Silencieuse à l'arrière de la voiture, Valentina appuya sa tête contre la vitre, ferma les yeux quelques secondes. Ces derniers temps, sa vie n'était qu'une succession de mauvaises décisions et la pire d'entre elle avait glissé sur son chemin un enfant qu'elle n'était pas encore prête à mettre au monde, mais qui lui rendait déjà la vie infernale. Néanmoins, malgré tout ce que le foetus qu'elle portait lui faisait subir comme désagréments, l'italienne l'aimait déjà beaucoup et c'était bien la dernière chose à laquelle elle pouvait encore se raccrocher, bien malgré elle. Valentina avait toujours détesté ne pas être en contrôle, elle avait toujours détesté ne pas pouvoir gérer sa propre vie et même si sa carrière professionnelle était en plein essor, sa vie personnelle n'était qu'un vaste capharnaüm d'émotions contradictoires, de disputes et d'incompréhension. Parce qu'elle avait l'impression de ne faire que ça, se disputer, détruire un peu plus la vie de celui qui aurait pourtant dû se réjouir autant qu'elle de cette grossesse. Au départ, l'italienne avait trouvé que ses fiançailles avec Thomas étaient une bonne chose, qu'il réussirait sans doute à lui faire oublier la mort de celui dont elle avait été immensément amoureuse, qu'elle finirait par l'aimer tout autant que lui, sinon plus, mais Thomas ne lui rendait pas la vie facile. Bercée dans un monde d'illusions, la styliste avait fini par se rendre compte que Thomas ne l'aimerait jamais et qu'elle n'était pas certaine de pouvoir un jour l'aimer aussi et ce n'était pas une constatation qui la réjouissait. Ça l'effrayait, ça la déstabilisait.

« Est-ce que vous pourriez récupérer la robe que j'ai fait mettre de côté chez Gucci et mes médicaments à la pharmacie pendant que je serai chez Melody ? » demanda-t-elle à son chauffeur en se redressant légèrement, retrouvant peu à peu sa confiance et son indifférence caractéristiques. « Bien sûr. Je resterai dans le coin, quand vous serez prête, madame. » Valentina hocha simplement la tête et attendit que la voiture se stationne devant l'immeuble qui abritait l'appartement de ses cousines avant de défaire sa ceinture. Elle laissa son chauffeur lui ouvrir la portière, récupéra son sac à main et les croissants qu'elle avait ramenés en guise de petit-déjeuner avant de sortir du véhicule et de se rendre jusqu'à l'intérieur de l'édifice.

Devant la porte de l'appartement, Val' frappa quelques coups afin d'annoncer sa présence, replaça ses cheveux bruns derrière l'une de ses oreilles avant de lisser un peu la robe de couleur pâle qu'elle portait et qui laissait voir, bien malgré elle, une fine rondeur au niveau de son ventre. L'italienne était déjà si fine que la moindre prise de poids se montrait apparente, à son plus grand désarroi. Lorsque la porte s'ouvrit sur Lucy, Valentina sourit et la serra dans ses bras. « Val' ! Je suis heureuse de te voir ! Ça tombe mal, je partais. Mais Melody dort encore, tu peux aller la rejoindre si tu veux. N'oublie pas de verrouiller la porte derrière moi. » Lucy l'embrassa sur la joue et Valentina lui offrit un croissant pour la route avant de la laisser partir et de se diriger plutôt vers la chambre de de Melody. Elle s'y glissa délicatement, vint s'asseoir près d'elle avant de la secouer doucement. « Hey, la paresseuse ! J'ai amener de quoi manger, si tu as faim ... » Elle attendit qu'elle ouvre les yeux pour lui offrir un sourire, lui montra le sac de pâtisseries qu'elle avait ramenées. « Ta soeur m'a laissée entrer. » expliqua-t-elle simplement afin de répondre à la question silencieuse de sa cousine.