J'était planté face au même bâtiment depuis surement une éternité. A vrai dire, j'avais perdu la notion du temps à rester là et à me demander si je devais y entrer ou pas. Cela faisait maintenant deux jours que j'étais de retour à Montréal, pour une raison bien spéciale. Mais là encore, je ne savais pas quoi faire. Retrouver une fille, la ramener à un homme auquel je ne confierais même pas mon poisson rouge, tout ça ne me paraissait pas être une bonne idée. Certain moment, je me faisait à l'idée que je n'avais pas réellement le choix et d'autres, je m'en sentais juste incapable, comme j'étais incapable de passer ces fichus portent et d'aller voir ma fiancée. Deux jours que j'errais dans cette ville, sans savoir que faire. La silhouette de mes ex-futur beaux-parents franchissant les portes de l'hôpital me sortie de mes pensées. Je me dirigeais rapidement vers le parc d'à côté, sans toutefois savoir où j'allais. Sur mon chemin, une vieille connaissance, surement l'une des rares que je n'avais pas envie de fuir à la minute où je l'avais vu. C'était même plutôt agréable de la revoir. Sienna n'était pas vraiment une personne que je connaissais très bien, mais elle n'avait au moins pas le don de me remémorer de mauvais souvenirs, au contraire... Parler à quelqu'un, sans que cela soit pour négocier ma survie ou ma liberté, cela faisait un bail que ça ne m'était pas arrivé. Alors quand Sienna me proposa un café chez elle, je n'avais aucune envie de refuser.

« Je vais préparer le café! Tu veux du sucre avec? » Me demanda-t-elle depuis la cuisine, tandis que je me relevais du canapé pour m'approcher d'un meuble qui m'intriguait. « Non, sans rien ça ira très bien, merci. » Un cadre dans les mains, je l'entendais marmonner contre sa cafetière, du moins, j'en jugeais que c'était ça. « Tout va bien? » Demandais-je en ne quittant pas la photo des yeux. Il y avait ce petit bonhomme dessus, comme sur presque toutes celles de la pièce. Et à la vision de la figurine qui trainait sur la table, je me doutais que ce n'était pas le voisin. Je me tournais doucement vers Sienna qui tenait une tasse de café fumante dans chaque main, un peu déboussolé. « Quand est-ce que t'as fait un enfant? » Je lui montrais le cadre que j'avais dans la main, la regardant d'un air interloqué. Ma question sonnait affreusement mal, mais j'étais actuellement en panique, ce que j'essayais de cacher tant bien que mal. Ce petit bout de chou semblait avoir vers les quatre ans, ce qui correspondait exactement à ma rencontre avec la brunette. Certes, il n'y avait strictement aucune ressemblance, mais vous avouerez que c'est un peu flippant.