We Meet Again

Frédérique & Summer

L’hôpital Central de Bellevue…Je m’y rends souvent, très souvent ! Pas comme patiente, heureusement pour moi ! Non, je m’y rends parce qu’il arrive que l’hôpital manque de personnel pour assurer la rééducation de patients accueillis dans l’établissement pour des durées indéterminés. Victimes d’accident qui nécessitent des soins, ou simple rééducation après une fracture : je passe pour quelques visites, fait mon travail, et rentre tranquillement une fois ma journée terminé. Je fais cela une fois par semaine, en plus de mon travail au salon, tentant au mieux d’être à l’écoute des patients de l’hôpital comme si ces derniers étaient mes habituels clients. Je pars du principe qu’on a besoin de moi et par conséquent, je me dois de considérés chacun de la même manière, qu’ils soient MES patients, ou ceux de l’hôpital.

Aujourd’hui était donc un jour pour « Bellevue », où trois patients m’attendaient pour une rééducation, une stimulation musculaire, et un bilan. Rien de bien original pour moi, finalement : Je faisais mon boulot par automatisme, bien que j’avoue aisément apprécier l’idée de sortir du cadre du salon, en ce moment bien trop fréquenté par une clientèle mondaine que je tentais d’éviter. J’avais au moins la garantie de passer un moment simple avec les patients de l’hôpital, qui avait maintenant l’habitude de me voir une fois par semaine. Etant une de leur visite récurrente, il arrivait bien souvent que ces malades engagent la discussion, racontant leur vie, leur histoire, les raisons qui les ont amenés à finir dans ces lits d’hôpitaux, à me parler d’eux. Et moi j’écoutais patiemment, tentant de participer au mieux à la conversation bien que je me demandais encore bien souvent quoi leur dire en ces instants. Ce n’est pas que cela ne m’intéresse pas. Vraiment ! C’est juste que…je suis douée pour les soulager physiquement, pas moralement…j’ai déjà du mal avec mes propres ressentis, alors gérer ceux des autres n’est pas une mince affaire.

Quoiqu’il en soit, j’arrivais toujours à me débrouiller pour ne pas transparaitre mon malaise et finir mes séance sur une bonne note, qui rendait ravie les patients jusqu’à ma prochaine visite.

Je venais de finir mes visites et sortais de la chambre de mes derniers patients. J’engageais mon départ en prenant l’ascenseur, mais celui-ci m’était tellement de temps à venir à mon étage que j’avais finalement décidée prendre les escaliers. Cela supposait que j’allais devoir traverser sur toute la longueur le rez-de-chaussée de l’hôpital, passant par le service obstétrique et la cafétéria centrale, avant de rejoindre l’accueil et la sortie principale de l’hôpital. Rien de bien pénible en soi, marcher ne me posait pas de problème. Mais disons que s’il y avait bien quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’était de croiser une silhouette familière, alors que je passais près de la cafétéria. Je dis silhouette familière parce que j’avais fait sa connaissance il y a peu, et ne pouvait donc pas vraiment la considérer comme une amie proche mais. Mais cette personne m’avait suffisamment marqué lors de notre première rencontre qu’il m’était difficile de ne pas la reconnaître aujourd’hui.

De là où elle se trouvait, cette femme qui m’avait été présentée sous le nom de Frédérique, me tournait le dos. Et je me sentais soudain hésitante, au point de m’arrêter dans ma marche pour prendre le temps de la réflexion : Est-ce que je devais aller la voir, ou passer sans me manifester ? Etant donné la nouveauté de notre « lien », il aurait été possible que je passe mon chemin pour ne pas l’importuner ; surtout qu’une rencontre à l’hôpital induit souvent une sorte de malaise parce que cela inclut devoir expliquer les raisons qui nous poussent à être là. Donc rien de super confortable. Mais voilà : Une partie de moi se sentait attiré comme un aimant par cette femme à quelques mètres en face, me donnant l’étrange besoin de me manifester et aller la saluer. Peut-être le fait qu’elle soit une amie de Ash me rassurait suffisamment pour me dire que Frédérique était une personne qu’il fallait impérativement connaitre ? Je ne sais pas…toujours est-il qu’en réfléchissant à tout cela, mon corps avait décidé pour moi : Mes pas me dirigeaient inconsciemment vers elle, jusqu’à que je sois plantée debout derrière elle. Pour ne pas l’effrayer au moment où elle se retournerait, je me décidais à lui tapoter gentiment le dos. Elle se retourna et une fois encore – comme la toute première fois où je fis sa rencontre – une décharge électrique me traversa tout le corps, pour se terminer en un léger frisson dans le dos. Je lui souriais alors instinctivement et la gratifia d’un « Bonjour…Frédérique c’est ça ?! », laissant passer un bref silence pour finalement ajouter : « Le monde est petit : 2 rencontres en si peu de temps… »

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Frédérique & Summer

Le sourire que me décocha Frédérique en cet instant m’intimida…ça ou sans doute le fait qu’elle s’était mis à poser sa main sur mon bras en s’adressant à moi. Je n’ai aucun problème avec le fait que certaines personnes soient tactiles ; moi-même m’étais montré tout aussi tactile fut un temps, avant de finalement prendre mes distances avec le monde. Et habituellement, lorsqu’on me touchait, je ne ressentais pas grande chose, si ce n’est un léger inconfort parce que j’étais incapable d’y répondre. Seulement là, je ressentais une chaleur qui me parcourait le corps. Une chaleur qui m’avait laissé tomber il y a bien longtemps. Et lorsque Fred retira sa main, je fus prise à la fois d’une déception et d’un soulagement : soulagement parce que je pouvais à nouveau souffler, n’ayant même pas remarqué que j’avais retenu ma respiration ; déçue parce que cette chaleur m’abandonnait à nouveau, sans que je comprenne pour autant pourquoi elle avait fait son apparition

Je vis ensuite Fred observer les alentours, jusqu’à ce que son regard se pose sur une table libre, et je compris qu’on allait sans doute pouvoir faire une pause pour discuter. Intérieurement je réfléchissais à l’offre muette de la brune, ne sachant pas si je serais vraiment capable de tenir une conversation avec cette femme sans avoir l’air perdue, ou bizarre. Et en même temps, une partie de moi se sentait suffisamment en confiance pour avoir envie de converser plus longtemps avec Frédérique. Elle me questionnait ensuite sur la raison de ma présence ici, se demandant si je travaillais à l’hôpital, et je profitais de cet instant pour passer derrière elle et me positionner devant les distributeurs : loin de moi l’idée de la devancer en prenant son tour devant la machine ; je voulais simplement lui offrir ce qu’elle avait l’intention de prendre avant que je ne l’interromps. Je soulevais mon sac, m’aidant de ma jambe fléchissant cette dernière pour que mon sac prenne appui sur ma cuisse. Je l’ouvrais et plongeais la main dedans tout en répondant à la question de Fred, les yeux rivés dans mon sac, à chercher intensément :

« Je ne suis pas ici à plein temps… Je suis Kiné, dans un salon à Soho. Mais j’ai des patients ici qui ne peuvent pas se déplacer, donc je me rends à l’hôpital pour leur rééducation. Mais, je viens de finir ma journée….»

Enfin !! Trouvé. Je tenais dans ma main une carte magnétique, celle que l’on m’avait donnée pour avoir accès aux divers distributeurs de l’hôpital. Cette carte créditée par mes soins pour pouvoir me servir du café ou toute autre chose, comme bon me semble. Je levais à nouveau les yeux pour les poser sur Fred, la gratifiant d’un sourire vainqueur, avant de lui demander :

« Je peux t’offrir quelque chose ? Café, en-cas ? Ce qu'il te fera plaisir... » Je la questionnais du regard, appréhendant sa réponse, me rendant compte que j’avais très bien pu mal interpréter son envie d’aller s’installer à cette table pour discuter. Peut-être même qu’elle avait déjà pris ce qui l’intéressait et qu’elle devant le distributeur par simple curiosité ?!

Je me mordais la lèvre, un peu nerveuse avant d’ajouter : « On pourrait…euhm…discuter un peu ? » désignant d’un signe de tête, la table que Fred avait regardé quelques secondes plus tôt. Et le temps que la brune prenne sa décision quant à ma proposition, de mon côté, j’activais ma carte sur le distributeur à côté de celui où nous nous trouvions, qui lui était le distributeur à café. C’est ce que j’allais commencer par prendre, ne serait-ce que pour moi, le temps que Fred me dise ce qu’elle souhaitait avoir.

Quelques minutes plus tard, c’était à mon tour de lui demander ce qu’elle faisait à l’hôpital : « Et toi ? Qu’est-ce qui t’amène ? »

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Frédérique & Summer

Frédérique acceptait mon offre et je souriais timidement avant de passer ma carte sur une machine pour que la prochaine « commande » lui soit fournie sans mettre d’argent. Ainsi Frédérique ferait son choix toute seule, pendant que j’attendais mon café qui coulait dans son gobelet. Je profitais de l’attente pour remettre ma carte dans mon sac, et redressa la tête en n’oubliant pas de réajuster quelques mèches de cheveux derrière mes oreilles ; Un tic que je tenais depuis un moment, et ce même si mes cheveux ne me gênait pas la vue. Une nervosité habituelle de ma part, tout comme le fait que de me morde l’intérieure de la joue, ou la lèvre inférieure…

C’est d’ailleurs ce dernier geste que je fis au moment de proposé à Fred de s’installer à la table en face, pour discuter. J’hésitais un moment, me demandant si c’était la chose à faire ou pas, si cela ne la dérangeait pas et si j’avais bien interprété la situation ; et puis finalement je m’étais lancé et la jolie brune me rassura très vite en acceptant volontiers mon invitation.

Le café était prêt et je l’attrapais délicatement sans me brûler, et je me dirigeais vers la table suivie par Frédérique. On s’asseyait tranquillement et je pendais mon sac par l’anse sur le dossier de la chaise, avant de m’intéresser à la présence de la brune dans cet hôpital. J’avais les deux mains qui entouraient le gobelet devant moi, et je me penchais un peu pour souffler sur le dessus de mon café tout en demandant à Frédérique ce qui l’amenait ici.

Elle m’annonçait pour sa grossesse et je la fixais avec des grands yeux totalement surprise. Elle était enceinte ?? Machinalement, je baissais le regard au niveau de son estomac, mais de là où je me trouvais, la table me gênait, et à moins d’avoir une vue à rayon X, jamais je n’aurais pu déceler quoique ce soit. Je reportais alors à nouveau mon attention sur le beau regard bleu profond de la ravissante brune, et je prenais mon gobelet d’une main pour l’approcher de mon visage.

«  Je ….j’avais pas remarqué » avouais-je ne sachant pas si c’était une bonne chose de ne pas l’avoir remarqué…Comment pouvait-on prendre à la remarque d'ailleurs : Si je disais que je n’avais pas remarqué, cela pouvait dire que je ne prêtais pas attention à mon interlocutrice et du coup, ce serait déplacé ; et si je dis tout le contraire, ça laisse entendre que son ventre arrondi est visible – alors que pas du tout – et c’était de ce fait encore plus déplacé. Je savais vraiment pas quoi rajouté à cela, et j’hésitais un moment avant de me dire que le mieux c’était d’être honnête avec elle : « J’veux dire, je n’ai pas vraiment fixé ton ventre pour me faire une idée mais….enfin, je n’ai vraiment pas remarqué. Et puis Ash ne m’a rien dit dans ce sens le jour où il a fait les présentations alors…j’étais loin de me douter que tu attendais un heureux évènement. »

Je soufflais une dernière sur mon café, avant d’en boire une gorgée avec prudence, du bord des lèvres, avant de poser une simple question à Fred, suite à sa révélation : «  Et euhm, ta grossesse se passe bien ?! Tu en es à combien de semaines, si ce n’est pas indiscret ? » et là, intérieurement, il se passait quelque chose de bizarre : Mon esprit se mettait à imaginer Frédérique avec un homme – plus précisément un compagnon – comme étant le père de l’enfant, et formant à eux deux un couple heureux et ravie de cette grossesse en court. Cette image de couple parfait me vint en tête, et me fit grimacer sans m’en rendre compte. Pourquoi ? Aucune idée. Mais c’était une sensation étrange…Comme si, le fait de savoir Frédérique en couple me dérangeait ? Il n’y avait aucune raison pourtant. Frédérique était une femme charmante, séduisante, avec de jolie courbe du peu que je pouvais en voir, alors il était plus que normal qu’elle soit engagée amoureusement avec une autre personne. Je cachais mon malaise intérieur – et la grimace qui l’accompagnait – avec mon gobelet de café que je portais à nouveau à mes lèvres en attendant que Frédérique m’en dise plus sur sa grossesse.

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Frédérique & Summer

Que moi je puisse tiquer sur le fait que frédérique m’annonce qu’elle était enceinte était déjà assez surprenant en soi ; mais que Frédérique ne soient pas aussi ravie que ça de l’être était encore plus surprenant. Je ne dis pas qu’il est impossible de ne pas apprécier l’idée de porter un enfant, mais disons que je ne m’attendais pas à cela. Et en même temps, si elle n’était pas si ravie que ça, c’est qu’il y avait une raison, non ?! J’ai voulu lui poser la question…intérieurement. J’ai pas osé formuler ma demande. Sincèrement ça ne me regarde pas. Peut-etre qu’elle n’est pas enjouée parce que c’était pas prévu et que ça contrecarre certains plans ; peut-etre même que c’est parce que ça tombe mal professionnellement parlant. Tout est possible finalement

« Je vis cette grossesse toute seule, donc je ne sais pas ce qu'il faut faire. C'est en partie pour ça que je suis là aujourd'hui. J'ai besoin de conseils, je crois. »
Ok bon, bah j’ai eu ma réponse. J’avais envie d’esquisser un sourire parce que j’étais soulagée à l’idée d’entendre Frédérique réponde à mes questions muettes, comme si elle était capable de lire en moi, mais il est clair que sourire alors qu’elle venait de me dire qu’elle allait vivre sa grossesse seule, ce n’était pas très judicieux. J’observais la brune s’attaquer à sa nourriture, juste après avoir avoué à demi-mot qu’elle était perdue avec cette grossesse, et une partie de moi se sentit comme aimantée par elle. J’avais comme une besoin irrépressible de lui faire sentir ma présence – ou de sentir la sienne, je ne sais pas trop – alors, je tendais une main vers elle et vint poser ma main sur les siennes qui tenait encore son en-cas.

« Hey ! Si ça peut te rassurer, tu n’es pas la seule à devoir passer par ce genre de situation. Beaucoup de femme se retrouve à devoir vivre une grossesse seule…ça ne veut pas pour autant dire qu’elles ne peuvent pas mieux y arriver qu’une autre ! »

Je ne savais pas vraiment si cette réflexion servait à quelque chose. Après mûre réflexion, elle devait clairement ne servir à rien ! Frédérique n’était pas idiote : elle savait bien que sa situation n’était pas unique, et que d’autre vivait la même chose, ça ne voulait pas forcément dire qu’elle n’avait pas le droit de paniquer.
Je retirais alors vivement ma main – d’une part parce qu’une sorte de sensation bizarre me parcourait tout le corps à ce contact, et d’autre part parce que j’avais eu l’impression d’envahir son espace personnel sans autorisation – et je secouais la tête avant de passer ma main dans mes cheveux pour les rejeter nerveusement en arrière.

« Désolée, c’est idiot ce que j’viens dire ! T’as pas besoin qu’on vienne de dire un truc pareil. Ça change rien au fait que c’est nouveau pour toi et que ça doit t’angoisser. Je peux comprendre…. »

Compatir oui. Comprendre ? Seule une personne qui vit la même chose qu’elle peut comprendre….Je regardais la brune et me sentais idiote à lui dire tout ça. Mais je me rendais compte que j’étais prise entre deux sentiments en sa présence : Le confort d’avoir une tête familière avec qui discuter et qui semblait ne pas rejeter ma présence. Et le malaise de me retrouver face à quelqu’un qui m’impressionnait. Parce que oui, Frédérique m’impressionnait. Je ne saurais dire ce qui en était le déclencheur principal – sa beauté, sa prestance, son style, ou sa situation – mais il est clair que sa présence me faisait quelque chose et rien qu’en y pensant, je me mettais radicalement à rougir.

Je cachais alors mon état en buvant une nouvelle gorgée de mon café et tentait de regarder ailleurs en répondant avec détachement à sa remarque :
« Tu trouveras les réponses à tes questions. Peut-être pas toutes les questions aujourd’hui. Mais plus tu avanceras dans le temps, moins tu auras l’impression d’être dans le vague….Enfin je dis ça mais…je suis sans doute mal placée pour te donner des conseils. Je n’ai pas d’enfant et je ne suis jamais tombée enceinte. »

Je tournais alors la tête pour fixer à nouveau la belle brune et en souriant timidement rajoutait en plaisantant : « Donc… T’as le droit de m’envoyer chier et de me dire que je te raconte n’importe quoi ! »