En gros, ce qui s’est passé pour que je parte, c’est qu’un soir, je suis rentrée et j’étais toute seule. Maman avait laissé une note, elle était partie à Paris pour une urgence. C’est angoissant la solitude. Puis c’est libérateur en même temps. Le silence qu’apporte la solitude permet de prendre des décisions. Un peu comme quand on est allongé dans son lit, avant de s’endormir. Quand on pense trop, à des trucs futiles pourtant, qui bouffent des heures de sommeil précieuses, inutilement.

Dans la voiture, en allant à l’aéroport, tout ce à quoi je pouvais penser, c’était au fait que ma mère avait tout ce qu’elle méritait. Après mon frère, mon père… c’était finalement mon tour et dans l’avion, je me suis demandé comment j’avais pu tenir aussi longtemps.

Du plus loin que je me souvienne, ma mère a toujours essayé de me changer. J’ai toujours essayé de me rebeller en retour. Même si ça m’a mené droit dans le mur, ça a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Ce qui m’a le plus affecté, tout de même, reste son comportement, la manière dont elle a essayé de me façonner, moi et toutes les personnes qui l’on un jour aimé. C’est pour ça qu’ils s’en vont tous. C’est pour ça que c’est mon tour.

Les gens qui disent qu’on n’est pas ce que les gens font de nous racontent des conneries. Je suis un morceau d’elle. Une facette de sa personnalité. Et l’autre morceau, c’est la manière dont les gens en qui j’ai pu avoir confiance m’ont traité avant de me jeter. Je renferme tous les maux de mon passé, un peu comme une boîte de Pandore ambulante. Maintenant, c’est mon tour de façonner les choses comme je l’entends. Je serai plus jamais passive. Je me laisserai plus faire.