La grande gigue se ramène avec un art de la superposition et dégradation de fringues propre à elle-même, un sachet en main, un gobelet dans l'autre, les collocs ont voulus se la jouer innovateurs en mangeant dehors mais sans organisation. Ils se sont posés à Central Park, parce que Léo voulait changer un peu et se sentir en connexion avec les autres qu'elle a dit, du grand n'importe quoi.
Posant son cul sur la pelouse sans tergiverser, elle sort de son sac quelques débilités à grignoter et ouvre les cookies vegan qu'elle a constamment l'habitude d'engloutir. Je comprends pas ce qu'on fout là, comme si t'étais pas assez chiant à l'appartement. lance-t-elle cash à Rose avant de manger un cookie plus vite que son ombre et prendre une gorgée de son habituelle tisane qu'elle avait transporté dans son gobelet. T'étais où ce matin ? 

je soupire d'indignation en suivant cette abrutie, parce que je la suivrais probablement au bout du monde. j'devrais arrêter de me faire mener à la baguette par les femmes un jour, ça serait bien. léo choisit un coin pour s'asseoir et je m'installe près d'elle, le plus à l'ombre possible, fuyant le soleil comme la peste dans mon ensemble jeans/t-shirt noir.

elle commence à sortir son bordel et je lève les yeux au ciel en reconnaissant l'emballage de ses cookies immangeable. je fouille dans ma poche pour en sortir mon paquet de cigarettes et glisse une clope entre mes lèvres avant de lever les yeux vers elle lorsqu'elle prend la parole. j'allume le petit bâton de nicotine et inhale avant de ranger mon paquet et mon briquet. premièrement, c'était ton idée. et deuxièmement, va te faire foutre avec un cactus, je répond sur un ton monotone avant de lui arracher son gobelet des mains pour en boire une gorgée. un truc de comestible.

elle me demande où j'étais ce matin et l'irrésistible envie de répondre à la question par sa réponse universelle me brûle les lèvres, mais je me retiens. je tire sur ma cigarette sans la quitter des yeux et c'est rageant qu'elle soit aussi jolie, surtout dans cette jupe dégueulasse et avec sa frange en bordel. j'suis parti promener le chien, je mens en recrachant la fumée sur le côté pour ne pas qu'elle atterrisse dans son visage. un minimum.

Léonie lui fout un coup de poing dans l'épaule. Mais ferme la ! Peste l'asperge face à l'amabilité de Rose, à croire que ça la surprend encore, mais tout est un bon prétexte pour le cogner. Puis les cactus ça fait mal, et il lui vole son opium. Cependant elle le laisse boire dedans et s'occupe plutôt d'ôter sa sacoche et la poser simplement à côté. Il lui répond par l'absurde, mais ça ne la surprend pas. Ha tu t'es sorti tout seul quoi. Répond la mannequin, l'air désinvolte avant de fixer Rose droit dans les yeux tandis qu'il recrache sa fumée. Elle ouvre un paquet de chips et regarde le contenu sans se servir. Je vais à un festival ce week-end, tu pourras te promener dans l'appartement tout seul.

lorsque son poing s’abat dans mon épaule je m’esclaffe en haussant les sourcils et pince sa hanche en retour avant de lui rendre son gobelet. je glisse ma cigarette entre mes lèvres immédiatement après. j’ai pas le temps de trouver quoi répliquer à ce qu’elle me dit qu’elle enchaîne avec autre chose. je vais à un festival ce week-end, tu pourras te promener dans l'appartement tout seul.

mon regard s’assombrit immédiatement à ses mots, je me connais trop bien, et je baisse les paupières pour qu’elle ne le remarque pas, chassant de petits morceaux de cendres qui ont chuté sur mon jeans.

je déglutis péniblement en sentant la jalousie brûler mes entrailles, mais j’ai littéralement rien à dire là-dessus. léo et moi, on partage juste un loyer et… son thé. j’peux même pas réellement me l’encadrer. en plus elle a un mec. hm, tu m’en vois ravi, léonie. comme ça j’vais pouvoir ramener une femelle au bercail et puis on pourra l’faire doggy style sur ton lit, je bougonne avant de me laisser retomber en arrière pour m’allonger de tout mon long dans l’herbe, croisant mes chevilles et passant un bras sous ma nuque avant de porter ma clope à mes lèvres une énième fois, quasiment au bout de cette dernière, les yeux rivés vers les morceaux de ciel que la dense verdure de l’arbre qui nous assiste ne cache pas.

Elle continue d'observer les chips avant de reposer le paquet et jouer avec ses propres cheveux en observant Rose se nettoyer des cendres. En riant sous les propos provocateurs et puériles de son colocataire, Léonie fait comme un petit bruit de cochon, automatiquement elle porte la main devant sa bouche et son nez avant de se pencher en avant puis se redresser, hilare. Porc, fais ça et tu vas vivre des journées d'enfer à mon retour. Littéralement. Quand elle reporte son attention sur le britannique insupportable, il s'est affalé comme un petit chiot. Léonie se penche sur lui, cachant le ciel et le soleil, et lui chipe sa clope en la fourrant vite dans sa propre bouche pour la terminer elle-même. Toujours fixant Rose, de la pure provocation, un pic-nique plus pour faire chier que pour manger ouais.

léonie s'esclaffe et je déteste la sensation agréable que ça provoque en moi, donc je grimace. t'as un rire de cochon et c'est moi que tu traites de porc? c'est l'hôpital qui s'fout de la charité.

rapidement, mon champ de vision est obstrué par son visage et c'est un peu relatif à ce que je vois quand je ferme les paupières. je fais quand même mine d'être agacé en la dévisageant un instant et je geins comme un enfant quand elle me pique ma cigarette, même si il ne reste quasiment plus que le cul. je me redresse sur les coudes en plissant les yeux, la regardant me narguer, une, deux, trois, quatre, cinq secondes, avant de brusquement me redresser pour entourer ses côtes de mon bras et la tacler en arrière, contre l'herbe.

je la surplombe presque, me foutant de l'étouffer sous mon poids et prends la cigarette pour l'écraser dans la terre avant de venir pincer le bout de son nez. si tu manges les chips, j'mange un de tes cookies immondes, je propose comme un défi, l'ayant vu longuement hésiter sur le contenu du sachet avant de le reposer pour me casser les burnes.

typique venant de la personne, soit dit entre nous.

Ta gueule ! crie Léonie, sur Rose, avant de se marrer, amusée par l'expression interloquée des passants qui l'ont entendue, et la réflexion de Rose qui était, il faut l'avouer, un peu drôle. Connard de Rose. Tu portes un prénom de meuf, tu ferais mieux de pas faire la maline, Rose. Trop bête, trop simple, bas, mesquin. Bref : efficace.
Quand le teigneux se redresse, Léonie le fixe sans rien dire, sans sourciller. C'est plus tout à fait le cas quand il la renverse. Qu'importe son mètre 80, c'est pas son physique qui la rend difficile à renverser comme une feuille. Léonie secoue ses pieds, un peu, puis beaucoup : telle une gamine en plein caprice. Je vais me briser.. feint-elle (vraiment ?), le souffle coupé (comédienne). Tu es gros.. chouine la mannequin. Mais comment font tes petites amies Rose ? elle met le revers de sa main sur son propre front après avoir secoué la tête pour "éloigner" le pincement du colocataire, Pardon, comment font tes petits amis, Rose ? elle rit comme une idiote. Mange toi d'abord.

make me, je pense, sans la quitter des yeux et franchement, c'est pathétique.

je fais basculer Léo en arrière, elle se débat pendant cinq minutes, s'offusque, fait semblant d'étouffer et d'être délicate et je me retiens de rire en la regardant, jusqu'à ce qu'elle commence à se foutre de ma gueule. j'allais dire 't'as bouffé un clown au petit déjeuner' pour la cocasserie, mais j'suis con, tu bouffes que dalle, je lance en me laissant retomber sur le dos à ses côtés.

je pioche ensuite dans son paquet de cookies et enfourne le biscuit en entier dans ma bouche avant de difficilement me mettre à mâcher et j'ai littéralement l'impression de bouffer du carton. et pour répondre à ta question, je lance la bouche pleine, en tournant la tête vers elle, expulsant volontairement des miettes de ma bouche au gré de mes mots: en général, les meufs sont au-dessus, je continue en attrapant des hanches imaginaires, au-dessus de mon bassin pour mimer l'acte.

à toi, chat, j'articule autour du biscuit en lui tendant le paquet de chips.

Léo fronce les sourcils face à la réponde Rose et serre les mâchoires. Elle lui foutrais bien un pain en pleine poire à ce moment là mais l'espace d'un instant l'idée de se fracasser le poing sur sa face de merdeux ne l'enchante guère. Elle se contente alors de faire la moue, vexée, tout en regardant du coin de l’œil l'insolent la délivrer puis manger l'odieux cookie. Elle rit un peu en levant le bras pour se protéger des postillons pâtissier de son colocataire avant que ce dernier ne s'adonne à d'obscènes mimiques. Alors tu les aimes au dessus.. réplique t'elle l'air intéressée avant de rire. Un vrai feignant. A la vérité, Léo trouvait ça presque plus louable, et savait que ça n'avait rien à avoir avec de la fainéantise. Mais il fallait bien lui rétorquer quelque chose.
La mannequin passa alors à califourchon sur son colocataire. Genre comme ça. Fit-elle l'air désinvolte, voire dédaigneuse avant d'attraper le paquet de biscuits du britannique. Elle attrapa une chips qu'elle fit mine de porter à sa bouche avant de la laisser tomber. Après quoi elle renversa le paquet de chips sur Rose. J'ai menti ! J'en mangerais paaas !!

leo couvre son visage de son bras et je m'esclaffe légèrement à mon tour en l'entendant rire avant d'avaler le tout tant bien que mal. c'est absolument dégueulasse. j'arrive pas à croire qu'elle ait foutu du blé la-dedans. autant acheter de la javel et la siroter avec une paille. c'est moins cher et beaucoup plus efficace, en terme d'empoisonnement. sa remarque me sort de mes réflexions, son ton en fait, et je la regarde avant de lever les yeux au ciel. suis-je à blâmer? je lance dramatiquement en collant le dos de ma main contre mon front. le sexe c'est comme la nage, il y a forcément un moment où tu fais la planche.

elle m'escalade et je pose automatiquement mes mains sur ses fines hanches avant de hocher la tête. genre comme ça..., je répète avant de déglutir et j'ai la sensation que mon âme s'échappe de mon corps par mes trous de nez. mais ce n'est qu'une sensation. parce que j'ai pas d'âme. elle fait tout son chichi avec son paquet de chips au-dessus de moi avant de me renverser son contenu dessus et honnêtement... j'en attendais pas moins d'elle. heureusement pour sa vie que rien n'a terminé dans mes yeux.

je me redresse en faisant la moue, sentant des morceaux glisser dans mon t-shirt et léonie, visiblement très fière d'elle, est toujours sur mes genoux, ce qui fait que notre proximité est assez... on est proches quoi. je prends une poignée de chips et la lui jette pathétiquement dessus en faisant la moue. j'ai du sel partout. si j'étais une terrible personne, je t'aurais forcé à bouffer ces putains de chips par le nez. mais je suis un ange. donc, je ponctue en la faisant brusquement basculer en arrière pour la surplomber de nouveau, à croire qu'on roule sur l'autre tous les jours, tout en attrapant aisément ses poignets d'une main, que je maintiens au-dessus de sa tête et me serre quelques chips dans l'autre, cherchant à les mettre de force dans sa bouche. l'avion rentre à l'aéroport, léo, fais ahhhh!

L'assemblage de leurs sous-entendus et de leurs gestes laisse Léonie un moment comme "pensive". Pourtant rien ne parcourt réellement son esprit à ce moment là, mais il y a un je ne sais quoi qui chatouille sa colonne vertébrale et qui est parti de ses hanches. Un je ne sais quoi qui lui fait voir Rose différemment l'espace d'une nano-seconde. Pas plus. Le fourbe se redresse sans crier gare et la brunette le fixe de ses grands yeux bleus. Une impression de tournis l'envahit un instant, ce n'est pas son truc d'être proche des garçons, elle n'est proche que de Guérand, et fait vœux d'abstinence depuis... involontairement. C'est comme une adolescente pucelle qu'elle est déconcertée par la présence soudainement envahissante et masculine du colocataire au prénom de princesse, quand ce dernier la renverse en arrière. Cette proximité, cette emprise, l'intimide et Léo regarde ailleurs jusqu'à ce que son ""ami"" reprenne les conneries. Haaaaa crétin !!! peste-t-elle en riant avant de gigoter de droite à gauche comme une sardine. Il est fort sous son allure de sans-visage (tmtc Chihiro et ton voyage), et elle le fixe alors. J'vais te cracher au visage Rose.. dit Cat avant de se laisser aller mollement à ne plus résister du tout.  

l'espace d'un instant, léonie semble décrocher et je fronce les sourcils en réalisant qu'elle me regarde même plus en face. peut-être qu'elle pense à son mec, mec que j'ai jamais vu soit dit en passant, en dehors de sur son instagram, parce que je stalke comme un gros rageux des fois, mais juste dans des instants de faiblesse intense. peut-être que se rouler dans l'herbe depuis tout à l'heure lui rappelle qu'elle est supposée garder une certaine distance pour l'honneur de son gars ou j'sais pas quoi.

mais cela ne dure que l'espace d'un instant, juste le temps que je m'en rende compte, juste le temps que j'y réfléchisse un peu, avec qu'elle ne se mettre à rire et piailler, comme elle le fait d'habitude, en réponse à mes attaques. elle me menace et je hausse les sourcils, d'un air de défi. et si moi j'te crache dans la bouche, tocarde? je riposte en la lâchant finalement pour m'installer près d'elle et fourrer les chips dans ma bouche, plutôt que de les fourrer dans la sienne, parce qu'à quoi bon essayer de la nourrir si elle en a pas envie, à quoi bon essayer de prendre soin de quelqu'un quand on a jamais essayé de prendre soin de personne avant. ça a pas de sens. pour personne. c'est complètement inutile et stupide. une perte de temps.

t'y vas avec ton cher et tendre à c'festival? je demande la bouche pleine avant de remplir cette dernière de plus de chips.

Léonie affiche une moue d'horreur face à la réponde de Rose avant de répondre, une fois redressée : Gros dégueulasse !, elle rit un peu, s'arrange vite fait la robe alors que ce serait ses cheveux qui en auraient le plus besoin. Il l'insupporte parfois Rose, mais Léonie n'est pas du genre à supporter sans rien dire. Elle doit bien l'aimer dans le fond, mais rien que cette idée la fait culpabiliser. Elle ne s'était jamais vraiment posé la question d'un possible "après" suite à la mort de son unique amour, et comme si il venait d'entendre une bribe de ses pensées son colocataire la questionna sur Guérand. Fronçant légèrement les sourcils après avoir brièvement écarquillé les yeux, la jeune fille observa Rose sans rien dire, se demandant l'espace d'un instant si il faisait exprès de dire des conneries pareilles. Elle entreprit de l'insulter en débutant sa phrase par : T'es vraiment qu'un c.. mais se coupa dans son élan en fronçant un peu plus les yeux, dégageant son regard sur le côté. Elle essayait de passer mentalement en revue les moments où ils avaient parlés de leurs situations amoureuses, les moments où elle avait put parler ou non de son aimé..
Il ne savait pas.
Léonie poussa un long et léger soupir avant d'attraper son téléphone pour regarder le fond d'écran. Il ne viendra pas. Il viendra nulle part. Sa première phrase semblait un peu triste tandis que la seconde semblait agacée. Léonie se releva et attrapa ses affaires pour partir, comme une enfant capricieuse qui traînait des pieds tout en étant déterminée. Sans doute était-ce un peu spécial à voir.

j'sais pas bien si j'ai envie d'entendre sa réponse, alors j'avale ce que j'ai dans la bouche et je me prépare mentalement en allumant une nouvelle cigarette. elle est sur le point de m'insulter, mais elle s'arrête en plein milieu de sa phrase, sans raison. par curiosité, je lève les yeux pour la regarder et hausse les sourcils sans comprendre ce que je vois. elle a tourné la tête et j'ai une mauvaise vibe à propos de cette situation mais je comprends pas pourquoi, je comprends pas ce qu'elle a, tout à coup. moi, j'suis qu'un c? tu veux t'battre?

elle soupire, prend son portable et je tire sur ma cigarette en l'observant ; la moue triste, les yeux rivés sur cette stupide photo. elle répète qu'il viendra pas et l'instant d'après, elle se casse et autant, dans d'autres circonstances, j'aurais jubilé, dans celle là j'peux pas m'empêcher d'être confus et mal à l'aise et c'est chiant, parce que ça faisait un moment que j'avais pas ressenti de genre de chose... la compassion, un truc dans le genre.

et ça m'avait pas manqué. je déteste que cette connasse me rappelle que je suis un humain. c'est tellement plus simple de faire semblant, puis de rien ressentir du tout.

je lève les yeux au ciel, coince ma cigarette entre mes lèvres, me lève, abandonnant nos détritus et lui cours après pour la rattraper par le poignet. pars pas, où tu vas? qu'est-ce que j'ai dit? je demande en me plaçant face à elle pour lui barrer la route et chercher son regard.