lucy c'était une fille gentille. je l'ai toujours trouvé belle, avec ses cheveux qui sur ses épaules paraissaient indomptables. lucy, elle disait pas beaucoup de mots, ou alors jamais rien qui voulait rien dire. nous les garçons de l'école, on était un peu tous amoureux d'elle, quand elle descendait la grande rue perchée sur son vélo, comme une poupée qu'aurait été prise par l'envie de respirer fort, tellement plus fort que nous tous. son père c'était le pasteur du quartier, sa mère elle était morte en couche qu'il disait. c'était un chouette type, le genre qui sourit beaucoup et qui vous fait aimer catéchisme. moi j'y allais seulement pour la voir elle, assise dans un coin, qui dessinait sur les pages des ses cahiers à grands carreaux. dieu il m'a jamais inspiré confiance, mais les histoires étaient toujours chouettes à entendre. alors j'y allais tous les jeudis, comme un con. un soir qu'on rentrait de l'école avec des copains, on est passé par devant chez elle, la grande maison aux volets bleus clairs. c'était une maison comme les autres, avec seulement le volume de la musique plus fort qu'ailleurs: ça marque, parce que le pasteur, j'aurais jamais pu croire qu'il était amateur de hard-rock. pourtant ce jour là, alors que les copains pédalaient comme des fous, je l'ai entendu la musique, et puis je l'ai vu lucy, sortir en pleurant par la porte de devant. y avait ses cheveux, si tristes sur son visage. je me suis pas arrêté, j'ai pédalé plus vite encore pour pas la voir pleurer. parfois je regrette, je me dis que les choses auraient pu être différentes. on la voyait lucy à l'école, et avec le temps, comme une fleur, on l'a vu se faner. une fois je me rappelle, je me suis assit à côté d'elle pendant le cours de musique. je l'ai regardé, longtemps, et puis je lui ai demandé comment elle allait, comme ça, comme si on était copains depuis toujours, alors qu'en fait pas du tout. lucy je lui avait jamais trop adressé la parole, et ce jour là, elle m'a pas répondu. elle a posé sa main sur ma cuisse, et elle l'a remonté tout le long jusqu'à ma braguette. un moment j'ai cru que j'allais mourir tant il m'était difficile de respirer. je l'ai regardé et je me suis éloigné d'elle, tellement brusquement sur ma chaise que certains autres élèves se sont retournés. un peu après quand je l'ai regardé à nouveau, ça m'a filé mal au coeur lucy, de la voir là toute fragile, recroquevillée sur sa chaise avec des larmes au coin de ses yeux.

lucy c'était une gentille fille, et j'entends encore son rire sur la balançoire, je vois encore ses doigts qui caressent le piano de l'église. lucy c'était une fleur pleine de pétales multicolores, un soleil qui brillait tellement fort qu'on fermait tous les yeux pour pas avoir trop mal au coeur. et puis un jour elle est partit sans rien dire à personne. un matin, on a su à la tête du pasteur qu'elle était plus là. un peu plus tard, on a apprit qu'elle avait tout quitté pour hollywood. la grande hollywood et les grands rêves de lucy, tellement immenses qu'ils la dépassaient, tellement immenses que dans un sens, je ne pense pas qu'elle les comprenait. et puis, certainement qu'elle fuyait un peu new-york aussi, qu'elle fuyait les gens, qu'elle fuyait sa vie. elle a toujours été courageuse lucy, alors finalement, ça a surpris personne, que lucy belle étoile elle finisse par s'envoler sans donner de nouvelles. pas une lettre, pas un coup de téléphone. trois années de silence. lucy pour tout le monde, elle a disparut, y en a même qu'on dit qu'elle avait du se faire bouffer par hollywood. l'immense hollywood qu'en aurais fais qu'une bouchée de notre jolie lucy, avec ses cheveux et son beau sourire, avec ses lèvres rouges et sa peau qui sentait la lavande. pourtant lucy a finit par revenir. un matin, y a un copain qui l'a vue marcher dans les rues de new-york, mince comme un oiseau frêle, avec pourtant cette jolie force dans ses yeux. lucy elle est de retour, elle l'enfant prodige, celle qu'on aimait temps. elle est revenu, peut-être l faute au pasteur, qui a ce qu'on dit aurait fait une crise cardiaque, un truc moche de ce genre là. lucy est là. elle poupée précieuse qu'on était tous sûrs de voir devenir une étoile plus brillante que toutes les autres. elle dit qu'elle a réussit, qu'a hollywood, elle a trouvé du travail, des petits rôles. elle sourit en disant que tout va bien. pourtant elle est plus fânée qu'avant. lucy y a qu'a la regarder pour savoir qu'elle nous ment.