“Vincent & Isabella ”

Il y avait quelque chose qui clochait. Elle ne savait pas quoi, mais il s’était passé quelque chose. Aron était en retard. Aron n’était jamais en retard. Il rentrait toujours à la même heure. Ça avait presque quelque chose de rassurant pour elle d’entendre chaque jour le bruit familier de ses clefs avant qu’il n’ouvre la porte d’entrée de leur appartement. Elle se sentait comme apaisée par cette routine confortable. Comme si c’était là le signe qu’elle avait un contrôle sur sa vie, un contrôle qu’elle n’avait pas eu durant bien trop longtemps. Aron avait ce pouvoir sur elle, celui de la rassurer simplement par sa présence. Alors, c’était peut-être pour cette raison que sa seule absence suffisait à l’inquiéter autant. C’était ce qu’elle tentait de se dire, essayant de se concentrer sur le livre qu’elle avait entre les mains. Mais c’était peine perdue. Son intuition lui disait qu’il s’était passé quelque chose. Et elle avait raison. Coupée net dans ses réflexions en entendant la sonnerie de son téléphone portable, Isabella se leva aussitôt du canapé pour aller le récupérer. Elle pensait qu’il s’agissait d’Aron mais… Non, c’était son frère. Vincent. Sentant instinctivement un léger trouble l’envahir, elle hésita un instant avant de décrocher. C’était un peu… Particulier avec lui. Ils s’étaient rencontrés il y a un moment maintenant. Avant même qu’elle ne fasse la connaissance d’Aron, d’ailleurs. A l’époque, la première impression qu’elle avait eue de Vince n’était pas des plus glorieuses. Il l’avait draguée dans un bar, chose qu’elle n’avait jamais trop apprécié. Elle était pourtant une belle femme mais jamais elle ne s’habituerait à cette façon de s’intéresser à quelqu’un, simplement pour son physique. C’était tellement loin d’elle, ça. Mais il avait quelque chose, Vincent. Il avait su la faire rire, finalement. Et ils étaient devenus amis. Des amis qui, quand elle se laissait aller, flirtaient un peu. Mais rien de plus. Et lorsque, sans s’y attendre, elle apprit qu’il s’agissait du frère de son nouveau petit-ami, leur relation changea quelque peu. Il y avait comme un malaise en elle, et il n’était pas rare que lorsqu’ils se retrouvaient tous les trois avec Aron, elle se sente quelque peu perturbée. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais dit à Aron qu’ils se connaissaient déjà, tous les deux. Sur le coup, elle ne voulait pas que son petit-ami commence à se poser des questions sur eux, des questions qui n’avaient pas lieu d’être. Ensuite, elle avait regretté d’avoir gardé le silence, mais cela lui semblait bien trop tard pour lui dire subitement qu’en fait, elle connaissait déjà son frère quand il le lui avait présenté. Alors elle maintenait cette nouvelle relation, considérant le jeune homme comme son beau-frère, et plus comme un ancien flirt amical. Et dans ce cas… Elle n’avait aucune raison de refuser son appel. – Allo, Vincent ? […] Qu’est-ce qui s’est passé ?! […] Oh mon Dieu, je… J’arrive tout de suite… La discussion fut brève mais elle la retourna complètement. A son inquiétude, s’était ajoutée la panique. Elle était terrorisée à l’idée qu’il ne survive pas, terrorisée à l’idée de le perdre. Elle avait déjà les larmes aux yeux, mais elle parvenait à maîtriser ses larmes. Elle n’avait pas le temps de pleurer. Dans l’urgence, elle attrapa son sac à main avant de quitter l’appartement avec précipitation. A peine arrivée dans sa rue, elle parvint à trouver un taxi qui allait bien trop lentement à son goût. Et ce ne fut qu’après une vingtaine de minutes qu’elle arriva enfin à l’hôpital. Elle récupéra le numéro de la chambre de son fiancé avant de s’y précipiter. Arrivant à la porte, elle hésita, juste une seconde, comme apeurée par le spectacle qui l’attendait. Mais elle l’ouvrit finalement. La première vision qu’elle eut, ce fut lui. Aron. Il était allongé sur le lit, le visage rempli de blessures. Il dormait. Enfin, elle croyait qu’il dormait. Sentant immédiatement les larmes monter sur son visage face à cette vue qui lui serrait le cœur, elle avança doucement dans la pièce. – Aron… lâcha-t-elle dans un sanglot, le visage dévasté par la peur et la tristesse. Elle approcha du lit, remarquant à cet instant son futur beau-frère. Il semblait aussi mal qu’elle. C’était normal, il s’agissait de son frère… Levant ses yeux imbibés de larmes vers lui, elle avait du mal à parler. – Qu’est-ce que… Qu’est-ce que les médecins ont dit ? Il va bien ? demanda-t-elle d’une voix apeurée. Elle voyait bien que non, pourtant. Il était recouvert de blessures mais… Mais ce n’était que superficiel, hein ? Il allait se réveiller, plonger son doux regard dans le sien et lui offrit ce sourire d’ange qui la faisait instinctivement sourire elle aussi…  Saisissant la main d’Aron dans la sienne, elle sentit cette chaleur en émaner. Une chaleur qui la rassurait parce que, l’espace d’un instant, elle avait redouté de ne sentir qu’un corps froid. Mais il était là… Il était là, Aron. – Dis-moi qu’il va bien, Viccent. ajouta-t-elle d’un ton suppliant. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle l’appelait par son prénom entier alors qu’il avait toujours affirmé détester ça. Mais elle l’avait toujours appelé comme ça, Isabella. Et, à cet instant, elle n’y réfléchissait même pas une seconde. Elle était trop préoccupée par l’état de santé de l’homme qu’elle aimait. Il allait bien. Il devait aller bien. Il ne pouvait pas en être autrement… Elle ne pouvait pas l’envisager. Aron, il était tout ce qu’elle avait. Il était l’homme qu’elle allait épouser, l’homme qu’elle aimait, l’homme qui la rendait heureuse. Et sans lui, elle n’y parviendrait pas. Sans lui, elle perdrait tout. Pas seulement l’amour, mais aussi la tendresse, le réconfort et la force qu’il lui transmettait depuis un an maintenant. Il n’y avait rien qui ne la terrorisait plus que de se retrouver seule, Isa. C’était sa plus grande hantise, peut-être parce que justement elle avait été seule trop longtemps. Toute sa vie, elle avait dû la vivre seule. Elle n’avait jamais eu personne auprès d’elle, jamais avant Aron. Et si elle le perdait, elle ne s’en remettrait pas.  

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“Vincent & Isabella ”

Son cœur manqua un battement lorsqu’elle se retrouva face au corps presque sans vie de l’homme avec lequel elle partageait sa vie. Il semblait si fragile, si vulnérable dans ce lit d’hôpital, entouré de machines. Le visage blafard, des plaies et déjà quelques hématomes le recouvrant, il lui donnait là une vision qui lui brisait le cœur. Elle n’avait même pas remarqué tout de suite qu’il n’était pas seul dans cette chambre d’hôpital aux murs froids et impersonnels. Se précipitant vers Aron, elle entendit alors la voix grave et calme de son beau-frère qui l’incita à relever les yeux vers lui. L’espace d’une fraction de seconde, en croisant son regard, elle se sentit un peu mieux. Comme si le fait de sentir sa présence pouvait rendre ce cauchemar un peu moins horrible. Ses relations avec Vincent étaient quelque peu étranges, et c’était surement sa faute. Elle avait totalement changé de comportement avec lui en devenant la fiancée de son frère. Elle avait l’impression qu’elle ne pouvait pas se permettre d’être trop proche de lui, c’était difficile à expliquer mais… C’était ainsi qu’elle le ressentait. Elle n’avait pas su quelle attitude adopter avec un beau-frère qui avait voulu la draguer par le passé. Alors elle avait fait comme s’il ne s’était jamais rien passé entre eux. Même leur complicité amicale semblait amoindrie, mais elle n’avait pas conscience qu’elle pouvait blesser le jeune homme en agissant de cette façon. Il était si mystérieux, Vince. Elle ne savait pas le cerner. Il avait toujours cette facette un peu secrète. Il était tout le contraire de son frère… Elle savait lire en Aron comme dans un livre ouvert. Parfois, en un regard, ils se comprenaient. Elle pouvait même deviner ce qu’il allait dire avant qu’il ne le fasse. Alors qu’avec Vincent, elle ne savait jamais à quoi s’attendre. Un mystère, c’était ce qu’il était à ses yeux. Et, paradoxalement, ça lui avait plu mais ça l’avait effrayée en même temps. Elle avait déjà eu trop de zones d’ombres dans sa vie pour laisser entrer un ténébreux inconnu dans son cœur, là où elle n’avait eu aucun mal à laisser le doux et lumineux Aron. Elle avait parfois du mal à se dire qu’ils étaient frères tous les deux. Mais lorsqu’elle voyait l’air dévasté de l’aîné face à ce qui arrivait à son cadet, elle ne doutait pas sur leur lien. La voix tremblante, elle avait fini par s’adresser à Vincent. Elle cherchait à être rassurée, à être apaisée mais… Ce qu’il lui disait, ça l’anéantissait. Dans le coma… Pas sûr qu’il se réveille… Les mots percutaient Isabella de plein fouet alors qu’elle sentait ses yeux s’embrumer malgré elle. Comment était-ce possible ? Ce matin encore, il était au lit avec elle et là… Là, il risquait de ne plus jamais se réveiller ?! Elle sentait ce désespoir la gagner, cette détresse aussi qu’elle ne contrôlait pas. A la vérité, elle avait l’impression que le ciel tombait sur sa tête. Des premières larmes avaient commencé à couler sur son beau visage rempli de tristesse. Elle gardait le silence, les yeux rivés sur son fiancé, mais elle écoutait les mots de Vince avec attention. – Je n’arrive pas à y croire… murmura-t-elle d’une voix brisée, le visage désormais ruisselant de larmes. Elle imaginait l’avenir… Elle imaginait les semaines, les mois, les années qui passaient… Et Aron qui ne se réveillerait pas… C’était… Horrible. Non, elle ne pouvait même pas l’envisager, pas un seul instant. Elle serait détruite, elle le savait. Tenant toujours la main de l’homme qu’elle aimait dans la sienne, elle sentit subitement celle de Vincent saisir l’autre, comme pour lui montrer sa présence, son soutien. Relevant ses yeux brillants en sa direction, Isa acquiesça doucement de la tête à ses paroles. Il avait raison. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Elle devait y croire. Des gens qui sortaient du coma, il y en avait tous les jours… Et Aron serait de ceux-là. Elle ne pouvait pas penser au pire. Mais, à la question de son beau-frère, la jeune femme secoua la tête instinctivement de gauche à droite, tout comme serra sa main dans la sienne sans s’en rendre compte. – Non, je… Reste. S’il-te-plait. demanda-t-elle d’une petite voix, presque suppliante. Elle était terrorisée, Isa. Elle avait été seule toute sa vie, et sans son petit-ami, elle se retrouvait à nouveau complètement seule. Elle n’avait rien, rien à part les deux frères qui se trouvaient dans cette pièce. Prenant une inspiration pour tenter de calmer ses sanglots, la belle reprit la parole d’une voix un peu plus claire mais légèrement tremblante malgré elle. – Je voudrais que tu restes. Ce n’est pas facile pour toi non plus. Elle s’en rendait compte. Elle était anéantie, mais Vincent lui aussi avait un proche, un frère, dans le coma. Détachant ses mains de celles des deux frères, Isabella essuya les larmes sur son visage alors qu’elle essayait de retrouver une voix plus posée. – Il a eu un accident, tu m’as dit ? Et… L’autre personne, elle va bien ? demanda-t-elle, en espérant avec toute la bienveillance dont elle savait faire preuve que c’était le cas. Mais elle ne se doutait pas des circonstances de l’accident. Surtout, elle ne se doutait pas de l’identité de cette autre personne, cette personne qui se trouvait à quelques centimètres d’elle seulement.

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“Vincent & Isabella ”

Bien sûr qu’elle tenait à Aron. Il était son petit-ami, son fiancé, l’homme de sa vie, elle en était convaincue. Il était la première personne qui était parvenue à briser sa carapace, la première personne qui lui avait appris ce que c’était, d’avoir quelqu’un sur qui compter. Il était celui qui lui avait fait découvrir l’amour. Et pas seulement en ce qui concernait les sentiments amoureux. Il était surtout la première personne qu’elle aimait sincèrement. Elle se raccrochait à lui parce qu’il était l’espoir d’une vie heureuse dont elle se croyait privée avant de le connaitre. Il était tout ce qu’elle avait. Avant Aron, l’amour, elle ne savait même pas ce que c’était. Et, irrémédiablement, elle avait assimilé l’amour à Aron, à ce que lui, il provoquait en elle. Pour elle, l’amour, c’était ce qu’il lui offrait tous les jours. Cette présence, cette tendresse, ce soutien chaque jour. Il la rendait heureuse. Et c’était sa définition à elle de l’amour, celle qu’elle avait apprise avec Aron. Elle ne connaissait pas cette passion dévorante, ce besoin irrépressible de l’autre, cette attraction physique aussi violente qu’intense. Elle ne connaissait pas cette dépendance à l’autre, cette envie fulgurante de ne faire qu’un avec lui, ce sentiment d’avoir trouvé son âme sœur. Elle ne connaissait que cette douceur, cette entente parfaite et idéale… Qui avait volé en éclats par un simple accident. Un accident qui risquait de changer sa vie à jamais. C’était comme si elle venait de sauter du haut d’un immeuble. C’était ça, elle avait clairement l’impression qu’elle venait de sauter de l’Empire State Building. Et plus Vincent parlait, plus elle approchait de la chute, celle où elle craquait. Elle était anéantie, Isabella. Elle était surtout terrorisée à l’idée que jamais, son fiancé ne se réveille. Parce que, comme son beau-frère le disait, personne ne pouvait lui assurer qu’il sortirait un jour de son coma. Le visage ruisselant de larmes, la jeune femme se sentait affreusement mal. La nouvelle venait de tomber et déjà, elle sentait ce vide laissé par Aron. Alors lorsque le frère de celui-ci lui proposa de partir, elle refusa tout de suite. Elle n’avait pas envie de se retrouver seule dans cette pièce vide. Sa présence l’apaisait, indéniablement. Et ses paroles la rassuraient énormément. Hochant doucement la tête à ses paroles, Isa lui adressa un petit sourire triste mais sincère. Elle lui en était reconnaissante, sincèrement. Sans lui, ce serait une situation encore plus insupportable pour elle. – C’est vrai, tu as raison. Merci Vincent. Et c’est réciproque… Si tu as besoin de quelqu’un, je suis là aussi. précisa-t-elle en essuyant ses dernières larmes, tentant de se reprendre. Elle devait être forte, pour Aron. – Autant que son frère. ajouta-t-elle ensuite en toute sincérité. Elle le pensait vraiment, oui… Vince était plus difficile à cerner que son cadet, mais la manière dont il se comportait avec elle, alors que lui aussi, avait un frère dans le coma, ça lui faisait entrevoir une partie de lui qu’il cachait jusque-là. Et puis, elle était comme ça, Isabella. Elle avait toujours vu le meilleur chez ceux qui l’entouraient. Baissant un instant les yeux vers Aron qui semblait presque simplement dormir, la jeune femme finit par demander à son interlocuteur un peu plus de précisions sur l’accident qui avait tout déclenché. A ses paroles, elle tourna à nouveau la tête vers lui sans comprendre. Jusqu’à ce qu’il lui dise que la personne qui l’avait renversée avait pris la fuite. Elle avala difficilement sa salive et baissa la tête sans rien dire, tandis que Vince laissait éclater sa colère contre le lâche qui s’était enfui. Elle se sentait encore plus mal, Isa. Mais en l’entendant, elle reprit doucement ses mains dans les siennes alors qu’elle plongeait son regard dans le sien. – Ne dis pas ça… On ne sait pas ce qui a pu traverser l’esprit de cette personne… déclara-t-elle de sa voix douce, cherchant à apaiser sa colère. Bien sûr, elle en voulait à celui qui avait envoyé son fiancé dans le coma. Mais elle ne voudrait pas pour autant qu’il souffre lui aussi. C’était malheureux, mais beaucoup de gens fuyaient dans ce genre de situations, surement sous l’effet de la panique… Peut-être était-elle trop naïve pour se rendre compte que certains étaient foncièrement mauvais, mais elle partait du principe qu’il y avait du bon en chaque individu. Caressant doucement les mains de son beau-frère, elle reprit la parole. – Le plus important, c’est Aron. C’est sur lui qu’on doit se concentrer. Et ça, elle en était intimement persuadée. Il fallait qu’ils soient présents pour lui, ne serait-ce que pour qu’il sente, peut-être, qu’il n’était pas seul. Qu’il avait des proches qui comptaient sur lui.  

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“Vincent & Isabella ”

Depuis un an qu’ils sortaient ensemble, Aron ne lui avait jamais fait de mauvaise surprise. Jamais, elle n’avait subitement appris quelque chose qui risquait de lui faire prendre la fuite, jamais il n’avait révélé une partie de lui qui aurait pu lui causer un quelconque souci, jamais il n’avait été à l’origine d’une souffrance, d’une dispute ou même de simples larmes. Véritablement, ils vivaient un conte de fées. Et c’était ainsi qu’elle le ressentait, Isabella. Elle avait enfin eu l’impression qu’elle allait pouvoir être heureuse, grâce à lui. Et, en fin de compte, le rêve avait été brisé en une seconde seulement. La jeune femme se sentait affreusement mal, et sans la présence de son beau-frère, elle le serait davantage encore. Mais il lui apportait un certain soutien, du réconfort et des choses dont elle ne pensait pas avoir besoin de sa part un jour. Et pourtant, c’était le cas. Alors qu’il avait passé son bras autour de ses épaules, Isa tenta de lui faire un petit sourire, comme reconnaissante qu’il lui manifeste sa présence. Et même si le cœur n’y était pas, elle se sentait soutenue, elle ne se sentait pas seule, et ça elle savait à quel point c’était précieux pour l’avoir trop été. Ses paroles la soulageaient également. Connaissant Vince assez bien maintenant, elle aurait plutôt pensé qu’il soit du genre à vivre son chagrin dans la solitude, sans voir personne. Et pourtant, il parvenait à lui montrer que c’était tout le contraire, qu’il voulait affronter ça avec elle, et ça la rassurait. Hochant la tête à ses paroles, Isa ne pouvait faire autrement que lui donner raison. Elle espérait tellement qu’il ait raison. – J’espère qu’il t’entend… répondit-elle simplement d’une petite voix. Elle n’était pas d’humeur très causante. C’était à peine si elle parvenait à parler, Bella. Elle essayait malgré tout de donner le change devant Vincent qui faisait beaucoup d’efforts pour elle, elle le voyait bien. Mais au fond, elle n’avait qu’une envie, c’était de céder à ses sanglots et fondre en larmes. Elle avait l’impression que c’était tout son monde qui s’écroulait, et il allait lui falloir un peu de temps pour réussir à y faire face. Mais elle allait bien devoir le faire, tout autant que Vincent. Vincent qui lui disait des paroles qui la surprenaient. Bien sûr, les deux frères étaient très différents, mais, cela ne signifiait pas que l’un d’eux valait mieux que l’autre. Tout du moins, elle ne le voyait absolument pas comme ça, Isabella. – En tout cas, là c’est grâce à toi que je tiens le coup. lui confia-t-elle d’une voix tendre et sincère en plongeant son regard dans le sien. Elle n’aimait pas voir quelqu’un se dévaloriser, Isa. Tentant peu à peu de se calmer, la belle finit par briser le petit silence qui s’était installé dans la chambre pour en demander un peu plus à son beau-frère sur les circonstances de l’accident. Se tournant face à lui alors qu’il avait retiré son bras de ses épaules, elle comprit vite de quoi il en retournait. Cherchant instinctivement à apaiser Vince, elle lui avait affirmé qu’ils ne pouvaient pas savoir ce qui avait traversé l’esprit de cette personne. C’est vrai que ça pouvait être étonnant de la part de la fiancée de la victime de réagir de cette façon, mais pas quand on connaissait Isabella. Elle savait que certains, par choix ou par nécessité, exploraient le pire qu’il y avait en eux. Baissant les yeux un petit instant, intimidée par ses compliments, elle finit par adresser un petit sourire à son interlocuteur. – Tu vas finir par me faire rougir… J’essaye simplement de me rappeler qu’il y a du bon en chacun de nous. lui répondit-elle presque naïvement avant de serrer doucement ses mains dans les siennes. Ce qu’elle disait était vrai, et puis, elle était convaincue que la vengeance ne résout rien. Elle préférait largement se concentrer sur son cher et tendre, tout comme elle invitait Vince à le faire. Approuvant ses paroles, le jeune homme lui affirma ensuite qu’il était certain qu’Aron pouvait sentir sa présence. Le regardant quelques instants, Isa détacha ses mains des siennes avec délicatesse avant de s’approcher de son petit-ami, l’air un peu perdu dans ses pensées. – Tu crois qu’il nous entend ? Je ne sais pas… J’avoue que je n’en sais rien… déclara-t-elle d’une voix à nouveau chargée en émotions. Elle redoutait déjà l’idée de rentrer chez elle et se retrouver sans lui… Non, en fait, elle allait ester auprès d’Aron cette nuit, c’était évident. Saisissant doucement sa main dans la sienne, elle lui murmura. – Il faut que tu reviennes vite… Tu me manques déjà. Puis, se retournant vers son beau-frère, elle plongea son regard dans le sien. – Tu… Tu peux rentrer si tu veux… Je vais rester là.   

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“Vincent & Isabella ”

Isabella n’en avait pas encore conscience à cet instant parce que son esprit était envahi par bien d’autres choses plus préoccupantes. Mais c’était bien la première fois depuis très longtemps qu’elle se retrouvait seule avec Vincent. Il y avait Aron endormi dans la pièce, mais elle partageait un moment avec son beau-frère presque en tête-à-tête. Ce qui l’aurait quelque peu troublée, en temps normal. Ce n’était pas réellement qu’elle le fuyait ou qu’elle l’évitait, mais depuis qu’elle avait appris qu’il était le frère de son fiancé, ils n’avaient plus la même relation tous les deux. Elle n’avait pas conscience de tout ce qui pouvait bien traverser l’esprit de Vince mais elle ressentait elle aussi cette différence qu’elle avait pourtant elle-même engendré. Mais avec cet accident, ils allaient indéniablement passer du temps ensemble tous les deux. A se relayer au chevet d’Aron, à essayer aussi de combler ce vide. Vincent était bien la seule personne sur laquelle elle pouvait compter en de pareilles circonstances. Il avait raison de se sentir utile parce qu’il l’était, et le serait plus encore dans les jours qui suivraient. Elle avait trop peur de se retrouver complètement seule une nouvelle fois. Elle avait besoin de lui, Isa. Surtout, elle comptait sur lui. Si elle savait voir le meilleur en chacun, elle misait plus encore sur lui maintenant. Mais elle n’était pas la seule à réagir comme ça. Vincent n’hésitait pas à la complimenter en lui affirmant qu’elle était quelqu’un qui avait beaucoup de cœur. Elle voyait bien qu’il n’essayait pas seulement de la réconforter par de douces paroles. Il semblait sincèrement penser tout ce qu’il lui disait. On lui avait rarement fait un tel éloge en la valorisant de cette manière. Elle n’était pas habituée à ce qu’on la mette sur un piédestal, elle, la douce et simple Isabella… Laissant apparaître un petit sourire sur ses lèvres, la jeune femme ne pouvait qu’être touchée par ses propos. – Quand tu as vu le pire qu’il peut exister chez les hommes, tu as besoin de croire au meilleur dont ils sont capables. déclara-t-elle d’une voix distraite, un peu lointaine. Elle n’était pas aussi naïve qu’elle n’en avait l’air, Bella. Elle avait vécu des choses douloureuses, des choses que Vincent ignorait toutefois. Il y en avait certaines qu’elle avait confiées à son fiancé et d’autres non. Comme s’il y avait toujours cette barrière inaccessible dans son cœur, cette barrière qu’Aron, en tout cas, n’avait jamais franchie. Serrant doucement la main de son beau-frère, la jolie brune écoutait avec attention ses paroles. Elle espérait de tout cœur qu’il ait raison et que le jeune homme les entende. – J’espère qu’il s’en veut assez pour revenir vite alors… dit-elle d’une petite voix faible avant de finalement se détacher de lui pour s’approcher de son petit-ami. Le voir dans cet état lui brisait le cœur. Elle avait tellement peur de ne jamais revoir ce regard bleu si tendre, si rassurant. Elle avait tellement peur de ne plus jamais entendre sa voix. Avec douceur, elle s’adressa à lui, tentant de se dire que Vince avait raison et qu’il l’entendrait. Elle se pencha ensuite sur lui pour embrasser son front avec la plus grande tendresse. Et se retournant ensuite vers Vincent, elle reprit la parole pour lui dire qu’il pouvait rentrer s’il le voulait. Il était là depuis plus longtemps qu’elle, et puis il avait surement besoin de repos. Pourtant, il lui répondit tout de suite qu’il préférait rester avec elle. Il semblait s’inquiéter à l’idée de la laisser seule, ce qui avait le don de toucher Isa. Elle fut toutefois quelque peu surprise qu’il lui propose de dormir chez lui, mais de toute manière, elle savait d’ores et déjà qu’elle ne dormirait pas de la nuit. Alors elle préférait autant la passer à l’hôpital, près de son fiancé. Baissant les yeux vers Aron, elle posa sa main sur la sienne. – Je vais rester ici… Je n’arriverais pas à dormir de toute manière… avoua-t-elle d’une petite voix avant de relever les yeux vers son beau-frère une nouvelle fois. – Mais on peut se tenir compagnie si tu veux. lui proposa-t-elle en lui adressant un léger sourire. Et elle ne croyait pas si bien dire. 

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