Après avoir terminé ses révisions quotidiennes, Priam s'était préparée pour faire quelques exercices de danse, profitant de l'absence de sa soeur. L'appartement avait beau être grand -merci frangin-, quand Kira était dans les parages, c'était toujours trop petit. Cette fois-ci, comme tout les mercredi onze heures, l'aînée des deux soeurs pouvait avoir le salon pour elle sans entendre la voix grinçante de sa cadette. Cette nouvelle année scolaire était entamée puis quelques mois désormais, mais elle avait toujours une espèce de sentiment "d'étrangeté" quant aux quelques rencontres qu'elle avait faites. Il y avait Silas, qu'elle ignorait être le cousin de Charlie, qu'elle appréciait et avait du mal à supporter à la fois. Cette histoire de fausse petite amie l'irritait et l'amusait en même temps. En bref, fréquenter Silas n'avait rien de reposant pour ses nerfs. Et puis il y avait Andy. Après la dispute qu'ils avaient eut et la fin du couple à trois qu'il l'avait menée à former avec Charlie, Priam s'était sentie rejetée comme une malpropre. On l'avait voulue, on l'avait eue, et au moindre faux pas, on l'avait jetée. Elle avait été vexée, elle s'était sentie stupide, mais comme toujours lorsque ça concernait les hommes ou les sentiments, Priam savait mettre ses rancœurs de côté pour peu que l'on sache s'y prendre. Et Andy savait s'y prendre. Ou Priam était facile. Un peu des deux sans doute.
Cela lui rappelait un peu l'année précédente, quand ils s'étaient rencontrés et qu'aucun passif n’entachait la relation, désormais, elle arrivait la plupart du temps à oublier l'existence de Charlie, ou du moins elle y travaillait, mais en sachant qu'il vivait avec elle c'était de plus en plus difficile. Lui disait-il qu'ils se revoyaient ? Cela l'importait peu.

Interrompue dans ses étirements de fin d'exercices, Priam regarde l'heure sans comprendre, elle n'attendait personne. Néanmoins, elle se dirige tout de même vers sa porte afin de voir qui venait la "déranger".
Charlie.
Charlie. Dit Priam après avoir constaté. Se raclant la gorge et fronçant légèrement les sourcils, perplexe, avec un léger sourire, la jeune femme détaille la blondinette qui se tient devant elle. Cela ne lui prédit rien de très agréable, surtout pas depuis le dernier coup qu'elle lui avait fait. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle la grande brune ne se poussa pas pour laisser rentrer.. son ex. Tu viens me voir jusqu'à Greenwich Village ? Ce doit être urgent. Tu viens me dire quelque chose que quelqu'un est censé me dire avant qu'il ne me le dise ? demande-t-elle alors, sarcastique, ne dissimulant pas l'amertume qu'elle avait encore face au coup vicieux que lui avait fait Charlotte envers Andy.

Même ne serait-ce que physiquement les deux jeunes femmes n'avaient rien à voir l'une avec l'autre. Grande brune; petite blonde, grands yeux fatigués, doux, verts bleu ou gris, une couleur typique; petits yeux perçants, bleus.. accent de l'Est, accent Anglais, grande indolente, petite nerveuse. C'était un duo digne d'un film, les "rivales mythiques" d'un jeu vidéo, quelque chose quoi, chacune incarnait quelque chose. Elles s'était côtoyées, peut-être même appréciées. Priam ne savait toujours pas si elle s'était habituée à Charlie ou si elle l'avait réellement appréciée; sa fierté avait tendance à lui faire dire qu'elle ne l'avait jamais sentie, c'te "blondasse", mais il fallait se rendre à l'évidence : lorsque la brunette s'était confiée quant à son aventure avec un autre homme qu'Andy , elle l'avait fait avec sincérité, elle lui avait fait confiance, elle pensait être alliées, aveuglée par sa manière de voir les choses sans jamais estimer une seule seconde la relation que Charlie partageait avec Andy avant que celui-ci ne croise sa route. C'était son grand défaut à Priam, elle ne voyait tout que de son point de vue et ne se mettait jamais à la place des autres. Ben oui, j'ai bien ça pour une vieille amie. Répond alors Priam tout en se décalant pour laisser passer Charlie, bien qu'elle ne le fait pas avec un grand enthousiasme. Une fois que la petite blonde se trouve dans l'appartement, l'Ukrainienne lance la porte pour la refermer avant de se diriger vers la cuisine pour servir le dit verre d'eau. J'vais pas jouer ton jeu longtemps Charlie, crache le morceau. lance-t-elle alors en glissant le verre vers la blondinette.

C'était typiquement le genre de situation que Priam n'appréciait pas. Elle fixait Charlie, sans trop d'expression, juste passive, peut-être "neutre" quoiqu'il y avait plus un aura froid que chaleureux sur le visage de l'Ukrainienne lorsqu'elle observait la blondinette qui se tapait l'incruste. Par chance, elle lâcha sa question assez rapidement, on ne pouvait au moins pas lui reprocher de se la jouer maniérée, comme la plupart des étudiantes de Columbia que Priam était forcée de se coltiner en semaine. Peut-être cinq secondes passèrent avant que la grande brune eut une réaction : un sourcil arqué. Après quoi quelques secondes s'écoulèrent à nouveau et Priam eut un léger sourire, plissant légèrement les yeux. La situation l'amusait un peu mais elle ne savait pas bien où. Haussant les épaules elle répondit, comme "las" J'en sais rien. On se parle, oui. On se voit aussi. Mais après on ne forme pas un couple. , un nouveau mouvement d'épaules et la jeune femme observa son plan de travail avant de pousser un léger soupir. Pourquoi ? Priam ne comptait pas lui demander si ça la dérangeait, elle se doutait que oui, elle voulais simplement savoir où voulait en venir Charlie. Si tu es venue jusqu'ici, en personne c'est que tu devais déjà avoir la réponse, non ? Ou il ne voulait pas te le dire ? le ton de Priam se faisait innocent.

Priam eut un léger rire et son sourire s'étira. Elle ne savait pas si Charlie disait la vérité ou non. Par nature l'Ukrainienne avait tendance à croire ce qu'on lui disait, mais après avoir fréquenté la blondinette, et surtout après la trahison dont elle avait fait preuve, la grande brune tendait à ne plus trop vouloir croire ce que lui disait celle qui fût son amante. L'idée qu'Andy ai put lui parler de leur "relation" la surprenait un peu, et en même temps ça n'était pas impossible non plus, alors Priam se contenta de hausser les épaules. Donc ça te rends jalouse ? répondit Priam avant de froncer les sourcils face aux dires de Charlie. Elle visait juste, trop juste, la crainte de Priam se concrétisait en ses quelques mots et l'idée la fit serrer les mâchoires un instant. Peut-être, en effet, que l'alchimie qu'elle avait avec Andy n'était que physique, peut-être que la complicité qu'ils partageaient ne lui importait pas vraiment du moment qu'il pouvait jouir entre ses cuisses. Priam baissa les yeux une fraction de seconde avant de pousser un soupir. C'est moi qui suis allée voir ailleurs la dernière fois. Pas lui. Lui il est allée ailleurs en me rencontrant, c'est tout. répondit-elle alors, fixant la jeune femme sans plus sourire, mais sans non plus être hostile. Leur attitude s'opposant à chaque instant. Charlie n'était pas venue que pour des "informations", jusqu'où allait-elle aller avant que Priam ne se décide à la foutre à la porte ?

L'ukrainienne plissait les yeux en écoutant Charlie. Un mélange de colère et d'amusement pointait le bout de son nez au fur et à mesure des paroles de la blondinette. Se faire humilier dans son propre appartement c'était pas franchement agréable, mais la brunette en tirait une satisfaction quand même : Charlie était si obsédée à l'idée de vouloir la descendre elle qu'elle ne se rendait pas compte du triste de sa propre situation, au point que même les sous-entendus portaient un niveau trop élevé pour elle. Pas de doute, elle était blonde. Tu n'as pas compris. lâcha Priam d'un ton franc,voire tranchant, incapable de jouer les sournoises comme le faisait Charlie, incapable de ne pas prendre un peu à coeur ce qu'elle disait, bien qu'elle était déjà contente de ce qu'elle allait dire. La seule fois où Andy est allé voir ailleurs.. c'est quand il m'a rencontré. Le trompé c'est lui, pas moi. Et le plus trompé de nous tous, c'est toi ma pauvre. On s'est tous comment ça s'est terminé, merci à toi, et on sait tous comment ça a reprit : sans toi. Alors, ouais, j'sais pas où cette relation va me mener, mais pour le moment elle me mène au septième ciel, c'est plutôt pas mal. sur ces derniers mots, Priam esquissa un fin sourire, fier, car aussi "triste" cela pouvait-il être parfois, l'idée d'accaparer l'attention de certains hommes constituait souvent une grande fierté pour Priam; alors quand les "femmes" trompées chouinaient, quand ces mêmes "femmes" lui avait fait des vacheries, c'était carrément Noël. Faut croire qu'il a regretté de m'avoir lâché. Mais maintenant au moins t'es plus là pour surveiller.

Priam fixait Charlie de ses grands yeux verts-gris. Elle penchait légèrement la tête et le léger sourire qu'elle affichait pouvait laisser croire qu'elle admirait là une scène adorable, du type un jeune père câlinant son nourrisson, ou deux petits chats en train de jouer, ou son bien-aimé. Mais Priam regardait Charlie. Elle regardait Charlie et son amertume, Charlie qui se pavanait et qui voulait la blesser. Sur le moment ça la fit juste rire un peu, de la voir chercher à frimer quant à sa relation avec Andy, alors Priam rendit le sourire que lui avait adressé Charlie, mais ça n'était pas vraiment sincère, c'était plus du foutage de gueule, quoiqu-elle se réjouissait d'avance en voyant la pimbêche se diriger vers la sortie. Sauf qu'au lieu de s'évaporer et quitter le champ de vision de la grande brune sans rien dire, la petite blonde crache une dernière fois son venin et le sourire de Priam disparut instantanément. C'est moi la plus conne des deux ? Vraiment ? Vous dormez dans le même lit, grand bien vous fasse, mais quand il est pas là, il est avec moi et ne plus avoir à supporter ta face est un plaisir. Ya pas d'illusions Charlie, arrêtes de faire comme si tout allait bien alors que t'es venue jusqu'ici pour faire la peste. La jeune femme se rapprocha de la porte d'entrée et l'ouvrit en grand tout en fixant son "invitée". Allé, retourne dans ton lit. Tant qu'il y est encore.