Je me suis barré de l'hôpital et pour ne pas qu'ils me retrouvent, j'ai erré de bar en bar, buvant jusqu'à plus soif. Je ne sais pas vraiment où je me trouve actuellement mais, de toutes façons, j'en n'ai rien à foutre. J'entre sans mal dans ce bar-discothèque, personne ne s'aperçoit de ma présence et, il n'y a visiblement que des jeunes ici. Pratique j'ai envie de dire. Cela fait déjà un peu plus de deux semaines que j'ai fait le con et, l'ambiance à l'hôpital est devenue horriblement lourde. Et ce n'est pas en restant enfermé dans ma chambre que j'irais mieux, c'est évident. Alors oui, le corps médical est plutôt cool mais, à me surveiller comme ils le font, c'est juste insupportable. A chaque seconde, là-bas, je me sens épié, même quand je vais aux toilettes ! Je vis ça comme une atteinte à la vie privée, rien de plus ! Et quand ils me disent « C'est pour ton bien mon enfant ! », j'ai juste envie de leur rentrer dans le lard. De plus, je ne les connais ni d'Adam, ni d'Eve et leur sobriquet m'agace. Franchement, pour qui ils se prennent ?! Ma mère ?! Quand ils arrêteront d'être sur mon dos, j'arrêterais peut-être de faire le mur pour me barrer loin d'eux.

Je m'avance jusqu'au comptoir et attends patiemment qu'un serveur s'approche. « Tu veux quoi ? » J'observe les traits du serveur avec attention. Mouais, plutôt pas mal celui là. Je lui souris, charmeur avant de répondre : « Un shooter de Tequila, s'il te plaît ! » Il retourne à ses bouteilles et me sers ma commande. Je la bois cul-sec et repose le verre avant d'en recommander un autre et ainsi de suite. Demain, j'aurais mal à la tête mais ce n'est pas grave, au moins, je n'aurais aucun souvenir. Je m'insère finalement sur la piste de danses et commence à suivre le rythme. Je ne sais pas vraiment ce que je fais ni rien mais, on s'en fout, je suis là pour m'amuser.

Après une petite demi-heure de danses, je reviens tant bien que mal au comptoir, ratant le tabouret mais, je me rattrape au premier bras venu. Je m'installe l'air de rien et attends le serveur qui a changé entre temps et est devenu une femme. « Woooh t'as changé de sexe en trente minutes ! T'es vachement doué ! » Et moi, je suis là sans être là étant donné que mon cerveau doit baigner dans de l'alcool...

J’observe la jeune femme en face de moi. Bizarrement, je la trouve jolie. Bon d’accord, je ne dis pas qu’elle est moche hein ! Juste que de mon point de vue de gay, elle est charmante. Sauf qu’elle n’a pas vraiment le smile, c’est dommage. En même temps, je peux la comprendre, avec un travail comme le sien, au bout d’un moment, on est fatigué. D’ailleurs, est-ce que je suis fatigué moi ? Ceci est une bonne question ! Je regarde mes poignets, il y a un peu de sang sur les pansements mais je n’en n’ai rien à foutre. Je ne sens pas la douleur ni même la fatigue. « Si tu le dis ! Qu’est-ce que ça sera pour toi, ce soir ? » Bon alors, je vais prendre quoi ce coup-ci ? Je réfléchis à toute vitesse, tout du moins, avec le peu de cerveau qui me reste et me mets à rire, sans raison : « Tequila !! Double ! » Oui, double parce qu’il me faut au moins ça pour tenir la distance jusqu’à matin. Il me faut au moins ça pour oublier un peu tous ces cons qui se permettent de gérer ma vie à leur convenance. Il me faut au moins ça, pour me sentir mieux dans ma tête. Demain, j’irais dans mon lit, totalement défoncé et au réveil, je serais malade comme un chien mais, au moins, j’aurais perdu mes souvenirs quelques heures.

J’attends patiemment ma commande alors qu’un bel Apollon me fait du gringue avec ses jolis yeux. Je lui souris, charmeur et lui fait signe de s’approcher de moi avec mon doigt. Il est obéissant en plus puisqu’il le fait. Je m’installe mieux sur mon tabouret alors que le joli môme vient s’installer face à moi, entre mes jambes. Je peux sentir ses mains tremblantes d’envie sur mon corps même si cela reste innocent. Et puis après, ses lèvres viennent voler les miennes avec gourmandise, et je ne dis pas non, bien au contraire. Je réponds à ce doux contact mais, suis interrompu par un homme d’à côté : « Quelle indécence ! C’est une honte bande de petites pédales ! Les gens comme vous ne devraient pas exister ! » Okay, en plus, on tombe sur un homophobe de la pire espèce. Génial. Je ne dis rien, l’ignorant tout bonnement. Mais, mon petit protégé, entre mes jambes, quand à lui, il n’est pas de cet avis et, après un dernier baiser, il l’embarque dehors pour faire je ne sais quoi. Bon d’accord, j’ai ma petite idée et au moins, il ne causera pas de tort à la discothèque ! Il est bien élevé celui-là !

Je soupire, ne voyant pas revenir mon bel Apollon et retourne face au bar. La serveuse a disparu et ma commande n’est toujours pas prête ? J’hausse un sourcil : « Hey ma commande elle vient ou pas ? » Je suis un peu (beaucoup) mécontent là en fait…