Elle était belle..
Il le savait depuis le premier regard qu'il lui avait lancé. C'était pas quelque chose qu'il pouvait crier à chaque fois qu'il la voyait, parce que ça serait lourd. Mais merde, elle était belle. Et il aurait fallu l'admirer toute la nuit pour en venir à cette conclusion, et c'est ce qu'il avait fait. Il avait pas l'habitude de regarder les filles comme ça, du moins pas celles avec qui il couche comme ça. Il la connaît à peine. C'est limite s'il se souvient de son prénom. Sophie ? Léo ?
Puis il avait passé une bonne soirée avec elle, avait finit complètement défoncé, en sueur, et la robe de la demoiselle était allongée sur le parquet, chaque paillette frottant contre le sol, la lumière entrant par la fenêtre reflétant sur le morceau de vêtement, affichant sur les murs de drôles de formes claires. Il y en avait aussi sur le front de la fille qui dormait à côté de lui. Puis il se laissa faire. Il baissa les armes, attrapa le carnet à dessin qui traînait sous son lit, puis se jeta sur le seul crayon qui gisait sur sa table de nuit pour enfin dévorer la demoiselle du regard, en ayant cette fois-ci une raison valable. Chaque trait compte.
Elle a un petit nez. Très mignon. Il remonte un peu vers le haut, ça lui donne un air enfantin à la fille. Puis elle a des traits très délicats. Très doux. Presque plus doux que les draps en soie dans lesquels elle dort. Et ses lèvres. Il a bossé là dessus hier. Puis elle a des joues très bombées, mais qui ne tombent pas, rosies par la chaleur de la chambre. Et des longs cheveux. Lucifer, il aime pas ça d'habitude, parce que ça prend trop de place, ça coûte cher, et c'est compliqué au lit. Mais elle, c'est fou, et c'est beau. Il y a quelque chose chez elle, c'est peut être l'effet d'ensemble, c'est un tout, mais il y a quelque chose de vraiment beau. De symbolique.  Vénus ? Aphrodite ?
Puis elle a un très beau corps, aussi. Il en a pas parlé. Et il préférerait ne pas y penser, parce qu'il la connaît pas, que si ça se trouve, elle est mariée, elle a quatre enfants et trois chiens. Il la connaît pas, c'est bien le problème. Elle a quel âge ? Et où est ce qu'elle habite ? Et pourquoi elle a couché avec lui ? Il se pose peut être trop de questions. Il y en  juste beaucoup qui tourbillonnent dans sa tête, il peut pas les faire sortir. Du coup il reste là, allongé comme un connard, le satin qui lui caresse le bas du torse, un crayon à la main, en train d'esquisser ce qu'il voit dans la lumière jaune.

lucifer & nicola

A quoi tu joue ? Il sourit. Elle venait de se réveiller, la nénette, elle venait de se réveiller et elle comptait papoter et se laisser aller, se faire dessiner par Luci, se laisser faire. Est ce qu'elle était aussi animale, hier soir ? Il réfléchit, mais aucun souvenir. Il se souvient de rien, nan, même s'ils avaient passé une très belle nuit. Il continue de la dessinner, la petite meuf, le petit morceau de chair sur qui repose toute sa patte artistique. Puis c'est pas bien difficile, mais c'est intéressant. Mais la femme, elle vient de remonter les draps, elle vient de faire s'envoler toute la brume d'amour qui l'entourait. Elle a tout cassé. Et il laisse tomber le carnet, un air boudeur dans les yeux, puis il la regarde, et pose le crayon sur la table de nuit, et il dégage une mèche de cheveux qu'elle avait dans la figure, parce qu'il veut la regarder. S'il peut pas la dessinner, autant la mater jusqu'à ce que ses paupières se ferment. Et il sourit ouais. Puis il se baisse, il s'allonge un peu mieux, et il lui prend la cigarette d'entre les lèvres, pour tirer dessus, parce qu'il a pas que ça à faire, que d'observer une nana ronchonner devant lui dès le petit matin. Si, j'ai que ça à faire. Et il se baisse un peu plus, il regarde mieux ses yeux, il regarde mieux les grains de beauté parsemés sur tout son visage, sur ses joues, sur son front, sur ses seins. Et il l'embrasse, il en profite, il goûte au plaisir et au bonheur. C'est un petit bonheur, la fille, c'est une petite joie rien qu'à elle. Je joue à toi.

lucifer & nicola

Et elle fronce un peu les sourcils, la nana, mais il sait pas trop pourquoi, et il fait pas trop attention. Quelle réponse de loveur.. Il pouffe de rire, Tu m'a démasqué. Et elle l'attrappe par le cou, elle l'attrape partout, elle l'attrappe par ce qu'elle peu, ce qu'elle a, en face d'elle. Et elle l'attrappe par le coeur. Puis il sourit, pendant qu'il s'embrasse, et il prolonge le baiser, douce nicotine, poison de demoiselle. Et sa main dans ses cheveux emmêlés, il caresse sa joue puis quand vient le temps de se retirer, il fait la moue. Il aime bien l'embrasser, la nénette, il aimerait ne pas avoir à respirer pour le faire éternellement. Tu n'as pas déjà joué à moi ? Il sourit en coin, lançant un regard vers la fenêtre, le soleil déjà levé, la lumière blanche qui entrait et caressait les formes de la femme alongée à côté de lui, les jambes entremêlées avec les draps, et puis ses sentiments entremêlés dans les cheveux et la fumée qui s'échappait des lèvres framboise qui semblaient appeler au baiser. Et il lui lance un regard, de ses yeux semi-clos, J'ai pas le droit de recommencer ? Puis il enfouit sa main sous le drap qu'elle avait remonté maintenant, caressant doucement son côté, approchant doucement son visage du sien, posant délicatement un baiser sur les lèvres de la demoiselle. J'ai pas terminé de jouer, nan.