▼ Date d'inscription : 27/12/2015 ▼ Messages : 228 ▼ Avatar : John O'Callaghan ▼ Crédits : BPurified
Sujet: Sit back and watch the world explode Mar 30 Aoû - 15:51
❝ Sit back and watch the world explode. ❞I - (Un) lostSes doigts courent le long des cordes tirées sur le manche, son menton reposant sur le bois de l'instrument calé entre sa mâchoire et son épaule, sa main droite faisant glisser avec habitude l'archet dans une succession de notes fluide, raisonnant dans son appartement vide. Les manches de sa chemise sont retroussées, les pans sont sortis de son jean, dans un schéma visant à le mettre à l'aise, à rendre l'instant confortable. Le tic-tac de l'horloge se fait discret dans cette mélodie, lui servant inconsciemment de métronome presque silencieux et, si on tend vraiment l'oreille, on peut entendre les faibles chuchotements de la télé allumée, servant de bruit de fond pour l'homme qui ne supporte pas le silence. Sur la table basse dans son salon, il a mêlé aux nombreuses feuilles noircies par son écriture un verre de whisky à peine entamé, qu'il a abandonné, oublié, à l'instant même où il a saisi la boîte de son violon, ressentant subitement le besoin de noyer ses pensées en jouant. Certains diraient que l'envie lui est venue après le coup de téléphone reçu un peu plus tôt, venant d'un oncle du côté paternel. Peut-être est-ce le cas, sûrement, même. Il a conscience que la date se rapproche, que bientôt, il devra franchir les portes du cimetière, comme tous les ans, et que comme tous les ans il ne sera pas seul. Qu'il verra ces hommes, ces femmes, venus pour la même raison, mais pas tout à fait. Lui disant qu'ils le comprennent, mais pas tout à fait.
Comme tous les ans, quelques jours avant, il choisit la musique à l'alcool. Il noie ses pensées dans le son, et non dans l'oubli abruti, le sommeil sans repos, le corps engourdi. Corps qui a l'habitude, tout comme son foie, malheureusement. Pour une fois, pas de fumée qui imprègne les tissus alentours, pas d'odeurs qui s'accrochent au tapis et aux vêtements pour refroidir et dégager des effluves dérangeants dont il peine à se débarrasser. Pas de liquide ambré, rouge, incolore ou autre coulant dans sa gorge, propageant une chaleur caractéristique qu'il chérit comme on chérirait un bijou ayant une valeur sentimentale, comme un vieil ami qui nous étreint. Rien que le son familier de cet instrument qu'il tient avec la plus grande tendresse du monde, l'absence de douleur due à des années de travail et de corne sur l'extrémité de ses doigts experts, le calme et la passion qui l'habitent dans cet instant qui n'appartient qu'à lui.