“J’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner.”

ournée pas terrible. Le soleil semble s'être caché aujourd'hui. La grande brune décide alors de se rendre au Lewis Bookstore, on y trouve des livres rares et la jeune fille aime ça. Point négatif ? C'est à Brooklyn. Se fondre dans la masse, mais pas trop. Eva enfile un jean slim, un haut large noir et ses escarpins Repetto. Faut pas déconner quand même. Elle attrape ses affaires et se fait déposer par son chauffeur, dans une rue plus loin. Ça fait moins désordre.
ne fois entrée, la jeune femme parcours de nombreux étales, jusqu'à trouver le bon ouvrage. Ses yeux s'écarquillent lorsqu'elle voit l'objet recherché. Au moment de l'attraper, elle heurte la main de quelqu'un d'autre. Pas besoin de regarder. Sa voix. Elle le sait. C'est lui, Staz. Merde. Ils s'étaient croisés y'a quelques temps avant mais s'étaient soigneusement évités. Là ça semble compliquer de s'échapper. Elle lève les yeux, comme pour s'en assurer, et voit alors que le jeune homme l'a reconnue aussi. Il propose de lui laisser le bouquin. A présent elle s'en fou mais ne peut s'empêcher de rétorquer. "J'y compte bien. Merci." Elle attrape le livre avant de lâcher avec un air nonchalant. "Alors comment tu vas d'puis le temps ?" Foutue pour foutue, autant mettre les pieds dedans.

© Starseed

“J’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner.”

a brune ne prit même pas la peine de répondre à son ex quand il lui demanda pourquoi elle comptait bien qu'il lui cède ce bouquin. Ça paraissait évident, elle était venue de perpette juste pour le trouver et elle n'allait pas attendre qu'il ait fini de le lire. Il répond avec un petit rire à sa question courtoise avant de lui lancer un pique en pleine face. Déroutée, elle ne se laisse pas démonter, pas devant lui. "Je me porte on ne peut mieux merci. J'aime cette bibliothèque." Ne sachant pas vraiment quoi ajouter, elle le regarde tandis qu'il fait mine de feuilleter d'autres livres. C'est le moment pour partir et oublier cette rencontre mais elle n'y arrive pas.
lle le détaille de bas en haut, toujours les mêmes jeans et le même style de pompes. Elle sourit légèrement, elle aime ce look décalé. Son regard remonte vers son haut. Elle ne sait combien de débardeurs noirs il a dans son armoire, mais elle sait surtout à quel point ce genre coupe laisse apparaître les biceps du jeune homme. Merde. Elle sait pertinemment ce qui se passe dans sa tête, et pourtant... Elle remonte son regard et scrute chaque partie de son visage, ce visage qu'elle connait pourtant par cœur et qu'elle n'a jamais oublié, ses cheveux dans lesquels elle glissait ses doigts, son regard...
Il est comme un super livre qu'on a lu quarante fois et dont on a déchiré une page. La page la plus important de ce foutu bouquin. Et alors, ce livre se refuse lui même à être de nouveau lu. Il est ce livre, cette putain d'histoire dont elle a lacéré la fin, et qui refuse de s'ouvrir de nouveau. Elle souffle sentant à quel point cette rencontre lui ait difficile. Elle détourne le regard vers les rayonnages et se répète alors comme pour elle-même "J'ai toujours aimé cette bibliothèque...". Sachant pertinemment que ce dont elle parle n'est pas du lieu, mais de lui.

© Starseed

“J’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner.”

es yeux dans le vide, ses pensées s'envolent doucement. Elle tente de les empêcher d'arriver mais c'est comme-ci elles forçaient le passage. Son sourire, à lui, encore et toujours. Sa coupe mal coiffée, son odeur... Elle ferme les yeux juste un instant lorsqu'elle est interrompue par la voix du jeune homme. Reconnaissable entre mille, elle se demande si ce son est réel ou s'il vient de son imagination. Pour en avoir le cœur net, elle tourne le regard vers Staz. Il ne lit plus, et a bien l'air d'attendre une réponse. "Pardon ?" lâche-t-elle avant de se souvenir de la question du jeune homme. "Non merci, je dois étudier." voilà ce qu'elle aurait du répondre mais non. Plus tard, elle mettra ça sur le compte de son addiction certaine au café, mais pour le moment, elle se contente simplement de profiter de cet instant qu'elle ne souhaite pas voir s'achever. Bien que l'atmosphère soit pesante, elle répond : "Hmm heu... oui je veux bien." En silence elle s'avance vers le jeune homme pour lui passer devant et sortir des rayonnages. Elle marche devant lui en direction du coin détente. Elle ne se retourne pas, il doit être juste derrière elle, elle le sent. Elle passe sa main dans la poche de son jean, glisse une pièce dans le distributeur puis s'adresse au jeune homme : "Tu veux quoi ?" Elle aurait pu directement appuyer sur le bouton, sachant pertinemment celui qu'il préférait avant. Avant... Ça lui fait vraiment bizarre de se retrouver là, avec lui. Mais pour commencer, elle ne lui donnera pas la satisfaction de se souvenir de son café préféré, et deuxièmement, il était fort probable que cela ait changé.

© Starseed

“J’étais prête à tourner la page mais c’est la page qui ne veut pas se tourner.”

n frisson parcourt Eva lorsqu'elle entend Staz pouffer dans son dos. Un léger sourire s'affiche dans le coin de sa lèvre qu'elle efface quasi aussitôt. "Oui oui, comme tu veux. J'ai jamais été fan de ces distributeurs." Déconcertée, elle le suit. A vrai dire, elle aurait préféré une boisson toute prête plutôt qu'un tête a tête dans un café. Ça devenait beaucoup trop formel, et clairement, sa tête allait se mettre à se faire des films. Surtout lorsqu'il esquisse un sourire avant de partir. Elle soit se ressaisir, ne pas montrer tout cela... Elle suit Staz au café d'en face et s'assoit en face de lui. Le voir allumer sa cigarette l'énerve toujours. Elle qui tente de prendre le plus possible soin de son corps, lui n'en fait rien. C'est aberrant d'être si différent et pourtant si complémentaires... Avant qu'elle ne puisse répondre à la remarque sarcastique du jeune homme, il est déjà temps de passer commande. "Un long café colombien ou éthiopien. Ou à défaut... ce que vous avez." Elle a un peu oublié qu'elle n'était pas dans ses quartiers de prédilection. Elle fait un geste de la main pour chasser la fumée qui vient sur elle. "Ne t'inquiète pas pour mon livre, celui la ne risque pas de s'enfuir." Sans attendre qu'il fasse le lien de cette métaphore, elle lance : "Alors tu en es où depuis ... ?" Elle ne finit pas sa phrase.

© Starseed