Oui, je me souviens de qui je suis. Vous le raconter? Depuis le début? C'est vraiment nécessaire? Bon, d'accord. Je suis née à New York, dans un quartier résidentiel, pratiquement un quartier de banlieue. Juste pas assez loin pour être considéré comme tel. Mes parents n'étaient pas assez riches pour vivre dans les beaux quartiers chics, mais pas assez pauvres pour avoir à vivre dans le ghetto. C'était bien. C'était une belle petite vie tranquille. Trop tranquille. J'y ai grandi normalement, j'imagine. J'avais des amis à la petite école, j'en avais aussi au lycée. J'ai eut quelques petits amis, rien de bien sérieux. Je m'ennuyais dans cette vie trop tranquille. Une fois le lycée finit, j'ai trouvé un job dans un magasin de vêtements et j'ai quitté la maison familiale. J'avais besoin de vivre par moi-même. De vivre ma propre vie. J'ai emménagé dans un appartement du Queens. Mes parents m'aidaient avec mes dépenses, quand je n'y arrivais pas. C'était vraiment bien. Je sortais tous les week ends. Je vivais la vie Newyorkaise comme jamais.

Et puis, lors d'une soirée, je l'ai rencontré. Il avait une gueule de mannequin international et un corps de dieu grec. Quand il est venu me parler, j'en croyais pas ma chance. On a beaucoup parlé, on a dansé, on a bu et on a baisé. Une belle soirée. On s'est revu plusieurs fois après ça. Je suis tombée amoureuse de lui. Il était gentil, attentionnée et me faisait sentir si bien. Enfin, au début. Peu à peu, il a commencé à être contrôlant. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit. Moi, je ne le remarquai pas. Il m'empruntait de plus en plus d'argents. On sortait souvent. On se saoulait souvent. Il m'a même fait essayé plusieurs sortes de drogues que, j'imagine, je n'aurais pas essayé s'il n'avait pas été là. Ma vie devenait de plus en plus un tourbillon donc je n'avais plus le contrôle. Il l'avait. Mes parents s'en sont rendu compte et m'ont coupé les vivres. Ils ne voulaient pas que je dépense leur argent pour lui ou pour de l'alcool et/ou drogues. C'est à partir de ce moment que tout à commencé à mal aller. Il était de plus en plus en colère d'avoir moins d'argent pour fêter. Il me le reprochait souvent. Je me sentais coupable de ne pas pouvoir le rendre heureux. Tellement que j'ai vendu plusieurs de mes affaires. Mais ça ne suffisait pas. Il savait que je gardais de l'argent dans un compte de banque au cas où quelque chose de très grave se produirait. J'étais quand même encore un peu raisonnable. J'imagine qu'il voulait cet argent, vu ce qui s'est passé.

Si je me souviens de ce soir-là? Oui. Enfin, en partie. Ça fait deux mois que je suis cloîtré dans ce lit d'hôpital. J'ai eut le temps d'y penser. Il avait insisté pour aller à une fête dans un quartier plutôt chic. C'était bizarre. On allait jamais dans ce quartier, mais j'ai accepté pour lui faire plaisir. C'était encore plus bizarre, parce que lorsque nous sommes arrivés, tout le monde semblait le connaître. Tous ces jeunes merdeux de riches le connaissait. J'ai fini par comprendre qu'il m'avait menti depuis tout ce temps. Deux ans passé à me mentir. Deux ans pendant lesquels je pensais aimer un homme alors que tout était faux. Il était un de ces merdeux de riches. Il voulait seulement s'amuser à me manipuler, j'imagine. Quand j'ai compris, j'ai voulu partir. J'étais déjà un peu éméchée, alors j'ai été facile à retenir. Il m'a alors donné un pilule. Je ne sais pas ce que c'était. Mais je l'ai prise. Et puis il m'en a donné une autre. Et une autre. Tout est devenu flou après ça. Je me souviens qu'il m'a emmené dehors parce que je ne me sentais pas bien. On s'est éloigné de la maison, on a marché un moment. Enfin, il a marché et m'a retenu. Je me souviens qu'on s'était arrêté à un moment et que je suis tombée. Il m'a relevé. Et m'a poignardé. Une fois. Deux fois. Après la troisième fois, j'ai perdu connaissance.

On m'a dit que quelqu'un m'a retrouvé le lendemain matin, presque morte dans mon sang, plus de porte-feuille, plus de carte de banque, plus rien. On m'a dit que j'ai été poignardé six fois et que c'était un miracle que je ne sois pas morte. Deux mois plus tard, me voilà. C'est cela que vous vouliez savoir? Que je répète encore une fois les pires moments de ma vie? Je n'avais pas besoin de ça. Demain, j'aurai mon congé de l'hôpital. Qu'est-ce que je vais faire? Dur à dire. Une amie m'a proposé un job dans son animalerie. C'est mieux que rien puisque j'ai été virée de mon autre job il y a quelques mois.  Je vais tenter de retrouver ma vie, maintenant que je n'ai plus rien, en attendant qu'on le retrouve et qu'on l'arrête. D'une façon ou d'une autre, il va payer.