Je me sens comme un papillon. Légère comme le vent. Sans attache aucune avec la réalité.

J'ai vraiment trop bu hier soir. Je n'étais pas du tout maîtresse de mon corps. Ca m'arrive un peu trop souvent, ces temps-ci. Mais ma solitude me pèse. Je n'ai pas d'homme dans ma vie -du moins pas d'homme qui m'attende le soir et dans les bras duquel je puisse me réfugier la nuit. Je veux connaître la vie de couple. Alors, pour m'empêcher de penser à ce rêve quasiment inatteignable, je bois. Et je couche avec le premier venu. Ou la première venue, je ne sais pas. Une main repose sur mon ventre. Elle pèse vraiment très lourd. Mon regard suit le bras qui la porte. Un bras extrêmement velu. Déjà, c'est un homme qui a partagé ma soirée. Mes yeux remontent le long de son bras. Musclé. Ce qui veut dire viril, pour moi. Et j'arrive à son visage. Cet homme, c'est mon fantasme personnifié. Mon coeur loupe un battement. Ce qui me plait le plus sur ce visage, c'est cette barbe très longue, brune, lisse, qui laisse présager des moments câlins assez ... coquins. J'adore les barbes longues, mais aussi les cheveux longs, cascadant sur les épaules. Et ce que ce soit chez les femmes ou les hommes. La caresse de ces crinières me font frissonner de plaisir. Et cet homme est doté d'une longue et magnifique chevelure. J'étais peut-être bourrée hier soir, mais j'avais encore la capacité de choisir mon coup du soir.

Je le regarde dormir. Chaque homme, quand il dort, ressemble à un petit poupon. Et lui ne fait pas exception à la règle. Pourtant, il ressemblerait bien au diable en personne, tentation exquise que je serais prête à dévorer. Mais la magie du moment est cassée par un bruit effroyable. Un téléphone sonne. Le sien. Sur la table de chevet de cette chambre qui t'es inconnue, un portable commence sa danse du diable. Le son est vraiment désagréable. L'objet est de ton côté du lit. Tu regardes qui peut bien appeler à cette heure-ci. Bon, il est 11 heures. Mais ce n'est pas une raison pour venir déranger ta contemplation de ton éphèbe grec. Maman. C'est sa mère, vile sorcière, qui vient vous déranger. Mais elle ne pouvait pas appeler son fils plus tard. Elle s'est jamais dit qu'il pouvait être en charmante compagnie ? Apparemment pas. J'entends un grognement. La main bouge. Mais ses mouvements s'arrête alors que le bel Apollon doit sûrement avoir une prise de conscience. Non, ce n'est pas sa table de chevet qu'il effleure, mais mon corps.