quand mon portable se met à biper, je suis proche de la maison. le soleil est déjà haut dans le ciel, ça fait vingt-huit heures que j'ai pas dormi et j'suis tellement épuisé que mon corps entier me fait souffrir. je tire sur mon téléphone, déverrouille l'écran et lis le texto sans m'arrêter de marcher, avant de pousser un lourd soupir. j'ai passé la nuit à dealer, le dernier échange a eu lieu il y a vingt-cinq minutes, je suis quasiment en bas de chez moi: je suis totalement en position de décliner la demande de cette personne. seulement, aiden compte sur moi. et deux cent balles, j'y crache pas dessus. même avec la fatigue. même si il faut que je marche jusqu'à williamsburg.
je monte les escaliers après avoir dépassé la porte de mon bâtiment, pousse la porte de chez moi et vide mes poches une fois dans ma chambre. je range l'argent que j'ai amassé cette nuit dans une pochette, m'empare de deux cent dollars de coc, soigneusement cachés dans une boîte, rangé dans le mur creux au fond de mon armoire et place le sachet dans la poche intérieure de ma veste avant de mettre la main sur mes lunettes de soleil et quitte l'appart l'instant d'après, veillant à ne pas réveiller léonie dans le processus.
les rues sont vides, comparé à d'habitude. je suis jamais dehors le dimanche, c'est la première fois que je vois la ville sous cet angle. ça pourrait être agréable si j'commençais pas à avoir la migraine, alors que la fatigue se fait brutalement ressentir. je marche, marche, marche et je commence à détester la personne que je suis supposer retrouver, je déteste tous ces putains de junkies, à cette seconde, tous ces trous du cul avec leurs stupides addictions. c'est ridicule. personne n'a réellement besoin de tout ces merdes.
je lève les yeux de mon téléphone, quand je me retrouve au
#651. j'y suis presque. je change de rue et au loin, une silhouette attire mon attention. je glisse mes mains dans mes poches et accélère le pas. elle est dos à moi, capuche sur la tête, proche d'un petit écriteau qui dit 654. je tape doucement dans son épaule et attends qu'elle se retourne avant de pousser un soupir.
je la regarde de bas en haut et l'impatience se lit sur son visage sombre et fatigué.
woah, copine. tes cernes font la taille de la floride. être en manque, ça va pas à tout le monde, je marmonne en esquissant un sourire malicieux avant de pouffer de rire.
t'as un endroit calme où j'peux te donner tes céréales? j'préfère prendre mon petit déjeuner à l'abri des regards indiscrets, je déclare en levant les yeux vers le type qui promène son chien sur le trottoir d'en face avant de la regarder de nouveau, haussant les sourcils de manière suggestive.
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