« the hen attack »

Je jette un dernier coup d’œil au papier que je tiens entre les mains, sur lequel est inscrit ma nouvelle adresse, avant de lever les yeux vers les maisons alignées sur ma gauche et le numéro qu'elles supportent. Je me gare sur le bord du trottoir et coupe le contact avant de fourrer le papier dans la boîte à gants, m'emparer de mes clés et quitte mon véhicule pour me diriger vers ma toute nouvelle maison, le cœur battant.

Premièrement, c'est magnifique. Littéralement. Même la maison dans laquelle je suis resté à Londres n'était pas aussi jolie et j'étais dans une famille hyper posh!

J'enjambe les fleurs qui longent le petit chemin qui mène jusqu'à la porte d'entrée et me retrouve dans la cours qui borde la maison. J'esquisse un sourire à la vue de la balancelle originale qui trône là, dans un coin du petit jardin, et m'assois dans cette dernière avant de sortir mon téléphone de ma poche. Je prends la façade de la maison en photo avant de me prendre moi, en photo, dans la balancelle et poste tout ça dans mon histoire sur snapchat, parce que je suis trop show off comme personne, parfois.

Soudainement, sort de nulle part une poule. Je me mets à rire nerveusement en la suivant du regard, l'observant s'approcher dangereusement de moi et sur le moment, je suis pas trop inquiet parce que bon... C'est une poule, quoi! Ça a même pas de dents ces choses là, donc disons qu'on peut ranger les poules dans la catégorie des animaux inoffensifs.

Ouais, jusqu'à ce que ces animaux deviennent des menaces parce que tu leur apparais comme une menace. La poule commence à battre des ailes en arrivant à mes pieds et je sursaute lorsque je la sens donner un coup de bec contre mon mollet. Je laisse échapper une petite plainte en me mettant à rire plus fort et ramène mes jambes à mon torse pour me protéger de l'animal qui fait des petits bonds en battant des ailes à mes pieds.

Je bondis hors de la balancelle et me dirige rapidement vers la porte d'entrée, suivi de près par la poule mécontente qui me traque en battant des ailes furieusement. Je sonne à la porte et prie pour qu'on vienne m'ouvrir le plus vite possible avant de recevoir de nouveaux coups de becs. Je me dandine sur moi-même en jetant des coups d’œil par dessus mon épaule vers l'animal enragé et couine lorsqu'elle se position à mes pieds en faisant de petits bonds pour me chasser.

J'ai un bon feeling avec les animaux en général, mais celui là me déteste visiblement. La porte s'ouvre finalement alors que la poule se remet à s'attaquer à ma cheville. Je lève le pied pour l'empêcher de pincer mon jeans et lève les yeux vers mon hôte, confus et lève l'autre pieds lorsque la poule me contourne pour s'en prendre à ce dernier.

"Bonjour," je déclare en riant légèrement et en tendant la main vers la jeune femme que j'ai déjà rencontré sur mon lieu de travail et qui venait pour y déposer les petites annonces pour la colocation. "Mes cartons sont dans ma voiture, je suis là pour m'installer. Cette poule me déteste," j'ajoute en levant les yeux, rencontrant ses yeux clairs et amusés avant de sentir sa main glisser dans la mienne pour la serrer.

« a little party never killed nobody »

"Elle s'appelle Iggy, comme Iggy Pop alors elle est un peu rock'n roll, mieux qu'un chien de garde, tellement rebelle. Entre entre !" j'esquisse un sourire à ses paroles et lance un dernier regard à la poule avant de m'exécuter et passer l'entrée de la maison. Pendant un instant je me demande si je devrais retirer mes chaussures. J'ai l'impression de rentrer dans un endroit magique. Ça sent bon et on se sent tout de suite à l'aise. Je me demande si c'est un sentiment général ou si c'est juste moi, et si je le ressens parce que je réalise enfin que c'est l'endroit auquel j'appartiens.

"Iggy n'attaque pas le père boulanger," et je me tourne en rigolant légèrement à l'entente du qualificatif qu'elle choisit de me donner pour s'adresser à la poule, après avoir examiné les nombreux éléments qui m'entourent. Je lie mes mains dans mon dos et suis le moindre de ses gestes du regard, attendant la prochaine instruction. "Ça a été ? Facile à trouver ? T'as beaucoup d'affaires ?" Je hausse les sourcils, assimilant toutes les questions avant de la suivre alors que nous quittons l'entrée de la grande maison. "Oh, um." Je souris bêtement en me rappelant m'arrêter pas très loin du quartier pour demander à une passante de m'assurer que j'étais dans le bon sens. "Honnêtement, ça allait. J'ai jamais eu un très bon sens de l'orientation, mais j'suis là, pas vrai?" Je fais mine de réfléchir ensuite avant de hausser les épaules. "J'ai deux cartons pleins de mes affaires... livres, disques, ce genre de trucs. Une valise pleine de vêtements et c'est à peu près ça. J'ai laissé le moins important chez mon père, histoire d'avoir une excuse pour retourner là bas régulièrement... J'ai pris que l'essentiel."

"Regarde, viens, la cuisine est là." Je la laisse me guider vers la cuisine et ouvre grand la bouche devant le cœur de la maison qui se trouve être... tout rose. Et c'est vraiment, vraiment cool. Les ustensiles font très kitsch et c'est comme si mes yeux voyaient les couleurs en pastel désormais. Je n'ai visité qu'une pièce et le jardin, mais je suis déjà en train de tomber amoureux de cet endroit. Merle me parle de l'importance de la cuisine et de la raison pour laquelle elle me la présente en première. Qui suis-je pour dénigrer ce qu'elle dit quand je suis boulanger et que la cuisine c'est toute ma vie? En plus de cette maison, je commence également à réellement apprécier ma nouvelle colocataire.

"Comme tu le vois on a une bonne réserve d'alcools aussi, enfin j'ai, mais j'ai pas acheté ça seule, c'était les coloc d'avant. Je ne les ai pas connus longtemps, je viens presque d'arriver, mais c'était fun. Ça le sera encore toute manière." Je pouffe de rire en hochant la tête à la vue de tant de bouteilles. Je ne bois pas énormément en règle générale. Faut dire que j'ai un emploi du temps assez difficile donc j'ai pas trop l'occasion de sortir le weekend.

La dernière fois que j'ai bu à en perdre la mémoire c'était en Angleterre avec mes amis aupair. Un véritable déchet que j'étais là bas, et je souris stupidement en repensant aux matins qui passaient mal après les soirées qui passaient bien, les filles et les garçons que je faisais sortir en douce par la fenêtre pour que ma host mum ne me foute pas à la porte parce que j'étais irresponsable...

Bref, en tout cas, depuis que je suis rentré, je suis devenu plus raisonnable. Mais une petite fête n'a jamais tué personne et je suis bien déterminé à faire bon usage de ces bouteilles.

Je me demande quel genre de bourrée est Merle. Elle a l'air tellement spéciale, la voir perdre les pédales, ça doit être quelque chose! "J'pense que dès qu'on est au complet, une pendaison de crémaillère s'impose. Je me vois déjà enfiler ma chemise préférée pour l'occasion," je déblatère distraitement en regardant les nombreuses photos et cartes postales collées sur le côté du frigo.

Merle s'installe à table et s'allume une cigarette et je grimpe sur le plan de travail en bois, reposant ma tête sur l'un des placard qui se trouve juste là. J'ai toujours eu cette mauvaise habitude, m'asseoir sur le mobilier plutôt que sur une chaise comme tout humain normalement constitué, et j'espère que ça ne la gêne pas. Je crois qu'il faut que je commence à faire comme si c'était chez moi... parce que c'est le cas, c'est chez moi. "Je suis super contente de t'accueillir, ça commençait à être nul d'être seule." Je souris, sentant mon estomac faire de petits loopings. "Je suis content d'être là aussi. Je suis vraiment pas déçu de cet endroit, c'est trop trop beau. Et je dis ça en ayant vu que la cuisine, un morceau de l'entrée, du salon et le jardin. Ça fait un moment que t'es seule?" Je demande curieusement et balançant mes pieds dans le vide, regardant la fumée de sa cigarette faire de petites vagues en s'échappant au dessus de sa tête. Elle est belle, Merle, avant ses grandes iris claires et ses longues mains gracieuses.

« a little party never killed nobody »

"Si il faut, je ferais même un gâteau. Un énorme gâteau avec du glaçage, peut-être arc-en-ciel à l'intérieur parce que j'adore les arcs-en-ciel et des fruits et des petites étoiles en sucre de toutes les couleurs pour retrouver l'esprit de la maison parce qu'on dirait un rêve... et beaucoup de glaçage," je déblatère, m'imaginant déjà en train de colorer la pâte de mon gâteau avec du colorant alimentaire, puis cherchant déjà quoi écrire sur le sommet du dit gâteau.

Je suis Merle du regard lorsqu'elle quitte sa chaise et je souris largement lorsqu'elle revient avec une bouteille et deux verres à la main. "On va déjà en faire une mini pour ton arrivée, comme on est deux on dira que c'était style VIP." Elle se place près de moi pour nous servir un verre à chacun et j'observe longuement son profil, détaillant longtemps ses cils et la courbe de ses lèvres rouges avant d'attraper le verre qu'elle me tend. "Je suis totalement VIP," je déclare fièrement avant de sentir le contenu de mon verre pour finalement me porter à mes lèvres.

"Attends de voir ma baignoire." Je lève les yeux vers elle en faisant doucement tourner le verre entre mes doigts. J'esquisse un sourire face à sa moue avant de copier cette dernière. "Hey, si elle est aussi cool que le reste de la maison, tu la proclameras pas comme était seulement ta baignoire très longtemps. Il y a combien de salles de bain?" Je demande curieusement avant de me remettre à boire.

"Hum depuis novembre, ils sont partis vers là il me semble, enfin un en novembre l'autre en décembre. J'ai essayé de pas traîner pour chercher de nouveaux coloc' mais la période des fêtes c'est pas franchement la meilleure." Je hoche la tête en fronçant légèrement les sourcils. "Du coup tu es restée seule ici pour les fêtes?" Merle repose son verre sur la table et je remarque qu'il y a du rouge à lèvres sur le bout de sa cigarette. J'ai hâte de visiter le reste de la maison. Et en même temps, j'ai très envie de terminer cette bouteille. Et si j'pouvais voir dans le futur à quoi ressemblera nos prochains colocataires, ce serait le pied.