Drummondville, une petite ville comparativement à Montréal, mais pas si petite que cela, en fin de compte. Audrey est née dans cette ville. Elle y a grandit, y a vécu heureuse jusqu'à ce que cette ville de taille moyenne ne devienne trop petite pour elle. Elle était une enfant tout à fait normal. Elle jouait, grandissait, apprenait à un rythme banale, sans rien à signaler. Cela aurait pu rester comme cela un bon moment encore, s'il n'y avait pas eut ce petit accident. Elle devait avoir sept ans. Il était tard. Audrey était au lit depuis deux heures maintenant, mais elle ne comptait pas y rester. Ses parents regardaient la télévision dans le salon. Discrètement, la petite était descendu au rez-de-chaussé pour regarder elle aussi la télévision. C'était un épisode de Les Experts. Un épisode particulièrement sanglant et Audrey avait tout vu. Et elle avait adoré. Ses parents étaient scandalisé qu'elle ait pu voir une telle chose, mais la petite ne demandait toujours plus. Elle demandait à voir tous les épisodes de cette série et même de plusieurs autres séries policières de ce genre. Ses parents s'inquiétèrent rapidement de l’intérêt que leur petite fille portait au morbide. Ils n'attendirent pas très longtemps avant d'envoyer l'enfant chez le psychologue. Pourtant, Audrey était parfaitement normal. Elle n'était pas une psychopathe ni rien de tout cela. Elle aimait juste ce qui était gore. Évidemment, ce goût pour le sanglant ne partit pas en vieillissant, ce que personne ne comprenait. La petite démontrait une personnalité des plus douces, des plus gentilles et elle ne changeait jamais. Elle aimait simplement regarder des meurtres à la télévision, regarder des films d'horreur. Elle aimait le lugubre.
Au secondaire, Audrey se faisait beaucoup d'amis. Elle était gentille, elle était adorable et plutôt populaire. Cependant, elle n'avait que très peu d'amis qui la connaissait vraiment bien, très peu de personnes qui savaient pour ses goûts plutôt anormaux, mais ces quelques personnes étaient de véritables amis. Par contre, ses goûts spéciaux ne l'empêchèrent pas se s'intéresser aux garçons. Du moins, c'était ce qu'elle pensait. C'était juste normal de s'intéresser aux garçons à son âge, non? Mais ce n'était que des idées qu'elle se faisait. Au fond d'elle-même, elle était attirée par les femmes, mais elle n'en avait simplement pas encore conscience. Elle n'était pas du genre à avoir pleins de petits amis. Elle en eut trois pendant tout son secondaire. Le dernier fût le plus marquant. Elle était avec lui depuis déjà dix mois lorsque cela se produit. Un accident fort difficile à vivre. Audrey était tombé enceinte. Elle n'avait que dix-sept ans. Elle était beaucoup trop jeune. La question ne se posa même pas. Elle se fit avorter, ce qui la remit totalement en question. Elle qui était si joyeuse, si souriante, tomba dans une dépression qui dura presque un an, mais qui, au final, fût favorable pour elle. Elle avait quitté son petit ami au tout début de sa dépression et elle eut le temps de réfléchir. Elle avait pris un an, après son secondaire, pour réfléchir, un an de dépression à ne rien faire d'autre. Au bout de cette longue année, elle réalisa son attirance pour les femmes et la carrière qui allait devenir son emploi de rêve. C'était toute une année.
Se sortant de sa dépression, Audrey s'était inscrite au Collège de Rosemont à Montréal, en techniques de thanatologie. S'occuper des morts, quoi de mieux lorsque l'on aime ce qui est lugubre? Sans grande surprise, elle excella dans son domaine. Elle était douée autant pour accueillir les gens endeuillés que pour embaumés les cadavres. C'était un métier parfait. De plus, Montréal attirait beaucoup la jeune fille pour son quartier gai. Il n'y avait nul part ailleurs où elle pouvait mieux s'affirmer que là. Elle passait ses journées à étudier en cours et ses soirées à sortir dans le Village. Ce fût trois belles années, mais les années qui suivirent furent encore mieux. Ayant des notes très hautes, elle n'eut aucun mal à se trouver un emploi dans un salon funéraire de Montréal, comme il y en avait des dizaines. Elle adorait encore plus appliquer le métier que de l'apprendre. C'était une vie rêvé!