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 this place is a shelter // andrew

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MessageSujet: this place is a shelter // andrew   this place is a shelter // andrew EmptySam 19 Mar - 0:03
Mais ça craque, ça se fissure, c'est ça un humain. Elizabeth Sawyer elle était douée. Plus douée que quiconque dans l'art de l'auto-destruction, à se forger un caractère de bombe létale, celle qu'exploserait un jour. Pas aujourd'hui. Pas tout de suite. - C'était lâche, lâche de sa part de recommencer, lâche pour elle de suivre le même mouvement encore. - Figure presque mécanique, conditionnée à s'activer entre le lavabo et le placard à pharmacie, elle les compte mal entre ses doigts, il y a probablement deux, ou trois. - Depuis quand elle compte? - Elle a promis de se calmer, c'est un peu l'objectif aujourd'hui, réduire un cachet sur deux, se sevrer. C'est pas comme si c'était un secret. ( Oui, évidemment c'est un secret. ) Il tourne autour de sa tête comme l'anneau d'une planète à la dérive, s'enfuit, va et vient à la manière de ceux qui font l'amour. - mais elle se fait violence, voilà tout ce qu'elle fait. Pendant ce temps le monde continue de tourner, elle s'arrête. Oui sa marche s'arrête entre un vieux morceau de Joy Division et la clope à son bec.
Combien d'années depuis le dernier bâton de mort? - Une taffe, elle s'écrase sur le canapé, roule. Tout ça, tout ce qu'elle est ce n'est pas très humain, mais ça fait un bout qu'elle a arrêté de penser. Y a plus d'ordre, plus de sens aux quatre murs qui l'étouffent, elle se tourne et mate l'écran technicolor de ses deux yeux allumés par les pilules, y avait marqué. 'tous les soirs après dîner' mais l'ordonnance, elle avait expiré.
Elle, elle s'tordait dans le froid de l'appartement, enroulée dans une couverture, chantonnant. Elle adorait chantonner. Elle s'disait, que c'était pas grave, qu'il était plus là, qu'elle pouvait fumer maintenant.
Que ça tuerait personne.
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MessageSujet: Re: this place is a shelter // andrew   this place is a shelter // andrew EmptyJeu 24 Mar - 0:30

À cette heure, y'a plus que quelques bagnoles qui grillent les feux, avec un peu de (mal)chance y'en aura une pour le percuter et il s'en rendrait même pas compte parce qu'il a bu ce soir - il s'est toujours demandé si ça s'passait comme dans les films, s'il allait voir sa vie défiler devant ses yeux, mais faut croire que ses océans sont un peu ternes aujourd'hui, et le type au volant a klaxonné en évitant le gamin qui est descendu du trottoir. Il a pas vu grand chose, à part son ombre écrasée par les phares et puis les lampadaires fonctionnent à peine.  Ses pieds et le mégot de sa clope ont trouvé le trottoir, c'est pas qu'il voulait crever non, il s'est juste demandé à quoi ça ressemblait, sa vie en quelques secondes, si c'était comme le trailer du septième épisode de Star Wars ou l'annonce de la météo sur Fox - peut être que ç'aurait été plus chiant que ça encore.
Il est pas saoul quand il monte les marches pour atteindre le troisième étage, il est jamais saoul le jeudi soir, même s'il dort mieux quand il est entre deux mondes et qu'il se rend plus trop compte de ce qu'il dit ou de ce qu'il fait - c'est pas une bonne nuit cette fois. C'est bête, ça fait deux semaines qu'il s'est repris, qu'il a fait des efforts, qu'il s'est dit, eh c'est pas comme ça qu'tu vas payer tes factures mon gars, t'as pas l'droit de faire ça. Mais il a pas de mal à trouver la serrure alors c'est que ça doit pas être si grave, au final, il a encore un peu de sa tête.
Ça résonne, là dedans, un peu trop d'ailleurs mais c'est ça qui est bien - il retire ses chaussures, y'a de la lumière dans le salon, il s'était dit qu'elle dormirait peut-être, mais y'a sa voix quelque part entre les notes de musique et puis, il est pas très tard. Yo il a fait un pas à peine, s'arrête. Pourquoi tu fais ça ? Ses doigts fatigués attrapent la clope avant qu'elle tire une autre fois, il a pas la tête à ça - à rien, en fait, il rit. T'as pas lu c'qui a marqué sur le paquet ? Il a ce sourire un peu bête au bord des lèvres quand il ouvre la fenêtre pour éteindre la cigarette dans le cendrier, l'air frais continue à jouer avec ses cheveux. Fumer tue, Eliz.
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MessageSujet: Re: this place is a shelter // andrew   this place is a shelter // andrew EmptyLun 28 Mar - 2:44
On a pas d'addiction avant de se mettre à vouloir quelqu'un, pas vrai? On a pas cet amour pour le disque du soir, celui qui tourne en boucle dans nos têtes. - Nous laisse dans le noir, nous couvre d'un lustre effrayant, un de ceux qui ne va pas avec notre geste irréfléchi. - Elizabeth a les yeux ronds comme des soucoupes, deux mers empourprées par les heures, les silences. - Ses berceuses, il a oublié le goût qu'elles avaient, leurs voix qui se croisent au hasard d'un couloir. Tous ces trucs qu'ils faisaient avant quand ils avaient pas plus de dix-sept ans. Elle sait pas à quoi ça ressemble quand ça commence tout juste. - A l'heure où les cœurs se mettent à battre, qu'ils tournent en boucle sous les lèvres de Bowie, ça pique à cet âge-là. Innocent, ringard, touché du bout des doigts. Ce garçon qui s'agite entre ses tempêtes au bas de l'immeuble, il oublie les cercles vert et rouge, s'croit immortel.

Il a tenu sa tête entre ses mains. - Avant, il lui a dit des choses douces, et ça passe comme une liqueur le soir au fond de la bouche, ça se dépose sur les épaules, quand on s'oublie ensemble. - Hier les deux petits hésitaient à s'appeler 'Bébé', s'appartenir, passaient à fleur de peau, ils se brûlaient à la lente flamme déchirante d'un briquet. Oiseaux aux ailes emmêlées, ils se posent là sans un mot, c'est le futur des faux-amants qui s'entrelace au bout d'un moment. Elle se tait, elle aime cet accent plein d'alcool qu'il traîne près de sa nuque et écrase entre ses doigts, la cigarette qu'il lui a toujours refusé. ( Un air de déjà-vu, les murs peignés de la même ivresse qu'avant, rien de nouveau, c'est Andrew qui titube dans le salon et rend le spectacle bordélique. ) Pareil, ses clefs qui cognent contre le buffet, les pets de bleu et de rhum-coca qui remontent à ses paupières, Elizabeth elle connaît. Elle connaît son rire saoul, ses tentatives désespérées de l'arrêter quand lui, il sait pas ce que ça veut dire que d'calmer la bête grondant au creux de ses reins.
Mais regarde-nous, sur le canapé à s'raconter nos journées, est-ce-que c'est de ça qu'on rêvait? On devait pas se faire ça, on devait vraiment pas. Se suivre, se faire du mal et s'taire maintenant, c'était comme se laisser tracer des lignes de mort sur les bras et attendre que l'autre lâche un dernier soupir. Elizabeth le poursuit, dans ses embrassades incroyables, ses billes qui courent sur le garçon, l'observent qui veut la choper, avant qu'elle ne rende l'âme.
Il a toujours eu cette carcasse de super-héros sur le dos, et puis au fur et à mesure, il se décomposait à se rapprocher de trop, elle pouvait rien dire, pas le prévenir. En fait; elle avait la trouille.
T'étais où? T'as bu hein? T'as bu.

Mais ça fait longtemps qu'ils ont plus l'âge de ceux qu'oublient, ils sont de ceux qui ressassent encore et encore, dans l'espèce de combat inégal qui s'opère aux dernières heures de la nuit, Elizabeth enlacée par deux bras qui pardonnent pas. Lui pardonnent pas. Sa voix s'embourbe en même temps que ses pieds, elle s'prend la tête, lui prend la sienne, ça finit pas, ça peut pas finir. - Elle est pas triste, cette histoire, elle est pas triste - mais elle aimerait bien se soigner. - Se soigner du héros en papier, aussi. C'est toi qui m'tue.

Non c'est pas ce que je voulais dire.
Excuse-moi.
Je suis désolée.
On se tue pas.
Promis, on se tue pas.
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