Les années passent et le petit Charles tient bon. De toute façon, il n'a pas vraiment de raison de se plaindre. Lorsqu'il entre à l'université, il prend possession de l'appartement qu'ils possèdent en centre-ville, il se fait offrir la voiture qu'il veut, pars en vacances où il le désire. La belle vie, diront certains. Mais ils ne savent pas ce que c'est, les obligations, d'être bien habillé en toutes circonstances, de ne pas faire tâches dans le décor pour ne pas déshonorer le nom de la famille, de ne pas pouvoir choisir ce que l'on va faire du reste de sa vie. C'est à ce moment-là que Charles commence à dévier du chemin qu'on choisit ses parents pour lui. Oh bien sûr, il sauve les apparences, il suit ses cours, ramène même de bonnes notes alors qu'il passe ses nuits à faire la fête, boire de l'alcool, consommer de la drogue parfois et jouer avec des filles différentes à chaque fois. Il peut dire merci à l'argent de papa et maman, cet argent qui lui sert à payer d'autres élèves pour qu'ils fassent son travail à sa place. Ne vous étonnez pas, c'est comme ça que ça se passe ici-bas, n'allez pas croire le contraire. Puis vient enfin la liberté, la remise de son diplôme. Ses parents ont même fait l’effort de venir pour célébrer ce moment, lui on même organisé la fête du siècle car il était le digne fils Bell, celui qui prendrait la relève de son père, comme tous les autres avant lui, celui qui ferait prospérer le téléphone pour encore quelques décennies. Mais ça c’est seulement ce qu’ils croient. C’est ce que va faire Charles, du moins durant quelques temps, pour faire semblant, pour qu’on lui fiche la paix et qu’on ne vienne pas mettre le nez dans ses affaires, parce que le petit Chuck, il a une tout autre idée en tête qu’il compte bien mettre à exécution.
Ce qu’il savait faire, presque à la perfection, Charles, c’était sauver les apparences. Toujours bien habillés lorsqu’il devait rendre visite à ses parents ou avoir un rendez-vous professionnels, il n’a jamais laissé transparaître ce qu’il faisait dans l’ombre de ses journées, il n’a jamais montré, ni une seule fois, ni un seul instant, combien son âme pouvait être noir à certains moments. Peu à peu il prenait le contrôle de l’entreprise familiale, mais il n’avait même pas besoin de cela pour être satisfait. Bien au contraire, son autre affaire était tellement lucrative qu’il n’avait même plus besoin de travailler pour son père s’il le désirait. Seulement voilà, il ne pouvait montrer cette image de lui-même au monde entier. Il fallait qu’il reste le fils du PDG, l’hériter de l’empire Bell. Alors c’est ce qu’il faisait, sans se plaindre, sans montre à quel point il n’en avait rien à faire. Parce que cela aurait brisé ses pauvres parents de savoir que le fils qu’ils ont élevés, qu’ils ont aimé plus que tout n’est pas un homme bien.
Puis il y a les réceptions. Celle où sa présence est obligatoire, où il se doit de sourire, de serrer des mains, d’être poli et agréable. S’il a eu une bonne journée, cela ne le dérange pas, s’il n’est pas de bonne humeur, Charles fera tout pour écourter la soirée, même si cela doit se passer sous le regard désapprobateur de son père. Alors parfois il fait appel à des filles, pour faire bien, pour donner l’impression qu’il a une vie sentimental alors que Charles ne fait qu’enchaîner les relations, les nuits avec des filles différentes. Jusqu’à June. Rien que son nom le fait vibrer, lui donne le sourire. Elle est si belle, si sauvage. Ce n’était pas la première fois que le jeune homme faisait appel à une boîte d’Escort girl pour demander une fille afin de l’accompagner à l’un de ces dîners, une soirée ou n’importe quoi d’autre de barbant. En plus, la plupart du temps la fille en question finissait dans son lit sans même demander un extra. Mais avec cette brune là, c’était totalement différent. Oh certes, ils ont finit au lit, et pas qu’une seule fois. Ils ont commencé à se voir en dehors de toute cette histoire, devenant amant à mesure que Charles ne voyait plus qu’elle. June l’obsédée, à un tel point qu’il voulait qu’elle soit sienne jusqu’à la fin des temps. C’est comme ça que quelques mois après le début de leur relation, il l’a demandé en mariage. Pour le meilleur et le pire. Mais surtout le pire.
Désormais marié à une beauté dont au final il ne connaissait pas grand-chose, Charles faisait tout de même le bonheur de ses parents. Quant à lui, il ne savait que demander de plus. Il possédait June dans tous les sens du terme, il faisait ce qu’il voulait quand il le voulait, l’entreprise familial allait très bien, quand à son autre affaire, elle prospérait très bien aussi. Lorsqu’il avait des coups de colère, pour n’importe quel raison, le jeune homme se rendait souvent dans une salle de sport pour évacuer ou alors partait quelques jours afin de faire un sport à sensation. Rien n’était suffisant pour Charles, qui ne marchait qu’à l’adrénaline et qui en voulait toujours plus. Jusqu’à un jour, il y a trois ans. Alors qu’il passait la journée sur son Yatch avec sa femme et quelques amis, il apprit la mort de son père et par conséquence son accession au sommet de l’empire Bell. Désormais tout était à lui, l’argent, la renommé mais aussi les responsabilités. Et ça, Charles n’en voulait pas. Il avait déjà suffisamment à faire pour travailler à temps plein derrière l’ordinateur de son père, dans son bureau qui dominait la ville entière. Pourtant il dû se mettre au travail, ce qui le rendait de très mauvaise humeur la plupart du temps, sur les nerfs et surtout colérique avec n’importe qui et même sa femme.
On ne pouvait pas dire qu’il avait toujours été correct avec elle, puisque pour le jeune homme, il la possédait, elle était sienne et il ne pouvait pas en être autrement. Pourtant il l’aime, du moins à sa façon. Il n’hésitait jamais à débourser des cents et des milles pour lui faire plaisir, mais d’un autre côté il s’assurait qu’elle n’irait pas le trahir. D’une façon ou d’une autre. Faisant placer des caméras dans chaque coin de la maison, il pouvait alors surveiller le moindre de ses faits et gestes. Il a donc en sa possession de nombreuses vidéos qu’elle ne voudrait pas voir dévoiler au grand jour. Et ça, il ne lui as jamais dit. Comme il ne s’est jamais excusé après lui avoir levé la main dessus. Ce n’est arrivé qu’une seule fois qu’il en arrive à ce point là mais il faut avouer qu’il lui arrivait parfois d’être méchant avec elle. Il n’y pouvait rien et elle ne disait rien. Jusqu’au jour où elle a tout simplement vidé ses placards avant de disparaitre dans la nature.
New York City, il y a quelques jours.
Charles avait toujours une réponse à tout. Lorsqu’on lui demandait où se trouvait sa magnifique femme, il expliquait qu’il lui avait offert des vacances dans un endroit sublime. Il n’allait tout de même pas raconter la vérité et dire qu’il l’avait fait fuir après l’avoir battu. Cela ternirait tellement son image et il ne pouvait pas se le permettre, loin de là. Quant à June, il avait bien engagé un détective pour tenter de lui remettre la main dessus, il n’avait rien trouvé pour le moment. Il ne désespérait pas qu’elle réapparaisse un jour et cette fois, il pourrait lui faire ses excuses. Même s’il n’en penserait pas un mot. Tout ce qu’il voulait s’était sa femme. Personne ne peut lui échapper de cette façon. Puis après tout, le mariage dit jusqu’à ce que la mort les sépare. Rien d’autre. En voyage dans la grande pomme, c’était l’occasion pour le jeune homme de rendre visite et de passer du temps avec Thomas, son ami d’enfance. Et dire qu’il avait fallu qu’ils aillent jusqu’en France pour faire connaissance. Quoi qu’il en soit, alors qu’il se retrouve pour passer la soirée ensemble, il apprend, par la bouche de son ami, que June, sa chère et tendre épouse se cache à New York depuis tout ce temps.