Je suis née le 13 janvier 1987 à Washington aux alentours de onze heures selon les dires de ma mère. Je serais la première et la dernière, l'unique enfant qui recevra tout l'amour de ses parents, bien trop d'amour pour un seul enfant.
Si a cet instant on m'avait présenté le contenu des quinze prochaines années, je n'aurai probablement jamais signé. Il faut dire que les quinze premières années de mon existence n'auront pas été de tout repos.
Quinze années sur lesquelles je préférai ne pas m'attarder, mais il paraît important de vous donner un petit aperçu du calvaire qu'elles ont pu représenter.
On peut dire que parmi toutes les maladies que les enfants sont parfois amenés à contracter j'avais tiré le gros lot. Il semblerait que pas une soit parvenue à m'échapper... La varicelle, la coqueluche, l'appendicite et j'en passe... Sans parler de mes nombreuses otites, de mes quatre années passées avec des appareils dans la bouche, et de mes fréquentes crises d’épilepsie. La seule chose positive au final, c'est de pouvoir me dire que je n'aurai plus jamais à me soucier de tout cela. Il paraît que la varicelle contractée en étant adulte c'est autrement pire que lorsqu'on l'a a jeune âge...
Heureusement, j'ai pu compter sur l'amour de mes deux parents, de manière inégale certes, cela était notamment du au fait que mon père travaille en tant qu'ingénieur son sur des tournages de films. Du coup il lui arrivait parfois de s'absenter plusieurs mois, et pendant ce temps là je pouvais compter sur ma mère pour veiller sur moi nuits et jours sachant qu'elle travaillait à domicile en tant que téléconseillère, et hormis les quelques réunions pour lesquelles elle se devait de se déplacer, elle passait le plus clair de son temps à la maison.
Si mes parents étaient aux petits soins pour moi, ils ne s'étaient pourtant rendus compte de rien, trop aveuglés par l'amour qu'ils me portaient tout deux. Le fait est qu'en dehors de la maison j'étais très renfermée, je n'osais pas aller vers les autres et de ce fait je ne me faisais pas beaucoup d'amis... Pour ne pas dire aucun... Je me repliais sur moi-même au fil des années, devenait solitaire, apprenait à m'occuper seule. Un mal-être grandissait lentement mais surement en moi, et je compensais cela tantôt par ma passion pour le cinéma, tantôt par mon autre passion pour les jeux-vidéos. Je ne disais pas un mot, je restai figée devant mon écran d'ordinateur pendant des heures... Pendant des jours entiers... Mes parents finirent par comprendre qu'il devait se passer un truc et décidèrent donc de m'envoyer consulter un psy.
Après des mois de consultation, son diagnostique était clair comme de l'eau de roche. A trop m'aimer, à trop me choyer, à trop me protéger, mes parents m'avaient plongé dans une sorte de bulle dont je ne semblai plus en mesure de sortir désormais. Une bulle qui me protégeais des autres, mais qui m'en éloignait également. Une bulle que je traine encore autour de moi plus de dix ans plus tard..

Mon monde est beau, il comprend des couleurs inconnues, des saveurs exotiques et des paysages à en couper le souffle. C'est ainsi qu'au moment de décider ce que j'allais bien pouvoir faire de ma vie, ce fût une évidence pour moi que mon métier devait pouvoir me permettre de rêver encore et encore. Hélas, n'étant pas une grande artiste dans l'âme, je dû passer plusieurs mois à réfléchir à mon cas avant de finalement comprendre que je n'avais pas besoin d'être une artiste au sens propre du terme pour rêver. Il me suffisait simplement de bosser avec des artistes. J'étais décidé à travailler dans l'industrie du cinéma, et lorsque mon père trouva finalement la mort à la suite d'un AVC, alors âgé de 61 ans, je compris qu'il était grand temps pour moi de prendre mon envol.

C'est ainsi qu'à l'âge de 21 ans je quittais le foyer familial afin d'aller m'installer à New-York.
Une nouvelle vie m'attendait à NY, et sans attendre je prospectai à la recherche d'un petit cinéma de quartier à racheter avec l'héritage que j'avais touché à la mort de mon père.
Par chance, je tombai finalement sur un vieux cinéma abandonné, datant de la seconde guerre mondiale. Ce cinéma avait une histoire derrière lui, et il avait été laissé à l'abandon depuis une dizaine d'années, la clientèle se faisant de plus en plus rare...
Si l'obtention du bail ne me coûta presque rien, ce ne fût pas le cas des travaux de rénovation qu'il fallait entreprendre. De plus, je mis un point d'honneur à investir afin que le cinéma soit à la pointe de la technologie, autant en matière de son, d'image ou même de confort.
Les Travaux s'étalèrent sur une période de six mois environ, six mois durant lesquels j'avais passé le plus clair de mon temps à m'assurer de l'avancée des travaux.
Puis un beau jour, le cinéma était fin prêt à se voir offrir une seconde vie. Il fallait pour celà que je lui trouve un nom. Quelque chose qui m'inspirera, qui donnera envie aux gens et qui reflètera l'état d'esprit dans lequel je vis depuis tant d'années. Ce cinéma s'appellera donc le "Dream Theater" en référence à un groupe de métal dont je raffole depuis tant d'années.

Papa c'est pour toi !
Le première projection se déroula bien, et je ne pu m'empêcher d'avoir une petite pensée pour mon défunt père qui avait travaillé sur ce film. Ce n'était que le début d'une belle aventure...