Étrange, c’était le mot, pour le moment entre Billie et moi, les choses avaient changé devenant bizarres. J’essayais de faire comme si de rien n’était comme si cela n’influençait pas notre relation. Mais ça l’influençait, j’arrivais à passer par-dessus du moins c’est ce que je montrais. Mais je sentais que Billie était de plus en plus mal à l’aise. À vrai dire, je ne savais pas pourquoi cela avait dérapé entre nous cette fois-là. Tout ce que je sais, c’est que sur le moment, je l’avais désiré plus que toute chose, plus qu’Hayley. Alors qu’elle avait été jusqu’à présent la fille que j’avais le plus aimée. Je n’en avais même pas parlé à Adam, ni à Isa qui elle avait d’autres chats à fouetter, ni à qui que ce soit. Je voulais retrouver cette complicité qu’on avait avant ces petits moments ou on n’avait même pas besoin de parler pour se comprendre. Alors j’avais été chercher un pack de bière, un sceau de pop-corn, et quelques films de Juliette Binoche ainsi que d’autre vieux film. Je voulais passer une soirée tranquille avec elle, comme on avait l’habitude de faire avant d’avoir couché ensemble. Et dire qu’une relation peu basculée en une journée, il suffit d’une soirée, d’une nuit pour que notre lien à tous les deux soit mis en péril. Si j’avais su cela avant, si j’avais réfléchi deux secondes, cela se serait passé autrement, ou du moins, je l’imagine…
La soirée s’était déroulée chez moi, cette fois-là, on s’était retrouvé pour une soirée en tout bien tout honneur, comme ça nous arrivait souvent. Des verres avaient été pris, du scotch et du whisky, quelque provocation comme on avait l’habitude, on avait rire également de tout et de rien. Puis un premier baiser avait été échangé, un second, plus intense et c’est là que tout avait dérapé. Je l’avais voulu dès ce moment, je voulais être avec elle, pouvoir sentir sa peau contre la mienne, sentir son souffle, à ce moment précis, c’était ce que je voulais.Et durant la nuit, elle était partie me laissant me réveille seul dans mon lit. Après, on avait juste évité le sujet. Moi, je laissais cette soirée de côté, et elle, je ne sais pas trop ce qu’elle en pensait, mais j’avais senti que cela la tracassait.
Depuis, comme je le disais tout était quelque peu bizarre entre nous et c’était donc pour cela que je me dirigeais vers son appartement. J’arrivais devant le bâtiment, montais les escaliers, puis j’arrivais devant sa porte et frappai. J’attendis qu’elle vienne ouvrir et quand je la vis, le souriait, lui disant un simple « Salut. » Puis je levais les sacs contenant tout ce que j’avais prévu, en rajoutant directement avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.« Je me suis dit que cela faisait longtemps qu’on s’est plus regardé des films. Alors j’ai été chercher des films d’une actrice que tu adores, du pop-corn et de la bière. » J’espérais vraiment qu’elle me laisse rentrer et qu’on essaye d’arranger les choses tous les deux. Je ne voulais pas la perdre, pas elle, Billie m’était bien trop précieuse pour cela. Et puis nous étions collègues, alors la voir tous les jours sachant qu’on avait tout fichu par terre avec une seule soirée, ne m’allait pas du tout. « Alors, tu me laisses entrer ? » Je lui souriais encore, espérant que cela m’ouvrirait les portes de son appartement. « Tu ne diras pas non, à des films avec Juliette Binoche, et du bon pop corn… Je t’en pris Billie.»
HONESTYEn rentrant dans son appartement, Billie se débarrasse de ses baskets qui rejoignent d'autres paires au pied du porte manteau. Elle décroche la laisse du collier de son petit Mikado. La brave bête aboie comme pour la remercier et gambade dans les différentes pièces en quête d'un coin pour dormir confortablement. La blonde éclate d'un doux rire, ferme la porte à clef derrière elle et enlève sa petite veste en jean. Elle prend la direction de la cuisine afin de se préparer un petit truc rapide à manger - et éventuellement servir quelque chose dans la gamelle de son chien. Elle ouvre les différents placards, se dresse sur la pointe des pieds et observe les boites de conserve avec déception. Entre les petits pois et les carottes, rien ne semble trouver grâce à ses yeux. Elle se mord la lèvre inférieure tout en se disant qu'appeler la pizzeria serait une éventualité tout à fait probable. Alors qu'elle se dirige vers le téléphone pour composer le numéro, quelqu'un toque à sa porte. Tout en fronçant les sourcils, elle marche avec lassitude jusqu'à l'entrée. Qu'est-ce que ça peut bien être ? Songe-t-elle. En toute honnêteté, elle ne voit pas. Et elle cherche. Pas son frère, pas l'un de ses parents, pas sa meilleure amie non plus. Pas à cette heure-ci. Pas ce jour-là. Ils viendraient plutôt un samedi ou un dimanche… et surtout pas sans lui envoyer au moins un sms. Elle attrape ses clefs, déverrouille et tire la porte non sans se poser mille et une questions.
Elle m’avait ouvert, j’en étais content même si elle n’avait pas manqué un de me faire une réflexion sur mon arrivée improviste, mais ça n’aurait pas été elle si elle ne m’avait rien dit. J’allais poser ce que j’avais apporté sur la table tout en lui répondant avec sincérité « Oui, j’aurais du. Mais je n’étais pas sûr que tu veuilles me voir. » Ce qui était vrai. Après ce qui s’était passé, je n’avais aucune idée de si elle voulait me voir ou bien même ce qu’elle pensait. Et, j’en avais parlé à personne pas même à Olivia… D’ailleurs, je lui aurais raconté ce qui s’était passé, elle m’aurait surement tiré les oreilles comme on tire celle des enfants. Je commençais à déballer le contenu du sac quand je l’entendis me dire qu’il ne fallait pas que je fasse semblant et qu’elle voulait parler de cette nuit. Je sortais le pop-corn, le posant sur la table tout poussant un très léger soupir, à peine voyant. Pas que je ne voulais pas en parler, mais je ne pensais pas qu’elle aurait mis les pieds dans le plat si vite. Je me retournais donc vers elle tout en lui disant sur un ton calme « Très bien. Alors, parlons-en. » Je croisais les bras m’appuyant sur la table et la regardant droit dans les yeux. Puis je lui posais cette simple question.« Pourquoi tu es partie ? » C’était la question à laquelle je voulais une réponse. Car elle aurait pu rester, et on aurait parlé de tout ceci. Alors voyant qu’elle m’avait laissé en plan, je m’étais juste dit au début qu’elle ne voulait pas que ça se reproduise, ou encore d’en parler. De ce fait, j’avais fait comme si de rien n’était comme si cela n’avait eu aucun effet sur notre relation bien que ça soit le contraire. Une gêne s’était installée entre nous, et cela avait donc mis une distance alors que nous étions très proches. « Quand je me suis réveillé, tu n’étais plus là. On aurait pu parler à ce moment-là.»
Où peut être avait-elle eu raison de partir, cela nous avait peut-être permis de réfléchir. Mais en tout cas, je savais que je n’avais nullement envie de la perdre, Billie était tout simplement trop importante pour moi. Parfois même Olivia me charriait sur la nature de notre relation, mais je lui avais toujours maintenu la version « nous sommes amis rien de plus » forcer maintenant de constater que ce n’était plus vraiment le cas. Quant à mes sentiments pour la jeune femme, m’attirer, je ne nierais jamais cela. Billie est une très belle femme, elle ne m’avait jamais vraiment laissé indifférent, et je crois que tout homme ne dirait nullement le contraire. Mais niveau sentimental, cela était certes un peu plus confus. J’avais toujours pensé à elle comme une amie, il m’était déjà arrivé à penser à elle d’une autre manière bien évidemment, mais jamais je n’aurais pensé qu’un jour, nous allions passer au-dessus de notre amitié.
Cela était bien difficile… Une amitié entre homme et femme, parfois, nous flirtions avec les limites, et malgré tout, on réussissait à garder ce lien que nous avons avec plus ou moins de facilité. D’autres fois, sans même nous apercevoir ce que nous ressentions changeait et quand la vérité apparaissait, on se posait encore des questions se demandant si tout ceci est réellement ce que l’on voulait. Pour ma part, j’assumerai ce qui s’est passé, et j’assumerai le fait que j’avais eu envie d’elle. Maintenant, ou allait nous mener cette conversation cela, je n’en avais aucune idée. « Alors, pourquoi ? »
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