Parfois, il m'arrive de me demander pourquoi je me suis foutu dans une telle merde, comment j'ai pu en arriver là. Mais oui, comment ? J'étais pourtant quelqu'un de bien, dans mes souvenirs, et un minimum respecté et aimé. Là, j'ai un métier qui me permet pas mal de choses, c'est plutôt bien et positif, même si mon salaire n'est pas énorme. A côté, j'ai un putain de gosse à charge, des soucis d'argent, et même pas un merci pour le travail accompli dans tout ce bordel. Qu'ils aillent se faire foutre, ouais même la gosse. Je ne suis pas parti d'Allemagne pour qu'on me traite ainsi, je pense avoir le droit à au moins un minimum de reconnaissance. J'ai le mal du pays, ces derniers temps, là-bas tout est différent. Je pense aux coutumes allemandes, elles me manquent, puis parfois, ma famille.. Ah non. Puis, j'ai beaucoup voyagé. France, États-Unis, Japon, et j'en passe. J'avais commencé très jeune, dès l'âge de trois ou quatre ans. Ils aimaient partir en voyage. mais pas moi. même si j'ai dû le  faire, plus tard. Ma famille était pourtant aimante et toujours présente, cultivée. Mais, leur fermeture d'esprit me bloquait à cette époque. Alors, je voulais partir, et très loin. Le plus loin possible de tout ça, car cela me rongeait.

J'étais littéralement parti dans la merde et pas simplement parce que j'avais besoin d'imaginer autre chose qu'une telle vie : une vie semée d'embûches et de problèmes, une vie lourde, où chaque pas était une entrée dans une nouvelle emmerde. Alors, je me fichais de tout. Je buvais énormément, et j'avais commencé à me droguer, de temps en temps au début, juste pour sortir de ce quotidien complètement fade et inintéressant. Une excuse de merde, vous dites ? Ouais. Peut-être. Il est trop tard pour revenir en arrière. Après le début, c'est devenu une dépendance, une habitude. J'en vends, parfois, pour arrondir les fins de mois. J'ai passé mon adolescence dans ce genre de dérives, à éviter les forces de l'ordre dès que je le pouvais. A vingt-quatre ans, j'étais parti à Paris. Soit disant une immense commande qui allait me valoir un million. J'y fonçais, tête baissée. Grossière erreur. La police me traquait et, m'avait pris en grappe. Bam, garde à vue. Ce fut sans doute, l'un des jours les plus stressants de toute ma vie. Malheureusement pour lui, il n'y avait pas assez de preuves. Vive moi.

Ce n'était pas la seule raison qui m'avait poussé à retourner à Paris. Retourner, oui. J'y avais passé quatre ans, en internat, dans un collège et lycée anglais, de mes quatorze ans à mes dix-sept ans. A mes seize ans, j'y ai fais la connaissance d'une jeune fille charmante, belle, intelligente, (droguée surtout). On s'envoyait en l'air tous les quatre matins, d'où ce fameux accident peu après. Un enfant, une fille. Elle avait insisté pour le garder, elle vivait chez sa mère et a gardé l'enfant là. Je l'ai demandée en mariage, deux ans plus tard. A mes yeux, c'était ça un mariage d'amour, mais j'étais idiot, complètement con. Puis, plus rien n'allait. Elle me faisait clairement chier, passait son temps à me demander de changer des couches, c'est pas mon truc. On proclamait le divorce deux mois après et elle eut la garde de l'enfant parce que je la lui aie laissée. Je pouvais juste la voir de temps en temps.

J'ignore ce qu'il m'a pris, cette poussée d'adrénaline, d'un coup, comme ça. Alors, j'avais osé. C'était trop simple, trop tentant. Cinq ans plus tard, à mes vingt-trois ans, de retour à Paris où j'y louais un petit une pièce avec l'argent de la came, je pris l'enfant avec moi ce jour là. Cela arrangeait l'autre elle avait des trucs à faire. Puis finalement, je lui annonçais que je gardais l'enfant un jour de plus, un prétexte. La gamine avait donc 7 ans quand j'ai décidé de m'enfuir, comme un lâche ouais, avec elle. Faux papiers, faux noms et l'aventure était lancée. J'ai du supporter ses questions, "mais où est maman ?" surtout, à longueur de journée.

Le temps est passé. Je fais attention à tous mes faits et gestes. J'avoue ressentir de la crainte, parfois, mais je m'en fiche. Elle a 20 ans maintenant, et j'ignore ce qui la pousse à rester avec moi. Elle a l'air de se douter de rien, j'ai toujours fait pour. La vie, c'est la merde.