“Graham & Amanda ”

Installée sur son canapé, les jambes repliées, elle attend que le prince charmant à côté termine de cuisiner. Elle est patiente, et puis elle n’a pas très faim. Elle a un rapport un peu particulier à la nourriture, Amanda. Elle a commencé la danse très jeune, et par la même occasion elle a rapidement appris à suivre un régime alimentaire extrêmement strict. Elle n’est plus danseuse étoile, mais certaines habitudes sont toujours là. Perdue dans ses pensées, elle se rend compte des qualités de son ange déchu. Il semble doué pour bien des choses. Mais il arrive finalement et pose deux assiettes sur la table, plutôt bien remplies d’ailleurs. A ses paroles, elle relève les yeux vers lui. Elle se retient de dire qu’il est l’homme parfait. De sa bouche, ça sonnerait sarcastique alors que là, tout de suite, elle le pense vraiment. Elle se demande pourquoi sa femme l’a quittée, et aussi pourquoi il traine avec elle en réalité. Elle pensait que c’était pour le sexe, mais il veut manger avec elle, alors elle ne comprend pas. Sans cérémonie, elle attrape l’une des assiettes et la pose sur ses jambes pour manger. Elle n’a pas diné autour d’une table depuis des mois, alors elle est loin de la bourgeoise aux bonnes petites manières. Elle a pourtant une certaine grâce particulière dans ses gestes alors qu’elle se met à picorer dans son assiette. Les restes d’une famille riche, d’un milieu aisé auquel elle n’appartient plus. Elle mange doucement, en silence, un peu comme si elle redécouvre la nourriture. C’est bon, même si elle n’arrivera surement pas à finir son assiette. Et finalement, elle plonge son regard dans celui de Graham. – Pourquoi vous vous êtes séparés avec ton ex-femme ? demande-t-elle subitement. C’est la première fois qu’elle lui pose une question aussi personnelle, en fait c’est peut-être même la première fois qu’elle lui pose une question tout court. Elle ne se demande pas si elle est trop intrusive ou si elle manque de tact. Elle s’interroge vraiment, alors elle préfère directement lui demander la réponse.   

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“Graham & Amanda ”

C’est sans réfléchir qu’elle lui a posé la question. Elle n’a jamais eu la langue dans sa poche, elle n’a jamais eu peur de brusquer ou de blesser son interlocuteur. Elle ose, tant pis si ça ne plait pas. Parce qu’au fond, elle n’oblige personne à lui répondre, tout comme elle n’oblige personne à rester dans sa vie. Pour ce que ça lui importe… Elle finira surement toute seule, Amanda. Et elle l’aura cherché, sans doute. Mais, de toute façon, elle en est convaincue : On nait seul, on vit seul, et on meurt seul. La preuve, même avec ses allures d’hommes parfaits, Graham est seul, lui aussi. Et elle a bien envie d’en connaitre la raison. Il semble quelque peu chamboulé par sa question, presque gêné parce qu’il a le regard rivé sur son assiette tandis qu’il essaye finalement de lui répondre. Sa réponse soulève d’autres interrogations. Elle en apprend à peine sur son présent, mais ce passé dont il parle est un mystère absolu pour elle. Elle sent malgré tout qu’elle a remué quelque chose en lui. C’est bien son genre, ça. Elle ne parle jamais, mais il lui suffit d’une phrase pour en dire trop en fin de compte. Mais elle écoute le reste des paroles de son ange déchu, elle comprend alors qu’il doit avoir une certaine fascination pour les garces. C’est vrai, quoi. Elle ne croit pas en l’amour personnellement, mais s’ils se sont mariés, c’est bien que cette femme était amoureuse de lui. Partant de ce principe, elle trouve la raison de leur rupture complètement conne. Alors elle la trouve conne, elle aussi. Sans répondre tout de suite, elle se redresse pour poser son assiette encore à moitié remplie sur la table basse près du canapé. – Ou peut-être que tu attendais ton futur. lâche-t-elle d’une voix malicieuse. Sur le coup, elle n’a pas réfléchi à ses mots, au fait qu’elle insinue que c’est elle, son futur. L’idée même lui semblerait ridicule, mais c’est ce qu’elle a pourtant dit. Comme une panthère avec sa proie, elle s’approche félinement de lui. Elle le débarrasse de son assiette et la pose sur la table également avant de s’installer naturellement sur ses genoux. – Tu es bon cuisinier. précise-t-elle tout de même avant d’aller l’embrasser avec envie.  

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“Graham & Amanda ”

Assise sur ses genoux, elle le contemple du coin de l’œil. Elle n’aime pas le voir comme ça, son ange déchu. C’est étrange, venant de sa part. Si elle voit quelqu’un se mettre à pleurer, elle est du genre à lever les yeux au ciel, Amanda. Elle l’apprécie peut-être un peu plus qu’elle ne veut le voir. Non. C’est par pur égoïsme. Un homme dépressif, ça n’a jamais envie de baiser. Voilà. C’est ça. Mais alors que leurs regards finissent par se croiser, elle sent cette façon particulière qu’il a de la regarder… Jamais, un homme ne l’a regardée de cette façon. Elle ne le reconnait pas, ce regard. Mais elle ne cherche pas plus loin alors qu’elle l’embrasse finalement avec envie. Tout de suite, il prolonge son baiser mais avec cette tendresse qu’elle ne lui connait pas, tendresse qu’elle ne connait pas tout court. Elle sent sa main posée avec douceur sur sa nuque qu’il caresse même avant de finir par la serrer dans ses bras. Il fait preuve d’une délicatesse qui la trouble malgré elle. Ce n’est pas ça qu’elle veut. Vouloir lui donner de la tendresse, c’est comme tenter de lui parler sentiments. C’est inutile, et ça l’emmerde. Elle voudrait qu’il réalise qu’il n’est pas avec sa femme, là. Et comme pour le lui faire comprendre, elle interrompt leur baiser langoureux pour aller mordre la lèvre inférieure de son amant, presque avec violence. Elle saisit finalement son propre haut pour le retirer et laisser apparaitre sa poitrine joliment cachée derrière le soutien-gorge noir qu’elle porte. Elle le fixe un instant de ce regard incendiaire qui en a rendu fou plus d’un avant d’aller l’embrasser une fois encore, avec bien plus de fougue qu’auparavant.   

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“Graham & Amanda ”

En quelques secondes, la douceur dont il a fait preuve se transforme en quelque chose de beaucoup plus intense, de beaucoup plus fort. C’est ce qu’elle cherche, ce qu’elle veut. Elle aime le voir lâcher prise, elle aime qu’il oublie toute retenue. Paradoxalement, elle ne s’en rend pas compte mais c’est elle qui en a le plus en voulant à tout prix éviter toute sensation de tendresse. Mais elle est tellement bien, là, tout de suite. Elle laisse l’envie la transporter alors qu’il prolonge avec autant de fougue le baiser qu’elle lui offre. Au fond, le sexe est l’une des seules choses, avec la drogue, qui lui donne véritablement cette impression d’être vivante. Autant l’un que l’autre, elle s’en sert sans doute pour combler quelque chose qu’elle n’a pas, le bonheur. Plaisirs artificiels, plaisirs éphémères, mais du plaisir quand même. Son désir monte d’un cran lorsqu’elle sent son amant la porter subitement. Il sait faire naitre ce feu dans son bas ventre, ce feu qui se propage peu à peu dans tout son corps. Spontanément, dans un mouvement instinctif, elle enroule ses jambes autour de sa taille. Elle a le cœur qui bat un peu plus fort alors qu’il débarrasse la table de son assiette. Elle entend le bruit de vaisselle qui se fracasse au sol mais elle n’y fait guère attention. Elle est trop prise dans l’instant, Amanda. Elle laisse échapper un soupir de désir alors qu’il l’allonge sur la table avec empressement, presque sauvagement. Elle le regarde se déshabiller en se mordillant la lèvre inférieure, satisfaite du spectacle qu’elle a face à elle. Plus les jours passent, plus elle le désire, Graham. Il se débarrasse de son soutien-gorge qui semble le gêner, en fait il se contente de le glisser le long de ses côtes, juste assez pour libérer sa poitrine. Elle aime son impatience, elle la rend elle-même plus pressée encore. A moitié nue, elle le dévore du regard alors qu’il plaque ses bras contre la table pour l’empêcher de faire tout mouvement. A cet instant, elle lui appartient. Et, étrangement, elle aime ça. Elle aime qu’il soit si entreprenant, si sûr de ce qu’il veut. Ses jambes toujours autour de son amant, la belle s’en sert pour l’attirer jusqu’à elle, rapprochant son corps du sien. Elle en profite pour lui voler un baiser torride, violent même.

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