moi, avec un visage marqué, ce qui était compréhensible. Après tout ce n’était pas dans un club med où il était allé, loin de là. Je reprenais place, autour de la table.Adam lui, m’annonçait que cela faisait une semaine qu’il était sorti de prison, je n’aimais pas qu’il ne m’ait pas prévenu, je l’aurais accueilli chez moi sans hésitation et je ne comprenais pas pourquoi il ne m’avait pas appelé directement « Adam, tu aurais dû appeler, moi ou mon père ou n’importe qui de la famille. » Je préférais le savoir avec moi plutôt qu’avec quelqu’un que je ne connaissais pas, peut être parce qu’en quelques sortes ce lien familial (même s’il ne faisait pas vraiment partie de la famille) était très fort.Fallait dire qu’avec tout ce que nous avions vécu pour nous cela était important et on s’était promis de veiller les un sur les autres. C’est ce que je faisais avec Isa, même si elle aussi n’était pas une Wallace.
On venait m’apporter mon café est mes pancakes, je remerciais la serveuse et en profitais pour demander à Adam ce qu’il voulait. Après, il venait de sortir de prison alors autant qu’il reprenne goût aux bonnes choses et le plus vite possible « Tu veux quoi, je t’invite. ». Je le laissais commander, mais au lieu de ça, je l’entendis me dire qu’il était malade et qu’il avait une maladie assez grave. Je posais ma tasse de café sur la table, restais quelques secondes sans rien dire. En fait, je ne savais pas vraiment quoi dire, pauvres vieux, pour moi, il était hors de question, je n’aurais pas aimé qu’on ai un ton plein de pitié…Mmmh oui, c’était vraiment difficile de savoir comment réagir. Même quand je lui répondais, je n’étais pas sûr que ça soit la meilleure des manières. Je prenais une ton calme et sérieux « Je vois…. Et tu as été voir quelqu’un depuis ta sortie ? Tu as un traitement ? ». Il aurait dû m’appeler, en ça, j’en étais convaincu, il aurait dû me le dire ce qu’il se passait plus tôt. Mais je n’allais pas lui faire de reproche, non, car pour lui cela ne devait nullement être facile, d’abord de l’apprendre, de l’accepter et ensuite, de le dire à son entourage. « C’est en prison que tu as appris ça ?» Ben, oui quelle question, cela faisait une semaine qu’il était sorti, alors où est-ce qu’il aurait pu apprendre qu’il avait cette maladie. « Oui forcement vu que tu es sorti il y a une semaine » Je reprenais une gorgée à mon café et je réalisais que je ne lui avais pas demandé le plus important. Comment lui se sentait par rapport à tout ceci. « Comment tu te sens, toi, par rapport à tout ceci ? »
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