26 juillet 1993, Portsmouth, Angleterre, 21h26

"Encore un bébé ? Mais l'orphelinat est déjà plein ! Vous êtes sûr que la mère n'avait aucun proche ? Et le père ?"

Le directeur de l'orphelinat soupira au téléphone puis abdiqua finalement. Il prendrait ce nouveau-né. Il essaierait de lui trouver une place dans les chambres déjà bourrées à craquer de son orphelinat. Il devrait sérieusement penser à mettre une pancarte devant son établissement qui dirait que ce dernier était plein et ne pouvait donc plus accueillir aucun orphelin. Oui...plus facile à dire qu'à faire. Les affaires étaient dures en cette année de 1993 et il ne pouvait refuser un bébé en ce 26 juillet, qui allait lui rapporter un peu d'argent...et les dieux savaient à quel point il en avait besoin. Dans une vie prochaine, il faudrait absolument qu'il se souvienne de ne jamais faire ce métier.


14 mars 1998, Portsmouth, Angleterre, 14h32

Rosalia jouait en riant avec son amie Sofia dans le grand jardin de l'orphelinat. Elle était heureuse et ne se préoccupait pas vraiment du fait qu'elle était orpheline. Le fait de n'avoir jamais connu ses parents lui avait donné l'immense avantage de ne pas souffrir du fait de ne pas avoir de famille. Pourtant la petite fille s'était toujours demandée quel effet cela faisait d'en avoir une...enfin pas juste une, elle voulait dire une vraie famille avec ses vrais parents. Elle s'était toujours demandée si elle avait été voulue, comment ses parents étaient, si elle ressemblait plus à son père ou bien à sa mère, ou tout simplement était-elle le mélange de tous les deux. C'étaient de simples questions qu'elle se demandait. Elle avait toujours été de nature curieuse, et même parfois un peu trop. Mais que voulez-vous, on ne peut pas se refaire.

C'est alors que Sofia arrêta de lui lancer le ballon et la regarda nerveusement. Rose fronça légèrement les sourcils. Son amie se grattait son pied droit derrière sa cheville gauche. Cela ne signifiait rien de bon et elle craignait pour la suite. Qu'allait-elle lui dire ? Elle n'allait tout de même pas partir...si ?

"J'ai été adoptée. Je pars dans une heure."

"Je te déteste !!"

Bien sûr que la brune ne pensait du tout ce qu'elle venait de crier à Sofia mais elle ne voulait pas qu'elle parte. D'ailleurs, pourquoi tous ses amis partaient et jamais elle ? Etait-elle si repoussante ? C'est sur ces pensées que Rosalia courut jusqu'à son dortoir pour finir par se jeter sur son lit en larmes. C'étaient simplement dans des moments comme celui-là qu'elle regrettait la mort de sa génitrice. Sinon, c'était presque si elle s'en fichait complètement.


25 décembre 1999, Portsmouth, Angleterre, 7h09

Rosalia ouvrit son cadeau de Noël en soupirant. Elle s'en fichait de tout cela. Elle ne voulait plus de ce livre qu'elle avait pourtant tant voulu. Elle voulait que Sofia revienne. Cette dernière lui manquait terriblement et elle n'avait jamais pu lui dire au revoir. Ses derniers mots étaient qu'elle la détestait. La brune espérait tellement que son ancienne amie comprenait qu'elle avait dit cela sous le coup de la nouvelle mais qu'elle ne pensait pas du tout ce qu'elle lui avait dit. Elle l'espérait...c'est alors ses pensées furent interrompues par l'ouverture de la porte de son dortoir. La petite fille regarda alors interloquée le couple, accompagné du directeur de l'orphelinat, s'avancer dans sa direction pour finalement s'arrêter devant elle.

"Je te présente tes nouveaux parents, Rosalia, James et Diana Richardson."

Rose n'eut que deux simples gestes qui exprimaient totalement sa joie. Elle jeta son livre sur son lit, puis se précipita dans les bras de sa nouvelle famille. Elle n'allait peut-être pas expérimenter une vraie vie de famille comme elle l'avait toujours voulu mais on l'avait adoptée. On voulait enfin d'elle. Elle n'était pas repoussante, ou autre.


10 janvier 2000, Londres, Angleterre, 8h00

Rosalia s'assit sur sa chaise dans sa nouvelle classe....Londres, elle n'aurait jamais cru y vivre. C'était un rêve insensé. En plus, cela serait sa mère qui irait la chercher à la sortie des cours. Bon d'accord, c'est vrai que c'était sa mère adoptive mais il fallait qu'elle s'habitue à appeler ces personnes "papa" et "maman". Ils étaient d'ailleurs adorables envers elle et la couvaient de câlins, bisous et cadeaux en tout genre. Rose ne s'était jamais sentie autant aimée de toute sa vie.

Tout en recopiant la leçon de mathématiques que le maître dictait, elle repensa à son emménagement dans la capitale et à sa première vraie discussion avec ses nouveaux parents. Il se trouvait que cela faisait de longues années que le couple esssayait d'avoir des enfants en vain. Ils avaient parcouru alors toutes les options qu'ils avaient pour en avoir un et ils avaient trouvé que l'adoption était le meilleur moyen de rendre des parents et un enfant heureux en même temps. C'est ainsi qu'ils avaient parcouru plusieurs orphelinats jusqu'à tomber sur le sien, à Portsmouth. Le directeur leur avait présenté plusieurs orphelins mais aucun ne leur avait convenu jusqu'à ce qu'ils la voient, elle, lisant tranquillement dans un fauteuil d'un salon. Apparemment cela avait été le coup de coeur pour eux et c'est ainsi qu'avec le directeur, ils avaient décidé de lui faire la surprise le jour de Noël. La petite fille sourit encore plus en y pensant. Elle était un coup de coeur, leur coup de coeur.


24 décembre 2007, Londres, Angleterre, 20h03

"JE VOUS AIME ! JE VOUS ADORE ! VOUS ETES LES MEILLEURS !!"

James et Diana rigolèrent en voyant leur fille découvrir son nouvel appareil photo avec caméra inclue dedans. C'était bizarre de s'imaginer que cette adolescente qui était avant accro aux livres, l'était maintenant par rapport à la photographie. C'était comme si cette dernière avait eu cette révélation en prenant sa toute première photo avec l'appareil photo de James. Depuis, elle en avait toujours un sur elle, prenant des photos presque tout le temps. C'était comme si elle vivait sa vie derrière l'objet. Et maintenant, à chaque fois elle avait toutes les dernières nouveautés pour encore mieux s'améliorer et d'ailleurs, son prof de photographie ne tarissait pas d'éloges sur la jeune fille. Apparemment il trouvait que la belle avait un don inné pour cela. C'était aussi comme cela pour la peinture et on ne savait pas pour les autres compétences artistiques, tellement il y en avait. Mais le couple Richardson s'en fichait complètement, que Rosalia soit plus douée dans telle ou telle compétence, cela ne changerait jamais l'amour inconditionnel qu'ils lui portaient et ils remerciaient chaque jour les dieux d'avoir pu l'adopter parce que malgré quelques colères, Rose était vraiment la fille qu'ils avaient toujours rêvé d'avoir.


13 août 2011, Manhattan, New York, Etats-Unis d'Amérique, 15h27

"Tu es vraiment sûre que tu veux étudier la photographie à New York ? Tu sais on peut encore t'inscrire dans une université à Londres et...."

"Stop papa. J'en suis sûre. J'ai toujours rêvé de l'étudier à Columbia University et le fait qu'ils aient accepté mon dossier....c'est carrément mon rêve qui se réalise et je ne vais pas laisser cette chance passer sous mon nez."

"Mais tu sais l'University of East London est aussi très bien."

"Je sais ce que je veux maman et c'est ici que je veux faire mes études. Je vous promets que je reviendrai vous voir pour les vacances."

Rosalia serra fort dans ses bras ses parents adoptifs puis les regarda partir, la larme à l'oeil tout de même. Une nouvelle vie commençait pour elle et elle se demandait tellement comment cette dernière allait se passer. Une chose était sûre, la jeune fille ferait tout en son pouvoir pour la rendre la plus belle possible et bien réussir ses études pour enfin devenir plus tard photographe professionnelle, le métier qu'elle a toujours rêvé de faire. C'est ainsi que pour inaugurer sa nouvelle vie, Rose prit une photo de l'immeuble où elle allait désormais vivre. A elle la liberté et toutes les magnifiques photos qu'elle pourrait faire à New York !


28 octobre 2015, Manhattan, New York, Etats-Unis d'Amérique, 22h15

Rose bailla en regardant sur son canapé toutes les photos qu'elle avait pris ce jour en allant à la boutique de photographie, puis en revenant chez elle. Elle sourit tout en supprimant les mauvaises et en gardant bien sûr les bonnes. La belle sentait réellement qu'elle s'améliorait de plus en plus en la matière et cela la réjouissait plus que tout au monde. D'ailleurs sa famille adoptive en était également ravie. Ensuite la brune reposa son appareil photo sur la table basse devant elle et prit son journal où elle écrit distinctement: "Cher journal, je sens que les prochains jours vont être géniaux."