Marée d'ombres sur la ville je plonge dans l'urbain d'minuit
India Boia & Alexis Blair

Comme un cowboy qui rengaine, il range son portable dans la poche arrière de son vieux jean et attrape sa veste. Autour, ça sent l'herbe, la sueur et la bière, et y'a comme un brouillard qui l'empêche de voir à plus de cinquante centimètres. Les conditions idéales pour une sortie discrète, à priori -ou peut-être pas. Bah alors, Alex ? Tu nous laisses ? Ton copain arrive pas à se passer de toi ? balance Steve quand le fuyard se prend les pieds dans ses jambes. Les autres se marrent, mais pas Alexis. Il a pas le temps de s'amuser à ça, la situation est trop grave. Alors il se relève en grognant, donne un coup dans le tibia qui l'a fait trébuché (pour l'honneur) et quitte l'appartement avant qu'un mot de plus ne soit prononcé.
La nuit est tombée depuis un moment. Lorsqu'il passe la porte de l'immeuble, elle l'accueille avec une bise glacée, qui achève de le faire sortir de son trip. C'est l'hiver, encore, à New-York ; même les pots d'échappement qui enfument les rues du Bronx arrivent pas à faire monter la température. Pourtant, c'est pas à cause de ça qu'Alexis serre les dents. En dévalant les marches du métro, il essaie de se repasser l'appel d'India dans la tête. À vrai dire, il a pas compris grand chose : la musique derrière elle, sa voix un peu hésitante et les gros rires de ses propres potes ont pas rendu la conversation facile. Les phrases qu'il a réussi à distinguer étaient à propos d'un mec en chien au Rusted Wheel, à Williamsburg.
La rame est quasiment vide, pour un samedi soir : trop tard pour sortir, trop tôt pour rentrer. Les quelques pauvres types affalés sur les sièges dévisagent Alexis quand il monte dans le wagon. Il a pas encore les idées claires, mais promis, il va lui casser la gueule, à ce type. Surtout s'il l'a touchée. Personne la touche. Même pas lui. Il espère juste qu'il sera pas trop musclé.
Sept minutes et trois stations plus tard, on y est. Williamsburg le submerge de ses bruits, de ses odeurs et de ses gens, qui, d'un coup, ont tous l'air obèses, alors qu'ils embarquent le maigre corps d'Alexis dans leurs joyeuses bousculades. Péniblement, il remonte pourtant le courant jusqu'au bâtiment du night club devant lequel se pressent un autre genre de fêtards, et cherche la demoiselle en détresse qui l'a fait venir. Tu sors et tu restes à l'entrée, lui a-t-il dit trois fois avant de raccrocher, mais au vu de la marée humaine qui se presse dans la rue, il aurait aussi dû lui demander le triangle. Tu sais, celui qu'on sort quand on a un accident sur l'autoroute ? Non ? Bon.
Tant pis : aux grands maux, les grands remèdes. La main gauche levée, l'autre sur son téléphone collé à son oreille, Alexis devient la mère qui a perdu son gosse dans le supermarché bondé. INDIAAAA ! beugle-t-il, alors que son téléphone compose le numéro de l'enfant perdue. INDIA, T'ES OU ?!

Apparemment, pas là. Ou alors, c'est juste qu'il y a trop de bruit pour qu'elle arrive à entendre la voix fluette du caissier. Bip, bip, bip... Scrftchf. Les bruits qui éclatent dans son oreille lui font tourner la tête. Allô ? Allôôô ?

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une soirée au Rusted Wheel? Carrément ouais! Rose propose à India de sortir avec ses potes. Elle ne va pas refuser, elle n'a aucune excuse on est samedi. Elle est pas spécialement ravie de sortie avec sa demi soeur, c'est pas vraiment elle le problème c'est plus ses fréquentations. Des filles vulgaires et des mecs lourds, India en a sa claque mais elle ne veut pas non plus rester seule à rien faire. Elle accepte sagement et se prépare. La tenue (x) reste simple, elle sait que comme ça elle sera acceptée sans trop de problèmes. Un short en jean vraiment très court et un t-shirt à l'effigie d'un groupe de hip hop. Après plus d'une heure dans le club India a déjà bien bu. Pour une fois elle n'a pas fait attention, elle s'est laissée aller. En même temps elle avait bien besoin de tout ces verres pour supporter les potes de Rose. Elle est assise à côté de Jason, le genre de mec qui a été quaterback pendant toutes ses années lycées et qui ne fait qu'en parler, même après 5 ans. Le truc c'est qu'il était visiblement pas assez bon pour obtenir une bourse universitaire. Jusqu'à présent India ne s'était fait la remarque que dans sa tête, mais ce soir elle est presque ivre, et très agacée alors ça lui échappe. " Si t'avais été si bon que ça t'aurai eu une bourse, passe à autre chose mec " en sortant sa phrase elle se rend compte qu'elle n'aurait pas du. Elle a cassé l'ambiance, ils la foudroient tous du regard, gênés par sa remarque, et Jason, lui, il est énervé au possible. Maintenant elle est sure qu'il arrêtera de la draguer et qu'il la laissera tranquille. Elle s'excuse en rigolant et retourne au bar se chercher un autre cocktail, elle en a bien besoin.
Jason la suit. Il la colle un peu trop, il veut lui montrer en quoi il est bon. Il l'enlace, lui touche les fesses, l'embrasse dans le cou. India se débat, le pousse, le gifle, il l'insulte, et elle part en courant. Elle se réfugie dans un coin, y'a deux mecs en train de se rouler des pelles mais elle les ignore. Elle est encore sous le choc, elle perd sa respiration. Nerveusement elle appelle Alexis, elle sait pas trop pourquoi mais c'est devenu une habitude, il sait prendre soin d'elle. Elle bredouille quelques mots, n'arrive pas à hausser le ton mais la musique semble plus forte que sa voix. Elle a du mal à comprendre Alexis, il lui dit de sortir, c'est tout ce qu'elle a comprit. Alors elle sort prendre l'air, demande une clope à des inconnus et part la fumer dans un coin pas trop loin des videurs pour quand même se sentir en sécurité. Y'a pas de réseau ici. Elle se demande pourquoi elle est venue et rien que le fait de penser aux potes de Rose la met en rogne. Elle termine sa clope mais n'arrive pas à se lever. Elle reste là, dehors à l'air frais. Un bon quart d'heure plus tard elle entend son prénom, c'est Alexis elle reconnait sa voix. Elle se lève péniblement, attrape son sac posé à côté et le rejoins. " J'suis là! " elle essaye de crier même si sa voix ne porte pas vraiment et le rejoins. Elle pose sa main sur son épaule et Alexis se retourne. Elle lui saute dans les bras soulagée de le voir enfin. " Merci d'être venu! " Elle est encore tremblante, un mélange entre le froid New Yorkais et l'émotion. Mais désormais elle se sent mieux, apaisée.

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India Boia & Alexis Blair

...Vous êtes bien sur le répondeur de... Et merde. Merde, merde, merde, merde. Tout à coup, Alexis arrête de gueuler, sa main retombe. Son cœur rate un battement et il s'imagine tous les pires scénarios, et il panique, et il s'en veut, mon dieu qu'il s'en veut. India, la belle India, sans doute en train de se faire violer à l'heure qu'il est, et lui qui est planté là comme un con, le téléphone collé à l'oreille, bousculé par tout le monde. ...Biiiip ! Ça le réveille un peu, il raccroche, hésite à rappeler, commence à taper le numéro des flics. Dans sa tête, y'a une petite voix qui lui répète mec, t'es défoncé, y'a un quart d'heure tu finissais un bédo, pose toi une seconde, tu vas faire une connerie, mais il a du mal à l'écouter, la voix de la raison. Faut dire aussi qu'il a pas l'habitude de l'entendre.
Une main se pose sur son épaule, accompagné d'un Merci d'être venu ! qui fait bondir encore une fois le petit cœur de dealer du bouclé. Il se retourne aussitôt, et une petite brune lui tombe dans les bras. Une minute se passe avant qu'il ne percute, et quand enfin tous les neurones se connectent, son visage prend un coup de chaud. Pourtant, il arrive à la serrer fort contre lui, avec ses bras en cure-dents, pour essayer d'arrêter ses tremblements et pour pas qu'on la lui pique, avec les gens qui vont et qui viennent autour. Ça le fait flipper, de la voir comme ça. Elle est pas grosse, mais il sait pas s'il pourra la porter si jamais elle tombe.
Gentleman, il retire son bomber et le glisse sur les épaules de la feuille qui lui fait face. T'as l'air d'avoir froid, se justifie-t-il, les bras maintenant nus, sans trop la regarder. Il doit avoir les yeux un peu rouges, elle doit pas voir ça, il sait qu'elle aime pas ça. Délicatement, il passe un bras dans le dos de l'italienne pour la guider à l'écart, à l'abri, sans un mot parce que de toute façon, elle aurait du mal à l'entendre. Il s'en veut un peu de pas être plus baraqué que ça pour la protéger de tous ces gens qui les bousculent, pour qu'elle se sente rassurée près de lui. Il voudrait bien la porter en princesse parce qu'elle a l'air de pas trop tenir sur ses jambes, ou au moins impressionner assez les gens pour qu'ils s'écartent et qu'ils puissent marcher tranquillement.
Finalement, il évite un couple baveux et un clochard endormi pour se glisser entre deux immeubles, loin de la foule et des oreilles indiscrètes -mais pas des mauvaises odeurs, on peut pas tout avoir. Dès que la foule commence à se clairsemer, il la lâche et se contente de marcher à côté d'elle, en surveillant bien tout autour, et surtout en la surveillant bien elle. Il la sent vulnérable, elle est pas comme d'habitude, et ça aussi ça lui fait peur. Même quand il l'a trouvée y'a cinq ans, totalement perdue dans cette grande ville qu'elle connaissait pas, elle avait pas l'air aussi... bouleversée.
Il s'adosse à un mur et croise les bras, le visage teinté d'inquiétude alors qu'il l'observe de haut en bas. Ça va mieux ?... tu veux qu'on aille dans un bar, plutôt, au chaud ? Il sait pas trop s'il a le droit de lui poser des questions, Alexis. Ça le titille, bien sûr, mais il veut pas la voir pleurer. Il déteste voir les gens pleurer, surtout India. Tu veux... tu veux me raconter ? Il voudrait bien la prendre dans ses bras comme tout à l'heure et lui dire qu'il est là, qu'il sera toujours là, qu'elle a pas à s'inquiéter. Mais surtout, il sent le sang qui bouillonne un peu dans ses veines en pensant au type qui l'a mise dans cette état. Qui qu'il soit, quoiqu'il ait fait, il va le payer, cet enfoiré.

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Rassurée de retrouver ce visage familier, India met toute sa force dans son étreinte. Elle est moindre en raison de ses muscles presque inexistants mais l'intention est là. Alexis pose sa veste sur les épaules de l'italienne, se retrouvant bras nus. Il ne doit pas faire plus de deux degrés dehors mais le jeune homme est toujours prêt à faire passer son amie avant lui. C'est ce qu'elle a tout de suite apprécier, sa gentillesse et sa générosité, il a tout de suite été si dévoué. Le comportement d'India face au jeune homme est surement un peu naïf, elle ne s'est jamais posé de question concernant ses intentions et pour elle son amitié est si précieuse qu'elle n'a jamais envisagé que leur relation puisse prendre une ampleur différente. Et pourtant, son comportement à elle va souvent à l'encontre de ce qu'elle pense: sa jalousie qu'elle masque derrière des moues boudeuses dignes de l'enfant le plus mignon du monde, sa curiosité parfois mal placée, et ses approches parfois trop tactiles. " Mais toi, tu vas avoir froid! " Il ne la regarde pas, il ne l'entend pas alors elle ne se répète pas. Elle le suit sagement, désormais en sécurité et un peu plus au chaud.
Ils fendent la foule avec allure. Même si India a toujours cet air bouleversé, Alexis la guide avec assurance. Du moins c'est l'impression qu'elle a. Tête baissée elle ne voit pas ses yeux rouges, ses cernes marquées et son regard perdu.
Enfin ils arrivent dans un coin plus tranquille. L'italienne remonte le bomber de son ami sur son nez pour se protéger de l'odeur désagréable jusqu'à ce qu'elle s'y habitue progressivement. Elle enlève finalement la veste de ses épaules pour l'enfiler correctement. C'est vrai qu'il est pas du genre baraqué et pourtant India flotte dans sa veste. Elle s'y sent à l'aise, c'est confortable et rassurant. "Ça va mieux ?... tu veux qu'on aille dans un bar, plutôt, au chaud ?" elle hausse les épaules, pas vraiment sure de sa réponse. Un verre pourrait l'aider mais si elle veut être raisonnable elle doit dire non, elle a déjà bien assez bu comme ça. D'un côté cette dose d'émotion l'a pas mal aidé à dé-saouler en quelques minutes... Elle hésite, mais le temps qu'elle réponde Alexis lui pose une nouvelle question. " Tu veux... tu veux me raconter ?" Oui elle a envie de lui raconter, elle en a besoin enfin pour pouvoir extérioriser ça. " Un pote de Rose a pas aimé mon répondant alors j'imagine qu'il a pensé que me coller une main au cul reboosterait sa virilité! " Lorsqu'elle était énervée et bourrée, son accent italien était encore plus prononcé que d'habitude, ça lui donnait son charme et elle ne s'en rendait même pas compte. Alexis avait déjà eu le privilège de partager quelques soirées avec Rose et sa bande de potes, il était surement simple pour lui de deviner de qui elle parlait. Son regard vague remonte vers le visage d'Alexis et s'illumine. Le jeune homme est dans l'ombre, elle distingue à peine son visage. " J'lui en ai collé une t'aurai du voir sa tête! " Elle rit et pleure à la fois, c'est nerveux, elle sanglote, renifle. Pas très glamour et rien que le fait d'imaginer sa tête la fait rire, puis pleurer. C'est léger mais elle se sent ridicule. Elle essuie les quelques larmes qui ont coulé sur ses joues puis s'approche de son ami. " T'as des clopes? J'ai vraiment besoin d'une clope là "

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India Boia & Alexis Blair

Les poings au fond des poches, Alexis ronge son frein. Il sait qu'il peut pas être toujours là, et que de toute manière, même si c'était le cas, il serait pas toujours super utile. Il voit bien de quel type elle parle, India : le genre de mec qui le terrorisait, au collège, qui lui a toujours mené la vie dure, qui aurait sans doute pas eu peur de lui, encore moins de ses petits poings ridicules, et qui se serait foutu de sa gueule ; mais putain, qu'est-ce qu'il aimerait l'éclater quand il imagine sa main moite et son regard vicieux se coller à sa petite India. Dans sa tête, il l'imagine déformé, un filet de bave sur le menton et la braguette déjà ouverte. Alors il grince des dents, il fixe le sol et il prend son mal en patience. Dès qu'elle sera chez elle, calmée et en sécurité, il appellera Steve et les autres et il ira trouver le gars pour lui montrer ce que c'est, la virilité.
La voix chevrotante et lointaine de l'italienne le fait sortir de ses sombres pensées -J'lui en ai collé une t'aurais dû voir sa tête ! À nouveau, Alexis se trouve con. Dans sa tête à lui, en tout cas, c'est le dawa, il arrive pas à réfléchir correctement, y'a la gueule du mec imprimée sur sa rétine, juste à côté du visage d'India, si bien qu'il a failli oublier pourquoi -pour qui- il était venu, à la base. Il sent que l'herbe commence à prendre le pas sur ses neurones, et ça l'énerve. J'en suis sûr, ouais... murmure-t-il après un laps de temps beaucoup trop long à son goût, alors qu'elle s'approche un peu de lui. Elle t'a grillé, mec, t'as été trop long à répondre, elle va savoir que t'es pas totalement là, elle te fera plus confiance, elle va se barrer tout de suite, elle va-... Avec un effort surhumain, il arrive à faire taire la petite voix dans sa tête, passe une main sur son visage et plisse les yeux pour cacher au mieux ce qui peut encore l'être. T'as des clopes? J'ai vraiment besoin d'une clope là. Elle est beaucoup plus proche, maintenant, il peut sentir sa nervosité et il voit les traces qu'ont laissé les larmes sur ses joues qu'elle vient d'essuyer. T'es vraiment le dernier des cons. Il s'en veut de rester là sans rien faire, mais c'est tellement lent dans sa tête que chaque décision lui prend une éternité. Pourtant, il lève son bras pour attirer doucement l'italienne contre lui -sans rien bouger d'autre que son bras, il s'en sent pas encore la force. T'as pas besoin d'une clope, India, lui glisse-t-il en appuyant la tête brune contre son épaule. Un geste rare -en temps normal, c'est le moment où il commence à transpirer-, et sans doute est-il en train de rougir, mais ça, il y pensera plus tard. Y'a que toi et moi, ici, personne pour te voir. Profite. Et il lève le menton pour pas la voir pleurer. À trois mètres à peine, la jeunesse New-yorkaise continue de se presser devant les clubs, les bars et les diners, mais personne ne semble avoir envie de visiter la ruelle qui les abrite. Après, on ira manger un truc bien gras pour oublier tout ça.

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La foule se presse dans les rues alentours et pourtant India se sent coupée du monde. Alors quand son ami l'enlace et lui conseil de le laisser aller elle n'hésite pas une seconde. Elle n'a pas besoin de se forcer, la pression retombe toute seule, d'un coup. Elle reste silencieuse et ses yeux se vident progressivement. Ses joues sont trempées, son mascara a probablement un peu coulé et le t-shirt d'Alexis est humide. Après une longue minute, peut être même deux, elle relève la tête et fait deux pas en arrière, le temps d'essuyer son visage. Une clope aussi pour le coup ça lui aurait fait du bien. Elle aurait pu la fumer en pleurant alors l'efficacité aurait été double. " Tu veux me voir grossir c'est ça? Au moins une clope c'est sans calories! " lance t elle en rigolant. Elle s'en fiche de son poids. Elle est de celles qui peuvent manger 4 mcdo dans la semaine sans prendre un seul gramme sur la balance. Elle est de ces carnivores partisans du bon gras et de la junk food et qui pourtant ont belle allure. Elle se moque de ses filles au style de vie "healthy" et de ces nouvelles végétariennes qui se sont soudainement découvert des principes juste parce que c'est la mode. Biensur qu'elle le veut ce burger bien gras, et biensur qu'Alexis sait qu'il s'agit d'une bonne idée. " Par contre j'ai laissé ma veste aux vestiaires, il faut que j'aille la chercher! " ajoute t elle en enlevant la veste qu'Alexis lui avait prêté. Elle culpabilisait de le voir en t-shirt, il allait tomber malade s'il restait comme ça. Et puis elle n'avait pas envie qu'on vole son manteau, surtout pas au prix auquel elle l'avait payé... Elle lui attrapa la main et le tira jusqu'à l'entrée jusqu'à se poster devant le videur. " On a juste besoin d'aller aux vestiaires, j'ai oublié ma veste " Il les regarde fixement et les laisse entrer. Heureusement India est une habituée, ils commencent à la connaitre. Bon nombre de personnes talent en les voyant entrer sans même payer, les refoulés, les jaloux. Les néons les guident jusqu'à la salle principale. Les basses de la musique font trembler les murs. India adore cette sensation, elle sent son coeur et ses entraient vibrer au rythme de la musique. Elle s'arrête quelques secondes et ferme les yeux. Douce mélodie, la house musique des années 90, sa favorite. Elle se retourne pour s'assurer qu'Alexis la suit toujours et continue jusqu'aux vestiaires, postés au fond de la pièce près d'un bar. En passant elle aperçoit Rose et sa bande. Jason n'a plus l'air de faire le malin, il est repartit la queue entre les jambes et ses potes se foutent de sa gueule. India sourit discrètement. Elle zieute Alexis, lui aussi les a vus. Elle n'attend rien de sa part, elle veut juste attraper sa veste et se tirer. Ils se placent dans la file d'attente, ticket de vestiaire en main. " J'espère que j'ai pas gaché ta soirée?! " elle crie pour qu'il puisse l'entendre malgré la musique. Elle s'inquiète, même si elle sait qu'Alexis est là pour elle, car il le lui a toujours prouvé, elle ne veut pas l'embêter.

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Ça se passe doucement et en silence, comme on retire précautionneusement une écharde du doigt d'un gamin. Les paupières closes, Alexis ne sent plus le froid sur sa peau ni l'odeur des poubelles à proximité. Y'a juste les doux cheveux d'India contre sa main, le léger parfum d'India sous son nez, les chaudes larmes d'India sur son épaule. Alors son cœur se serre, mais il attend que ça se passe, patient, bienveillant. Y a rien, dans sa tête, il peut pas se concentrer sur autre chose que sur ces trois sensations, alors il fait rien d'autre que se concentrer sur ces trois sensations. C'est pas désagréable, il se dit. Son nez commençait à lui piquer.
Quand elle se recule, il rouvre difficilement les yeux pour la regarder essuyer les siens. Ça lui arrache un sourire, il se dit que ça a dû lui faire du bien. Tu veux me voir grossir c'est ça? lance-t-elle avec légèreté. Au moins une clope c'est sans calories! Ça lui fait rouler les yeux alors qu'un petit rire s'échappe d'entre ses lèvres. Tu me remercieras plus tard, va. Pour t'avoir empêché de fumer ET pour le gras. Il sait qu'il est pas un modèle, mais India, il veut la préserver, il veut qu'elle soit en bonne santé, heureuse et belle. Un monde où India ne serait pas belle ne peut pas exister.
Sans y penser, il récupère son bomber alors qu'elle l'informe qu'elle va aller chercher son propre manteau. Tu veux que je t'accompa-... commence-t-il alors qu'elle s'empare de sa main et l'entraîne en dehors de leur abri -apparemment, le "je" l'inclut lui aussi. Mais il est docile, Alexis, alors il suit sans rien dire, parce que de toute manière c'est ce qu'il comptait faire.
Arrivés devant le videur -qui doit bien faire une tête de plus que lui-, Alexis sent bien le type le jauger en se disant sûrement elle a rien trouvé de mieux, la petite ? mais il s'en fout un peu, parce qu'au fond, il sait qu'il aimerait être à sa place, comme tous les mecs autour. Des fois, il se demande quand même comment il a réussi à devenir aussi proche d'elle.
Les basses qui secouent les murs lui font tourner la tête dès qu'ils passent les portes, et suivre India à travers le labyrinthe de corps à moitié dénudés et moites de sueur devient de plus en plus compliqué. Il s'attache à la silhouette de l'italienne et donne des coups d'épaules pour être sûr de ne pas la perdre ; il devient l'ombre de son nombre, l'ombre de sa main, l'ombre de son chien, à tel point qu'il manque de lui rentrer dedans lorsqu'elle s'arrête une première fois. Ses yeux s'attardent sur son petit visage apaisé alors que la musique lui rince l'esprit, et ça apaise un peu le sien de voir ça. C'est pas ce qu'il écoute, en général, mais rien que pour ce tableau, il commence à apprécier le morceau.
Et puis il voit les yeux bruns s'ouvrir et se diriger vers un groupe, pas bien loin. Curieux, il suit le chemin du regard et met un moment à reconnaître les gens qui ont attiré l'attention d'India -qui, déjà, est repartie. Il continue de la suivre, mais dans sa tête, ça bouillonne. J'espère que j'ai pas gâché ta soirée?! Elle crie presque, mais Alexis s'est déjà approché suffisamment d'elle pour l'entendre. Sans prévenir, il passe une main dans le dos de l'italienne et se penche vers son oreille. On a vu mieux, mais c'est pas encore trop tard. Un sourire et il fait un pas en arrière pour prendre la main libre de la blogueuse. Il sait pas trop ce qu'il fait, à vrai dire, il a juste envie de le faire se sentir encore plus mal, il veut qu'il soit jaloux, Jason, il veut qu'il perde cette confiance mal placée. On va danser un peu, tant qu'on est là ? Il jette un coup d'oeil au sale type qui regarde maintenant vers eux et sourit un peu plus. Parfait.

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Baigner dans cette foule et dans ce son fait remonter en India l'ivresse qui s'était dissipée suite à sa sortie précipitée du club. Ses yeux se ferment tout seuls et elle se balance d'une jambe sur une autre, se retenant de faire bouger ses bras et de laisser aller son corps au rythme de la musique. Enfin son tour arrive, elle donne son ticket. " Numéro 42! " elle crie pour se faire entendre. On lui donne sa veste, elle l'attrape, remercie et se tourne vers Alexis. Soudainement un sentiment de culpabilité, ou presque, la traverse alors elle s'empresse de demander à Alexis si elle ne lui a pas trop gâché sa soirée. La réponse du jeune homme la laisse dubitative mais il se fait vite comprendre lorsqu'il attrape la main de l'Italienne pour l'entrainer sur la piste. Elle se laisse faire, elle sourit elle est heureuse. Elle passe d'une soirée merdique avec des gens qu'elle tolère à peine à un moment partagé avec son héros, son ami. Elle ne lache pas sa main, elle la sert plus ou moins fort selon l'intensité de la musique et se sent flotter. Elle ouvre les yeux et sourit à son ami. Il n'a pas l'air dans son assiette, ça lui fait perdre son sourire le temps d'un instant. Il a le regard vague et les pupilles d'une taille pas vraiment normale. Elle fronce les yeux comme si ça allait pouvoir l'aider à y voir plus claire et se rapproche de lui pour l'examiner. " T'es sur que ça va? " elle tient toujours sa main, elle ne veut pas la lâcher, c'est un certain sentiment de sécurité. Peut être bien que c'est une certaine forme de naïveté aussi.
Elle le voit concentré, elle décide de suivre son regard ce qui la mène tout droit sur Jason et ses copains. Y'a même Rose qui fait la gueule et qui croise les bras en fixant India. Ils la fixent tous, ce qui commence à l'énerve. " Non mais c'est une blague? " lâche t elle sans même savoir si Alexis l'a entendue ou non au travers de tout ce bruit. Alors elle continue sa danse. Elle se rapproche de son ami, peut être un peu trop, dos à leurs spectateurs. Mais même de dos elle sent les regards, c'est pesant, fatiguant. Elle s'approche de l'oreille d'Alexis pour se faire entendre. " On peut s'en aller si tu veux " Elle se recule un peu pour pouvoir lui faire face et voir son visage, il baisse la tête, elle n'y prête pas trop attention, elle même bien trop distraite par son état d'ébriété.  
Une main vient se poser sur son épaule, elle se retourne et voit Jason. Mauvaise surprise, elle s'en serait bien passé. "Alors comme ça t'en a pas eu assez?" elle fronce les sourcils, se recul, s'énerve, et lève la main.  " Toi non plus t'en a pas eu assez?!! " elle a du répondant la p'tite, ouais elle a le sang chaud, et elle s'énerve facilement surtout face aux gros machos. " Calme toi gamine, tu crois vraiment que ton mec peut te défendre face à moi? " Il s'en prend à Alexis cette fois, India se tourne vers lui, inquiète. Biensur qu'elle est inquiète, non pas qu'elle doute de son ami mais... niveau gabarit on peut pas dire que le combat soit équitable, on a un footballer américain rate mais baraqué contre un mec taille mannequin mais pas franchement carré. Elle se sent coupable, pourquoi l'a t elle entrainé là dedans?