[Terminé] Une vraie rencontre, c'est quelque chose qui ressemble au destin. ♦ Lili&Aby

30/12/2015

♦ Une vraie rencontre, c'est quelque chose qui ressemble au destin. ♦

"La tuile !" pense Abygaëlle tandis qu'elle s'avance élégamment dans les rues de l'Upper. Que lui avait-elle pris d'accepter cette mission ? En même temps, elle n'avait pas vraiment eu le choix...

En effet, quelques jours plus tôt, le grand directeur de l'hôpital, Monsieur Sarda, avait convoqué la jeune blonde dans son bureau. Au moins quatre fois plus grand que celui de la jeune femme, elle se sentait minuscule au sein de ce vaste lieu. Après l'avoir invitée à s’asseoir et lui avoir fait des compliments plus élogieux les uns que les autres, il avait pris un air plus grave. L'homme avait expliqué qu'il rencontrait de grosses difficultés pour "discipliner" sa fille. Ce mot avait choqué Aby qui n'en avait, pour autant, rien montré. Elle eût droit à la version courte, de nombreuses soirées, de la dépravation, un manque de dialogue cruel... Le directeur lui demanda, ou plutôt, lui ordonna de rencontrer sa fille pour tenter de la remettre dans le droit chemin. Les mots qui suivirent furent claires, Monsieur Sarda n'aimait pas perdre le contrôle et annonça qu'il pourrait, le cas échéant, mettre le poste d'Aby sur la sellette.

Voilà comment la jeune femme se retrouve à présent à s'avancer près d'un café, le lieu prévu pour la première rencontre. Une situation hors du commun dans un lieu autre que le bureau de la blonde, "un terrain neutre" pensa-t-elle. Vêtue d'un haut ample bleu et d'un jean noire, elle passe la porte qui émet un tintement. Elle repéra la jeune femme assise à une table. Ses longs cheveux noirs la rendait reconnaissable et puis, elle avait les traits de son père. La blonde s'avança vers elle : "Bonjour Mademoiselle Sarda, je suis Abygaëlle Carver. Nous avons rendez-vous aujourd'hui."

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« Merci papa. » Elle regardait sa montre à 3000 balles, consciente qu’elle serait sûrement en retard pour son rendez-vous : et puis m*rde, elle n’avait jamais été à l’heure de toutes façons. Les regards tournés sur elle, elle regarda de tous les côtés avant de traverser en trombe le dernier passage piéton qui se trouvait entre elle et ce café. Et quand elle fut enfin posée sur une table intérieure, dans un coin bien sombre (merci gueule de bois), elle commanda un chocolat chaud : ça lui faisait penser à sa deuxième mère, et parfois ça lui faisait du bien. Elle retira ses lunettes de soleil, et essaya de se rappeler ce qu’elle foutait là tandis qu’en cuisine, son chocolat ne tardait plus à venir. Son allure attirait le regard des gens, et elle savait qu’ils la connaissaient tous : c’est pour ça qu’elle s’en fichait bien de ce qu’ils pensaient. Alors que le serveur était repartit à son travail, c’est à ce moment précis que la psychologue attitré de la jeune femme fut irruption dans le café. Lili l’observa par-dessous, sans se faire cramer, et elle ne put s’empêcher de sourire ironiquement : bah voyons, une californienne… Tout le contraire d’elle quoi. Se concentrant sur sa tasse chaude, elle souffla sur la fumée alors que son hôte du jour la salua. « Effectivement, sinon on ne serait pas là. » Etait-elle aussi stupide que ça ? Lili haussa les épaules de l’intérieur et bus une gorgée de son chocolat. « J’ai une gueule de bois immense, et aucune envie d’être ici donc si on pouvait clôturer ce merd*er aussi vite que possible, je vous en saurais très grée. »

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30/12/2015

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La froideur de la jeune femme sèche légèrement Abygaëlle, qui ne se laisse pourtant pas abattre. -Ça ne va pas être simple- pense-t-elle. Cependant, elle n'allait pas se laisser faire par ce genre de fille. Elle en avait connu des filles dans son genre... Les soi-disant amies de ses années collèges et lycées. Les filles de riches qui se sentent au dessus de tout. Des familles inexistantes ou omniprésente. L'un ou l'autre, aucun équilibre... Aby n'était pas comme ça, certes, elle avait les moyens, mais elle n'a jamais pensé que quelqu'un valait mieux qu'une autre personne. Elle a d'ailleurs aidé et hébergé de nombreuses personnes en difficulté, dans le seul but de leur permettre de remonter une pente difficile

Quasi du tac au tac la grande blonde s'installe sur la chaise à côté de la brunette. "Premièrement, pas besoin d'utiliser des termes de la haute. Deuxièmement, j'ai autre chose à faire de ma journée aussi mais cette séance dure une demi-heure minimum. Enfin, c'est une consultation atypique dans un lieu qui n'est pas prévu pour ça." Elle commande au serveur un décaféiné au serveur qui passe avant de se recentrer sur la brunette. "Je propose donc qu'on se tutoie et qu'on s'appelle par nos prénoms, histoire de rentre tout ça un peu moins formel, ça te va ?" Sa commande arrive sur la table, elle commence à touiller son café avant de lancer. "Alors Liliana, tu as fait la fête hier soir ?"

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Alors que la blonde s'entêtait à vouloir se rapprocher de Lili, cette dernière se contentait de souffler sur la tasse de chocolat devant elle : hors de question qu'elle se brûle avec ça, ça lui rappellerait trop de choses, dont sa maladresse perpétuelle. Elle savait comment se déroulerait ce rendez-vous : Lili serait froide, distante, et finirait par partir en jetant un billet sur la table en guise de remerciement. Fin de l'histoire. Mais en attendant, le silence s'était installé entre les deux jeunes femmes après la question d'Abygaëlle. Mais Liliana finit par relever la tête et la pencher sur le côté, fixant la psychologue. "Je me demande ce que je fais ici, vraiment. Je crois que je veux simplement que mon père me fiche la paix." Elle pensait à voix haute, peut-être que la psychologue serait contente comme ça : mais c'était surtout pour que la blonde se rend compte de la motivation de la jeune femme aux cheveux noirs. "Et effectivement, si j'ai une gueule de bois, c'est que j'ai légèrement fais la fête. Qu'est-ce que ça t'apporte de savoir ça maintenant ? Je suis une déséquilibrée, ça y est ?" Elle rit, cyniquement. Et bus son chocolat comme si de rien était.

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30/12/2015

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Tandis qu'Abygaëlle parle, la brune à l'air d'en avoir strictement rien a faire. Concentrée sur son chocolat chaud, elle ne daigne même pas accorder à Aby le moindre regard. Cependant, elle finit tout de même par penser à haute voix. La psychologue s’apprête à répondre mais Liliana se décide à lui répondre. Une claque, voilà ce que prend la blonde. Ça ne va vraiment vraiment pas être simple. Prenant une longue inspiration elle lui lance : "Faire la fête ne veut pas dire que tu es déséquilibrée, sinon les trois quart de la ville le serait !" Elle se mord la lèvre puis attrape son sac. Lili n'est pas prête, elle le sait. Elle farfouille et en sort sa carte ainsi qu'un stylo. "Ecoute Liliana, oui c'est ton père qui m'envoie c'est un fait, et je ne peux pas changer ça. Mais... ça n'est pas lui qui va me dicter mes mots et il n'aura pas de rapport de nos discussions. Je..." Elle griffonne au dos de sa carte de visite. "Je veux seulement t'aider.. Voici ma carte, je t'ai mis mon numéro de portable. Tu décideras de nos lieux de rendez-vous, de leurs durées et même de leurs thèmes si tu le souhaites." Elle lui donne toutes les rennes, à elle de voir. Mais si elle doit s'en aller, elle aura au moins un moyen de la contacter lorsqu'elle se sentira prête. Abygaëlle sait qu'elle vient de planter une petite graine qui devra prendre du temps pour pousser.

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Elle savait que les efforts de la demoiselle ne servirait strictement rien : elle n'avait jamais aimé les psychologues, et encore moins ceux qui étaient imposés par papa sous prétexte qu'elle n'allait plus en cours, ou qu'elle n'avait aucune ambition : n'était-ce pas son droit après tout ? Vouloir juste être paumée, et ne rien faire de sa vie : à part se bousiller la santé et baiser n'importe qui, n'importe quand. Être riche, et juste … Juste quoi en fait ? Elle était vraiment paumée, même en pensée. Quand la californienne lui tendit sa carte avec son numéro, le premier réflexe de la brune fut de relever un sourcil en la fixant : elle était coriace quand même, comme elle. Un point commun ? Même pas en rêve. Cependant, elle prit quand même ce bout de papier qui, un jour, lui servirait : même si c'est pour rouler un joint. "Et si je ne veux jamais te revoir ? Je peux aussi ne jamais te rappeler, histoire d'éviter de perdre mon temps … Et le tiens." Elle la fixait, intensément, pour la faire flancher. "Après tout, je sais que je suis paumée. Et je ne veux rien faire pour arranger ça. Alors à quoi bon se borner à quelque chose de vain ?" Elle se mit à sourire, cyniquement : d'ailleurs, cynique était son deuxième prénom. Elle avala la fin de sa tasse et se posa contre le dossier de sa chaise, les bras croisés, la carte toujours dans les mains.

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Le fait qu'elle prenne la carte de visite soulagea Aby. Une demi-victoire au moins. Les yeux de Liliana se plongent dans ceux de la blonde. Cette dernière soutient son regard. La brune et la blonde, les yeux noirs et les yeux clairs, la colère et la douceur, deux opposés destinées à un avenir commun... Puis elle se cala dans sa chaise, les bras croisés. Ça n'était peut-être pas si gagné que ça. La psychologue bu la moitié de son déca avant de lui répondre. "Tu es libre. Si tu ne veux pas m'appeler c'est ton choix. J'ai dit à ton père qu'on se verrait aujourd'hui, j'ai remplit mon contrat. Le reste ne regarde que moi... que nous." Elle tente quand même cette dernière phrase avant d'ajouter. "J'ai du temps à revendre donc ne t'inquiète pas pour moi." Lili sait qu'elle est paumée, l'accepter est un premier pas. Ça n'est pourtant pas évident de trouver vers quel avenir se tourner lorsqu'on a personne sur qui s'appuyer. "Alors quoi ? Tu as prévu de continuer ce train de vie pour les quarante prochaines années ? Tu sais au fond de toi que ça n'est pas viable." Elle prit une pause afin de laisser la jeune femme y penser. "Tu n'es pas obligé de me contacter dans deux jours, ça peut être dans deux ou six mois ou trois ans peu importe. Je serai là quand tu auras besoin."

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Elle avait toujours détesté les regards de pitié sur elle, et encore moins qu'on soit compatissante envers elle : elle n'avait jamais eu besoin de personne, et ce n'est pas aujourd'hui que ça allait commencer. Sa jambe se mit à trembler automatiquement, comme lorsqu'elle se mettait en colère, ou quand elle était mal à l'aise : ça ne lui arrivait presque jamais, mais quand c'était le cas, elle avait beaucoup de mal à se retenir. Elle penchait la tête à droite, puis à gauche, fit claquer sa langue sur son palet et enfin finit par se pencher par-dessus la table pour enfoncer son regard un peu plus profondément dans celui de la blonde face à elle. "Je ne sais pas ce que tu cherches, je ne sais pas ce que tu veux réellement : mais si je peux te conseiller quelque chose, c'est de ne pas te mêler de ma vie." Son ton avait radicalement changé : s'il était plutôt cynique et froid précédemment, maintenant il était glacial et menaçant. "Je n'ai jamais aimé les gens de ton genre, et je ne les aimerais jamais. Je déteste quand on commence à mettre son nez dans mes affaires. Je pense que tu dois vraiment en prendre conscience si tu ne veux pas qu'il t'arrive des problèmes." Elle se remit en arrière, sortant un billet de sa poche, et le jeta sur la table. "Je ne t'ai rien demandé. Alors mêle toi de ta vie." Elle se leva, attrapant ses lunettes de soleil qu'elle remit sur son nez. "L'entretien est fini. Bonne continuation Abygaëlle Carver." Lili en savait bien plus sur la psychologue qu'elle ne pouvait le deviner : elle l'abandonna donc sur son siège, dans ce café de l'Upper. Elle avait besoin d'un joint : elle avait encore besoin d'oublier.

Juste.
Oublier.

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30/12/2015

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Tout à coup, la conversation prend une autre tournure. Le regard de la brune et le ton qu'elle emploi change totalement. Elle est en colère. Abygaëlle a appuyé là où ça fait mal. Plutôt satisfaite d'avoir trouver de quoi faire réagir la jeune femme, elle est tout de même déconcertée lorsque cette dernière lui fait une scène. La psychologue est estomaquée et n'a même pas le temps de répondre que la brune enchaîne ses menaces. Su la fin, elle arrive tout de même à placer un : "Au revoir Lili..." Elle n'a pas le temps de finir de dire son nom que la brune a déjà passé le pas de la porte. Aby se love dans son siège, blasée. Elle hésite entre la rattraper dans la rue pour la calmer et laisser faire. Après tout, elle n'est pas vraiment sa patiente. La psy a fait ce qu'elle avait à faire le reste n'est plus de son ressort. Elle attrape son décaféiné pour le finir et s’aperçoit que sa carte de visite n'est pas sur la table. Mini-victoire, pense-t-elle. Elle sort à son tour de quoi payer, salue le serveur et s'en va. Peut-être que Liliana la contactera, un jour...

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