Une semaine. Une semaine que Georgia l'ignore, la fuit. La rouquine n'a encore rien dit, elle lui a juste demandé ce qui n'allait pas, elle a essayé de savoir, de comprendre. Elle a essayé de voir si c'était elle qu'elle fuyait ou si elle n'était simplement pas bien. Mais maintenant c'est évident : c'est elle qu'elle évite. Dakota retourne le problème dans tous les sens depuis des jours mais elle ne trouve pas quoi faire pour l'obliger à lui parler. Elle ne sait même pas ce qu'elle a fait pour mériter ça. D'habitude elle communique, quand quelque chose ne va pas, elle lui dit. Elle habitent ensembles depuis assez longtemps pour savoir ce qui contrarie l'autre. Mais non, Dakota ne sait pas.

Enfin, elle a une idée. Elle sait ce qu'elle a fait avec Ariel et elle culpabilise tous les jours pour ça mais comment pourrait-elle savoir ? Elle n'était pas là. Il y avait du monde dans cet appartement mais... Quelqu'un qui aurait pu lui rapporter ? Non. Et puis ça avait duré si peu de temps... A part si Ariel lui a dit, elle ne peut pas savoir. Mais il n'aurait pas fait ça, si ? Pourquoi ? Elle ne veut pas lui avouer parce que si ce n'est pas ça alors ça lui fera juste du mal pour rien.

Aujourd'hui Logan était invité à un anniversaire. La jeune maman est donc passé avec lui au centre commercial avant de l'emmener pour acheter un petit cadeau. Elle était assez contente de voir que son fils n'avait pas de mal à se faire des amis et disons qu'à son âge elle n'avait pas vraiment peur que ces dits amis aient une mauvaise influence sur lui. Alors qu'ils se baladaient dans les rayons, il s'était évidemment arrêté devant les bonbons, la fascination de pas mal d'enfants. Il lui avait alors pointé un paquet en lui disant que "ce sont les préférés de Tata G.".
Après l'avoir emmené à l'anniversaire, Dakota était rentrée chez elle. En ouvrant la porte, elle vit Georgia dans le salon qui semblait d'ailleurs entrain de partir. Prenant son courage à deux mains, elle l'attrapa par la manche d'une main et sortit le paquet de bonbons de son sac de l'autre.

-Regarde j'ai acheté des bonbons, Logan m'a dit que c'était tes préférés, tu veux qu'on les mange devant la télé ?

Elle lui souriait, elle essayait de paraître sûre d'elle, d'être naturelle, de faire comme si rien n'avait changé entre elles mais au fond elle était terrifié à l'idée qu'elle trouve une excuse pour s'enfuir encore.

Alors que Georgia lui demande si c'est parce que ce sont ses préférés qu'elle a acheté les bonbons, Dakota hoche vivement la tête, tout sourire.

-Oui ! Je me suis dis que ça te ferait plaisir.

Mais elle voit bien que G., elle, elle ne sourit pas. Le problème est sûrement bien plus profond qu'un paquet de bonbons, et même si elle s'en foutait puisque ça fait une semaine qu'elle l'évite, elle avait osé espérer que ça arrangerait un peu les choses.
Logan semblait avoir comprit qu'il valait mieux pour lui aller jouer dans sa chambre et alors la blondinette fit enfin part, de manière plus ou moins subtile de la source du problème. En entendant cette soudaine réplique, la visage de Dakota se décompose. Alors c'était ça, c'était vraiment ça. Elle le savait. Mais pourquoi, comment ? Non, en fait ça n'avait aucune importance. Il était très peu probable qu'elle ne l'apprenne jamais après tout...

-Je...

Elle n'arrive pas à soutenir son regard, parce qu'elle sait qu'elle a tort, elle sait que tout ça c'est sa faute, qu'elle n'a pas réfléchi.

-J'étais pas...

Non c'est faux, tu te mens à toi-même Dakota. Ce jour là, elle était totalement dans son état normal. Elle n'avait pas bu, elle n'avait pas prit de drogue, non, elle s'était juste laissé aller sans penser aux conséquences. Enfin si elle y avait pensé, trop tard.

-Je voulais pas...

te faire du mal. Mais les mots restent coincés dans sa gorge alors que les larmes lui montent aux yeux. Elle n'a pas d'excuse, elle le sait. Elle aurait pu essayé de dire que c'était la faute d'Ariel, que c'était lui qui l'avait dragué, qu'elle l'avait repoussé... Mais elle n'était tellement pas comme ça. C'est elle qui l'avait embrassé la première, elle s'en souvenait parfaitement bien. Et elle se sentait parfaitement coupable.
Elle avait fini par croiser les bras sur sa poitrine, ses doigts crispés sur ses avants-bras. Elle n'arrivait plus à décoller son regard du sol.

-Je suis désolée.

Les excuses, ça ne réparaient jamais rien. Elle en avait conscience. C'était comme si son père revenait un beau jour et lui disait "au fait désolé de t'avoir renié, aller on fait comme si rien ne s'était passé ?". C'était absurde. Ce qu'elle avait fait était absurde, et irréparable.

Elle ne saurait dire à quel moment elle avait eu envie de l'embrasser, mais ça serait lui mentir de dire que sa bouche avait malencontreusement dérapé. Si, elle avait voulu ça, il fallait qu'elle l'admette, c'était la blesser qu'elle n'avait pas voulu. A aucun moment elle n'avait voulu lui faire du mal, d'une quelconque manière que ce soit. Se rendait-elle compte qu'elle ne savait pas ce que ça faisait, qu'elle pouvait juste l'imaginer ? Elle n'avait jamais eu de relation durable, de relation de couple, elle n'avait fait que coucher à droite, à gauche, alors, non, elle ne pouvait pas savoir ce que Georgia ressentait et Georgia avait la malchance d'être son amie la plus proche, donc celle qui subirait le plus ses erreurs d'inconsciente. Mais elle ne se cherchait pas d'excuses. Ça faisait bien longtemps qu'elle avait admis, comme quelque chose qu'on n'arrive pas à comprendre soit-même, que coucher et même flirter avec les exs de ses amies, surtout des amies comme G, surtout des exs comme Ariel, c'était mal. Elle avait eu tort. Et c'était parce qu'elle en avait conscience qu'elle ne lui avait pas dit, parce qu'elle ne voulait pas la blesser.

Alors que la rouquine rassemble son courage pour ouvrir la bouche et répondre à la blondinette, elle est vidée de toute énergie par sa simple réplique. Est-ce que ça allait se finir comme ça ? Est-ce qu'elle allait juste fuir comme elle le faisait depuis une semaine et la laisser seule avec sa conscience ? Elle ne pouvait pas lui faire ça. Mais elle, elle n'avait pas la force de lutter. Dakota lève les yeux quelques secondes pour la voir s'avancer vers la salle de bain. Il fallait qu'elle fasse quelque chose, oui, c'était à elle de le faire. C'était à elle de se racheter, de lui montrer qu'elle valait mieux que ça. Alors elle la rejoint, restant sur le pas de la salle de bain, dans l'encadrure de la porte, la regardant de ses yeux triste de chien battu, pathétique mais réellement malheureuse.

-Je ne voulais pas te faire de mal G... Je sais, enfin je crois savoir ce qu'il représente pour toi et ça se reproduira pas, je te le jure...

Plus elle pensait à ce qu'elle était entrain de perdre et plus elle se sentait trembler. Elle se mordit violemment la lèvre, détournant son regard, se refusant à pleurer.

Elle avait raison. Elle se posait en victime alors que tout était de sa faute. Mais elle s'en voulait, jamais dans sa vie elle ne s'en était autant voulu. Elle avait incroyablement peur de la perdre, pour une connerie, un geste sans importance. Enfin, sans importance pour elle. Parce que si elle ne l'avait pas fait, si elle ne l'avait pas embrassé, alors qu'est-ce que ça aurait changé ? Rien. Elle n'aurait pas dû risquer tout ça pour une seconde de plaisir. Elle aurait dû réfléchir, vraiment. Elle aurait tellement voulu retourner en arrière...

-Tu as raison.

Dakota finit par baisser les yeux. Elle n'avait pas le droit de la prendre par les sentiments, elle en avait conscience, mais elle ne pouvait pas non plus s'en aller ainsi et la laisser seule, encore. Il fallait qu'elles avancent, elle voulait qu'elles avancent, qu'elles s'expliquent, qu'elles dialoguent. Elle en avait besoin. Georgia pouvait lui reprocher tous les malheurs du monde si seulement elle lui adressait la parole, elle s'en fichait.

-Je ne peux pas te laisser G., il faut qu'on en parle, vraiment. Cette situation ne mènera à rien...

Elle crispa ses doigts, rentrant ses ongles dans sa peau. Est-ce que c'était à elle de s'expliquer ? Est-ce qu'elle devait raconter ça ou juste attendre qu'elle lui pose des question ? Ou bien est-ce qu'elle devait réellement la laisser seule ?

-Je n'ai jamais voulu te trahir, je... Je sais que j'ai eu tort.