La scène, c’est encore là que tu te sens le mieux. T’as l’impression d’être dans ton élément quand tu es sous le feu des projecteurs. Bien entendu, ici, tu as un peu plus de mal à trouver des grandes scènes, comme sur Liverpool, mais tu sais très bien qu’il faut beaucoup de temps pour se faire un nom et à la limite tu t’en fiches, tant que tu peux faire ce que tu aimes, tu t’en fous du nombre de personnes qui se trouvent devant toi. Toutefois, t’es agréablement surpris quand à la fin, tu reconnais la tête de ta colocataire. Un sourire se dessine sur tes lèvres - c’est l’une des seules à avoir cet effet sur toi - tu t’approches d’elle pour lui faire la bise, tu ne l’a pas vu de la journée, elle devait passer tout le jour à aider son abruti de patron à répéter son texte. Tu passes tes mains ses cheveux « C’est pour faire ça que tu ne voulais pas assister à notre concert ? » tu la taquine, ça t’amuse. Elle reste avec toi & vous discutez avec les autres. Tout est plutôt tranquille, les discutions sont légères.

Au bout d’un moment, Nine te fais savoir qu’elle est fatiguée, qu’elle veut rentrer. Bien entendu, tu te vois mal la laisser rentrer seule. On ne sait jamais, il pourrait lui arriver tout et n’importe quoi sur le chemin du retour. Alors tu dis au revoir à tout le monde et tu la suis. Au moins t’es sûr qu’elle rentrera saine et sauve. Tu sais que t’es un peu trop protecteur avec la petite brune, mais c’est plus fort que toi. Elle a l’air si fragile derrière ses grands airs de femme forte.

Pourtant, toi qui était sur qu’elle irait bien une fois chez vous, vois tout basculer en un instant une fois les portes passées. Nine se voit victime d’une nouvelle crise d’épilepsie. Tu te sens tellement démuni dans ce genre de situations, tu fais ce que tu peux pour l’aider, mais tu n’as pas grand chose à faire, juste attendre que ça passe en prenant bien garde qu’elle ne puisse pas se faire mal etc. La logique aurait voulu que tu appelles quelqu’un pour lui venir en aide, mais tu sais très bien qu’elle n’aime pas ça et tu peux la comprendre. Alors forcément, tu restes là, croisant les doigts pour que ça passe le plus rapidement possible. Elle fini par se calmer, tu la gardes contre toi, essayant de la rassurer. Tu passes une main dans ses cheveux, sa tête contre tes jambes. Tu lui offres un sourire quand elle t’appelles. « Ravi de voir que tu connais toujours mon prénom » dis-tu avec une désinvolture qui t’es propre. « Ça va aller, ne t’inquiète pas. Repose-toi. »

Gérer les situations de crises, tu commences à en avoir l’habitude. C’était pas mentionné ça, dans le contrat de location que Nine était épileptique et que tu allais devoir à t’en occuper. Nope. C’était écrit nul part, comme souvent, tu l’as appris sur le tas. Et tu te dis que ce n’est peut-être pas plus mal comme ça. T’aurais peut-être pas tenté l’expérience si t’avais su que cette inconnue était atteint de ce trouble. Là, t’as été pris sur le fait, la première fois que c’est arrivé, t’as pas pu dire « Oh c’est bon je me casse. » non, elle avait eu besoin de toi et t’avais su répondre à ce besoin. C’est peut-être aussi grâce à ça que vous vous êtes rapprochés aussi facilement. Alors tu ne vas pas t’en plaindre et puis tu te dis que ce n’est pas toi que ça affecte le plus, alors tu dois plutôt te considérer heureux d’être en relative bonne santé. Puis maintenant, tu as l’habitude. Ça fait partie de ton quotidien, même si heureusement pour vous deux ça n’arrive pas tout les jours.

Il a fallut que ça tombe aujourd’hui. T’as passé une bonne soirée et faut que tout bascule une fois chez toi. Dans ce genre de moments, tu essayes d’être le plus calme possible, c’est déjà assez stressant comme ça pour elle, pour ne pas en rajouter avec ton propre stress. Ce n’est pas pour ça que tu te sens totalement serein. Bien au contraire, t’as toujours peur que ça tourne mal. Tu ne veux pas appeler les urgences, mais tu sais qu’un jour ça pourrait vous jouer des tours. Alors, tu te contentes de rester là, gardant ton calme au maximum, attendant que la crise passe. Tu ne peux faire que ça. Puis une fois passée, tu t’efforces de la rassurer. Avec le temps t’as bien compris que souvent c’est le calme plat dans sa tête, les crises l’épuisent.

Quand elle essaye de parler tu hoches négativement la tête pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas besoin de parler. C’est aussi ton rôle d’ami d’être là pour elle dans ce genre de moments. Tu souris quand elle te dis qu’elle doit aller à la douche. Tu te demandes bien comment elle a l’intention de faire pour aller jusque là-bas. « T’as l’intention d’y aller en rampant ? » plaisante-tu pour détendre un peu l’atmosphère. Tu te relèves et vient l’attraper pour l’aider à se relever. Tu la soutiens histoire de ne pas la voir s’écraser au sol. Ça serait dommage. Tu l’observes un instant et fini par décider de la porter. Ça ira bien plus vite. « J’vais t’y amener, tu testeras ton entraînement commando plus tard. » faut dire qu’elle n’est pas vraiment lourde Nine et que tu n’a pas des kilomètres à faire avant de te retrouver dans la salle de bain. Tu pousses la porte et la repose sur le sol, gardant une main dans son dos pour la garder sur ses jambes. Toutefois, tu remarques qu’elle est totalement épuisée. C’est compréhensible. « Reste avec moi, ma belle. » dis-tu en claquant des doigts devant ses yeux fermés. « T’as besoin d’aide pour prendre ta douche ? » tu demandes, tu ne vas pas commencer à la déshabiller comme ça, ce n’est pas comme s’il pouvait y avoir un malentendu entre vous - quoique - mais t’es bien élevé quand même.

Tu tiens vraiment à Nine, c’est peut-être aussi pour cela que finalement, ces crises tu les encaisse sans rien dire. De toute façon, ce n’est pas comme si elle y était pour quelque chose. Alors tu préfères dédramatiser les choses. Tu l’aides à se redresser, parce que tu sais très bien qu’après une crise elle n’a plus aucune force, alors il lui faut bien quelqu’un pour l’aider. « Je ne doute pas de tes capacités de rampettes, mais on va prendre une route plus rapide. » dis-tu en la soulevant. Tu sais qu’elle voulait faire partie de l’armée fut un temps et t’es bien content qu’elle ait décidé de ne pas suivre cette première voix. Tu serais bien seul ici sans elle. Le chemin jusqu’à la salle de bain n’est pas très long, mais tu sais que la salle d’eau lui sera bénéfique.

Tu finis par la remettre au sol, ce n’est pas un bébé et tu sais très bien qu’à sa place tu n’aimerais pas être traité comme tel. Cependant, tu restes près d’elle, juste au cas où. Nine est totalement à l’ouest, tu claques des doigts devant elle pour la faire revenir à elle. La brune se pose et commence à se déshabiller. Ça ne te gêne pas plus que ça, fin, ce n’est pas ce qui va te faire rougir en tout cas. « Ne nous tourne pas un remake de la belle au bois dormant, je me vois mal jouer les princes charmants. » dis-tu en la voyant somnoler de la sorte. Tu souris quand elle te dit que finalement, elle aurait peut-être besoin d’aide. T’aurais pu le deviner tout seul. « Moi me moquer ? Ce n’est pas mon genre. » ajoute-tu en riant de plus belle. Tu t’approches de la baignoire et commence à faire couler de l’eau chaude. Tu reviens vers elle pour l’aider à se dévêtir, c’est toujours mieux pour prendre un bain à ce qu’il parait. Une fois fait, tu l’aide à monter dans la baignoire avec une délicatesse qui, habituellement, n’est réservé qu’à tes instruments de musique.