La vie. Cette chose qui fascine, dégoute, enivre, intrigue.. Cette chose qui s'impose à nous sans qu'on le demande, et qui un beau jour s'enfuit, nous glisse des doigts avant même qu'on ne s'en rende compte. Cette chose qui passe trop vite, parfois trop lentement. On se dépêche d'attendre, on se dépêche de vivre, pour au final passer à côté de notre vie. Personne ne sait vraiment ce qu'est le but de tout ça. On fait tous semblant. On fais semblant d'avoir un travail, d'aider les autres, donner une pièce au SDF du coin. C'est notre besoin de sentir que l'on contribue à quelque chose de plus grand que soi, de plus important. La vie, avec ses qualités et ses défauts, ses joies et ses peines.

Kayla n'entendait plus rien. D'un coup, comme ça, sans prévenir, le silence fit rage. Ses tympans l'a brûlait. Sa chaise se renversa sur le sol, et elle vit tous ses camarades se ruer sous leur table. La panique envahit la classe, le professeur lui même affichait une mine terrifiée. Sans le savoir, ces élèves de 4°B étaient en train de vivre ce que l'on considèrera désormais comme le plus grand attentat perpétré jusqu'ici contre les Etats-Unis.. Le fameux 11 septembre. Kayla avait 13 ans. Elle était une élève plutôt moyenne, dans un collège plutôt moyen, parmi d'autres enfants moyens. Elle vivait avec sa mère, son père étant partit refaire sa vie il y a bien longtemps déjà. Sa mère et elle avaient une relation fusionnelle. Elles n'étaient pas très riches, mais elles s'en sortaient comme elles pouvaient. Pour subvenir à leurs besoins, sa mère se faisait entretenir par des hommes qu'elle rencontrait ici et là. Kayla a vu passer des mecs de tous genre. Il y avait l'amoureux transit, qui aurait pu mourir pour Mme O'Brien au bout d'un mois de relation. Il y avait le connard qui leur offrait des voyages à Bora bora contre des pipes d'enfer. Celui qui mettait des mains aux fesses de Kayla quand sa mère avait le dos tourné, ou encore celui qui demandait juste un peu de tendresse dans sa vie minable. Mme O'Brien n'aimait aucun de ces hommes.. Mais ils payaient ses factures. Le matin du 11 septembre, elle dit au revoir à sa fille d'un geste de la main, un sourire espiègle et un clin d'oeil complice. Elle s'en allait au World Trade center retrouver son boyfriend actuel. Elle ne revint jamais.


C'est à partir de là que tout s'enchaina pour Kayla. Elle alla en foyer, puis en famille d'accueil, puis de nouveau en foyer et ainsi de suite.. Ce genre de vie, c'est un cercle vicieux. A 17 ans elle prit son indépendance, trouva un travail, se prit un appartement en colocation avec des cafards. Et ainsi va sa vie, enchainant petits boulots sur petits boulots. Raconter comme ça, ça fait plutôt misérable. Mais pas tant que ça, finalement. Pourquoi il faudrait mesurer le bonheur de quelqu'un selon son échelle sociale ? Kayla avait finit par trouver un appartement qu'elle aimait, avec un travail qui l'a satisfaisait, elle eut un grand amour qui l'a combla autant qu'il l'a fit souffrir. Elle était en vie. Kayla ne passe pas sa vie à attendre, à espérer. Je pense qu'elle a arrêté d'espérer ce jour de 11 septembre. Quand on arrête d'espérer, alors on arrête d'être déçu. Voilà sa devise.

Mais ce n'est pas toujours facile pour les gens qui l'entourent. Parce que Kayla, on ne sait jamais vraiment ce qu'elle pense. Elle peut donner l'impression de passer un excellent moment avec vous, alors qu'au fond d'elle elle est en train de faire sa liste de courses. Il en est de même pour ses sentiments. On ne sait jamais. Jamie, son petit-ami, en sait quelque chose. Plus de 6 mois qu'ils se voient, et il n'arrive toujours pas à l'a cerner. Parfois il est sûr qu'elle l'aime, puis elle ne l'appelle pas pendant une semaine, et le doute s'installe. Son métier d'à côté n'arrange rien à la situation.. Mais ça fait maintenant plus de cinq ans que Kayla est escort-girl, et elle ne compte pas arrêter dans l'immédiat. Ca a commencé tout bêtement, un soir où elle buvait un verre dans un bar. Un mec l'a accosté et lui a dit le plus simplement du monde. 50 dollars pour que vous m'accompagnez samedi soir à une oeuvre de charité. Une beauté comme vous est faite pour être montré, pas pour trainer seule le soir dans l'ombre des projecteurs. On ne laisse pas bébé dans un coin. Kayla avait faillit exploser de rire face à cette technique de drague on ne peut plus moisie, avant de comprendre que c'était sérieux. Elle accepta alors et de fil en aiguille.. Coucher pour de l'argent ne l'a jamais dérangé. Elle voyait faire sa mère depuis toujours alors pour elle, c'était normal. Le sexe lui permettait de se sentir vivante, c'était son moyen d'être aimé.

Certains l'a jugent pathétique, d'autres égoiste, d'autre encore admirent cette façon qu'elle a de s'assumer telle qu'elle est. Parce qu'une chose est sûre, c'est que Kayla restera toujours elle-même peu importe ce qu'on en dise.