« mocha-vanille »
Il commençait à se faire tard et j’avais plus qu’une hâte : que le café finisse par fermer. Depuis le comptoir, une tasse dans une main et un chiffon dans l’autre, je jaugeais les derniers clients qui restaient encore dans la salle. Il y avait la grande brune toujours fourrée dans un coin avec ses gros sourcils et son air de tout savoir mieux que tout le monde, un petit blond qui squattait sans arrêt la même table pendant des heures sans jamais rien commander de plus qu’un petit expresso et puis cette fille là, posée là comme si elle s’excusait d’exister, planquée derrière son ordinateur et ses grosses boucles brunes avec son grand moka vanille.
New York. Quelle belle idée j’avais eu de venir m’enterrer ici. Parfois, j’avais du mal à réaliser que j’avais bel et bien planté ma vie, toute ma vie, pour venir m’échouer dans la ville qui ne dort jamais. Et pourtant, j’étais là, à récurer des fonds de casserole et servir des cafés hors de prix à des petits bourgeois mal léchés. En laissant échapper un soupir, je jetai à moitié la tasse que je m’évertuais à astiquer depuis un quart d’heure et abandonnai mon poste. Après tout, j’étais la dernière à être présente au bar, Boucle-d’or n’avait clairement pas assez de monnaie pour se payer un second expresso et il était hors de question et il était hors de question que j’écoute encore une fois Gros-Sourcils s’énerver toute seule en épelant son prénom, que je finirais de toute façon par écorcher.
En attrapant mon paquet de Winston light, je quittai le bar et sortis sans retenir la porte pour m’allumer une cigarette. Chaque bouffée faisait un peu plus monter les larmes que je m’évertuais à retenir depuis presque huit semaines mais têtue, je me battais un peu plus à chaque inspiration pour réfréner cet élan de nostalgie qui me gagnait. J’avais décidé de ne pas céder et je ne céderai pas. Jamais. En balançant mon mégot je rejetai mes longues boucles blondes en arrière, pris une immense respiration et rentrai à nouveau dans le café. Gros-Sourcil et Boucle d’or avait déguerpi. Il ne restait plus que moi et la petite brune au moka vanille.
« Hé, si vous ne prenez rien d’autre, je vais devoir fermer la boutique. » odieuse, sèche, mauvaise, fidèle à moi-même dans mes mauvais jours, j’avais à moitié agressé Moka-Vanille et honnêtement, je n’avais pas grand-chose à faire de ses grands yeux de biche effarée ni de son expression interloquée. En lui tournant le dos, je sentis pourtant son regard me parcourir, depuis la nuque jusque dans mes pieds. En l’entendant ouvrir la bouche pour me répondre, je fis volte-face avec le même air mal-aimable que la première fois que je l’avais interpellée. « Quoi ? »
New York. Quelle belle idée j’avais eu de venir m’enterrer ici. Parfois, j’avais du mal à réaliser que j’avais bel et bien planté ma vie, toute ma vie, pour venir m’échouer dans la ville qui ne dort jamais. Et pourtant, j’étais là, à récurer des fonds de casserole et servir des cafés hors de prix à des petits bourgeois mal léchés. En laissant échapper un soupir, je jetai à moitié la tasse que je m’évertuais à astiquer depuis un quart d’heure et abandonnai mon poste. Après tout, j’étais la dernière à être présente au bar, Boucle-d’or n’avait clairement pas assez de monnaie pour se payer un second expresso et il était hors de question et il était hors de question que j’écoute encore une fois Gros-Sourcils s’énerver toute seule en épelant son prénom, que je finirais de toute façon par écorcher.
En attrapant mon paquet de Winston light, je quittai le bar et sortis sans retenir la porte pour m’allumer une cigarette. Chaque bouffée faisait un peu plus monter les larmes que je m’évertuais à retenir depuis presque huit semaines mais têtue, je me battais un peu plus à chaque inspiration pour réfréner cet élan de nostalgie qui me gagnait. J’avais décidé de ne pas céder et je ne céderai pas. Jamais. En balançant mon mégot je rejetai mes longues boucles blondes en arrière, pris une immense respiration et rentrai à nouveau dans le café. Gros-Sourcil et Boucle d’or avait déguerpi. Il ne restait plus que moi et la petite brune au moka vanille.
« Hé, si vous ne prenez rien d’autre, je vais devoir fermer la boutique. » odieuse, sèche, mauvaise, fidèle à moi-même dans mes mauvais jours, j’avais à moitié agressé Moka-Vanille et honnêtement, je n’avais pas grand-chose à faire de ses grands yeux de biche effarée ni de son expression interloquée. En lui tournant le dos, je sentis pourtant son regard me parcourir, depuis la nuque jusque dans mes pieds. En l’entendant ouvrir la bouche pour me répondre, je fis volte-face avec le même air mal-aimable que la première fois que je l’avais interpellée. « Quoi ? »